Imatges de pàgina
PDF
EPUB

traitèrent les chrétiens avec la dernière rigueur. « Argoun, dit un historien arménien,

[ocr errors]

exigea de chaque Arménien, au-dessus de <«< dix ans, la somme de soixante pièces de <«< monnaie. Ceux qui n'étaient pas en état « de la payer, devaient subir les plus cruelles << tortures. Les propriétaires fonciers étaient dépossédés; leurs enfants et leurs femmes, << vendus comme esclaves. Un malheureux pris « cherchant à émigrer, était dépouillé, fustigé <«<et finalement déchiré par des chiens furieux, a que l'on menait à cet effet (1). » Le roi Hethoum, instruit de ces actes d'oppression dans la Grande-Arménie, résolut de se rendre à la cour de Mangou, pour rendre hommage à ce prince et intercéder en faveur de ses infortunés compatriotes; mais la mort de sa femme Isabelle l'obligea de différer ce voyage pendant deux ans. Il partit enfin dans l'année 1254, traversa l'Asie mineure, sous un déguisement, vit à Kars le noyan Baïdjou et s'arrêta quelque temps chez un prince de la Grande-Arménie, pour y attendre les objets précieux de son trésor que son vieux père Constantin lui avait expédiés et dont il avait

(1) Hist. of Armenia, by Michael Chamich, t. II, p. 246.

besoin, pour faire des présents. Il se rendit ensuite, par la route de Derbend, à la cour de Batou et à celle de son fils Sartakh, lequel passait pour chrétien. De la résidence de Batou, il mit cinq mois pour arriver à la cour de Mangou, qui le reçut avec distinction. Hethoum obtint de cet empereur, comme on l'a vu dans l'histoire de son règne, des lettres patentes qui devaient lui servir de sauve-garde, à lui et à son pays, ainsi qu'un acte d'affranchissement pour les églises de son royaume. Il quita la cour de Mangou au bout de cinquante jours, et revint en Cilicie, par la Transoxiane et la Perse, dans l'année 1255, lorsque le prince Houlagou arrivait en Perse avec une grande armée (1).

Nous venons de rassembler les notions trèssuccinctes qui se trouvent éparses dans divers auteurs, sur les opérations ou plutôt les dévastations des Mongols, dans la partie occidentale de l'Asie, depuis la mort de Djélal-ud-din jusqu'à une époque assez

rap

(1) Relation du Voyage de Hethoum à la cour du grand Khan, rédigée par l'historien Kirakos Kaïdzaketsi, publiée par Mr. J. Klaproth, dans le Nouveau Journal asiatique, t. XII, p. 273 et suiv.

prochée de celle où le prince Houlagou, à la tête d'une armée nombreuse, arriva de Tartarie en Perse, pour achever la conquête de ces contrées occidentales. Quoique les forces dont disposaient Tchormagoun, et après lui Baïdjou, fussent bien inférieures à celles qu'auraient pû réunir le Khaliphe, les sultans de Roum et d'Égypte, les princes de Syrie, de Mésopotamie et d'autres contrées voisines, on voit que, faute d'union entre les souverains mahométans, les Tatars purent facilement, en les attaquant tour à tour, piller, dévaster et subjuguer leurs domaines, si l'on en excepte l'Égypte, qu'ils n'essayèrent jamais de conquérir, et que ces princes éprouvèrent, l'un après l'autre, le sort ordinairement réservé à l'egoïsme pusillanime.

Nous allons maintenant jeter un coupd'oeil sur la conduite que tinrent les gouverneurs mongols en Perse jusqu'à l'époque de l'arrivée de Houlagou.

[blocks in formation]

Après que Tchinguiz-khan eut évacué la Perse, son fils aîné Djoutchi laissa dans le Khorazm un gouverneur nommé Tchintimour. Lorsque le général Tchormagoun fut envoyé par l'empereur Ogotaï contre Djélal-ud-din, Tchintimour reçut l'ordre de le suivre avec les troupes du Khorazm, pour soumettre le Khorassan, tandis que Tchormagoun attaquerait le sultan. Tchintimour y resta, comme gouverneur, ayant pour collègues quatre officiers délégués par les chefs des quatre branches de la famille Tchinguizienne: Kélilat (1), par le Caan, Noussal, par Batou, Coul-Toga, par Tchagataï, et Tounga, par la veuve et

(1) Ce nom est écrit aussi Keulbilat.

les fils de Toulouï; car ces pays conquis étaient considérés comme une propriété commune aux enfants de Tchinguiz-khan. Malgré les dévastations commises dans le Khorassan par les armées mongoles, il y restait encore quelque chose à piller. Plusieurs districts avaient échapé, par une prompte soumission, à la ruine générale, et les Mongols s'étaient contentés d'enlever les étoffes et le bétail qu'ils y avaient trouvé, sans exiger d'argent; ils ne connaissaient pas encore le prix de ce métal, ni celui des pierres précieuses. Tchintimour, au contraire, était avide de ces objets. Outre les contributions, qu'il levait en espèces, il arrachait, par la torture, des malheureux habitants, l'indication de ce qu'ils avaient caché, et les faisait ensuite égorger; le petit nombre d'entre eux qui étaient épargnés, devaient racheter jusqu'à leurs maisons.

D'un autre côté, des bandes de Khorazmiens commettaient de grands ravages dans le Khorassan. Ils tuaient les préfets que Tchormagoun, à son passage, avait placés dans les districts de cette province, et recherchaient ceux qui s'étaient attachés aux Mongols (1). Ils faisaient partie

(1) Djouvéini.

« AnteriorContinua »