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Une bibliothèque publique si nécessaire aux gens de lettres, aux étudians et à des habitans d'une vie paisible et aisée, n'est pas l'un des moindres avantages de Versailles. Le dernier inventaire arrêté en 1830, par M. Le Prince, bibliothécaire actuel (*) porte à environ quarante-deux mille le nombre des volumes dont elle est composée; la plupart sont d'excellens ouvrages provenans des cabinets de Louis XVI et de la Famille royale. Les amateurs des éditions rares et précieuses y trouveront quelquesunes de celles dites Princeps, et de celles qui ont rendu célèbres les presses des Estienne, des Vascosan, des Elzevir, des Baskerville, des Barbou, des Ybarra, des Didot et de plusieurs autres qui jouissent dans les annales de la Bibliographie d'une considération justement méritée. Ils désireraient y trouver aussi quelques chefs-d'œuvre des Bodoni et des Crapelet, typographes non moins célèbres. Faute d'un fonds d'entretien, cette bibliothèque n'a reçu que peu d'augmentation depuis. sa formation. Mais on assure que l'administra

(*) M. Le Prince est auteur de plusieurs savans ouvrages sur l'Astronomie et sur la Grammaire générale.

tion municipale, composée d'hommes éclairés, s'occupe de trouver les moyens d'allouer à ce précieux établissement une somme annuelle suffisante pour qu'il ne reste pas plus longtemps, en retard de se procurer les meilleurs ouvrages, qui, depuis quarante ans, ont paru, concernant les sciences et les arts, les belleslettres et l'histoire...

Cependant, il existe à Versailles une collection complète d'ouvrages et de matériaux pour l'histoire de notre révolution : créée et continuée avec une rare persévérance et des dépenses infinies par le propriétaire, M. Deschiens, elle est justement appréciée par les bibliographes. Mais elle est inconnue à tous ceux qui, jusqu'à présent, ont écrit diversement sur les différentes époques de nos troubles et auxquels les bibliophiles et même la bibliothèque de la rue de Richelieu n'ont pu offrir que des recueils partiels et sans suite de ces documens historiques.

Cette collection unique se compose de quinze mille cartons et volumes in-f.°, in-4.°, et in-8.o, et comprend trois divisions principales, les Hommes, les Matières et les Jour

naux elle renferme toutes les pièces les plus rares, quelles que soient les opinions. Pour en connaître l'importance et juger de son utilité, il faut consulter l'ouvrage que M. Deschiens a publié sur son immense bibliothèque. Une table nominative des objets compris dans chacune de ces divisions indique facilement " au moyen de l'ordre chronologique et alphabétique, le carton, ou le volume, où se trouve l'objet qu'on désire. Cette table est suivie d'une bibliographie des innombrables journaux qui ont paru durant près d'un demisiècle et qui fournissent des renseignemens précieux, surtout, aux approches des évènemens mémorables. L'auteur a cité plusieurs morceaux de ceux qui ont exercé le plus d'influence, afin que le lecteur juge lui-même de l'esprit de ces journaux (*). Enfin, toutes les parties sont maintenues au courant par M. Deschiens,

(*) COLLECTION de matériaux pour l'Histoire de la révolution de France depuis 1787 jusqu'à ce jour.- BIBLIOGRAPHIE des Journaux. Par M. D......s, (Deschiens), avocat à la cour royale. Paris, Barrois l'aîné, 1829. in-8.o, de xxiv et 645 pages.

La Bibliographie des Journaux doit se trouver dans une bibliothèque choisie.

jaloux d'avoir élevé et d'accroître cet utile

monument.

Que deviendra cette collection spéciale de documens şi intéressans à parcourir et indispensables pour écrire notre histoire ? Aucune de nos bibliothèques publiques n'étant assez richement dotée pour en faire l'acquisition, il semble qu'elle devrait être recherchée pour faire partie de la bibliothèque qu'on se propose d'établir au château de Versailles; elle en serait assurément l'une des divisions les plus essentielles et très-souvent consultée. Autrement, les étrangers se présenteraient, à l'envi, dans le double but de s'en enrichir et d'en priver la France.

C'est à tort que dans la première édition des Recherches, j'ai avancé que ce fut en 1787, qu'on établit à Versailles la première imprimerie. Plusieurs monumens prouvent, au contraire, que ce fut plus d'un siècle auparavant, entre autres l'ouvrage que je vais citer, à cause de sa spécialité, et dont voici le titre : Explication des Tableaux de la

Galerie de Versailles et de ses deux Salons. A Versailles, de l'imprimerie de François Mu

guet, premier imprimeur du Roi, à l'ancien hôtel Seignelai. 1687. Par ordre exprès de Sa Majesté ». In-4.0, de 117 pages. L'auteur de cette Explication, Rainssant, garde des médailles du Roi, avait déjà fait paraître une Dissertation sur douze médailles des jeux séculaires de l'empereur Diocletien; Versailles, Fr. Muguet, 1684, in-4° (*).

Un illustre philologue, M. Veiss, nous apprend en outre, que « trois ouvrages philosophiques, dont il donne les titres, du docteur Quesnay, chef de la secte des économistes, furent imprimés à Versailles, par ordre exprès de Louis XV, qui en tira lui-même des épreuves; mais que les exemplaires ont été si soigneusement séquestrés qu'il n'en est pas resté un seul exemplaire à la famille (**) ». Ces impressions furent faites au château, dans l'appartement de la marquise de Pompadour.

Il y avait donc très long-temps qu'il n'exis

(*) Rainssant (Pierre), savant numismate. Un jour qu'il se promenait seul, il se laissa tomber dans la pièce d'eau des Suisses et s'y noya, le 7 juin 1689.

(**) Article QUESNAY (François), Biographic universelle, de M. Michaud, tome xxxvi, 396. ・・

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