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Monnet del.

Daphne poursuivie par Apollon, et métamorphosee en Laurier par son pere.

XIX. Daphné en Laurier.

LA nymphe à qui Pénée avait donné le jour, Daphné, du dieu des vers fut le premier amour. Des caprices du sort ce ne fut point l'ouvrage : Cupidon irrité se vengeait d'un outrage.

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Apollon voit l'Amour qui tâche avec effort

A tendre de son arc l'indocile ressort.

Encor tout orgueilleux de sa gloire récente,
Faible enfant, que fais-tu de cette arme puissante,
Lui dit-il ? Ce carquois, parure des combats,
Ne sied qu'à mon épaule, et cet arc à mon bras.
Quel autre peut lancer des flèches toujours sûres?
Quel autre a pu percer d'innombrables blessures
Ce dragon venimeux aux longs replis rampans,
Python, qui sous son poids couvrait seul tant d'arpens?
Content de ton flambeau dans le cœur d'une belle,
De je ne sais quels feux fais jaillir l'étincelle;
Fais pleurer des amans; ce sont là tes exploits, .
Use de ton pouvoir, mais respecte mes droits.

De tes traits, dit l'enfant, rien ne peut se défendre; Mais défends-toi des miens. Oui, mon arc va t'apprendre Qu'autant qu'un immortel surpasse un vil Python, Autant son fier vainqueur le cède à Cupidon.

Il a dit : et d'un vol agile et plein d'audace
Il fend l'air, et s'élève au sommet du Parnasse,

Eque sagittiferâ prompsit duo tela pharetrâ

Diversorum operum: fugat hoc, facit illud amorem.
Quod facit, auratum est, et cuspide fulget acutâ ' :
Quod fugat,obtusum est;et habet subarundine plumbum.
Hoc Deus in Nymphâ Penêïde fixit; at illo

Læsit Apollineas trajecta per ossa medullas.
Protinus alter amat : fugit altera nomen amantis,
Silvarum latebris, captivarumque ferarum
Exuviis gaudens, innuptæque æmula Phoebes.
Vitta coërcebat positos sine lege capillos.
Multi illam petiêre : illa aversata petentes,
Impatiens expersque viri, nemorum avia lustrat :
Nec quid Hymen, quid Amor, quid sint connubia curat.
Sæpe pater dixit; Generum mihi, filia, debes *.
Sæpe pater dixit; Debes mihi, nata, nepotes.
Illa, velut crimen, tædas exosa jugales
Pulchra verecundo suffunditur ora rubore :
Inque patris blandis hærens cervice lacertis;

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2 Ce

Semper ardentes acuens sagittas,

Caute cruentá.

genre de répétition, familier à Ovide, donne à ses vers une grace facile, qui les grave dans la mémoire.

3 Tædas jugales, métaphore élégante pour exprimer l'hymen. Elle est empruntée d'une cérémonie en usage chez les Grecs et les Romains. Lorsqu'on conduisait la nouvelle mariée à la maison de son époux, deux enfans portaient des flambeaux devant elle.

Là, sans être apperçu, sous un ombrage épais,
Dans son double carquois sa main choisit deux traits.
L'un inspire l'amour, et l'autre le repousse.

L'un est un fer doré, l'autre un plomb qui s'émousse.
Ce trait frappe la nymphe et mollit sur son cœur.
L'autre perce le dieu : blessé du fer vengeur,
C'en est fait : malheureux ! il se consume,

il aime;

Il aime, et d'un amant Daphné craint le nom même.
Compagne de Diane, hôtesse des forêts,

Elle aime à s'égarer dans leurs détours secrets.
Elle aime à remporter d'une main triomphante
Des animaux vaincus la dépouille sanglante.
Belle sans ornement, un noeud simple et sans art
Rassemble ses cheveux voltigeans au hasard.
En vain de mille amans Daphné reçoit l'hommage:
L'hommage des amans est pour elle un outrage.
Sauvage, indépendante, elle habite les bois,
Et dédaigne l'amour et l'hymen et ses lois.

Son père lui disait : c'est assez t'en défendre;
Je te dois un époux, et tu me dois un gendre.
Comme un crime honteux craignant un noeud si doux,
La nymphe rougissait au seul nom d'un époux.
Le modeste incarnat d'une pudeur touchante
Colorait de son teint la fraîcheur innocente;
Et tenant le vieillard dans ses bras enchaîné:
Mon père, disait-elle, accordez à Daphné

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