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dans les hymnes d'Orphée. Dans un vieillard assis par terre, l'exergue l'entrée du Pirée, du côté de Mégare , de Cramyon on reconnait Athanas, mari d'Ino, ou, si l'on veut, un faune et d'Eleusis ; et rappelant les victoires de Thésée sur les qui tient une patère pour faire une libation à l'honneur de nombreux brigands qui infestaient sa patrie , il voit dans le Bacchus. Toutes les figures de la pierre s'adaptent ainsi au pécheur à la ligne le symbole de la tranquillité de l'Attique. système de M. de Mautour, hors celle du cheval, qui ne Au reste, M. Baudelot soupçonne encore que la cornalaisse pas que de l'embarrasser. Si le P. Tournemine s'est line pourrait bien avoir été gravée du temps de Cimon, trouvé pourvu de regards perçants à l'endroit de la ressem- général des Athéniens. Il n'est même pas éloigné de croire blance d'Alexandre, M. de Mautour devient myope pour que l'artiste a voulu consacrer la mémoire de quelques pyafaire prévaloir celle de Bacchus. Il déclare que la petitesse nepsies solennellement célébrées dans les magnifiques jarde la figure, très reconnaissable pourtant, de l'animal en dins de Cimon, qui, au rapport de Plutarque, en laissait question, ne permet pas de la distinguer nettement, et qu'il | toujours l'entrée libre, et en abandonnait avec plaisir les ne voit pas là un cheval, mais bien plutôt un tigre ou un fruils à tout le monde. léopard, Au resle, ajoute-t-il, cheval ou léopard, point de De nos jours, on a moins disserté sur le sujet du cachet chicane sur ce point; car, pour la plupart des mythologistes, 1 de Michel-Ange, mais on a contesté son antiquité. M. de le dieu Soleil ne diffère point du dieu Bacchus; or le char Murr pense qu'il est l'ouvrage de Maria di Pescia, célèbre de Bacchus est trainé par des léopards, et celui d'Apollon graveur, ami de Michel-Ange, qui se serait ainsi désigné par des chevaux. Qu'importe donc que l'animal représenté par le petit pêcheur placé dans l'exergue, Marielte, auleur sur la pierre soit un cheval ou un léopard, puisque l'un et d'un Traité des pierres gravées, auquel nous avons eml'autre sont l'attribut du même dieu ? Qui dit Bacchus, dit prunté quelques uns des détails qui précèdent, regarde la Apollon.

| cornaline comme antique, mais pense aussi que celle figure Ce raisonnement parut risible aux antiquaires d'alors, de pêcheur est une espèce de logogriphe dont le graveurs'est mais moins peut-être que la façon dont M. de Mautour ex- servi pour marquer son nom, suivant un usage qui n'est pliqua la figure du pécheur gravée dans l'exergue. Celte pas sans exemple dans l'antiquité. Il raconte que Cicéron interprétation est en effet assez singulière. Ne trouvant rien étant questeur en Sicile offrit aux dieux du pays une statue sur la pierre qui caractérisât ni la personne d'Alexandre, ni d'argent sur laquelle il fit graver ses deux premiers noms le génie de Pyrgotèles, M. de Maulour cita unc idylle de Marcus Tullius, suivis, non pas de son surnom Cicero, Théocrite, dans laquelle un pêcheur raconte qu'assis sur mais d'un pois chiche; que Sauron et Balrachus, célèbres une roche au bord de la mer, il lui avait semblé jeter sa sculpteurs de Sparte, n'ayant pu obtenir que leurs noms la ligne pendant toute une nuit, et qu'il avait eu le bon- fussent mis dans l'inscription du temple d'Oclavie qu'ils heur de saisir un poisson d'or. «Maintenant, dit M. de avaient construit, s'a visèrent de tailler sur les bases des Mautour, le pécheur de la cornaline a la ligne à la main ; colonnes un lézard (Sauros), et une grenouille (Balrakos), il parait assis sur un rocher dans une plage maritime ; ce symboles de leurs noms; et que, d'après cet exemple, il se doit être celui de Théocrite; et comme le poële vivait à la pourrait bien que le mot grec Alieus , pêcheur, désignât le cour de Plolémée Philadelphe, roi d'Egypte, qui fit célé- graveur Allien, célèbre artiste de qui l'on a des pierres brer une fête magnifique en l'honneur de Bacchus , j'en gravées d'une singulière beauté. conclus que l'artiste qui a gravé une pareille fête sur la cor- Quelle que soit la valeur réelle de toutes ces opinions, naline était contemporain de Théocrite. »

