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LE CHRISTIANISME

EN CHINE, EN TARTARIE ET AU THIBET.

CHAPITRE PREMIER.

I. Le dogme de la rédemption des hommes répandu dans le monde en

tier.

Prédication du peuple juif.

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Poëtes indiens. - Virgile. Les sibylles. - Extrait des annales de la Chine. - L'univers est dans l'attente du Messie. - II. Légende de l'apostolat de saint Thomas. Ses rapports avec le roi Gondaphorus. - Conversion de ce roi indien. Martyre de saint Thomas. III. Preuves de la prédication de saint Thomas dans l'Inde. - Monuments syriaques, grecs et latins. Témoignages tirés des Pères de l'Église et des voyageurs.

Le corps

- IV. Preuves archéo

de saint Thomas est retrouvé dans les Indes. logiques. Médaille du roi Gondaphorus. — V. Probabilités de l'aposFréquents rapports entre l'Orient

tolat de saint Thomas en Chine.

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et l'Occident au commencement de l'ère chrétienne.
de ces rapports.
Orient.

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VI. Saint Pantène et autres missionnaires en

VII. Prédicateurs nestoriens et catholiques en Chine.

I.

Lorsque l'Évangile a été successivement propagé chez tous les peuples de la terre, la religion du Christ n'a excité nulle part aucun étonnement, parce qu'elle avait été prophétisée en tous lieux et qu'elle était universellement attendue. La naissance d'un HommeDieu, une incarnation divine, voilà la croyance, la

T. I.

foi de l'humanité, le grand dogme qui s'est retrouvé sous des formes plus ou moins mystérieuses dans les vieux cultes et parmi les traditions les plus anciennes. Le Messie, le Rédempteur promis à l'homme déchu, dans le paradis terrestre, n'a jamais cessé d'être annoncé d'âge en âge, dans toutes les religions. Le peuple de Dieu, spécialement choisi pour être le dépositaire de cette promesse, en répandit la notion parmi les hommes plusieurs siècles avant son accomplissement. Tels furent, dans les desseins de la Providence, les résultats de ces grandes révolutions qui · agitèrent les Juifs, les dispersèrent dans le monde et surtout en Asie.

L'an 719 avant Jésus-Christ, Salmanasar, roi des Assyriens, s'empara de Samarie et en transporta les habitants jusque dans les villes les plus reculées de la Médie. En 676 avant Jésus-Christ, Assaharaddon dispersa les restes des royaumes de Syrie et d'Israël dans la Perse, la Médie et les provinces les plus reculées de l'Orient. Enfin commença la captivité de Babylone en 606. Nabuchodonosor emmena la plupart des Juifs, et parmi eux des princes, des prêtres et même des prophètes, dans son royaume, qui s'étendait alors jusqu'en Médie. Les Israélites des dix tribus se rencontrèrent dans les malheurs de la captivité; ils s'assirent et pleurèrent ensemble aux souvenirs de Sion sur les bords des fleuves de Babylone. Se répandant ensuite dans tout l'Orient, ils se rendirent par nombreuses caravanes en Perse, aux Indes, au Thibet et jusque dans la Chine. Car de nos jours on a retrouvé dans toutes ces contrées des traces des antiques migrations du peuple juif.

Ainsi, au septième siècle avant l'ère chrétienne, ce fut la nation juive tout entière que la captivité dissémina chez tous les peuples de l'Asie, avec ses livres, ses doctrines et ses prophéties, comme pour y raviver les anciennes croyances et retremper les hommes dans la foi au Rédempteur. La tradition biblique accompagnait partout les enfants d'Israël, s'en allant avec eux par la Perse dans l'Inde et la Tartarie, par l'une et l'autre dans la Chine, de même qu'elle pénétrait par l'Égypte dans l'Asie Mineure, de l'Asie Mineure en Grèce, de la Grèce dans l'occident et dans le nord de l'Europe. Enfin, selon Strabon, qui écrivait du temps de Pompée et de César, « les Juifs étaient répandus dans toutes les villes, et il n'était pas facile de trouver un lieu, en toute la terre, qui ne les eût reçus et où ils ne fussent solidement établis (1). >> Un courant de vérité se fit alors sentir sur toute la surface du globe, l'humanité commença à se réveiller de son assoupissement et bientôt elle tressaillit; car elle pressentait sa rédemption.

