Imatges de pàgina
PDF
EPUB

Un des plus vaillants guerriers de la Géorgie se présente dans l'arène; le sultan court à lui et d'un coup de lance le perce d'outre en outre. Il fait mordre la poussière à trois fils de ce brave, qui s'avancent successivement pour le venger; alors paraît un cinquième champion d'une taille gigantesque; le cheval du sultan était épuisé de fatigue; ce prince aurait succombé sans son adresse à parer les coups de son adversaire; enfin, au moment où le Géorgien, renouvellant ses efforts, se précipite sur lui, la lance en arrêt, Djélal saute lestement à terre, le désarme et lui ôte la vie. Après cette dernière victoire, il donne avec son fouet le signal de l'attaque, et ses troupes, malgré la trêve, chargent les Géorgiens, qui prennent la fuite.

schew.

Délivré de ces ennemis, le sultan alla pour la seconde fois entreprendre le siége de Khe- 826. latt. Il le continua pendant tout l'hiver, quoi- juil. qu'il fut forcé, par la rigueur du froid et l'a- 1229. bondance de la neige, à mettre une grande partie de ses troupes en cantonnement dans les villages voisins. Il reçut dans son camp le prince d'Arzen-ur-Roum, Rokn-ud-din Djihanschah, de la branche des Seldjoukides du Roum, qui, ayant eu des démêlés avec Djélal, venait, pour les faire oublier, lui rendre

une

hommage, et lui offrir des présents de la valeur de dix mille dinars. Le sultan lui fit l'accueil le plus distingué, et en le congédiant, lui ordonna de lui envoyer des instruments de siége. Ce prince fit transporter au camp khorazmien une grande catapulte, des boucliers, des traits et d'autres armes (1). Les princes d'Amid et de Mardin offrirent, par des ambassadeurs, leurs soumissions au sultan. Il exigea qu'ils fissent réciter la prière publique en son nom. Il reçut aussi ambassade de la cour de Bagdad. Le Khaliphe Nassir était mort en 1225, dans la quarantesixième année de son règne, le plus long que présente la dynastie des Abbassides, peu après la défaite de son général Couschtimour; son fils et successeur Zhahir n'avait occupé que neuf mois le tròne pontifical, et Mostanssir, fils de ce dernier, envoyait un ambassadeur à Djélal pour lui faire deux demandes: la première, que le sultan n'exerçât aucun droit de suzeraineté sur les princes de Moussoul, d'Erbil, d'Abouyé et du Djebal, feudataires du souverain pontife; la seconde, qu'il rétablit le nom du Khaliphe

(1) Novaïri.

dans les prières publiques en Perse. Son père Mohammed l'en avait fait ôter, lorsqu'il marchait contre Bagdad, et Djélal n'avait pas songé à faire revivre cette pratique, qui constatait la suprématie du vicaire de Mahomet. Le sultan accorda sur-le-champ ces deux demandes, et ordonna qu'il fut prié, dans tous ses États, pour l'Imam Abou-DjaferAl Manssour, Al Mostanssir-billahi, chef des Croyants. Il fit accompagner cet ambassadeur, à son départ, d'un de ses chambellans, qui revint avec deux officiers du Khaliphe, chargés de lui apporter la robe d'investiture de la Perse, et de magnifiques présents pour lui et pour les Grands de sa cour. Djélal, à qui le Khaliphe ne donnait que le titre de Khacan, demandait avec instance celui de Sultan. La cour de Bagdad n'y pouvait consentir; elle n'avait accordé ce titre à aucun souverain; mais en lui donnant l'investiture, elle conféra à Djélal celui de Schahinschah, et dès-lors, ce prince se qualifia, dans ses lettres de serviteur du Khaliphe, l'appelant son seigneur et

maitre.

Pendant le siége de Khelatt, Djéla donna l'ordre de bâtir dans Ispahan un collège et une magnifique chapelle sépulchrale à coupole, pour y placer le cercueil de son père,

qui, en attendant la construction de ces édifices, devait être déposé dans le château fort d'Erdehan, situé sur le mont Doumavend, à trois journées au nord de Raï. Il écrivit à sa tante, Schah Khatoun, veuve d'Ardschir, prince du Mazendéran, pour la prier d'accompagner elle-même, avec les seigneurs et les prélats de la province, le corps du grand Sultan jusqu'à cette place forte. Mohammed de Nessa, chancelier de Djélal, chargé de dresser cette lettre, rapporte, dans la vie de ce prince, qu'il obéit avec répugnance, persuadé que les restes mortels du sultan Mohammed, ensevelis dans l'ile de la Mer Caspienne où il avait rendu le dernier soupir, y étaient plus en sûreté qu'à Erdehan, contre la barbarie des Tatars, qui livraient aux flammes les ossements des rois, partout où ils en trouvaient, croyant qu'ils étaient tous de la dynastie Khorazınienne; ainsi, par exemple, dans la ville de Ghazna ils avaient exhumé et brûlé ceux de Mahmoud, fils de Sebuktekin, quoique ce prince fut mort depuis deux siècles. « L'événement, ajoute le même « auteur, ne tarda pas à justifier mes craina tes; après la mort du sultan Djélal-uddin, les Tatars prirent le château d'Erde« han, et envoyèrent le corps de Moham

[ocr errors]

djem.-2.

626.

mai

<< med au Khacan, qui le fit brûler (1). Avant d'entreprendre le siége de Khelatt, Djélal avait envoyé, de Méragha, un ambassadeur au sultan Seldjoucide Alaï-ed-din KeïCoubad, souverain du Roum ou de l'Asie mi- 1229. neure, avec une lettre où il témoignait le désir d'établir des relations amicales avec ce prince, et lui représentait même la nécessité de contracter ensemble une étroite union, puisqu'ils étaient, l'un à l'occident, l'autre à l'orient, les deux boulevards qui protégeaient le peuple de Mahomet contre la fureur des infidèles. Alaï-ed-din répondit à ces sentiments, et il fut convenu que, pour resserrer leurs nouveaux liens, Djélal donnerait une de ses filles en mariage à Key-Khossrou, fils du sultan de Roum (2).

Deux ambassadeurs de Kei-Coubad apportèrent à Djélal-ud-din, devant Khelatt, les protestations d'amitié de leur souverain. On les força de remettre les présents dont ils étaient chargés de la même manière que les sujets font leurs offrandes. Ils demandèrent la fille de Djélal pour le fils de Keï-Coubad; on

(1) Nessaouï.

(2) Histoire des Seldjoucides de Roum, ms. turc de la bibl. ΓΟΥ. à Paris.

« AnteriorContinua »