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622. 1225.

traita avec une bonté qui dissipa leurs allarmes. Il vit bientôt arriver à sa cour tous les petits princes que ces temps d'anarchie avaient fait naître, dans le Khorassan, le Mazendéran et l'Irac, et qui, par la crainte qu'il leur inspirait, venaient spontanément lui rendre hommage. Ceux qui s'étaient le mieux conduits eurent la liberté de s'en retourner; les autres furent punis (1).

Le premier usage que Djélal-ud-din fit de sa nouvelle puissance, fut d'attaquer le Khaliphe Nassir, l'ennemi de son père et de son aïeul. Il entra dans le Khouzistan, pays qui constituait, avec l'Irac-Aréb, le territoire du vicaire de Mahomet, et alla investir Tousster cheflieu de cette province. Ses troupes, manquant de tout, firent des courses dans le Khouzistan, et y enlevèrent un grand nombre de chevaux et de mulets, dont elles avaient grand besoin. Au bout de deux mois, le sultan leva le siége de Tousster et prit la route de Bagdad. Il s'avança jusqu'à Ya'couba, qui n'en est qu'à sept fersenks. Le Khaliphe mit à la hâte sa capitale en état de défense et fit distribuer un million de dinars à ses troupes, avant de

(1) Nessaoui.

les envoyer au combat. Djélal-ud-din avait écrit au prince de Damas, Moazzam, neveu de Saladin, pour l'engager à marcher avec lui contre le Khaliphe, qu'il accusait d'avoir attiré les Barbares au coeur de la Perse, et d'être le premier auteur de la mort de son père; mais le prince syrien lui répondit, qu'il ferait cause commune avec lui en toutes choses, excepté contre le pontife des musulmans (1).

L'armée du Khaliphe, commandée par Couschtimour, était forte de vingt mille hommes, et un pigeon expédié au prince d'Erbil, lui avait porté l'ordre de se diriger avec dix mille hommes sur les derrières du sultan pour lui couper la retraite. Djéla, n'ayant que peu de troupes, fit dire à Couschtimour qu'il ne venait pas avec des desseins hostiles; qu'il souhaitait au contraire d'obtenir la bienveillance du Khaliphe, dont l'appui lui était nécessaire contre l'ennemi formidable qui menaçait encore de ses dévastations les contrées musulmanes, et que s'il était honoré de ses faveurs, il voulait se charger de défendre la Perse. Pour toute réponse, Couschtimour ran

(1) Ez-Zéhébi.

gea son armée en bataille. Le sultan, forcé de se mesurer avec des forces très-supérieures aux siennes, mit en embuscade une partie de sa petite troupe, et après avoir fait avec cinq cent cavaliers, deux ou trois charges, il prit la fuite. L'ennemi ne manqua pas de le poursuivre, et fut bientôt attaqué de deux côtés. Couschtimour périt dans la mêlée; son armée en déroute fut poursuivie jusqu'aux portes de Bagdad.

Après cette victoire, le sultan prit d'assaut et saccagea la ville de Dacouca; puis il se porta sur Tacrit, et apprenant que Mozaffar, prince d'Erbil, s'approchait avec ses troupes, qu'il les avait même devancées à la tête d'un détachement, dans le dessein de l'enlever, il partit aussitôt avec une poignée de braves, surprit lui-même le prince d'Erbil, le fit prisonnier et lui permit de retourner dans ses États (1).

Abandonnant son dessein contre Bagdad, Djélal voulut s'emparer de l'Azerbaïdjan. Il se rendit d'abord à Meragha, dont il entreprit de relever les ruines; mais il ne tarda pas à quiter cette ville, sur l'avis que le général

(1) Raschid.

Ebn-ul-Ethir, pag. 301 et 302.

turc, Togan Tayissy (1), oncle maternel et beau-frère de Ghiath, était en marche de l'Azerbaïdjan pour prendre possession de Hémedan et de quelques districts voisins, dont le Khaliphe lui avait donné l'investiture. Ce général venait d'hiverner dans l'Arran, et en traversant l'Azerbaïdjan, il avait, pour la seconde fois, pillé ce pays. Djélal arriva au milieu de la nuit, près de l'endroit où il avait posé son camp, autour duquel on voyait une multitude de chevaux, de mulets, d'ânes, de boeufs et de moutons, enlevés dans l'Arran et l'Azerbaïdjan. Lorsqu'au point du jour, le général turc, qui croyait encore Djélal-ud-din à Dacouca, vit ces troupes, et reconnut le sultan à l'ombrelle qu'on lui tenait au-dessus de la tête, il fut si déconcerté de son apparition subite qu'il ne songea qu'à implorer sa clémence. Il lui envoya sa femme, qui était sœur de Djélal; et après avoir obtenu sa grace, il alla se ranger, avec ses troupes, sous les drapeaux du sultan, qui retourna à Maragha.

(1) Tayi, Dayi, signifient en turc oncle maternel; et Tayissi veut dire l'oncle.

Alarmé du voisinage de ce prince belliqueux, l'Atabey Euzbec, souverain de l'Azerbaïdjan, était parti de Tébriz pour Gandja. Malgré les dangers qui menaçaient son pays, Euzbec passait sa vie à boire; il avait abandonné les soins du gouvernement à son épouse, qui était fille du sultan Togroul, dernier prince de la dynastie des Seldjoucides de l'Irac; elle était restée à Tébriz. Djélal qui convoitait la possession de cette ville, l'assiégea; au bout de cinq jours de combats, comme il était sur le point de l'enlever d'assaut, les habitants demandèrent à se rendre. Le sultan leur reprocha d'avoir tué l'année précédente des militaires khorazmiens de l'armée de son père, et d'avoir envoyé leurs têtes aux Mongols. Ils alléguèrent que c'était leur souverain qui avait commis cet acte, qu'il n'avait pas été en leur pouvoir d'empêcher. Le sultan agréa leurs excuses et leur accorda la vie sauve. Ils le prièrent de garantir à l'épouse d'Euzbec la paisible possession de la ville de Khouï et de ses autres domaines dans l'Azerbaïdjan ; Djélal y consentit et donna une escorte à l'épouse d'Euzbec pour la conduire à Khouï. Il prit possession de Tébriz où il demeura quelques jours, pendant lesquels ses troupes occupèrent les districts voisins; puis il

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