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entreprit une expédition en Géorgie (1). Les Géorgiens avaient profité de l'incurie d'Euzbec, pour faire, les années précédentes, des courses dans l'Arran et l'Azerbaïdjan. Ils avaient également ravagé le Schirvan et pays d'Erzen-ur-Roum, et s'étaient rendus le fléau des musulmans de ces contrées. Djélal, brulant du désir de les venger, ne fut pas plutôt maître de l'Azerbaïdjan qu'il déclara la guerre aux Géorgiens. Il en reçut cette réponse: « Nous nous sommes mesurés «< avec les Tatares, qui ont arrangé, comme <«< on sait, ton père, plus puissant, plus cou<«< rageux que toi, dont ils ont conquis tous <«<les États, et ces ennemis que nous avons « bravés, ont fini par nous tourner le dos. » Le sultan commença par prendre la ville de Tovin, dont les Géorgiens s'étaient emparés quelques années auparavant. Il marcha ensuite contre une armée géorgienne, forte de plus de soixante-dix mille hommes, l'attaqua dans la vallée de Carni, près de Tovin (2), la mit en déroute, et lui fit éprouver une perte de vingt mille hommes; un grand nombre de

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généraux géorgiens furent faits prisonniers, entre autres Schalové, seigneur de Tovin; mais leur commandant en chef, le connétable Ivané, parvint à se sauver et alla s'enfermer dans le fort de K'heghé (1) que le sultan fit investir, tandis que le reste de

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armée se répandait dans la Géorgie, mettant le pays à feu et à sang. Il aurait fait dès-lors la conquête de ce royaume, dont les défenseurs étaient tués, prisonniers ou fugitifs, s'il n'eut jugé sa présence nécessaire à Tébriz.

Djélal, près d'entrer en Géorgie, avait reçu de son vézir Schérif-ul-Mulc, resté à Tébriz, l'avis d'un plan de révolte formé par les magistrats de cette ville, qui voulaient remettre le pays sous l'autorité d'Euzbec. Le sultan cacha cette nouvelle, et ce ne fut qu'après sa victoire sur les Géorgiens, qu'il en fit part à ses généraux. Il leur ordonna de dévaster les districts de la Géorgie qu'ils occuperaient, et laissant le commandement de l'armée à son frère Ghiath, il retourna à Tébriz, où il fit incontinent arrêter les chefs du complot, et

(1) Et. Orpélian, dans les Mém. sur l'Arménie de Mr. St. Martin, tom. II, pag. 115.

punir de mort le Reiss ou maire de la ville. Après avoir affermi, par ces promptes mesures, son autorité récente, il épousa Méliké, femme d'Euzbec. Pour légitimer ce mariage, on prouva qu'Euzbec avait juré qu'il répudierait sa femme s'il faisait mourir un de ses esclaves, et qu'il l'avait fait tuer; en conséquence, d'après la loi mahométane, le divorce fut légalement prononcé. Pendant son séjour à Tébriz, le sultan envoya des troupes qui s'emparèrent de Gandja, d'où Euzbec se sauva, pour se réfugier dans le château fort d'Alandja, situé près de la ville de Nakhtchovan.

622.

déc.

1220.

Djélal retourna en Géorgie. Les Géorgiens zoulh. avaient mis sur pied une seconde armée, où se trouvaient des troupes auxiliaires de plusieurs peuples voisins, Alans, Lesgues, Kiptchakes et autres. Le sultan la mit en déroute, et lui tua beaucoup de monde. Après cette victoire il marcha sur Tiflis, qu'il prit de 8 rabi 1. vive force, secondé par les habitants musulmans de cette ville; on y fit main-basse sur tous les Géorgiens, hormis ceux qui se déclarèrent mahométans en prononçant la profession de foi. Les femmes et les enfants devinrent la proie des vainqueurs et la ville fut livrée au pillage.

Djélal avait vengé les maux causés aux

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9 mars 1226.

musulmans par les Géorgiens dans leurs invasions des années précédentes; ses troupes s'étaient enrichies des dépouilles d'une nation chrétienne, avaient égorgé un grand nombre d'infidèles, et traînaient en captivité leurs femmes et leurs enfants. Il quita la Géorgie dévastée et prit la route de Khelatt (1). Cette ville appartenait au prince éyoubite Aschraf, seigneur de Harran et de Roha. Son frère Moazzam, prince de Damas, qui avait à se défendre et contre Aschraf et contre son aîné Kamil, sultan d'Égypte (2), avait envoyé un de ses officiers à Djélal, pendant son séjour à Tiflis, pour l'engager à faire une diversion en sa faveur, en attaquant Khelatt. Moazzam montrait une grande admiration pour les qualités brillantes du sultan khorazmien; il se faisait honneur de porter une robe, de monter un cheval que ce prince lui avait envoyés, et dans ses banquets nocturnes, il ne jurait que par la tête de Djélal-ud-din (3).

(1) Nessaouï.

(2) Ces trois princes étaient fils du sultan Adil, frère de Saladin, qui en 596 (1200), sept ans après la mort de ce conquérant, monta sur le trône d'Égypte et le transmit à sa postérité.

(3) Novaïri.

juin.

Il ne fallait pas beaucoup d'instances pour déterminer les Khorazmiens à attaquer une ville dont la prise devait leur offrir un riche butin; mais à peine arrivé sous les murs de djom. 2. Khelatt, Djélal reçut l'avis que Borac Hadjib, gouverneur du Kerman, encouragé par l'éloignement du sultan, avait pris des mesures pour se soustraire à son autorité; qu'il avait même envoyé des émissaires aux Tartares pour les avertir de l'accroissement des forces de Djélal-ud-din. Ce prince abandonne incontinent son entreprise sur Khelatt, et part pour le Kerman. Instruit de sa marche, Borac Hadjib se retire dans une forteresse, et lui fait porter ses soumissions. Djélal-ud-din les reçut à Ispahan. Il lui eut été difficile de prendre la place où Borac s'était mis en sûreté; il lui envoya une robe d'honneur et le confirma dans son gouvernement.

Sur ces entrefaites, le sultan reçut de son vézir Schéréf-ul-Mulk, une dépêche de Tiflis avec la nouvelle d'hostilités commises par des troupes d'Aschraf contre un corps khorazmien, qu'elles avaient battu. En effet les troupes restées en Géorgie, manquant de vivres, avaient fait une incursion dans le pays d'Erzen-ur-Roum, y avaient enlevé une grande quantité de bétail, et même beau

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