Si l'on pouvait s'étonner de quelque chose après cela, ce serait de voir des hommes qui paraissent surpris de trouver chez tous les peuples et dans tous les cultes des lambeaux bibliques et des idées presque chrétiennes. La merveille serait qu'il n'y en eût pas. D'après saint Paul, « Dieu n'a pas laissé les gentils sans témoignage, » et selon la prophétie de Jacob le Rédempteur devait être « l'attente des nations (2).

>>

- Lorsque le Christ parut, ce n'était donc pas sculement en Judée, parmi les Hébreux, qu'il était attendu;

(1) Josèphe, Ant., l. 14, ch. 12.
(2) Ipse erit exspectatio gentium.

il l'était encore à Rome, chez les Goths et les Scandinaves, aux Indes, en Chine, dans la haute Asie surtout, où presque tous les systèmes religieux sont fondés sur le dogme d'une incarnation divine. Bien longtemps avant la venue du Messie un renouvellement de l'univers, avec un Sauveur, un roi de paix et de justice, était annoncé dans le monde entier. Cette attente est souvent mentionnée dans les Pouranas, livres mythologiques de l'Inde. Quelquefois la terre y est représentée se plaignant d'être près de s'abîmer dans le Patala (1), sous le poids des iniquités humaines accumulées sur elle. Les dieux eux-mêmes se plaignent de l'oppression des géants. Vichnou console la terre ainsi que les dieux en les assurant qu'un Sauveur viendra pour réparer leurs griefs et mettre fin à la tyrannie des Dartyas ou démons, qu'à cet effet il s'incarnera dans la maison d'un berger et qu'il sera élevé parmi des pâtres. En Chine, Confucius se lamentait dans ses écrits sur la perte du trépied sacré (2) et annonçait aux cent familles (3) que le saint par excellence devait naître dans l'Occident...

A mesure que les temps approchaient, les poëtes, ces esprits en quelque sorte divinisés (mens divinior), parce qu'ils puisent leurs inspirations dans les traditions des peuples, chantaient la naissance du Sauveur des hommes et se renvoyaient d'un bout du monde à l'autre comme des échos prophétiques de ce merveilleux événement. Dans le poëme indien nommé

(1) L'enfer des Hindous.

(2) Il est probable que Confucius entendait désigner par le trépied sacré la notion du vrai Dieu de l'unité trine.

(3) Pé-Sin (cent familles), expression qui désigne le peuple chinois.

Barta-Sastra (1), après un long détail des désordres et des malheurs qui seront le partage de l'âge de fer (Kaly-Youga), un sage hindou, adressant la parole à Darma-Raja, l'un des plus grands rois de l'Inde, s'exprime de la manière suivante : « ... C'est alors qu'il naîtra un brahme dans la ville de Sambhala. Ce sera Vichnou Yesou; il possédera les divines Écritures et toutes les sciences, sans avoir employé pour les apprendre que le temps qu'il faut pour prononcer une seule parole. C'est pourquoi on lui donnera le nom de Sarva Bouddha, celui qui sait excellemment toutes choses. Alors (ce qui était impossible à tout autre qu'à lui) ce Vichnou Yësou, conversant avec ceux de sa race, purgera la terre des pécheurs, y fera régner la justice et la vérité, offrira le sacrifice du cheval et soumettra l'univers à Bouddha. Cependant, lorsqu'il sera parvenu au temps de la vieillesse, il se retirera dans le désert pour faire pénitence; et voilà l'ordre que ce Vichnou-Sarma établira parmi les hommes. Il fixera la vertu et la vérité au milieu des brahmes et contiendra les quatre castes dans les bornes de leurs lois : c'est alors qu'on verra renaître le premier âge. Ce roi suprême rendra le sacrifice si commun parmi toutes les nations que les solitudes même n'en seront pas privées. Les brahmes, fixés dans le bien, ne s'occuperont que des cérémonies de la religion et du sacrifice; ils feront fleurir parmi eux la pénitence et les autres vertus qui marchent à la suite de la vérité, et répandront partout la clarté des divines Écritures. Les saisons se succédant avec un or

(1) Barta-Sastra dans le troisième volume, qui a pour titre Arania parva ou récits des aventures de la forêt,

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