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<<< faim. >>> A ces mots Ghiath fut outré de colère, et le sultan, qui s'en apperçut, ordonna à son favori de sortir, lui disant qu'il était ivre. Mohammed obéit; mais peu d'instants après, Ghiath le suivit, pénétra dans sa maison et lui donna un coup de poignard, dont Mohammed mourut au bout de quelques jours. Le sultan ressentit un vif chagrin de la perte de son favori; dans sa douleur il fit dire à Ghiath: « Tu m'avais juré d'être l'ami de «< mes amis, l'ennemi de mes ennemis, et tu « as tué injustement le plus fidèle, le plus « chéri de mes amis. Tu as violé notre pacte << et ton serment; je n'ai plus d'obligations << envers toi. Je laisse aux lois à te juger, « si le frère de ta victime requiert la peine « du talion; » et le sultan ordonna que le convoi funèbre d'Ibn-Kharmil passât deux fois devant la porte de son assassin.

Ulcéré de cet affront public, Ghiath s'en vengea le jour de la bataille. Du Khouzistan, où il s'était retiré, il envoya son vézir annoncer à la cour de Bagdad qu'il avait quité son frère; il rappela les preuves d'amitié que pendant son règne il avait données au Khaliphe, et cita, en parallèle, la conduite de Djélal-ud-din, qui avait mis à feu et à sang le territoire de Bagdad. I

demandait l'assistance du pontife pour recouvrer ses États, promettant une entière soumission à l'autorité kaliphale. Cet ambassadeur fut reçu avec distinction et rapporta de Bagdad un subside de trente mille dinars; mais après la retraite des Mongols, Ghiath ne se crût plus en sûreté contre son frère dans le Khouzistan (1).

Cependant Djélal, après avoir envoyé d'Ispahan un corps de troupes qui suivit les traces des Mongols jusqu'au Djihoun, se rendit à Tébriz. Il jouait au mail sur la grande place de cette ville, lorsqu'on vint lui annoncer que son frère se dirigeait vers Ispahan. Il jette aussitôt le mail qu'il tenait à la main, et part pour cette ville. Apprenant en route que son frère voulait passer dans le pays des Ismaïliyens, il change de direction pour le suivre, et envoye sommer le prince des Ismaïliyens de lui livrer Ghiath, qui s'était réfugié dans la forteresse d'Alamout. « Votre frère, lui répond ce chef, est venu chercher un asyle auprès de nous; il est sultan, fils de sultan; <«< nous ne saurions le livrer; mais nous le re« tiendrons chez nous, et il ne pourra vous

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(1) Nessaoui.

<< rien prendre de vos domaines; nous en « sommes garants. S'il vient à

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commettre

quelque hostilité sur votre territoire, vous « serez le maître de traiter notre pays comme « il vous plaira. » Le sultan parut satisfait de ces promesses, qui furent données sous la foi du serment (1). De son côté, Djélal-uddin jura l'oubli du passé, et fit partir deux de ses officiers pour accompagner Ghiath à sa cour; mais ce prince, qui avait lui-même provoqué un acte d'intercession du prince ismaïliyen en sa faveur, au lieu de se rendre auprès de son frère, alla chercher un asyle dans le Kerman (2). Peu de jours après son arrivée, Borac lui témoigna le désir d'épouser sa mère Beglou Aï, qui l'avait accompagné. Ils étaient l'un et l'autre au pouvoir de ce gouverneur et leur refus eut été inutile; cependant la princesse ne céda à sa demande qu'après une longue résistance. Conduits à Kevaschir, capitale du Kerman, ils y étaient à peine que deux parents de Borac proposerent à Ghiath d'assassiner ce gouverneur perfide, et de le reconnaître pour leur maître.

(1) Ibn-ul-Ethir.

(2) Nessaoui.

Il rejeta cette offre; mais Borac en fut instruit et après avoir arraché par la torture l'aveu des deux coupables, il les fit mettre en pièces sous les yeux de Ghiath. Ce prince fut luimême enfermé dans la citadelle, où il ne tarda pas à être étranglé avec une corde d'arc. Sa mère, qui était accourue à ses cris, éprouva le même sort. On fit ensuite mainbasse sur les cinq cents hommes qui les avaient accompagnés (1).

Cependant l'inquiétude que causait l'ambition turbulente de Djélal, avait déterminé plusieurs peuples du Caucase à se liguer contre lui avec les Géorgiens. Il s'était rassemblé, au nord de l'Arran, une armée de quarante mille hommes, composée de Géorgiens, Arméniens, Alans, Sérirs, Lesguis, Kiptchakes, Soussans, Abkhazes et Djanites. Le sultan marcha contre eux et posa son camp à Mendour. Comme ses forces étaient très-inférieures à celles des conféderés, son vézir Schéréf-ulMulk dans un conseil de guerre, de proposa, se borner pendant quelque temps, à leur couper les vivres, afin de les combattre avec plus d'avantage, lorsqu'ils souffriraient de la disette. Cet avis déplut tellement à Djélal, que

(1) Raschid.

saisissant une écritoire, il en frappa la tête du ministre, et s'écria: « Ce n'est qu'un vil << troupeau de moutons; est-ce que le lion s'inquiète du nombre de ces faibles ani<< maux? » Puis il imposa au vézir, pour le punir de son conseil, une amende de cinquante mille dinars.

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Le lendemain, les deux armées se trouvant en présence, Djélal, pour encourager ses troupes, leur distribua ses trésors et les chevaux de ses haras. Du sommet d'une colline, il découvrit, à l'aile droite, les Kiptchacs, au nombre d'environ vingt mille hommes. Il leur envoya un de ses officiers, avec du pain et du sel, pour leur rappeler qu'il avait sauvé la vie, par son intercession, à nombre des leurs, prisonniers de son père, leur demandant si, pour prix de ce service, ils tireraient le sabre contre lui. Ce message produisit tout l'effet qu'il pouvait désirer; les Kiptchacs se retirèrent. Voyant alors avancer les Géorgiens, il fit dire à leur général Ivané, qu'ils devaient être fatigués de leur marche; que s'ils voulaient se reposer pendant ce jour, les jeunes gens, de part et d'autre, pourraient s'amuser à essayer leurs forces et leur adresse, à la vue des deux armées. Cette proposition fut acceptée.

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