il est certain que, indépendamment de son auteur et de Peu frappé de cette conséquence, le P. Tournemine réfuta l'époquc à laquelle elle appartient, celle admirable cornaline M. de Mautour; mais enfin la dispute commençait à se calmer, lorsque survint un troisième savant, M. Baudelot , qui soutint qu'il n'était question sur la cornaline ni d'Alexandre ni de Bacchus, mais de Thésée ; que le sujet représentait la fèle de pyanepsies, instituée par Thésée en l'honneur d'Apollon, à qui il devait principalement sa victoire sur le Minotaure; et que, voulant rappeler comment, pendant sa navigation vers la Crète , il avait été forcé de se nourrir de fruits , une des plus anciennes cérémonies de cette fèle consistait à ramasser et à porter dans des corbeilles toutes les différentes sortes de fruits qu'offrait la saison. Or, c'était là précisément l'occupation de la plupart des figures représentées sur la pierre.

Ainsi, d'après le système de M. Baudelot, l'Alexandre du P. Tournemine ou le Bacchus de M. de Mautour se trouve transformé en Thésée, et la coupe qu'il tient à la main devient une offrande à Apollon. « Mais le cheval, s'écrie le P. Tournemine; mais mou Bucéphale, qu'est-ce que vous

(A, cachet de Michel-Ange amplifié.) en faites ? – Croyez-vous donc que cela m'embarrasse ?

(B, dimension réelle.) répond M. Baudelot. Le cheval n'est-il point un des attributs de Neptune ? et, selon les poëtes, n'est-ce point à ce dieu

sera toujours regardée comme un chef-d'ouvre de graque le fils d'Egée devait sa naissance ?

vure. Le grand Michel-Ange n'a pas dédaigné de lui em» Cette explication admise, voyez, ajoute M. Baudelot,

prunter les deux femmes, dont l'une se baisse pour recccomme tout devient clair dans la composition. A droite et à gauche sont les Athéniens et les Athéniennes qui célèbrent

voir la corbeille que sa compagne lui met sur la tête ; il en

| a fait le groupe principal de sa composition de Judith ct la fete en pleine campagne, selon le rit en usage. On n'a

Holopherne , au Vatican, dans la chapelle Sixtine. pas oublié d'y mettre un enfant, par allusion au cruel tribut payé au Minotaure. » Puis souillant dans tous les auteurs, et s'autorisant de leurs témoignages, M. Baudelot rend raison

BUREAUX D'ABONNEMENT ET DE VENTE, de la position de l'oiseau , et pourquoi on trouve un bélier rue Jacob, 30, près de la rue des Petits-Augustins, ou un bouc dans cette composition. Enfin, une carte des environs d'Athènes dans la main, il croit reconnaitre dans ! Imprimerie de Bourgogne et Martinet, rue Jacob, 30.

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Un homme repose sur un tombeau ouvert où des masques, les appétils matériels. Tout entier au soin de préparer sa melés, représentent, dans les différents ages et les dise nourriture, l'enfant ne lèvc point les yeux, il n'a point souci rentes conditions de la vie, la vanité de nos passions et de de l'avenir, sa penséc ct son désir ne vont pas au-delà de nos plaisirs.

l'heure présente; il n'a qu'une seule inquiétude : quand son Tout-à-coup une trompette céleste retentit : l'homme s'é- | repas sera-t-il prêt ? veille. Autour de lui, dans un arc-en-ciel mystérieux, une Plus haut , l'adolescent, accoudé sur une table , regarde main in visible retrace les scènes de la vie humainc. dans le vague et rêve. Quelle est donc cette vie dont les Voici d'abord l'enfance qui n'est encore sollicitée que par l portes s'entr'ouvrent devant lui ? Qui l'a appelé à vivre et

TOME XI. – Mar 1843.

