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Agenor ordonne à Cadmus d'aller cher

-cher la Soeur Europe, enlevée par Jupiter.

LIVRE III.

I. Cadmus consulte l'Oracle d'Apollon.

TANDIS qu'aux bords Crétois le ravisseur d'Europe D'un taureau mensonger dépouille l'enveloppe; Agénor à-la-fois père injuste et pieux,

Veut que son fils Cadmus la recherche en tous lieux. C'est peu de la chercher, il faut qu'il la ramène. S'il ne la trouve pas, l'exil sera sa peine.

C

De climats en elimats, las de courir en vain,
(Car qui pourrait d'un dieu découvrir le larcin?)
Il fuit et sa patrie et le courroux d'un père.
Dans les champs d'Aonie exilé volontaire,
Sur son nouveau séjour il consulte Apollon..
Sors, lui répond l'Oracle; un fertile vallon
T'offrira d'un taureau la compagne sauvage,
Du joug de la charrue ignorant l'esclavage.
Suis ses pas; le Destin t'ordonne d'habiter
Les lieux où tu verras sa marche s'arrêter.
Là, bâtis une ville, et nomme Béotie
La fertile contrée où tu l'auras bâtie.

Cadmus, de ses destins par l'Oracle averti,
De l'antre d'Apollon à peine était sorti,
Dans un pré solitaire il voit une génisse,
Libre du joug, errante au gré de son caprice.

Bos stetit; et, tollens spatiosam cornibus altis
Ad coelum frontem, mugitibus impulit auras.
Atque ita, respiciens comites sua terga sequentes,
Procubuit, tenerâque latus submisit in herbâ.
Cadmus agit grates, peregrinæque oscula terræ
Figit: et ignotos montes agrosque salutat '.
Sacra Jovi facturus erat: jubet ire ministros,
Et petere è vivis libandas fontibus undas.

2

Silva vetus stabat, nullâ violata securi : Est specus in medio, virgis ac vimine densus, Efficiens humilem lapidum compagibus arcum ; Uberibus foecundus aquis. Hoc conditus antro Martius anguis erat, cristis præsignis et auro. Igne micant oculi: corpus tumet omne veneno: Tresque vibrant linguæ, triplici stant ordine dentes.

3

Quem post quàm Tyriâ lucum de gente profecti Infausto tetigêre gradu, demissaque in undas

1 C'était un usage religieux chez les anciens, à leur arrivée dans un nouveau pays ou à leur retour dans leur patrie, de se prosterner à terre, de l'embrasser, et d'adorer les dieux de la contrée.

2 Dans la version en prose attribuée à Malfilâtre, cet hémistiche qui fait image est rendu par « il y avait dans le voisinage une forêt »; comme s'il s'agissait d'un conte de fées, et non pas d'une narration poétique.

3 La vibration de la langue des Serpens est si vive et si prompte, qu'elle semble triple. L'imagination des poètes a peint comme une réalité ce qui n'était qu'une apparence. C'est le privilége de la poésie.

yeux;

Elle marche à pas lents : le Tyrien la suit.
Il adore en son cœur le dieu qui le conduit.
Aux rives du Céphise, aux champs de la Phocide,
Cadmus avait suivi les traces de son guide.
La génisse s'arrête, examine les lieux,
Semble avertir Cadmus, et lui parler des
Puis, tournant vers le ciel son front large et superbe,
Le regarde, mugit, et se couche sur l'herbe.
Le héros se prosterne; il rend grace à Phoebus;
Il salue et ces champs et ces monts inconnus,
Et baise avec respect une terre propice.
D'abord à Jupiter il voue un sacrifice :

Ses soldats, par son ordre, au fond des bois obscurs,
Pour les libations vont puiser des flots purs.

Une forêt s'élève, antique, révérée :
Le fer a respecté sa verdure sacrée.

Là, de ronces,
de joncs, de mousse environné,
S'enfonce un antre creux, en voûte façonné.
A la source qui sort de cette grotte humide,
Veille un dragon de Mars, satellite homicide.
Son œil est teint de sang, son cou d'or émaillé,
Sa crête rouge, ardente, et son dos écaillé.
D'un triple rang de dents sa large gueule armée,
Siffle, lance en trois dards sa langue envenimée.
Les exilés de Tyr, hélas ! pour leur malheur,
A peine ont de ce bois percé la sombre horreur,

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