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flatteuses aux triomphateurs du Capitole, devaient intéresser Auguste et les Romains au succès de son ouvrage!

Ibidem.

Au chêne entrelacés tes mystiques rameaux
Du palais des Césars protégeront l'entrée.

Les anciens s'imaginaient que le laurier n'était jamais frappé du tonnerre. C'est pour cela, dit-on, que Tibère portait toujours une couronne de laurier. C'est dans ce sens encore, mais à tort, que Corneille, dans le Cid, fait dire Dom Arias au comte de Gormas:

par

Avec tous vos lauriers craignez encor la foudre.

On ne doit

pas faire parler un Castillan comme un habitant

de l'ancienne Rome.

XX. Page 63.

Il est en Emonie un vallon renommé,

Profond, ceint de rochers, et d'arbres enfermé.

Une description de la vallée de Tempé, peinte des couleurs les plus fraîches et les plus riches, sert de transition au poète. On ne peut assez admirer les ressources toujours nouvelles de son imagination dans cette partie si difficile, et pour lui si aisée, de la composition poétique.

Est nemus Amoniæ, prærupta quod undique claudit
Sylva.

On doit remarquer la différence des deux termes synonymes employés dans ce vers. Nemus bocage, sylva forêt.

Un peu plus bas : hæc domus, hæc sedes, hæc sunt penetralia. Cette synonymie a, dans le latin, une heureuse emphase. L'image descriptive qui la remplace en français a peut-être aussi sa grace, plus conforme au génie de la langue.

Ibidem.

On appelle Tempé ce vallon toujours frais.

Pline le naturaliste fait une description de Tempé différente de celle d'Ovide, mais non moins belle dans son genre. L'un décrit en poète, l'autre en philosophe. Des voyageurs qui ont visité ce beau lieu de la Grèce, m'ont assuré que Pline avait tracé un tableau fidèle de ce site agreste.

Peneus inter Ossam et Olympum nemorosâ convalle >> defluens quingentis stadiis, dimidio ejus spatii navigabi>> lis. In eo cursu Tempe vocantur quinque millia passuum >> longitudine, et fermè sesqui jugeri latitudine; ultrà visum >> hominis sese attollentibus dextrâ levâque leniter jugis. >> Intùs sub luco viridante adlabitur Peneus, viridis calculo, » amœnus circà ripas gramine, canorus avium concentu ». Il faudrait la plume de Buffon ou de Lacépède pour retracer l'élégance énergique de ce peintre de la nature. La version que j'en donne est au moins exacte.

Entre l'Olympe et l'Ossa, dans une vallée ombragée » d'un bois touffu, coule le Pénée, dans la longueur de cin>> quante stades, navigable seulement dans la moitié de cet » espace. On appelle Tempé un intervalle compris dans le >> cours de ce fleuve, de cinq mille pas de longueur, et à

» peu-près d'un jugerum et demi de largeur. A droite et » à gauche, des montagnes s'élèvent par une pente douce à » perte de vue. A leurs pieds, sous un bocage épais, roule » le Pénée sur un gravier verdâtre, entre des bords fleuris, >> et peuplés de chantres ailés »>.

Ibidem. Page 65.

Et l'Amphryse paisible, et l'Apidan rapide.

L'Apidan reçoit l'Enipée, et se jette dans le Pénée. Lucain, dans sa description de la Thessalie, dit qu'il est très-rapide.

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Ovide lui donne l'épithète de senex, convenable à tous les fleuves que l'on représente sous la figure d'un vieillard.

XXI. Page 69.

Ce monstre a de cent yeux la tête environnée.

La fable d'Argus, égyptienne d'origine, est un emblême allégorique qui peut s'expliquer par la physique. Les cent yeux d'Argus figurent les étoiles, qui sont les yeux du ciel. Quelquefois Io se prend pour la terre, et quelquefois pour la lune. Si on la prend pour la terre, elle est regardée la nuit par les étoiles, et le jour par le grand œil du monde. Si on la prend pour la lune, les cornes de la vache Io figurent le croissant de la lune qui se renouvelle. On dit qu'elle fut aimée de Jupiter, qui est l'Osiris des Egyptiens, ou le soleil, parce qu'elle réfléchit les rayons de cet astre.

Ibidem.

Et ses sœurs et son père admirent sa blancheur;
Et ses sœurs et son père autour d'elle s'empressent;
Elle aime à les revoir, mais ils la méconnaissent :
Cependant elle suit et son père et ses sœurs.

Ces jeux de phrases sont familiers à Ovide:

At illa patrem sequitur, sequiturque sorores.

Cette répétition a une grace particulière. Ces agrémens, qui sont comme autant de traits de la physionomie du poète, ne doivent pas échapper au pinceau d'un copiste fidèle.

Ibidem. Page 71.

Je te revois, ma fille, et ne te trouve pas.

Tu non inventa, repertá, etc. Tout l'agrément de cette pensée consiste dans un mot qui exprime avec finesse une nuance délicate. Invenire signifie trouver ce qu'on cherche; reperire, trouver par hasard, par rencontre. C'est la figure appelée la distinction, par laquelle on distingue une différence entre des idées qui se ressemblent.

Ibidem.

Mais il faut qu'un troupeau devienne ma famille !
Un troupeau doit donner un époux à ma fille !

De grege nunc tibi vir, nunc de grege natus habendus.

Ce vers, qui, pris isolément, ressemble beaucoup à un vers de parodie, passe néanmoins, parce qu'il est en situation, et qu'il n'est pas dépourvu de sentiment. Virgile sans doute

s'en fût abstenu; mais Ovide ne se refuse rien de ce qu'il peut dire ; ce qui le rend beaucoup plus difficile à traduire que Virgile.

Ibidem. Page 75.

Même il demande encor quel art avait fait naître
Ces sons alors nouveaux de la flûte champêtre..

Observez avec quelle adresse ingénieuse la fable de Syrinx est liée à la fable d'Io, ou, pour mieux dire, renfermée dans le mênie cadre; observez encore que le poète emploie le tour indirect pour exposer la suite de l'aventure de Syrinx, qui commence par un récit direct : restabat plura referre. Cette tournure a un double mérite; elle donne plus de variété au style, et à la narration un caractère de vérité qui la rend plus naïve. Quoique dans notre langue, si inférieure à la langue latine, le discours indirect, embarrassé de que conjonctifs, répugne à la poésie soutenue des vers alexandrins, j'ai fait tous mes efforts pour conserver cette circonstance si vraie et si naturelle, et pour ne rien faire perdre à Ovide de cette naïveté exquise.

XXII. Ibidem.

On vit en Arcadie une jeune naïade

Adopter dans les bois les mœurs de la Dryade.
Inter Hamadryadas celeberrima Nonacrinas
Naïas una fuit: nymphæ Syringa vocabant.

Celebris signifie tour-à-tour célèbre ou fréquenté. Via celebris, un chemin fréquenté. C'est dans ce dernier sens qu'il faut l'entendre ici. Dans le premier, la fable de Syrinx serait absurde; car il serait hors de vraisemblance, qu'une

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