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à quelle fin? Derrière lui tout est obscurité, ignorance, les musées et tous les cabinets de l'Europe, et qui, tout inafaiblesse , néant. A-t-il déjà vécu sous d'autres formes et chevés et tout imparfaits qu'ils sont , suffiraient , à défaut dans d'autres mondes dont il ne lui a pas été donné de con- d'autres cuvres, pour attester l'originalité et la hardiesse server le souvenir ? Il cherche en vain ; il l'ignore : s'il a de ce puissant génie. joué d'autres rôles et d'autres scènes, un rideau noir, épais, «Si le nombre des dessins produits par Michel-Ange ponimmense, l'en sépare : son esprit se fatigue en inutiles ef- vait être rassemblé, a dit M. Quatremère de Quincy, on forts pour le soulever; il se lasse de plonger sans espoir dans serait tout porté à croire qu'ils avaient dû occuper tout son cet abime de ténèbres; il tourne ses regards devant lui: il temps, et qu'au lieu d'avoir été des improvisations, amuseentrevoit le monde et ses perspectives infinies à travers unements de ses loisirs, ils avaient dû constituer une grande sorte de vapeur brillante ; des images confuses, capricieuses, partie de ses travaux. » les unes belles et souriantes, les autres menaçantes et sé. Ces esquisses, ces ébauches de composition, ne sont convères , flottent autour de lui et murmurent à ses oreilles des nues que de peu de personnes. Pour la plupart, elles n'ont paroles qui troublent son âme (1).

pas été reproduites par la gravure, ce que l'on doit regretter Mais la force vient à l'adolescent, et avec elle la con- même lorsque l'on n'admirerait point Michel-Ange sans réfiance. Ses passions commencent à fermenter. A l'exemple serve. On ne saurait trop professer de reconnaissance pour des autres hommes, il s'accoutume au train de cette vie; il les riches collecteurs qui prennent soin de faire multiplier songe moins à en sonder les mystères : il s'occupe plus d'en et propager à l'aide du burin les dessins des grands maitres. jouir. Cette bouteille qu'il presse contre sa bouche n'est pas Agir autrement est une preuve d'égoïsme ou d'incurie conseulement un symbole : la jeunesse d'autrefois, disons-le à damnable : c'est non seulement priver les peinures d'élél'honneur de la nôtre, aimait plus le vin et son ivresse ; ments précieux d'étude, et les amateurs de vives jouisl'orgie des festins était plus commune même parmi ceux sances; c'est encore manquer de respect et de piété pour le que distinguaient la naissance , l'éducation ou le génie, génie lui-même, qui n'a certainement point été inspiré pour

D'autres passions succèdent, d'autres mouvements on-les plaisirs de quelques hommes, mais pour ceux du genre trainent le jeune homme ; les tumultes de son coeur suis-humain tout entier, ou plutôt pour son avancement et sa pendent pour lui le cours du temps, il n'en mesure plus la civilisation. Combien de dessins originaux, quelques is suirapidité ; il cède aux enivrements de la nature. L'espérance péricurs aux peintures les plus achevécs de leurs auteurs, ne lui avait point menti; de si charmantes émotions le pé- sont détruits par l'ignorance ou par les événements, sans nètrent et le captivent, qu'il commence à aimer la vie pour qu'il en reste pour la postérité aucune trace ou même un elle-même. Mais un moment vient où il tressaille : ces jours souvenir! si beaux, ces heures si légères , c'étaient des années. Lel. Malgré nos recherches, nous n'avons pas appris si le desprintemps à fui , l'été arrive.

sin du Songe de la vie humaine existe encore : nous ne saIl entre dans un monde nouveau qu'il croyait connaitre. vons même rien de son histoire; les biographes de MichelIl est initié aux joies, aux inquiétudes, aux donleurs, aux | Ange n'en font point mention. Mais plusieurs graveurs nous devoirs plus sévères de la famille (2). Il ne monie plus la l'ont successivement conservé (1), avec des différences tolpente verte et riante de la vie ; il est au sommet, et le ver- tefois tellement sensibles, soit dans les détails, soit dans sant est aride et séc: il donne un soupir au passé et songe l'invention des groupes, qu'ils ont dû nécessairement avoir qu'il faudra bientôt descendre.

