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tait plus de presses publiques à Versailles, lorsqu'en 1787, Pierres (Philippe Denis), typographe et homme de lettres distingué, vint y établir, dans l'hôtel des Menus-Plaisirs, une imprimerie pour le service des Notables, en vertu d'un arrêt du Conseil-d'État du Roi, rendu le 27 mai de la même année. Louis XVI, satisfait des travaux de Pierres et des divers ouvrages qu'il avait publiés, soit dans cette ville, soit antérieurement, lui accorda le titre de son premier imprimeur ordinaire. Ce quit détruit l'assertion d'un écrivain que j'ai déjà réfuté plusieurs fois, sans le nommer, et qui prétend qu'avant 1789, il n'y avait point d'imprimerie à Versailles. M. Vitry (G.-C.), né en cette ville, et des presses duquel est sortie la première édition de ces Recherches, est un des élèves de Pierres.

Versailles et ses monumens ont trouvé des censeurs plus ou moins sévères, souvent en contradiction sur le même sujet, et quelquefois avec eux-mêmes. Le mot du maréchal duc de Créquy : « Sire, vous aurez beau faire, vous «< n'en ferez jamais qu'un favori sans mérite; » ce mot spirituel est plein de franchise. Mais le

duc de Saint-Simon, dans ses Mémoires qu'on peut appeler clandestins, a dépassé toutes les bornes de la critique (*). Cependant, il pouvait facilement se procurer, surtout lorsqu'il était membre du Conseil de Régence, des documens certains sur les sommes que Versailles a réellement coûtées. On regrette donc qu'au lieu de présenter des observations dignes de lui, d'un esprit supérieur, il ait saisi toutes les occasions et employé des pages entières à des déclamations vagues et à couvrir de ridicule, son arme favorite, le château, les jardins et les ouvrages les plus parfaits ordonnés par

(*) Les Mémoires de Saint-Simon, frondeur de Louis XIV, qui ne l'accueillit pas comme il croyait le mériter, et courtisan du Régent, dont il obtint tout ce qu'il voulut pour son excessive vanité nobiliaire et pour sa fortune, ces Mémoires, dis-je, ont été, d'après ses ordres formels, tenus fort long-temps secrets par sa famille. Expédient imaginé pour être cru en tout ce que la vérité, l'erreur, et ses irascibles passions lui ont dicté, et sans craindre aucune contradiction, des démentis, on, peut-être, de justes récriminations de la part de ses contemporains. Ce n'est que plus de trente ans après sa mort, arrivée en 1755, qu'il a paru quelques volumes extraits de ses Mémoires; l'édition complète n'a été publiée qu'en 1829. Il y prouve, comine il le declare nettenient dans sa Conclusion « qu'il ne s'est « point piqué d'impartialité »; tome xx, page 483.

Louis XIV. Ses diatribes sur ces objets ne sont, ici, susceptibles d'aucun examen.

Mais je dois réfuter ce que Saint-Simon a hasardé contre l'état physique et sanitaire de cette ville. Il l'appelle encore, à l'année 1715, (et il écrivait vingt ans après), « le plus triste « et le plus ingrat de tous les lieux, sans vue, «sans bois, sans eau (*), sans terre, parce que « tout y est sable mouvant, ou marécage, sans « air et par conséquent malsain (**) ». Il est évident que ces traits convenaient pour la plupart au village lorsque Louis XIII en fit l'acquisition et pendant les remuemens de terre pour les différens travaux (***); mais ils sont

(*) Voir le plan au-devant du titre, les pages 43, 44 et 120 ci-devant, ainsi que la page 135 ci-après.

(**) Mémoires; tome x111, page 85. Il avait déjà dit : « Versailles, lieu sans rivière, ni eau bonne à boire, qui n'est que sable et boue.... un cloaque ». Tome XII, page 408.

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(***) M. Michelet m'a fait remarquer dans un cartulaire de Notre-Dame de Paris, que le 30 janvier 1632, le, Chapitre fit remise à un particulier du huitième de son loyer d'une maison à Versailles, dans laquelle il s'était déclaré une maladie contagieuse, domus morbo contagio nis afflicta. Ce fait isolé n'empêchá pas Louis XIII d'y revenir séjourner, et deux mois après il acheta la seigneurie.

ridiculement outrés, lancés par ce caustique courtisan contre Versailles terminé depuis plus de quarante ans et dans toute sa splendeur. Il n'est pas moins évident que si ce lieu eût été insalubre, Louis XIV, dès 1672, et ses successeurs n'y auraient pas fixé leur demeure de prédilection, et que la population, même celle étrangère à la Cour, ne s'y serait pas portée aussi constamment et comme elle le fait encore aujourd'hui. Il y a plus; puisque Versailles était un lieu marécageux et aussi malsain, pourquoi, trois mois après la mort de Louis XIV, Saint-Simon, lui-même, a-t-il insisté fortement auprès du Régent pour que le jeune Roi fut ramené dans ce séjour (*)?

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J'ajouterai que des docteurs en la Faculté de médecine de Paris, ont, dans leurs thèses, ou dans leurs écrits, loué l'heureuse exposition de la ville et du château au soleil levant ainsi que la bonté des eaux de la Seine que la machine, ou la pompe à feu de Marly, conduit abondamment dans un grand nombre de fontaines publiques. En outre, on a observé qu'un

(*) Mémoires, tome x111, page 419.

air vif et pur circule librement dans cette ville, et qu'une heure après des pluies très-abondantes, les rues sont séchées; qu'il n'y a jamais eu de maladie endémique, ni même d'épidémie ensorte qu'on y parvient jusqu'à la vieillesse la plus avancée. La statistique de Versailles et la Nécrologie ci-après, fournissent de nombreux exemples.

en

Enfin, le cholera-morbus, ce terrible fléau dont l'invasion a été si rapide et la durée si fatale aux communes environnantes, n'a eu que peu d'influence à Versailles. Cette observation, fort importante, est due à M. le docteur Lemazurier, médecin en chef des épidé mies de cet arrondissement considérable; il l'a consignée dans une lettre recueillie par les journaux, et qui prouve combien la salubrité de cette ville est incontestable (Note 11).

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Maintenant, il n'est peut-être pas sans intérêt de considérer Versailles sous un autre rapport.

Depuis l'époque où Louis XIV vint y demeurer jusqu'à notre temps, c'est-à-dire, durant l'espace d'un siècle et demi, cette ville a

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