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traite, et ramenèrent quatre cents prisonniers. Djélal fit livrer une partie de ces captifs à la populace, qui les massacra dans les rues d'Ispahan; il trancha la tête aux autres, de sa propre main, dans la cour de son palais; leurs cadavres furent livrés aux chiens et aux

vautours.

Le jour fixé pour le combat, Djélal, tandis qu'il rangeait son armée, fut tout à coup abandonné par Ghiath, qui, le cœur ulcéré d'une mortification que son frère venait de lui faire subir, saisit ce moment pour le quiter avec ses troupes, entraînant aussi la défection d'un corps qui était sous les ordres du général Djihan Pehluvan Iltchi. Le sultan ne parut pas faire attention à leur départ, et même lorsqu'il eut vu les Mongols rangés en bataille, suivant leur tactique, par divisions, sur plusieurs lignes, il crut ses troupes plus que suffisantes pour vaincre un pareil ennemi, et ordonna aux milices d'Ispahan de rentrer dans la ville. Les deux ailes de l'armée du sultan étaient éloignées l'une de l'autre. Vers le soir son aile droite chargea la gauche de l'ennemi, l'enfonça et la poursuivit jusqu'à Caschan. Le soleil était près de son déclin; Djélal, content du succès de cette journée, se re

22 ram. 625.

26 août.

1227.

posait au bord d'un ravin sur le champ de bataille, lorsque Ilan Bougou, l'un de ses officiers, l'aborda et lui dit d'un ton animé: « Nous avons long-temps demandé au ciel << une journée comme celle-ci pour assouvir « notre vengeance sur ces réprouvés, et <«< lorsqu'il nous l'accorde, nous ne profitons « pas de ses bienfaits. L'ennemi se retirera, << dans la nuit, l'espace de deux journées de chemin, et nous nous répentirons trop tard « de l'avoir laissé échapper. N'achèverons << nous pas notre victoire ? » Frappé de ces paroles, le sultan remonte à cheval; mais il avait à peine franchi le ravin, qu'un corps d'élite mongol, masqué par une hauteur, se précipite sur l'aile gauche et la culbute sur le centre. Les généraux de l'aile gauche, fidèles à leur serment, périrent les armes à la main, trois seuls exceptés. Le sultan restait au centre, qui était en désordre, environné de toutes parts et n'ayant plus auprès de lui que quatorze de ses gardes. Il tua de sa main son porte - étendard qui fuyait, et se fit jour à travers l'ennemi. Les fuyards du centre et de l'aile gauche se dispersèrent; les uns se réfugièrent dans le Fars; les autres, dans le Kerman; une partie, dans l'Azerbaïdjan. Ceux qui avaient

perdu leurs chevaux rentrèrent à Ispahan. L'aile droite revint de Caschan au bout de deux jours, croyant trouver devant Ispahan les autres corps de l'armée également victorieux. Lorsqu'elle apprit leur défaite, les troupes qui la composaient se debandèrent (1).

Les Mongols qui, malgré leur victoire, avaient essuyé une perte plus considérable que celle des Musulmans, ne firent que se montrer aux portes d'Ispahan, et se retirèrent avec tant de précipitation qu'ils arrivèrent en trois jours à Raï (2), d'où ils se dirigèrent sur Nischabour. Dans cette marche rétrograde ils perdirent beaucoup des leurs, enlevés ou tués, et ils repassèrent le Djihoun en petit nombre.

Pendant huit jours on ignora ce qu'était devenu Djélal-ud-din. On alla le chercher parmi les morts sur le champ de bataille. On crut qu'il était tombé entre les mains de l'ennemi. Déjà l'on parlait à Ispahan d'élire un autre souverain et la populace voulait enlever les femmes et les bagages des Khorazmiens. Le Cadi parvint à persuader aux ha

(1) Nessaoui.
(2) Djouvéini.

bitants de cette cité d'attendre des nouvelles

du sultan jusqu'à la fête de Beïram, qui devait être célébrée dans peu de jours; car la bataille avait été livrée le 22 du mois de Ramazan. Ce magistrat convint avec les Grands qui se trouvaient dans la ville, que si le sultan n'avait pas reparu le jour de la fête, à l'heure de la prière, ils placeraient sur le trône l'Atabey Togan Taïssi, qui, par ses vertus, était le plus digne du rang suprême. Malade le jour de la bataille, il n'avait pu sortir de la ville (1).

Au moment où le peuple d'Ispahan se rendait, le jour de la fête, à la place de l'Oratoire, le sultan qui, après la bataille, craignant d'être assiégé dans Ispahan, s'il y rentrait, avait pris la route du Louristan, arrive et assiste à la prière, causant par sa présence une joie universelle. Il s'arrêta quelques jours dans la ville pour y attendre le retour des fuyards et récompensa les généraux de l'aile droite, en conférant le titre de Khan à ceux qui étaient Mélik (2). Il promut à ces grades élevés de simple soldats, qui s'étaient distin

(1) Nessaoui. (2) Nessaoni.

gués dans la bataille; mais aussi plusieurs généraux furent, en punition de leur mauvaise conduite, promenés dans toute la ville, la tête couverte d'un voile de femme (1).

frères

Ghiath s'était retiré dans le Khouzistan, et cherchait à s'assurer de la protection du Kaliphe pour recouvrer ses États. L'animosité qui existait entre les deux avait été reveillée à l'occasion d'un meurtre commis par Ghiath. Mohammed fils de Kharmil, issu d'une famille illustre parmi les Gours, était en grande faveur auprès du sultan, qui charmé de la grace de ses manières et des agréments de sa conversation, l'admettait à toutes ses parties de plaisir. Peu de jours avant la bataille, ce Mohammed prit à son service plusieurs gardes du corps de Ghiath, qui l'avaient quité parce qu'ils ne recevaient point leur solde. Un soir qu'ils se trouvaient ensemble à un banquet chez le sultan, Ghiath, la tête échauffée par la boisson, apostrophant Ibn-Kharmil, lui demanda s'il ne lui renverrait pas ses gardes. « Ces gens là, répondit Mohammed, servent ceux qui les << nourrissent et ne savent pas endurer la

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(1) Raschid.

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