eu sous les veux des modèles différents. Laudon a admis Longtemps il avait nié l'égoïsme, l'ingratitude, l'intrigue, une seule de ces versions dans son OEuvre de Michel-Ange; l'amour du lucre ; plus tard, il avait si que tous ces maux on en trouve plusieurs au cabinet des estampes de la Biblioétaient répandus dans le monde, mais il était bien assure, thèque royale. disait-il, que jamais son cœur ne s'ouvrirait comme une En l'absence d'explications authentiques transmises par autre boite de Pandore pour leur servir de refuge. Hélas ! | les contemporains sur cette singulière inspiration de Michelpar quelles insensibles voies est-il conduit à se démentir Ange, chacun est réduit à la commenter suivant son bon si cruellement? Que sont devenus cette noble intolérance, plaisir; un champ libre est ouvert à toutes les imaginations: cette haine du vice, ces mépris de la cupidité qu'il opposait la description que nous avons donnée est donc de notre part avec fierté aux exemples du monde. L'ambition, l'amour une simple conjecture, que nos lecteurs sont parfaitement de l'or, tourmentent à leur tour son sommeil, suivent ses libres de rejeter ou de modifier. pas, à toute heure, en tous lieux. Pourquoi ces vieillards Nous ne connaissons point dans les arts du dessin une sont-ils si lents à mourir ? Que font-ils de ces trésors dont antré composition analogue, si ce n'est l'estampe popuils ne peuvent jonir? Attendrons-nous, pour recueillir leur faire si curieuse intitulée l'Echelle des âges. A-t-elle préhéritage, que nous ayons aussi hérité de leur décrépitude ? cédé Michel-Ange et a-t-elle servi de modèle au Songe de Ainsi murmure l'affreux égoïsme. El les procès, les luttes, la vie humaine, comme tant de représentations informes les coupables pensées dévorent toute cette partie de la vie de Jugements derniers lui ont servi pour la composition de qui, pour quelques hommes seulement, est le temps de la la grande peinture de la chapelle Sixtine ? Peut-être. maturité, du recueillement et de l'étude.

En poésie, il est une description célèbre qui n'est point Enfin l'homme s'affaisse et tombe, laissant derrière lui sans rapport avec le dessin que nous avons reproduit, de quelques enfants pour le pleurer et pour continuer celte même que le génie du poëte lui-même, Shakspeare, n'est trame infinie des générations qui se déroule incessamment pas sans quelques analogies avec celui de Michel-Ange. Dans sous la main de Dieu.

la charmante comédie Comme il vous plaira , un person

nage très original récite le morceau suivant : Telle est, ce nous semble, la signification du Songe de la « Ce monde n'est qu'un grand théâtre dont nous sommes vie humaine, l'un des innombrables dessins échappés au | les acteurs. Chaquc homme y joue successivement plusieurs crayon ou à la plume de Michel-Ange, répandus dans tous rôles, et les sept âges de la vie sont sept acies ou tableaux,

qui le présentent sous autant d'aspects et de costumes dif(1) Le croquis de Michel-Ange devait être très peu arrêté. Les férents. graveurs, obligés à plus de précision, ont donné aux figures, dans » D'abord c'est l'enfant, qui vagit aux bras de sa nourleurs différentes versions, des attitudes et des expressions dont il

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est permis de discuter l'intelligence et le choix..
) Meme observation que dans la note précédente. Il est pro-

» Puis l’espiègle écolier, le visage frais comme le matin, bable que Michel-Ange avait indiqué un enfant entre la jeune femme et le vieillard,

(1) Steni, Rossi , Soyez, et d'autres.

M'AGASIN PITTORESQUE.

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et son petit sac à la main, se traînant à l'école à pas de bestes sauvaiges a cours et les menguent. Et en une autre tortue.

isle y a gens qui vont sur les mains et sur les piés comme » Après vient l'amant, accompagnant de soupirs brûlants beste, et sont trestous velus, et ravissent legierement sur une ballade plaintive, adressée aux sourcils de sa belle. | les arbres aussi tost comme feroit un singe.... Et en une

» Ensuite le soldat, à l'air tapageur, irascible, chatouilleux autre isle y a gens qui vont tousiours sur les genoulx moult sur le point d'honneur, se précipitant à la gueule du canon merveilleusement, et semble a chacun pas quil doivent pour y chercher celte bulle qu'on appelle la gloirc. cheoir, et il ont en chacun pie vilj orties (orteils). Plusieurs

» Au cinquième acle se présente le juge, au ventre ma- autres manieres y a li autres isles la entour desquels on jestueusement arrondi et lesté d'un chapon, l'ail sévère, la pourroit tenir trop long-leinps comple, mais la matiere contenance grave, plein de sages dictons et de maximes ba- seroit trop alloingnec (trop longue à traiter). nales.

