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Cependant le général Soleïman - schah, le Dévatdar et d'autres chefs militaires, assemblés chez le vézir, s'emportèrent contre la pusillanimité du Khalife: « Entièrement livré, «< disaient-ils, à ses bouffons et baladins, il « ne prend nul intérêt au soldat. Nous som<«< mes réduits à vendre ce que nous avons <«< acquis sous le règne de son père. » S'il « ne prend pas, dit Soleïman-schah, des me«sures vigoureuses, nous verrons dans peu « l'ennemi aux portes de Bagdad, qui subira « le sort de tant d'autres villes. Ni grands, ni petits, ni pauvres ni riches n'échapperont <«< au massacre, et nos femmes passeront dans «<les bras de ces barbares. Si nous n'étions « resserrés de tous les côtés par les Mongols, « il nous serait encore facile de lever une ar« mée; nous irions les surprendre, et si la « fortune nous était contraire, nous péririons << du moins avec honneur. »

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Le discours du général, rapporté au Khalife, releva son courage. Il chargea le vézir d'expédier des ordres pour lever des troupes et renforcer l'armée, qui devait avoir pour chef Soleiman-schah; mais le vézir recommanda au commissaire chargé de ces levées, d'y procéder avec beaucoup de lenteur; les Mongols eurent tout le temps de connaître

ces préparatifs et le projet de les surprendre échoua. L'armée ne fut prète qu'au bout de cinq mois, et lorsqu'il fallut lui distribuer de l'argent, l'avarice du Khalife éluda cette dépense.

Alors Mosta'ssim chargea deux ambassadeurs de porter à Houlagou ce singulier message: «Tous les princes qui ont attaqué le

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siége de la maison Abbasside, quelque puis<«< sants qu'ils fussent, ont fini malheureuse«ment, si fermes sont les fondements de «< cette maison qui doit durer jusqu'à la fin « des siècles. Vous l'ignorez peut-être; mais interrogez les hommes qui connaissent l'his«toire de cet empire, ils vous diront que «< dans les temps anciens Yacoub Leïss, le Sof« faride, qui marcha contre Bagdad à la tête « d'une grande armée, fut, avant d'y arriver, surpris par la mort; que son frère Amrou, qui osa tenter la même entreprise, fut pris « et enchaîné par Ismaïl fils d'Ahmed, le Sa<«<manide, qui l'envoya à Bagdad, où il finit <«< sa destinée. Bessassiry, venu d'Égypte, en<< tra dans Bagdad, et s'empara de la personne « du Khalife, qu'il retint prisonnier; mais au « bout de deux ans, Togroul-Bey, le Seldjoukide, attaqua le vainqueur, le tua et « délivra le Khalife. Un autre Seldjoukide,

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« le sultan Mohammed, marchant sur Bagdad, « fut mis en déroute, et mourut dans sa re<«< traite; enfin, Mohammed Khorazmschah, « dans son expédition contre Bagdad, fut as« sailli d'un ouragan qui fit périr une partie <«< de son armée, et se vit contraint par le « courroux céleste de renoncer à ses funestes projets. Seigneur, dirent les ambassadeurs << en terminant, craignez un sort semblable, « si vous formez le méme dessein. »

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Houlagou les congédia sans faire grande attention à leur discours. I augmentait son armée pour entreprendre le siége d'une cité pourvue d'un grand nombre de défenseurs. Il voulut d'abord se rendre maître du pays montagneux qui sépare les deux Iracs. La grande route de Hémédan à Bagdad traverse des monts élevés, dont les sommets sont presque toujours couverts de neige; dans ces montagnes était située la forteresse de Dertenk, qui dominait un défilé sur cette route, et gardait la frontière de l'Irac Aréb (1). Houlagou savait que Hossam-ud-din A’ké, commandant de Dertenk, avait à se plaindre du Khalife. Il l'invita à venir le trouver, et le com

(1) Djihan numa, pag. 465.

bla de marques de faveur; en le congédiant, il l'engagea à s'emparer des autres châteaux qui dominaient la contrée. A'ké le fit; mais se repentant presque aussitôt de sa trahison, il pria un Alévi, du nom d'Ibn Solayé, qui commandait à Erbil, de lui faire obtenir sa grâce. Il lui mandait que, séduit un moment, il avait trop bien jugé les intentions de Houlagou, pour continuer à le servir; que si le Khalife voulait lui rendre sa confiance et lui envoyer un corps de cavalerie, il rassemblerait de son côté, une armée de cent mille fantassins, curdes et turcmans, avec laquelle il pourrait empêcher les Mongols d'avancer sur Bagdad. Ibn Solayé transmit sur le champ ces propositions au vézir; mais le Khalife les refusa.

Houlagou promptement instruit de ces circonstances, détacha le noyan Kitou-boca avec un corps de cavalerie, pour s'assurer de la personne du commandant de Dertenk. En approchant de cette forteresse, le général mongol lui manda que sur le point de marcher à Bagdad on avait besoin de ses conseils. A'ké eut l'imprudence de se rendre au camp de Kitou-boca, qui le fit arrêter, et lui dit: << Si tu veux conserver la vie et le comman<«< dement de ces forts, il faut que tu en fasses

« sortir tous ceux qui les habitent, ainsi que <«<les gens qui t'appartiennent, afin qu'on

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puisse connaître leur nombre, et fixer la << capitation. » A'ké obéit. Alors Kitou-boca lui dit: « Si tu es fidèle au maître, tu feras « démolir tous ces forts. » A cet ordre, Hossam-ud-din s'aperçut qu'il était découvert; néanmoins il obéit encore; puis il fut tué, avec les gens de sa maison et ses troupes. Son fils, Émir Sa'd, qui craignant, à juste titre, la perfidie des Mongols, n'avait pas voulu se livrer en leurs mains, erra quelque temps dans les montagnes, et finit par se jeter dans Bagdad, où il fut tué.

Cependant Houlagou tenait conseil sur l'expédition qu'il méditait. Il demanda à l'astro. logue Hossam-ud-din, que l'empereur, son frère, lui avait donné pour fixer dans ses marches le moment propice du départ et du campement, de lui dire, sans détour, ce qu'il voyait dans les astres. L'astrologue, confiant dans la familiarité dont il jouissait, répondit hardiment que les astres ne lui seraient pas propices, s'il attaquait la maison Abbasside, tous ceux qui avaient marché sur Bagdad ayant perdu le trône et la vie, « et « si le prince, dit-il, sans ajouter foi à mes paroles, veut exécuter son dessein, je lui

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