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Parisiens firent de leur ville, contraignit les Normands d'en lever le siége en 886. Ces pirates en s'éloignant subirent de sanglantes défaites; néanmoins, à l'aide de nombreux renforts, ils reprirent l'avantage et se portèrent vers d'autres contrées, qu'ils continuèrent à ravager, en menaçant toujours Paris, objet de leur cupidité, jusqu'à la cession que Charlesle-Simple fit d'une grande partie de la Neustrie, à Rollon leur chef, par le fameux traité signé à Saint-Clair-sur-Epte, en 912.

Il est donc vraisemblable qu'après la levée du siége de la capitale, les seigneurs de Versailles, pour se prémunir contre de nouvelles invasions, construisirent dans leur domaine quelque forteresse sous la protection de laquelle se réfugièrent des habitans disséminés (*); en sorte qu'un village se forma bientôt sur ce territoire. Personne n'ignore que vers le déclin de la seconde race et en diverses circonstances, ce fut ainsi que commencèrent plusieurs villes aujourd'hui florissantes.

(*) Peut-être sur l'emplacement du vieil château en ruines, acheté par Louis XIII et dont on parlera.

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Quoi qu'il en soit, le titre le plus ancien qui fasse mention de Versailles est une charte donnée vers 1057, par Odon ou Eudes, comte de Chartres, au monastère de SaintPère, ou Saint-Pierre, de la même ville, et à la fin de laquelle on voit au nombre des témoins un Hugo (Hugues ) de Versaliis ; ancienneté assez remarquable, puisqu'elle remonte à huit cents ans. Mais ce qui semble la reporter aussi haut qu'on l'a indiqué dans le paragraphe précédent, c'est que l'abbé Lebeuf, l'un des hommes les plus savans dans les détails de l'histoire de France, et à qui j'emprunterai plusieurs particularités, pense que si cette charte est d'Odon I.er du nom, elle aura précédé l'an 1005 (*), et que si elle est du second du nom, elle aura été accordée avant 1037: il est vrai que celui-ci fut tué, en cette

(*) Histoire du diocèse de Paris, tome v11, page 307. Lebeuf paraît dire en 1095; c'est une faute d'impression, comme le prouve la suite de sa phrase et ce qu'il ́a écrit, page 311, que Hugues, témoin dans cet acte, vivait sur la fin du dixième, ou au commencement du onzième siècle.

Certains érudits ont mis cet ouvrage à contribution; mais sans le nommer et sans aucun examen critique.

même année, dans les plaines de la Lorraine. D'ailleurs, il y avait déjà à Versailles, en 1065, une collégiale fondée, à ce qu'on croit, par les premiers seigneurs, et ce qui annonce un accroissement rapide de population, c'est qu'il y avait aussi une cure, alors de l'évêché de Chartres. L'église paroissiale était desservie dans celle du prieuré ou collégiale, l'une et l'autre sous le vocable de Saint-Julien, qu'elles conservèrent pendant près de huit siècles, et dont le nom est resté à la rue où cette église était située. Plusieurs titres aux années 1065, 1066, 1084, 1095 et 1100 concernent, les premiers, des concessions à la célèbre abbaye de Marmoutiers-les-Tours, de prébendes dans l'église collégiale, et, le dernier, de l'autel, dans celle curiale: Altare sancti Juliani de Versaliis (*).

On remarque dans un diplôme de l'année 1182, que Philippe-Auguste déclare que la maison de Versailles, Domum de Versaliis, qui venait d'être acquise à titre d'échange par l'abbaye de Saint- Magloire, à Paris, conti

(*) Histoire ecclésiastique, Paris, tome 1, pag. 606.

nuera d'être comme par le passé, sous sa royale protection. On connaît un autre acte, en latin, de l'année 1189, lequel contient une donation par la commanderie de Saint-Jean de Latran, d'une rente de trois septiers de blé à un prêtre de ce village, desservant de l'église. Ce ne fut qu'en 1516 que le nombre des habitans étant encore augmenté, l'usage de cette église fut cédé en entier aux paroissiens par l'abbé de Saint-Magloire qui, à différens titres, présentait à la cure et nommait au prieuré, jusqu'à la réunion de cette antique abbaye à l'archevêché de Paris, dans le dix-septième siècle et au temps que l'historien de Henri IV, Hardouin de Péréfixe, en occupait le siége.

La seigneurie de Versailles jouissait des droits de haute, moyenne et basse justice; il en relevait des fiefs situés sur son territoire ou dans les seigneuries voisines. Quelques-uns de ces fiefs portaient aux 12. et 13. siècles des noms singuliers, tels que Zigrefein, qui n'est plus connu, et d'autres, qu'on croirait tudesques.

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Vers 1350, il existait à Versailles, comme dans les lieux les plus considérables de la cam

pagne, une léproserie à laquelle plusieurs villages voisins avaient le droit d'envoyer leurs malades: elle fut détruite pendant les guerres de religion, au 16. siècle.

On a abrégé plusieurs de ces particularités et passé quelques autres sous silence, parce que la plupart se trouvent en d'autres ouvrages.

A l'égard de l'étymologie du nom qu'on a, dit-on, cherché long-temps dans les langues anciennes, l'abbé Lebeuf présume qu'il doit son origine à la langue germanique, dont les Francs apportèrent beaucoup de termes dans les Gaules (*). D'autres répètent que les plaines basses de ce territoire étaient tellement exposées aux vents, que les grains fréquemment versés, lui avaient attiré le nom de Versaliæ, Versailles. Cette conjecture n'est pas satisfaisante; puisque de tout temps les terres y ont été sablonneuses, ou marécageuses et couvertes de bois, de paturages et de peu de moissons. Mais, en suivant l'indice donné par le savant académicien, je hasarderai celle-ci.

(*) Villa Davren, aujourd'hui, Ville-d'Avray, Villa OFFLEN, Viroflay, et Villa ESCOBLEN, Villacoublay, aux environs de Versailles, sont probablement de ce nombre.

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