» Des geans hideux a vcoir. – En une de ces isles y a » La scène change encore: cette fois, c'est le vieillard, le de gens de grant stature comme geans, et sont hideux à Pantalon de la pièce, les pieds fourrés dans des pantoufles veoir, et nont que un seul ail au milieu du front, et ne et des lunettes sur le nez; sa voix est grêle et chevrotante, menguent que char (chair) ou poisson tout creu. et ses cuisses amaigrics se perdent dans son haut-de-L » De la terre de Pitan, les gens ne manguent point. chausses, monde maintenant trop vaste pour lui.

- En outre ceste isle, y a une autre isle qui a nom Pitan; » Enfin le dernier tableau nous montre l'homme dans une les gens de ceste isle ne cultivent ne labourent point les seconde enfance, dans un oubli profond, sans dents, sans terres, car ils ne menguent point, et cependant ils sont de yeux, sans goût, sans rien... et la toile tombe ! »

bonne couleur et de façon belle selon leur grandesse, mais non pas si petit comme pigimen ( pygmées), Ces gens vivent

de loudeur des pommes sauvaiges. Et quand ils vont nulle ERREURS ET PRÉJUGÉS.

part loing , il portent des pommes avec eulx , car sil auoient

perdu loudeur, il mourroient tantost (bien lol), Puis y a ( Voy. les Tables de 1841 et de 1842.)

une autre isle où les gens sont tous pelus fors (excepté) la SAUVAGES IMAGINAIRES, COSMOGRAPHIE DU MOYEN-AGE face et les paumes. Celles gens vont aussy bien pardessus ET DE LA RENAISSANCE.

la mer comme pardessus terre seche, et menguent chair et

poisson tout creu. Jadis, au coin des grands feux de l'àtre, nos pères char » De la terre de Goch et Magoch, va on vers la terre de maient l'ennui des longues soirées en racontant les mer- Bakerie (la Boukharie), où il y a molt (multilude) mauvaises veilles des terres lointaines. Ils parlaient des choses étranges gens et molt très crueulx. En celle terre, y a arbres qui qui se voyaient dans les iles de l'Océan, des richesses pro- | portent laine comme brebis dont lon fait des draps pour digieusçs de la Taprobane, où il y avail des mines d'or , vestir. En ce pays y a molt de ypommes ( hippo-lommes, d'argent et de pierres précieuses gardées par des grissons des centaures) qui conversent aucun fois (qui séjournent et des dragons espouvantables. Puis on ouvrait les grands tantot) en terre et aucun fois en cave, et sont demy homme livres auxquels les cosmographes avaient confié tant de choses et demy cheval, si comme je vous ay autres fois dit, et ne curieuses, et l'auditoire silencieux écoutait dans le ravisse- menguent que gens quant il les peuvent prendre. » ment l'histoire du Phénix, celle de l'arbre donnant le saint Voilà ce que rapporlait inessire Jean de Mandeville, chechresme, et que gardait jour et nuit un serpent énorme; valier anglais, qui avait visité pour s'instruire les plus éloicelle du haut et puissant empire du prestre Jean, qui, en gnés pays de l'Asie. Il y avait bien çà et là quelques incréguerre, faisait porler devant lui, par quatorze rois couverts dules qui hochaient la tête et se déridaient; mais alors le d'or et d'argent, quatorze gonfanons (élendards) ornés de lecteur ouvrait le livre de frère Odrio de Frioul, envoyé pieri cries (1). La voix du lecteur attentionné s'élevait posée en 1314, par le pape , pour prêcher la foi aux mécréants, et gråve lorsqu'il arrivait aux récits des voyageurs, ct qu'il et qui était mort en odeur de sainteté. Le saint homme rencontrait des passages comme ceux-ci :

avait vu les petits hommes, les pygmées (1), les gens à « Des gens sans leste.- En une isle devers Midy demeu- têtes de chien, et les bêles à têtes d'hommes ; et voici ce qu'il , rent des gens de layde nature et de mauvaise nature , qui en dit : nont point de lesle el ont des yeux aux espaules , et la bou- « Des pumeaux , gens du prestre Jehan, si comme nous che lorte comme un fer de cheval anmy la poitrine. En unele disons.- En ceste cité vins à un fleuve qui a nom Calay, aulrc isle aussy y sont gens sans testc et ont les yeux et la qui est le plus grant qui soit en tout le monde ; car là où bouche derrière les espaules.

