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l'Atabey du Fars, et il reçut les hommages des seigneurs de l'irac, du Khorassan, de l'Azerbaïdjan, de l'Arran, du Schirvan et de la Géorgie, qui tous lui apportaient des présents magnifiques.

Il y avait beaucoup de lions dans une forêt qui bordait, en cet endroit, la rive gauche du Djihoun. Par l'ordre de Houlagou, ses troupes y firent une battue, et comme les chevaux, épouvantés du rugissement de ces animaux, n'osaient pas avancer, on fit monter les chasseurs sur des chameaux qu'on avait eu soin d'enivrer; dix lions furent abattus.

Houlagou posa son camp dans la prairie de Schoubourgan. Il ne voulait y rester qu'un jour; mais une tempète s'éleva; il tomba de la neige pendant toute une semaine, et la rigueur du froid fit périr beaucoup de chevaux; ce qui détermina le prince mongol à passer l'hiver en ce lieu; il ne s'y occupa que de plaisirs. Au printemps, le gouverneur Argoun, partant pour se rendre auprès de l'empereur, afin de lui rendre compte de son administration, donna une superbe fête à Houlagou, et lui fit hommage d'une tente doublée d'une étoffe de coton richement brodée, ainsi que d'un service de banquet, composé de vases et de coupes d'or et d'argent,

garnis de pierreries. Il laissa auprès du prince, comme ses substituts, son fils, Kéraï Mélik, le chancelier Ahmed, et Alaï-ud-din Ata Mulk de Djouvéin, auteur d'une histoire de Tchinguiz-khan, fort estimée.

Houlagou se préparait à exterminer les Ismailiyens, sectaires mahométans, qui possédaient un grand nombre de châteaux forts dans le Couhistan et le Roudbar, aussi bien qu'en Syrie. Dévoués à un chef héréditaire, qu'ils regardaient comme un être divin, ces hérésiarques inspiraient l'effroi aux princes et aux Grands, par leurs audacieux assassinats, et de l'horreur à tous les bons musulmans, par leurs doctrines religieuses. Avant de rapporter les opérations de Houlagou contre cette secte fameuse nous croyons devoir esquisser légèrement son histoire, et exposer les principaux articles de sa croyance. Nous jetterons d'abord un coup-d'œil sur les hérésies les plus remarquables du mahométisme.

Comme toutes les religions, celle de Mahomet eut nombre de sectes, dont les opinions s'écartèrent de la lettre du Coran, suivie par les orthodoxes. L'une de ces sectes (les Cadriyés) soutenait que Dieu ne peut rien créer par sa seule volonté; une autre (les Khavaridjes) que les péchés graves, équivalant à

l'apostasie, entraînant la damnation éternelle, s'il arrivait que l'Imam, ou chef des Musulmans, en eut commis, l'insurrection contre lui devenait un devoir sacré; c'étaient les ennemis d'Ali. Ses partisans (les Schiyis) soutenaient, que le gendre de Mahomet était de droit, en vertu de l'institution du prophète, son héritier immédiat; révéraient ce Khaliphe comme un être surnaturel, et taxaient d'usurpation ses trois prédécesseurs, Aboubékir, Omar et Osman.

Plus tard parût une secte (les Djéhémiyés), qui niait les attributs avec lesquels Dieu est représenté dans le Coran; une autre (les Motézilés), admettait l'existence de ces attributs; mais niait qu'ils fussent éternels, vu que Dieu seul est éternel. C'est par son essence qu'il est existant, omniscient, omnipotent, et non par les attributs de l'existence, de la science, de la puissance. Elle soutenait d'ailleurs que Dieu ne doit pas être assimilé à l'homme, et voulait que les passages du Coran qui présentent de semblables assimilations, fussent interprêtés d'une manière allégorique. Elle professait la doctrine du libre arbitre, celle que Dieu n'avait pas pu créer le mal, et que le Coran était créé. Les Kéramiyés au contraire, prenant à la lettre tout

ce que la Bible et le Coran rapportent des actes de Dieu, lui attribuaient une forme corporelle, semblable à celle de l'homme. Enfin les Caramattes, qui parurent dans le troisième siècle de l'hégire, combattirent les armées des Khaliphes Abbassides, et s'emparèrent de plusieurs de leurs provinces, prétendaient que le texte du Coran et les préceptes de l'islamisme avaient un sens allégorique, qu'ils se chargeaient d'interprêter.

Chacune de ces sectes principales avait des ramifications qui différaient entre elles sur certains points de doctrine. On compte plus de cent de ces branches, quoique les Mahométans n'en admettent que septante-trois, d'après une tradition qui fait dire à Mahomet: « Les Mages se divisent en septante «sectes; les Juifs, en septante-un, les Chrétiens, en septante-deux; les Musulmans en « auront septante-trois. »

Les ouvrages des philosophes grecs, qui furent traduits en arabe, au commencement du troisième siècle de l'hégire, par les ordres du Khaliphe Ma'moun, fils de HarounRaschid, introduisirent dans le monde mahométan des exemples séduisants de l'esprit d'examen, et de l'entière liberté d'opinion, d'où étaient nés tant de systèmes divers; ils

étendirent le domaine de la pensée, et ouvrirent, au préjudice de la foi religieuse, un vaste champ à la spéculation philosophique. Les œuvres d'Aristote furent une source féconde où les hérésiarques puisèrent leurs idées abstraites, leur méthode d'argumenter et leurs définitions; mais ils ne s'en tinrent pas toujours à de vaines disputes théologiques; ils eurent aussi recours aux armes et le fanatisme fit couler des flots de sang (1).

Les sectes mahométanes à doctrines abstraites, ne furent jamais très-répandues; ce fut la succession du pouvoir spirituel et temporel de Mahomet, qui causa le plus grand schisme entre les musulmans. Lorsque le Khaliphe Ali, cousin et gendre de Mahomet, eut été vaincu par Moaviah, son rival; lorsqu'il fut tombé sous le poignard d'un assassin; quand ses deux fils, Hassan et Houssein, eurent péri par le fer des Omayades, une foule de Musulmans embrassèrent la défense des descendants du prophète, légitimes successeurs de sa puissance, et vouèrent à l'exécration ceux qui l'avaient usurpée. Leur nombre

(1) Macrizi, Al Khittat, t. III, Fi acaïd chl ul-Islam.

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