Imatges de pàgina
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s'accrut dans les diverses parties du monde mahométan, par le zèle avec lequel les missionnaires secrets de cette secte travaillaient à faire partout des prosélytes. Cependant, les Schiyis se divisèrent en beaucoup de branches; on en compte quarante-neuf. Tous croyaient qu'Ali avait été institué l'héritier de Mahomet; qu'il était, par conséquent, son successeur légitime, l'Imam ou chef des Musulmans; que la dignité suprême appartenait de droit aux descendants d'Ali, qui ne pouvaient la perdre, que par l'effet de la violence, par le fait d'une usurpation; qui n'y pouvaient renoncer que temporairement, en usant d'une dissimulation politique, commandée par la force des circonstances; que chaque Imam doit nécessairement désigner son successeur, dont les droits au suprême sacerdoce ne peuvent dériver que de cette institution même; qu'il existe toujours dans le monde un Imam, tantôt visible, tantòt invisible, qui, avant de mourir, transmet son caractère sacré à un autre Imam; transmission qui s'opère par le passage de son ame sainte dans le corps de son successeur. Tous d'accord sur cette doctrine fondamentale, les Schipis différaient entre eux d'opinion, au sujet des individus de la postérité d'Ali, auxquels la dignité

d'Imam avait été successivemeut transmise et sur certains dogmes, qui étaient hautement réprouvés par le reste des Mahométans. Plusieurs branches des Schiris croyaient qu'une parcelle de la divinité avait résidé dans la personne d'Ali, et passé dans celles des Imams, ses successeurs; que par conséquent, l'Imam était impeccable. Ils croyaient que l'Imam possède la connaissance des choses occultes, de mystères impénétrables aux autres hommes; qu'il est l'unique guide dans la voie du salut, et que les fidèles ont besoin d'une semblable direction pour ne pas se diviser, en suivant des voies diverses. La foi, la religion, consistent dans la connaissance de l'Imam; lorsqu'on le connaît, qu'on lui rend le culte qui lui est dû, on a atteint la perfection, et l'on est dispensé des devoirs imposés par la Joi religieuse, tels que la prière, le jeûne, le pélérinage, l'aumône, etc.; car les préceptes de ces obligations ont un sens mystique, et la parole divine, pour être bien comprise, doit être interprêtée.

On voit que ces sectes avaient emprunté des mages le dogme de l'infusion et de la métempsycose; elles croyaient que les ames passaient, selon leurs mérites, dans un corps d'une classe supérieure ou inférieure, et que

c'était là ce qu'il fallait entendre par récompenses et peines. Quelques-unes poussaient leur enthousiasme pour Ali jusqu'à le placer au-dessus de Mahomet et avancer que c'était Ali qui avait été destiné à l'apostolat céleste. Les Schiris qui attribuaient aux Imams une nature divine, qui croyaient à l'infusion de la divinité dans un corps humain, à la nullité de toute rétractation de leur part, à la résurrection de certains morts, et à la métempsycose, étaient désignés par les autres Musulmans, sous le nom de Ghilates, qui veut dire outrés.

Parmi les Schiyis outrés étaient rangés les Ismaïliyens, qui formèrent une secte particulière, lorsque l'Imam Dja'fér Sadik, cinquième successeur d'Ali, après avoir désigné pour son héritier son fils aîné Ismail, l'eut destitué, parce qu'il était adonné au vin, et nommé à sa place son second fils Moussa. Beaucoup de Schiyis soutinrent que la première désignation était irrévocable, vu que l'Imam, agissant par l'inspiration de Dieu, qui est infaillible, ne pouvait pas se rétracter, et quoique Ismaïl, mort cinq ans avant son père, n'eut jamais exercé les fonctions de l'Imamat, ses partisans refusèrent de reconnaître dans Moussa l'Imam légitime après Dja'fér; ils prétendirent

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que le suprême sacerdoce avait passé d'Ismail à son fils Mohammed, septième et dernier Imam visible; se séparant sur ce point des autres Schiris, qui comptaient douze Imams, et qui s'appelèrent Imamiyés ou bien les Sectateurs des douze (1).

Un descendant de Dja'fér Sadik à la sixième génération, Obeïd-oullah, fils d'Ali, était, à la fin du troisième siècle de l'hégire, l'Imam des Schiyis, et résidait à Selmiat, en Syrie. Ayant passé en Afrique, où les missionnaires de la secte, à la tête de leurs nombreux adhérents, avaient attaqué les gouverneurs du Khaliphe Abbasside, et conquis plusieurs provinces, Obeïd-oullah, fut proclamé souverain dans la ville de Ricadét, et prit le titre d'Emirul-muminin, ou de chef des fidèles, avec le surnom de Mahadi, qui était le Messie des Ismailiyens. Son troisième successeur, Mo'izz enleva aux Abbassides l'Égypte, la Syrie, l'Arabie pétrée, et transféra sa résidence au Caire. Les Alides parvinrent ainsi, au bout de trois siècles, à fonder un empire qui devint le rival de celui des Abbassides, et qui

(1) Schéhéristani, Kitab ul-Millel vé en-Nahal.

le surpassa en puissance; car les Khaliphes de Bagdad, à la même époque, ne possédaient plus guère que l'Irac Aréb.

Les Ismaïliyens avaient une doctrine secrète, qu'ils ne communiquaient que par degrés et avec beaucoup de précautions. Au Caire, c'était le chef des missionnaires (Da'yi-ud-Da'yat), le premier dépositaire de la doctrine sacrée, qui se chargeait d'initier les adeptes. Il y avait neuf degrés d'initiation qui préparaient successivement les fidèles à recevoir la révélation du plus grand mystère de la secte; mais avant de l'introduire au premier degré, l'hiérophante faisait prononcer au novice un serment terrible, par lequel il se vouait aux plus grandes calamités dans ce monde, aux plus sevères châtiments dans l'autre, s'il ne gardait pas un profond silence sur tout ce qui lui aurait été révélé, s'il cessait jamais d'ètre l'ami des amis, l'ennemi des ennemis des Ismaïliyens. Après avoir reçu son serment le pontife lui demandait une rétribution, dont il fixait lui-même la valeur, pour prix de ce qu'il allait lui enseigner. Il ne le faisait passer d'un degré à l'autre qu'après s'être assuré que l'adepte s'était bien inculqué dans l'esprit, les notions qui lui avaient été communiquées.

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