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qui sont en France. Avant la Révolution, on distinguait le grand et le petit Montreuil, séparés par la route de Paris; depuis ils ont été réunis à Versailles; mais la paroisse restée distincte, conserve son église particulière.

Le château seigneurial de Montreuil-lès-Versailles, ainsi qu'il est écrit dans un registre du Trésor des Chartes de l'an 1375, était à Porchéfontaine. Il était et est encore bâti dans une plaine, sans autre défense que les étangs qui l'environnent.

En 1722, le régent fit dresser un camp à Porchéfontaine et un fort à Montreuil pour enseigner å Louis XV les exercices de la guerre. On a imprimé, la même année, un journal de ce siège, avec gra

vures.

Le grand Montreuil possédait deux charmantes maisons de plaisance avec des jardins anglais; l'une appartenait à la princesse de Guémenée. Louis XVI ayant acheté cette propriété, y conduisit madame Elisabeth; lorsque cette princesse eut tout visité, tout admiré, elle entendit, avec une agréable surprise, la reine Marie-Antoinette lui dire : « Ma sœur, vous êtes ici chez vous ». Delille avait ces jardins en vue lorsqu'il écrivait

ce vers:

Les Grâces, en riant, dessinèrent Montreuil.

C'est là que madame Elisabeth passa, les plus doux momens de sa vie dans les soins champêtres,

la bienfaisance et les sentimens doux qu'inspire le spectacle de la nature. Pour former une laiterie, elle fit venir de Suisse quatre génisses superbes et une jeune fille du Valais pour en prendre soin. Cette dernière s'appelait Marie. Belle, naïve, mais toujours mélancolique, sa nouvelle place ne pouvait lui faire oublier ses montagnes, et surtout Jacques, à qui elle avait été promise. Elle confia sa peine à madame de Travanet, qui composa aussitôt les paroles et l'air de la jolie romance dont voici le premier couplet:

Pauvre Jacques, quand j'étais près de toi,

Je ne sentais pas la misère,

Mais à présent que tu vis loin de moi,

Je manque de tout sur la terre.

(bis.)

Marie l'apprit, et la chanta au moment où madame Elisabeth passait. Touchée de la flexibilité de la voix de la jeune fille, la Princesse s'intéressa à son sort; et apprenant que la romance dépeignait sa véritable situation, elle chargea M. de Bezenval de faire venir secrètement Jacques à Montreuil. Un matin, Marie, revenant de traire le lait de ses vaches, entendit, dans un bosquet du parc, le ranz de son pays et la voix de Jacques; elle y répondit par un air de ses montagnes, et bientôt les deux amans se trouvèrent dans les bras l'un de l'autre. Jacques dont la raison s'était égarée, la recouvra avec le bonheur, et épousa Marie, dotée par ma

dame Elisabeth, qui le prit à son service comme jardinier.

La romance de madame de Travanet que toute la France chanta après la reine Marie-Antoinette, qui la chantait avec une expression si vive et si touchante sous les frais ombrages de Trianon et dans sa royale demeure à Versailles, cette romance n'est pas, comme on l'a écrit, celle qui, dans là tour du Temple, intéressa cette princesse, mais celle bien autrement de situation, que M. Hennet composa sur le même air :

O mon peuple! que vous ai-je donc fait ?
J'aimais la vertu, la justice,

Votre bonheur fut mon unique objet,

Et vous me traînez au supplice!

Elle fut distribuée par milliers dans Paris, le jour même où la défense de Louis XVI fut prononcée.

Ce fut surtout au petit Montreuil que, dans l'hiver si rigoureux de 1788-9, ce prince, enveloppé d'une redingotte jusqu'aux yeux et le chapeau rabattu, allait, de grand matin, de chaumière en chaumière, porter des secours aux indigens qui bénissaient le bon Monsieur, qu'ils ne connaissaient point.-Le costume, dans le tableau qui représente ce trait et qui a été gravé, est tout à fait inexact.

Madame, belle-sœur du Roi, était propriétaire

de l'autre habitation; à Montreuil; les jardins d'une plus grande étendue, étaient au premier rang de ceux plantés dans le genre paysagiste.

Ces deux habitations ont été vendues comme biens nationaux, celle de Madame, après avoir été divisée en deux lots; les bâtimens et les jardins ont subi beaucoup de changemens.

Note 7, pages 60 et 117.

CLAGNY était anciennement un hameau sur le chemin qui conduit de Versailles à Saint-Cloud. Louis XIV acheta ce domaine en 1665; il у fit construire un château et planter des jardins dont il accorda la jouissance à madame de Montespan.

Mais, en 1685, le Roi lui donna cette terre et celle de Glatigny (contiguë), avec substitution au duc du Maine et à ses enfans mâles; et s'ils venaient à manquer, au comte de Toulouse et à ses enfans mâles; à défaut desquels ces terres seraient reversibles à la Couronne (*) ».

Madame de Sévigné qui vit Clagny pendant qu'on y travaillait encore, en parle ainsi à sa fille : « Nous fûmes à Clagny; que vous dirai-je? c'est le palais

(*) Mémoires et journal du marquis de Dangeau; Paris, 1830; tome 1.er, page 117. Dangeau dit, en outre, que madame de Montespan avait affermé Clagny et Glatigny vingt mille francs.

d'Armide; le bâtiment s'élève à vue d'œil, les jardins sont faits; vous connaissez la manière de Le Nostre; il a laissé un petit bois sombre qui fait fort bien; il y a un bois entier d'orangers dans de grandes caisses; on s'y promène; ce sont des allées où l'on est à l'ombre; et, pour cacher les caisses, il ya, des deux côtés, des palissades à hauteur d'ap pui, toutes fleuries de tubereuses, de roses, de jasmins, d'œillets: c'est assurément la plus belle, la plus surprenante et la plus enchantée nouveauté qui se puisse imaginer : on aime fort ce bois (*) »..

Le château, sur les dessins de Mansart, était l'un des plus régulièrement beaux qu'il y eut en Europe. La totalité des dépenses est portée sur les relevés communiqués à Vaisse de Villiers à deux millions soixante-quatorze mille huit cent soixante-quatre livres, que d'après ses bases, il évalue à quatre millions de francs, au cours actuel.

Saint-Simon, quelquefois outré dans ses éloges, comme il l'est toujours dans ses critiques, en trace cette esquisse. « Clagny... au bout de Versailles, château superbe avec ses caux, ses jardins, son parc; des aquéducs dignes des Romains, de tous les côtés (**); l'Asie, ni l'antiquité n'offrent rien

(*) Lettre à madame de Grignan, du 7 août 1675.

(**) Il veut parler des aquéducs de Marly, de Buc, et des re servoirs de Montbauron, construits plusieurs années auparavant, pour fournir de l'eau à Versailles

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