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confiance, et qu'il se croyait en pleine sùreté. A la réception de cette lettre, le Dévatdar se rendit auprès du Khalife, et en reçut l'accueil le plus gracieux. Sa justification fut proclamée dans la ville, et son nom inséré dans le Khoutbé, immédiatement après celui du Khalife (1).

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L'ambassadeur de Houlagou était chargé pour le Khalife d'une lettre conçue en ces termes: « Nous vous avons demandé des trou<< pes contre les Molahidés. Vous avez répondu que vous ne fournissiez pas de contingents; c'est pourtant en m'assistant avec « des troupes, que vous auriez dù me mon«trer que vous êtes mon allié. Vous n'en <«< avez pas envoyé, alléguant des excuses; « mais, quoique votre maison soit ancienne <«<et illustre, et qu'elle ait été puissante, « sachez que:

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« La lune ne brille qu'autant que le disque resplendissant du soleil est caché (2).

« La renommée ne vous a-t-elle pas appris « ce qu'ont fait les armées mongoles, depuis l'époque de Tchinguiz-khan, comment ont

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(1) Raschid.

(2) Distique persan.

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« été détruites, par la volonté de Dieu, les dynasties des Khorazmschah et des Seldjouc, les rois du Deilem, les Atabegs et « d'autres princes grands et puissants. Les por«tes de Bagdad n'étaient fermées à aucun « de ces souverains, et ils y résidaient. Nous « seraient-elles fermées à nous, malgré notre puissance. Nous vous avons déjà donné des <«< conseils; à présent nous vous disons: Évitez « la guerre; ne frappez pas du poing sur l'a<«<lene; ne prenez pas le soleil pour un lu« mignon; vous vous en repentiries. Mais ce qui est passé est passé. Si vous faites abat« tre les murailles et combler les fossés de Bagdad, et que, laissant à votre fils les « rènes du gouvernement, vous vous ren« diez auprès de nous, ou si vous ne vou༥ lez pas venir en personne, que vous nous << envoyiez le vézir, Soleïmanschah et le Dé« vatdar, afin qu'ils puissent tous trois vous « rapporter exactement nos conseils, et que « vous les suiviez, alors nous ne nous ver« rons par obligés de sévir, et vous conser« verez vos domaines, vos sujets, vos trou«pes; mais si vous n'écoutez pas nos avis, « si vous préférez la guerre, rassemblez votre « armée et désignez nous un champ de ba<<< taille; nous sommes prêts à vous combattre.

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<< Sachez cependant que si, dans notre colère, « nous marchons sur Bagdad, vous ne nous

échapperez pas, quand vous vous cacheriez <«< dans le ciel, ou dans les entrailles de la « terre. Si donc vous voulez votre salut et «< celui de votre maison, prêtez l'oreille à nos «< conseils; sinon, nous verrons quelle est la « volonté de Dieu. >>

Le Khalife répondit à cette sommation: « Jeune homme qui, séduit par une fortune « de dix jours, vous croyez déjà le maître « du monde, et pensez que vos commande«<ments sont irrésistibles comme les arrêts du a destin, que me demandez vous ce que vous « n'obtiendrez pas. Vous ignorez donc que << de l'occident à l'orient, tous ceux qui « adorent Dieu et professent la vraie foi sont « mes serviteurs. Lorsque je le voudrai, avec les « seuls débris de l'ancienne population, je me << rendrai maître de l'Iran et passant dans le

Touran, j'y remettrai chacun à sa place; << mais la face de la terre en serait bouleversée <«<et je ne souhaite pas la guerre; je désire « éviter ce fléau de l'humanité; je ne veux « pas que la marche de mes troupes arrache « des imprécations de la bouche de mes sujets, surtout comme je suis l'ami du Caan « et du prince Houlagou. Si vous avez, comme

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« moi, répandu la semence de l'amitié, que « vous importent les murailles et les fossés « de ma résidence. Suivez donc la voie de la « paix et retournez en Khorassan (1). :

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Le Khalife chargea de sa réponse trois de ses officiers, qu'il fit partir avec les ambassadeurs mongols. Ceux-ci trouvèrent hors de la ville une foule immense qui les attendait; on les accabla d'injures; on déchira leurs vêtements; on leur cracha au visage, et on les eut massacrés, si des gardes envoyés en toute hâte par le vézir, ne les eussent tirés des mains de la populace.

En apprenant ces outrages Houlagou s'écria: La conduite du Khalife à mon égard est aussi tortueuse que cet are; mais, si Dieu m'assiste, je le chatierai au point de le rendre aussi droit qu'une fleche. Ce prince, choqué de la réponse que lui apportèrent les ambassadeurs de Mosta'ssim, les congédia en leur déclarant Que Dieu avait donné l'empire de la terre au grand Tehinguiz-khan et à ses descendants; et que, puisque leur maitre refu

(1) Nous rapportons cette réponse du Khalife, d'après l'historien Raschid, bien que son style nous fasse douter de son authenticité.

sait de se soumettre à leur puissance, il n'avait qu'à se préparer à la guerre.

Le Khalife demanda à son vézir ce qu'il fallait faire pour se délivrer d'un pareil ennemi. << Lui prodiguer, répondit-il, vos tré«sors, qui ne peuvent être mieux employés qu'au salut de votre empire; lui envoyer, « en présents, mille charges d'effets précieux, <«< mille mulets, mille chevaux richement en

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harnachés; il faut enfin mettre son nom << dans le Khoutbé et sur la monnaie. »> Le Khalife y consentit et donna ses ordres en conséquence.

Le Dévatdar combattit cette résolution; il manda au Khalife que le premier ministre, ne consultant que son intérêt personnel, voulait tous les sacrifier pour faire ensuite valoir auprès de Houlagou les services qu'il lui aurait rendus; « mais, ajoutait-t-il, nous gardons les «< chemins, et si vous faites partir les ambas<< sadeurs et les présents, nous les arrêterons. »

Le Khalife, rassuré par des discours qui flattaient à la fois son orgueil et sa mollesse, dit au vézir que ses craintes étaient mal fondées, que les Mongols se borneraient à de vaines menaces, et que si même ils osaient attaquer la maison Abbasside, qui règnait sur tant de princes, ils ne feraient que courir à leur perte.

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