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sans permission, le camp mongol et se retira dans son pays. Houlagou réprimanda KitouBoca de l'avoir laissé partir, et donna l'ordre à ce général et au noyan Sidac d'aller se saisir de la personne du prince rebelle. Le frère de Téguélé, Schems-ud-din Alb Argoun, lui proposa d'aller de sa part à la cour de Houlagou, pour tâcher de l'appaiser et en obtenir l'ordre à ses troupes de se retirer. L'Atabey agréa cet avis, et son frère partit, après avoir exigé de Téguélé la promesse formelle qu'avant son retour, il ne combattrait pas les Mongols. Alb Argoun les rencontra sur la frontière du Louristan, et malgré toutes les raisons qu'il put alléguer, il fut jeté dans les fers, par l'ordre des deux généraux, qui firent en même temps périr tous les gens de sa suite, et coutinuèrent leur marche. Téguélé craignant d'exposer la vie de son frère s'il combattait les Mongols, prit le parti de se retirer dans la forteresse de Mandjascht. Les généraux mongols lui offrirent une capitulation; il ne voulut pas se fier à leurs promesses; mais Houlagou lui ayant envoyé sa bague, en signe de grace, Téguélé se rendit, et on le conduisit à Tébriz. Il y fut mis en jugement, condamné et exécuté en place publique. Hou

lagou plaça sur le trône de Lour Schems-uddin Alb Argoun (1).

Le Louristan était divisé en deux principautés, qu'on distinguait par les épithètes de grand et de petit. L'Atabey du petit Lour, Bedr-ud-din Mass'oud, devait aussi le trône à la volonté de Houlagou. Prêt à succéder, par droit de naissance, au dernier prince de ce pays, il trouva un compétiteur plus puissant dans l'un de ses cousins, qui était soutenu par les troupes du Khalife. Il alla implorer la protection de l'empereur Mangou, qui le renvoya en Perse à la suite de Houlagou. Mass'oud assista à la prise de Bagdad, et reçut ensuite l'investiture du petit Lour (2). Houlagou reçut l'hommage de l'Atabey du 7 schab. Fars, Sa'd fils d'Abou-bécr, qui vint le complimenter sur la conquête de Bagdad. Dans le même temps arrivèrent à la cour, qui était alors près de Tébriz, les sultans du Roum Rokn-ud-din Kilidj Arslan, et Yzz-uddin Kei Cavouss. On a On a vu que ce dernier était revenu de Sardes à Conia, et avait fait

9 août.

(1) Tarikh Gouzidé, par Hamd-oullah de Cazvin: bab IV, fassel 11.

(2) Ibid.

sa soumission à Houlagon. Les deux frères rivaux arrivèrent au camp de ce prince, à cinq jours d'intervalle, et y scellèrent leur reconciliation. Kei Cavous ne se présentait pas sans inquiétude à la cour du prince mongol, qu'il savait irrité de sa résistance à Baïdjou. Il imagina de l'appaiser par un trait de courtisan. Lorsqu'il fut admis à se prosterner devant Houlagou, il lui offrit une botte magnifique, où son portrait était peint sur la semelle et dit, en baisant la terre: J'espère que le monarque voudra honorer de son auguste pied la tête de son serviteur. Cet acte d'humilité et l'intercession de Docouzkhatoun, lui firent obtenir sa grace (1). Houlagou confirma le partage du Roum entre les deux frères. Ils l'accompagnèrent jusqu'en Mésopotamie, où ils prirent congé de ce prince qui marchait sur la Syrie (2), et s'en retournèrent avec de riches présents, qui provenaient du butin fait à Bagdad (3).

L'astronome Nassir-ud-din avait obtenu de Houlagou l'ordre de faire bâtir un observa

(1) Raschid.

(2) Bar Hebræi Chron., pag. 532.
(3) Tarikh Monedjim-Raschi, tom. II.

toire dans le lieu qu'il jugerait le plus convenable. Il avait exposé à ce prince que, pour bien prédire les événements, et tirer les horoscopes, il était nécessaire d'avoir de bonnes tables astronomiques, où fut exactement indiquée, jour par jour, la position du soleil, de la lune et des cinq planètes. Il lui expliqua que ces astres avaient un mouvement de précession, revêlé par les tables faites à différentes époques, ce qui exigeait de nouvelles observations au bout d'un certain temps; mais que pour dresser de nouvelles tables, il fallait continuer ces observations pendant trente ans, puisque Saturne n'achevait pas sa révolution avant ce terme. Houlagou demanda s'il ne serait pas possible de dresser ces tables en moins de temps, par exemple, en douze ans. L'astronome répondit qu'il tâcherait, si le ciel lui accordait de vivre, d'achever son travail dans cet espace, en consultant et comparant les tables antérieures, dont les plus anciennes étaient celles d'Enerdjess, dressées, il y avait un peu plus de quatorze cents ans; puis celles de Ptolomée, qui leur sont postérieures de deux cent soixante-quinze ans; on avait aussi les observations faites à Bagdad, sous le règne du Khalife Méémoun, celles de Tébani en Syrie, enfin celles de Ha

kémi et d'Ibn-ul-A'lém, en Égypte, faites il y avait deux cent cinquante ans; c'étaient les plus récentes (1). Nassir-ud-din fit choix d'une éminence au nord de la ville de Méraga, où l'on jetta, en 1259, les fondements d'un observatoire, qui ne fut achevé que sous le règne suivant. Le trésor fournit aux frais de cette construction. Houlagou, à la demande de Nassir-ud-din, lui adjoignit dans ses travaux, quatre astronomes célèbres; il fit venir de Damas, Moueyed-ud-din Ben Ourzy; de Cazvin, Nedjm-ud-din Katib; de Moussoul, Fakhr-ud-din, natif de Méraga; de Tiflis, Fakhr-ud-din, natif d'Akhlatt. L'observatoire fut muni de sphères armillaires et d'astrolabes. Une ouverture pratiquée dans la coupole de ce bâtiment, permettait aux rayons du soleil d'indiquer sur le plancher la hauteur du méridien et les heures du jour. On y voyait un globe terrestre d'une exécution parfaite, avec la division des pays en sept climats. D'après les observations faites en ce lieu, furent dres

(1) C'est Nassir-ud-din lui-même qui rend compte de ces détails, dans la préface de ses tables astronomiques Ez Zidj-ul-Ilkhani, dont il existe des copies dans plusieurs bibliothèques d'Europe.

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