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La foudre dans sa main flamboyante d'éclairs
Va partir et rouler dans le vaste univers.
Mais il craint que la flamme au hasard égarée,
Ne porte l'incendie à la voûte éthérée.

Il se souvient encor qu'un tems est annoncé,
Où d'un embrasement le monde menacé

Verra cieux, terre et mers, tous consumés en poudre,
Dans le premier chaos crouler et se dissoudre,
Il dépose ces traits qu'en ses noirs arsenaux
Le Cyclope trois fois remit dans les fourneaux;
Et des torrens du ciel penchant l'urne profonde,
Il veut sous un déluge ensevelir le monde.

XV. Description du Déluge.

Aux antres d'Eolie il retient dans les fers
L'Aquilon et les vents, qui, balayant les airs,
Dissipent les vapeurs et chassent les nuages;
Et commande à l'Autan d'assembler les orages.
L'Autan vole, escorté de nuages épars :

Son front sombre et terrible est chargé de brouillards;
Ses ailes, ses cheveux, sa barbe appesantie,
Semblent se distiller en longs ruisseaux de pluie.
Sa main ramasse au loin les nuages errans,
Les presse; l'air éclate et se fond en torrens.
L'arc pluvieux d'Iris de cent couleurs nuée
Aspire les vapeurs et grossit la nuée.

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Sternuntur segetes, et deplorata coloni

Vota jacent'; longique labor perit irritus anni.
Nec cœlo contenta suo Jovis ira: sed illum
Cæruleus frater juvat auxiliaribus undis⚫.
Convocat hic amnes : qui post quàm tecta tyranni
Intravêre sui ; Non est hortamine longo
Nunc, ait, utendum: vires effundite vestras.

Sic

opus est: aperite domos : ac, mole remotâ, Fluminibus vestris totas immittite habenas. Jusserat: hi redeunt, ac fontibus ora relaxant, Et defrenato volvuntur in æquora cursu. Ipse tridente suo terram percussit : at illa Intremuit, motuque sinus patefecit aquarum. Exspatiata ruunt per apertos flumina campos; Cumque satis arbusta simul, pecudesque, virosque, Tectaque, cumque suis rapiunt penetralia sacris.

Si

qua domus mansit, potuitque resistere tanto Indejecta malo; culmen tamen altior hujus

Unda tegit, pressæque labant sub gurgite turres. Jamque mare et tellus nullum discrimen habebant: Omnia pontus erant : deerant quoque littora ponto. Occupat hic collem: cymbâ sedet alter aduncâ, Et ducit remos illic, ubi nuper ararat.

Les vœux des laboureurs, c'est-à-dire, l'espérance d'une récolte abondante.

2 Cæruleus. On donne cette épithète à Neptune, à cause de la couleur des eaux de la mer, dont il avait l'empire.

Tout le fruit de l'année et de ses longs travaux,
Tout l'espoir des moissons a péri sous les eaux.

C'est peu pour Jupiter : le roi des mers profondes
Prête au courroux du ciel le secours de ses ondes.
Il convoque les dieux des fleuves, des ruisseaux:
« Qu'est-il besoin de perdre et le tems et les mots?
Il s'agit de montrer qui je suis, qui vous êtes;
Ouvrez les réservoirs de vos sources secrètes;
Forcez digues, remparts; ravagez, entraînez,
Et donnez un champ libre à vos flots déchaînés ».
Il parle; on obéit. Leurs digues sont rompues;
Leur courant plus rapide, à vagues épandues,
Porte un double tribut à la mer qui l'attend.
Le roi des mers lui-même, armé de son trident,
Soudain frappe la terre; elle tremble, et les ondes
S'ouvrent de ses flancs creux les cavernes profondes.
A flots impétueux les fleuves débordés

Précipitent leurs cours sur les champs inondés;
Ils entraînent troupeaux, bergers, arbres, cabanes,
Et les temples des dieux, comme les toits profanes.
Si quelque tour résiste et reste encor debout,
L'onde en presse le faîte, et la couvre par-tout.
D'un bout du monde à l'autre elle étend ses ravages :

Tout était mer; la mer n'avait point de rivages.

L'un saisit une barque, un autre gagne un roc : La rame se promène où se traîna le soc.

Ille supra segetes, aut mersæ culmina villæ,
Navigat: hic summâ piscem deprendit in ulmo.
Figitur in viridi, si Fors tulit, ancora prato ;
Aut subjecta terunt curvæ vineta carinæ :
Et, modò quâ graciles gramen carpsêre capellæ,
Nunc ibi deformes ponunt sua corpora phocæ.
Mirantur sub aquâ lucos, urbesque, domosque
Nereïdes silvasque tenent Delphines, et altis
Incursant ramis, agitataque robora pulsant.

:

Nat lupus inter oves: fulvos vehit unda leones': Unda vehit tigres : nec vires fulminis apro, Crura nec ablato prosunt velocia cervo : Quæsitisque diu terris, ubi sidere detur, In mare lassatis volucris vaga decidit alis. Obruerat tumulos immensa licentia ponti, Pulsabantque novi montana cacumina fluctus. Maxima pars undâ rapitur : quibus unda pepercit, Illos longa domant inopi jejunia victu.

de

Ici Sènèque reproche à Ovide de ne pas soutenir le ton sublime de sa description, de descendre à de petits détails, s'en amuser, et de se jouer en quelque sorte de sa matière. Farnabe réfute Sénèque : il répond que dans le tableau de la submersion universelle, le poète a dû peindre les animaux, que ni leur légèreté, ni leur force, ni leur courage, ne purent sauver. de leur perte. Farnabe a raison. Mais Sénèque n'a pas tort de desirer que le poète ne se fût pas permis certains jeux de phrase, qui, par un vice de forme, diminuent l'intérêt du fond, vice que la traduction n'a pas.

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