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C'est là que, rayonnant d'une splendeur guerrière,
Louis fit triompher les modestes couleurs

Et le chiffre de La Vallière.

La Vallière à ce nom quel tendre souvenir
Dans mon triste cœur se ranime!

De sa fidélité fallait-il la punir !

Le grand cœur de Louis ne fut pas magnanime:
Il brisa sans pitié ce fortuné lien.

Hélas! elle aimait trop, c'était là tout son crime,
Et ce crime est aussi le mien.

CASIMIR DELAVIGNE.

A l'égard des poésies latines, je me bornerai à la citation d'un distique attribué au célèbre Fléchier, évêque de Nismes; il donne l'idée la plus précise du palais de Versailles et du Monarque qui l'a créé.

Rex, regnum,

domus hæc, tria sunt spectacula mundi : Rex, animo, regnum, viribus, arte domus.

Voici la traduction que l'auteur du poëme si intéressant sur La Mort de Loizerolles (*), nous a donné de ce distique.

Prince, France, Palais, qu'embrasse mon regard,
Sont les trois grands objets que l'univers admire :
Le Roi, par son génie et par son vaste empire,
Et ce palais divin par les pompes de l'art.

M. le chevalier DE LOIZEROLLES.

(*) Ce Poëme a eu quatre éditions.

Note 2, page 52.

On a observé que le cardinal Fabio Chigi, envoyé en France par le pape Alexandre VII, son oncle, en qualité de légat à latere, pour présenter des excuses à Louis XIV, à raison de l'insulte faite par les soldats Corses aux gens du duc de Créquy (frère du maréchal), ambassadeur de ce Monarque, fit bâtir à Formelle près de Rome, une maison de plaisance avec un très-beau jardin rempli d'orangers et de fleurs rares, et qu'il lui donna le nom de VERSAILLES. Or, ce légat, dit

on,

n'avait pu voir que l'ancien château; cette assertion est contestable. En effet, ce cardinal étant arrivé en France, au mois de février 1664, il assista et fut admis avec une distinction toute particulière aux célèbres fêtes données par le Roi, pendant le mois de mai de la même année, dans le nou veau palais, et il ne repartit pour l'Italie qu'en 1667, après la mort d'Alexandre VII.

Une habitation royale sur le modèle de Versailles, c'est La Granga, construite par Philippe V, et autour de laquelle s'est formée insensiblement la ville de Saint-Ildephonse.

Elle est voisine de Madrid et située entre des montagnes, dans un lieu autrefois sauvage et stérile; une partie de l'emplacement était occupée par

une grange appartenant à des religieux hiéronimytes, de Ségovie: Philippe V la leur acheta pour

y

faire bâtir ce palais. Les travaux en ont été dirigés par des artistes français. L'extérieur n'est pas magnifique; on y remarque seulement la façade donnant sur les jardins; mais l'intérieur en est trèsbeau. Les appartemens inférieurs renferment un grand nombre de statues antiques et d'autres morceaux de sculpture qui sont dignes de fixer l'attention. Dans les appartemens supérieurs on compte plus de mille tableaux des plus grands maîtres. Les jardins font un des plus beaux ornemens de La Granga l'industrie humaine s'y est développée dans toute son étendue, et a été secondée avec suc➡ cès par un prince qui, fidèle imitateur de Louis XIV, son aïeul, voulut faire d'un lieu inhabitable un lieu de délices, comme le monarque français l'avait fait de Versailles. Partout l'art y a triomphé de la nature, et a remplacé un terrain sec, pierreux et stérile, par des plantations agréables, des bosquets charmans, des canaux vivifians, des cascades, des fontaines et des bassins ornés d'une infinité de groupes, de statues ou de figures d'animaux en bronze et en marbre de diverses couleurs. C'est dans ce palais que Philippe V se retira après son abdication. La Cour y passe une partie de l'été (*) `».

(*) Dictionnaire géographique universel, tome v, article ILDEPHONSE (Saint); Paris, Kilian, 1829.

Un autre écrivain n'en parle qu'en ces termes :

« Aussitôt que le mois de mai est écoulé, la Famille royale quitte Aranjuez et part pour le sitio de La Granga ou San-Ildefonso, mauvaise imitation de Versailles, entreprise par Philippe V. La Granja est située au nord de Madrid sur la pente d'une chaîne de hautes montagnes. Cette position rend ce sitio une demeure en effet convenable pour l'été. Aussi la famille royale y passe-t-elle juin, juillet et août (*)

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Relisons Delille.

L'Ibère avec orgueil dans leur luxe royal

Vante son Aranjuez, son vieil Escurial;

Toi, surtout, Ildephonse, et tes fraîches délices..
Là ne sont point ces eaux dont les sources factices,
Se fermant tout-à-coup, par leur morne repos
Attristent le bocage, et trompent les échos:
Sans cesse résonnant dans ces jardins superbes,
D'intarissables eaux, en colonnes, en gerbes,
S'élancent, fendent l'air de leurs rapides jets,
Et des monts paternels égalent les sommets;
Lieu superbe où Philippe, avec magnificence,
Défiait son aïeul, et retraçait la France.

LES JARDINS, Chant I.

(*) Mémoires de madame la duchesse d'Abrantès; tome 7, page 390. 1833.

Note 3, page 60.

DÉPENSES de Versailles, par chapitres, depuis 1664 jusqu'en 1690 (*).

Maçonnerie de Versailles et ses dépendances, compris Trianon, S.-Cyr et les églises de Notre-Dame

et des Récollets, pendant les

dites vingt-sept années..

Charpenterie
Couvertures.

Plomberie

....

Menuiserie...

A reporter....

liv. s. d.

42,372,024 8 2

5,107,376 2 10

1,437,359 13 6

9,116,154 5

5,332,844 4 0

63,365,758 13 6

Extrait littéralement des Observations de Guillaumot, pages 18 et suivantes. Cet architecte donne à ces dépenses la valeur d'aujourd'hui, d'après la seule différence du marc d'argent, évalué au double, à peu près de ce qu'il était sous Louis XIV, sans avoir égard aux prix, alors très-bas, de la main-d'œuvre, des matériaux et des vivres, ni aux variations si nombreuses du marc d'argent pendant les quarante années de travaux. Une preuve suffira: on sait que madame de Maintenon écrivait, en 1680, qu'avec neuf mille livres de revenu, son frère, le comte d'Aubigné, et sa bellesœur pouvaient, à Versailles, louer une maison agréable, ayoir dix domestiques, quatre chevaux, deux cockers et un bon diner.

ΙΟ

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