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richissent, étaient terminés en 1680, comme on le voit par la médaille que fit frapper cette année l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres. Au champ, est le buste du Roi. Légende: LUDOVICUS MAGNUS REX CHRISTIANISSIMUS. Revers: Vue de la façade du côté des jardins. Légende: REGIA VERSALIARUM, (château de Versailles). Exergue: MDCLXXX. Hauteur, 18 lignes. Le grand corps avancé du château et les deux ailes très-reculées, qui s'en détachent à droite et à gauche, y sont dans des proportions que n'indique pas la médaille ordonnée par Louis XIV, en 1687.

Rien ne peut ajouter à l'admiration qu'inspire cette façade magnifique. Sa construction est composée d'un rez-de-chaussée, d'un premier étage et d'un attique surmonté d'une balustrade qui était couronnée de vases et de trophées. Elle est décorée dans toute sa longueur de pilastres ïoniques avec quinze avantcorps soutenus par des colonnes du même ordre, ornées de statues en pierre; quatre statues en bronze sont adossées au bâtiment du milieu.

La grande Galerie, ou Galerie de Lebrun,

parce qu'on lui doit la superbe ordonnance et les chefs-d'œuvre de peinture qui la décorent, a, dans sa longueur, sept fois sa largeur qui est de trente-un pieds (73 sur 10 mètres environ), et quarante pieds de hauteur. Elle occupe, avec les deux salons de la Guerre et de la Paix, la façade de l'avant-corps, à l'ouest du château.

Toutes les descriptions de Versailles assurent que la grande façade du château et des deux ailes sur la terrasse des jardins, présente un développement de trois cents toises. De Villiers a vérifié cette étendue par luimême et les détails circonstanciés qu'il donne, prouvent que sur ce développement, il faut défalquer la longueur des deux côtés, au midi et au nord, qui étant de quarantequatre toises chacun, en tout quatre-vingthuit, réduisent la longueur réelle de cette façade à deux cent douze toises. Cette juste dimension, dit-il, n'en forme pas moins la plus grande façade qui soit en France, et, peut-être, au monde, en même temps que ·la plus belle et la plus majestueuse (*).

(*) On raconte qu'un jour Louis montrant le corps avancé

Avant d'aller plus loin, arrêtons nous un instant à contempler, soit de la grande Galerie,

soit du haut du perron qui conduit dans le parterre et au bassin de Latone, la superbe allée ouverte à travers le milieu du parc en face de l'avant-corps du château. C'est une perspective à perte de vue, qui commence entre les deux grands bassins du parterre, continue le long des belles rampes et terrasses qui descendent en amphithéâtre dans le parc, se prolonge, entre deux rangées de vases et de statues de marbre sur un large tapis de pelouse, nommé le Tapis-Vert et sur le magnifique bassin d'Apollon; enfin, cette perspective se termine à un vaste canal de huit cents toises de long, au delà duquel elle se perd dans la vapeur du lointain (*).

de cette façade à des courtisans, leur dit : « Vous souvient-il d'avoir vu un moulin à vent en cet endroit? Oui, sire, répondit le maréchal duc de Créquy, l'un d'eux; le moulin a disparu, mais le vent est resté. »

(*) La riche description que La Fontaine a faite de cette perspective, commence par ces vers:

En face d'un parterre au palais opposé,

Est un amphithéâtre en rampes divisé.

AMOURS DE PSYCHÉ, Liv. I.

A droite, on découvre le parterre du nord, la fontaine de la Pyramide, l'Allée d'eau et le bassin de Neptune; à gauche, d'abord, le parterre des Fleurs, ou du Midi et ses bassins tous également ornés de statues et de vases, en marbre et en bronze; puis, l'orangerie et la belle pièce d'eau dite des Suisses (*) : des bois couronnent les deux extrémités de l'horison.

Si l'on rentre dans la cour du château, l'œil domine toute la ville, plonge au loin dans les trois belles avenues de Paris, de Sceaux et de Saint-Cloud; la perspective demi-circulaire s'étend depuis les bois touffus de Satory et de Viroflay jusqu'à ceux du Chesnay.

Enfin, le château, ses terrasses et l'orangerie vus de l'extrémité de la pièce des Suisses, forment une perspective comparable à celle des fameux jardins de Sémiramis à Babylone.

Ainsi, le château de Versailles commande à tout ce qui l'entoure, et il est environné de vues magnifiques, ou diversement pittoresques. (Voir le plan ci-joint).

(*) Creusée par un régiment suisse de la garde de Louis XIV; elle a 350 toises de longueur, sur 120 de largeur.

Des artistes et des écrivains plus ou moins habiles, ont retracé, ou décrit les groupes, ies statues et les vases précieux distribués dans les jardins et dans le parc, avec une profusion vraiment royale (*). Mais lorsque jouent les grandes eaux, qui peindra jamais, même à l'imagination la plus vive, leur éclatante richesse, si diversement jaillissante dans de nombreux bassins, en gerbes, cascades, ou fontaines, comme Latone, le char d'Apollon, la Pyramide, le Dragon, et surtout celui de Neptune? Qui reproduira le coup-d'œil ravissant de plusieurs bosquets vraiment prestigieux, comme la Cascade, l'Enlèvement de Proserpine, ou la Colonnade, et les Bains d'Apollon (**)?

Ailleurs, on verra les tentatives qui ont été faites pour rendre ce spectacle plus fréquent et prolonger sa durée.

Parmi les édifices que, depuis l'époque à

(*) On a dit, en plaisantant, que plus d'un prince souverain d'Allemagne n'avait pas autant de sujets que le roi de France de statues dans son parc.

(**) Le bassin de Neptune fut exécuté sous Louis XV,' et le Rocher, ou les Bains d'Apollon, sous Louis XVI.

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