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Tout ce peuple d'oiseaux! fiers d'habiter ces bois,
Qui chantaient leurs amours dans l'asile des rois,
S'exilent à regret de leurs berceaux antiques.
Ces dieux, dont le ciseau peupla ces verts portiques,
D'un voile de verdure autrefois habillés,

Tout honteux aujourd'hui de se voir dépouillés,
Pleurent leur doux ombrage; et, redoutant la vue,
Vénus même une fois s'étonna d'être nue.

Croissez, hâtez votre ombre, et repeuplez ces champs,
Vous, jeunes arbrisseaux: et vous, arbres mourans,
Consolez-vous! témoins de la faiblesse humaine,
Vous avez vu périr et Corneille et Turenne :

Vous comptez cent printemps, hélas! et nos beaux jours S'envolent les premiers, s'envolent pour toujours.

Chant II; édition de M. Michaud.

La nouvelle plantation fut faite par Lemoine, (il n'était pas de la famille du célèbre peintre); en conservant les grandes et belles distributions de Le Nostre, il a jugé nécessaire de supprimer quelques bosquets, d'y ajouter des salles en quinconce fort agréables, et d'en simplifier plusieurs autres, afin que l'air put y circuler plus librement. Vingt années ne s'étaient pas écoulées sans que le succès de la nouvelle plantation n'eût changé les regrets que l'ancienne avait causés en d'autres bien

plus vifs et irréparables sur la perte que la France venait d'éprouver de l'infortuné Louis XVI.

Ce fut ce Prince qui, en 1778, prescrivit, sur la demande de la Reine, l'ordonnance d'un bosquet pour y placer dignement le groupe d'Apollon au bain. Une grotte représentant le palais de Thétis est placée dans une masse énorme de rochers pittoresquement disposés; l'admirable groupe en décore l'entrée : une quantité d'eau considérable anime ce tableau, et tombe en cascade dans un grand bassin de forme rustique et analogue au sujet. La surface du rocher et le bosquet sont ornés d'une plantation d'arbres fort variés, et la plupart exotiques. Cette composition est le prodige de la féerie (*)..

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Sous Louis XVI. furent construits plusieurs

(*) La composition du nouveau bosquet est due au célèbre Robert (Hubert), professeur à l'Académie royale de peinture; né à Paris, en 1733, il y est mort en 1808. Ainsi, c'est par une méprise que Dulaure, tome 1.er, page 201, de son Histoire des environs de Paris, attribue à Robert les dessins sur lesquels l'ancienne grotte fut exécutée; ce fut Claude Perrault qui les donna. Je n'ai redressé qu'une partie des erreurs de cet écrivain.

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édifices qui, s'ils n'ont pas le même éclat que ceux mentionnés jusqu'ici, présentent plus d'utilité dans leur destination. C'est ce qui distingue ce règne des deux précédens, et c'est une justice que rendent chaque jour à la mémoire de ce Prince ceux-mêmes qui se montrèrent ses plus mortels ennemis (*).

Il suffira d'indiquer l'infirmerie royale, présentement l'hospice civil et militaire (Note 9); la salle des spectacles de la ville pouvant contenir douze cents personnes, ainsi que des aqueducs, des fontaines publiques, de vastes égoûts pour l'écoulement des eaux hors de la ville, etc. En un mot, il n'est pas douteux que si Louis XVI n'eut pas été enlevé au milieu de sa bienfaisante carrière, Versailles n'aurait rien eu à envier aux anciennes villes de France les mieux pourvues d'établissemens utiles et agréables.

Les premières descriptions de Versailles sont devenues en quelque sorte surannées à cause des suppressions et des changemens heureux opérés pendant le règne de ce Prince

(*) Histoire des environs de Paris, tome 1, page 217.

et de nos jours dans la distribution du parc et dans les jardins. J'indiquerai les ouvrages les plus intéressans à consulter, aujourd'hui, par les personnes qui veulent s'instruire en parcourant ces lieux (Note 12); on y trouve des détails sur plusieurs de ces changemens ou suppressions. Mais comme ils n'ont conservé qu'un rapide souvenir d'une composition hydraulique qui fut très-renommée, j'en donnerai ici une esquisse.

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Entre tous les bosquets du petit parc de Versailles, le Labyrinthe n'était pas le moins curieux par la nouveauté du dessin, par une infinité d'allées tellement disposées, qu'on s'y égarait facilement et par le nombre et la diversité de ses fontaines et de ses jets d'eau. Les sujets des fontaines étaient empruntés aux Fables d'Esope, et les animaux en plomb, de grandeur naturelle et coloriés, exprimaient l'action indiquée par le Phrygien. Les coquilles rares, la rocaille fine dont tous les bassins étaient ornés, et l'abondance de l'eau que lançaient les animaux, conduisaient de surprise en surprise. Chacune de ces fontaines, au nombre de trente-neuf, était placée dans une salle de ver

dure, et une inscription en quatre vers, par Benserade, expliquait la Fable et sa moralité: A l'entrée, deux statues en plomb doré représentaient l'une, Ésope tenant un rouleau de papyrus à la main, et l'autre, l'Amour; pour montrer que si ce dieu engage les hommes dans de fâcheux détours, Ésope, par la sagesse de ses Fables, leur enseigne le chemin pour en sortir (*).

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Le Labyrinthe situé à l'ouest, et près de l'Orangerie, était d'un entretien dispendieux; Louis XVI le supprima lorsque les arbres furent abattus en 1775. Il est remplacé par un jardin demi-anglais planté d'arbres exotiques, et auquel ce prince avait donné le nom de bosquet de la Reine; c'est actuellement le bosquet de Vénus; on devait y placer la statue de cette déesse.

Malgré la suppression de la Grotte, ou pa lais de Thétis et du Labyrinthe, on avait continué de caractériser ainsi les trois principaux jardins plantés par Louis XIV: Versailles est admirable pour les eaux, Marly pour les ar

(*) Le Labyrinthe de Versailles, avec grav., 1672 ; in-4o. Les statues et les animaux ont été en partie conservés.

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