il plus esiroit cst, il y a bien un mille de large. Celz fleuve » De diverses isles. — En une autre isle y a gens qui ont cucrt (court) parmy la cité des pumeaux, laquelle a nom la face plate et toute egale, sans nez et sans yeux, fors Chaam, et est une des plus belles et des meilleures que jay (hors) deux petits pertuis ront (trous ronds) en lieu des vues. Ces pumeaux sont petile gens, il nont que trois esyeulx, et une bouche plate aussy comme fendure (fente) pens de lonc. Ils sont bel et gracieux selon leur grandeur ; sans lèvres ; et en une autre isle y a gens de layde façon tous hommes et femmes ils se marient, et ont enfans au qui ont la levre pardessus la bouche, si grant que quant ils vije mois de leur pativité, et vivent six ans de tout le plus. veulent dormir au soleil, ils couvrent toute la face de leur | Les grans gens qui avec eux habitent, se ilz ont enfans en levre. En une autre isle y a des petites gens comme nains, | en ce pays la , leurs enfans devenront du tout semblable à toutesfois sont ils deux fois plus grant que li pigimen (pys- ces pumeaux qui sont sy pelit comme dil est. Et pour ce mées), et ont un petit perluis en lieu de bouche, et pour ce (cela) sont ces pumeaux en si grant nombre el en si grant leur convient prendre ce qu'il menguent et boivent à un mullilude que cest merveille. Ces pumeaux ont tousiours petit tuel (tuyau) de plume ou dautre choce; et si nont gucrre aux grues et aux chinnes (cygnes) du pays, qui là point de langue et ne parlent point mais sillent, ct font sont plus grandes que les pumeaux. Et souvent en l'année sigues lun à lautre, et entendent li un que lautre dit. Et en s'en vont ces pumeaux a tres (en) grant ost (armée) et a tres une autre isle y a gens qui ont pié de cheval, et sont fors (en) grant multitude contre ces oyseaux, et se combattent à et puissans et lost (toujours) courans, car ils prennent les eux aussy mortellement et aussy cruelment comme nulle (1) Toutes ces croyances singulières de nos pères sont recueillies

autre gent..... » et présentées avec un goût parfait dans un charmant petit livre dù a la plume élégante de M. Ferdinand Denis, et intilulė le Monde I (1) Son traducteur français, Jehan Lelong, les appelle pumeaux, enchanie.

imitant ainsi la forme grecque pugmai.

D'après le voyageur, celic ville des pygmécs était dans le trouvasmes plusieurs isles dont li une est nommé VacumeMangy ou Chine méridionale.

ran. Ces isle a bien aj milles de tour; les gens y ont risaiges « De la isle Vacumeran. — De ce royaume (celui de de chien , tous hommes et femmes; ils aourent (adorent) Campe on Ciampa en Cochinchine), alasmes vers mids. Si l un bur! (barul) pour leur diell, et pour ce, chacun d'eulx

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(Fig. 1. — Les Pygmees combatlant les Grues. ) .. porte sur son chef (sa tête), devant son fronc, un buef dor confia aux soins d'un religicus elrélien : « Cilz (ce) reliou dargent en enseigne que cilz (ces) buess est leurs dieux.» gieux, dit-il, me mena en un lieu, me ouvrit la porte d'un

Parvenu à la grande cité de Casaie, dans le Mangy (Hang- jardin, et me y mena jusqu'à un monulat (monticule) qui Icheou, au sud de Nan-king), il y fut cordialement reçu estoit lenmye jardin; lors il sonna une clochette, et lantost par un homme riche, converti à la foi du Christ , qui lc (bientôt) à ce son descendirent de la montaignc bien jus

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ques a deux cent mille bestelelles qui toutes avoient les moignages ? Ce que l'on fit alors, croire Implicitement. visaiges comme gens, ainsi que comme ont les marmolles. Telles furent en effet quelques unes des idées singulières Ces bestes descendirent, etc. »

| qui eurent cours au moyen-âge, et que l'on retrouve conQue pouvait faire l'incrédule après de semblables lé- signées, à quelques variantes près, dans tous les cos

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