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84. Li empereres ala à la maistre église de Thebes en orisons, chou est à une église que on dist de Nostre Dame, et Othes de la Roche qui sires en estoit; car li marchis li avoit donnée. Si y hounoura l'empereour de tout son pooir. Là sejourna li empereres deus jours, et au tiers s'en ala vers Négrepont. La nuit jut à un casal, et s'i reposa jusques à lendemain que Bauduins de Pas li dist que li quens de Blans-dras estoit à Négrepont. « Et sachiés, sire, que jou y geut » à nuit, et là ai-jou entendut que se vous y » aléz, qu'il vous prendra. »>

villies. Et quant Lombart les virent,, s'il en | seulement li quens de Blans-dras; mais cil en furent esbahi çou ne fut mie merveille. Que exploita si folement, come li contes devisera vous diroie-jou? Il fisent parler de la pais, et chi-après, s'il est qui le vous die. Aubertins et Ravans mandérent les triéves dusques à un tierme, et chil en dedens abandonnérent il à l'empereour tous lor fiés et toutes lor terres; si li donnérent grans dons, et li rendirent li chastiel, et li empereres en rechut les clés. 83. Ensi furent acordé d'une part et d'autre, et si fu le quens de Blans-dras délivrés; mais puis fist-il tant de males oevres, que jamais ne poroit iestre amendé à son hounour. Li quens de Blansdras fu délivrés, et si fu envoyés Poins de Lyon pour lui délivrer. Si le trouva en Salenique, et dist qu'il l'enmenra droit à l'empereur pour oir le droit de le cour. Dont se mist li quens en chemin, et laisça par mauvais conseil chelui de Thebes pour eschiver l'empereour; si s'en tourna pour aler à Négrepont ; et Poins de Lyon revint à l'empereour. Si li conta comment li quens s'en aloit à Négrepont par mauvais conseil qu'il avoit creut. Et quant li empereres oït ce, se li anoia mout: « Et comment, fait donques » li empereres, ne venra-il mie chà? Sire, » non, fait Poins de Lyon, ains dist bien qu'il » se vengera de vous. » Que vous diroie-jou? Li chastiaus fu rendus, et la chose remest ensi, que tout fisent lor pais à l'empereour, fors tant

85. Et quant li empereres oït çou, si en fut mout dolans; mais toutes voies dist bien que jà pour ou ne remanra que il n'i voist. Dont apela Ravant et le conestable qui avoec lui estoit, et Othon de la Roche et Ansiel de Chaeu, et lor dist que ensi s'estoit li quens ahatis, se il va à Négrepont, que il le fera prendre. Mais Ravans li dist: «Sires, fet-il, onques n'en soyés en effroi; car vous savés bien que la cités est moie, » et jou vous preng en conduit sor ma tieste. Jou ne sais, fait lempereres, que il en » avenra, ne coi non; mais jou irai. » Dont se mist lendemain à la voie en une galie entre lui

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grandes et bien chevillées. Et quand les Lombards les virent, s'ils en furent ébahis, ce ne fut pas merveille. Que vous dirai-je? Ils firent parler de paix, et Aubertin et Ravans demandèrent une trève de trois jours, et ceux du dedans abandonnèrent à l'empereur tous leurs fiefs et toutes leurs terres; ils lui firent de grands dons et lui rendirent le château, et l'empereur en reçut les clés. 83. Telles furent les conventions de part et d'autre, et le comte Blandras fut délivré; mais il fit depuis tant de mauvaises œuvres, que jamais ne pourra être amendé à son honneur. Poins de Lyon fut envoyé pour le délivrer; il le trouva à Salonique, et lui dit qu'il l'emmeneroit droit à l'empereur pour ouir le droit de la cour. Le comte se mit en chemin, et, par mauvais conseil, laissa celui de Thèbes pour éviter l'empereur. Il s'en retourna pour aller à Négrepont; et Poins de Lyon retourna à l'empereur; il lui conta comment le comte s'en alloit à Négrepont par mauvais conseil qu'il avoit cru. L'empereur, entendant cela, en fut moult offensé. « Et comment, dit-il, il ne >> viendra pas ici? Non, Sire, répondit Poins » de Lyon, bien au contraire, il dit qu'il se ven>> gera de vous. » Que vous dirai-je? Les châteaux furent rendus, et les choses furent ainsi que tous firent leur paix avec l'empereur, fors tant seulement le comte de Blandras; mais il se con

duisit si follement, comme il sera conté ci-après, s'il est quelqu'un qui vous le dise *.

84. L'empereur alla à la grande église de Thèbes faire ses prières; c'est une église qu'on dit de Notre-Dame. Othon de la Roche en étoit seigneur, car le marquis la lui avoit donnée. Il fit honneur à l'empereur autant qu'il put. L'empereur séjourna là deux jours, et le troisième s'en alla vers Négrepont; il coucha la nuit dans une chaumière et s'y reposa jusqu'au lendemain, que Baudouin de Pas lui dit que le comte de Blandras étoit à Négrepont. « Et sachez, Sire, que j'ai passé la » nuit, et là j'ai entendu que si vous y allez il >> vous prendra. »>

85. Et quand l'empereur ouït cela, il en fut moult dolent, mais toutefois il dit bien qu'il n'en iroit pas moins: il appela Ravans, et le connétable qui étoit avec lui, et Othon de la Roche, et Anseau de Caheu, et leur dit que le comte s'étoit vanté que si l'empereur va à Négrepont, il le fera prendre. « Sire, lui répondit Ravans, n'en soyez onques en >> effroi, car vous savez que la cité est mienne, et » je garantis sur ma tête que je vous y conduirai. Je ne sais, reprit l'empereur, ce qui en ad

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» viendra, mais j'irai. » Le lendemain, il se mit * Ces derniers mots prouvent que Henri de Valenciennes ne savait pas s'il pourrait continuer son récit jusqu'à la fin; l'œuvre est en effet restée inachevée.

et Ravans pour aller à Négrepont; mais de quel, eure qu'il y sera entrés, je quitte qu'il ara toute paour ançois qu'il en puisse issir; car la traïsons estoit toute pourparlée et ordenée.

86. Li empereres' Henri entra en Négrepont à grant joie; et mout le rechurent joieusement li Griffon de la vile et de toute la contrée ; car il vinrent encontre lui à grans taburs et de trompes et d'autres enstrumens, et le menérent à une église de Nostre Dame pour ourer. Et quant il ot ouré tant comme li plot, il s'en parti et foci de l'église. Li quens de Blans-dras avoit jà ordené comment li empereres devoit iestre ochis, et avoit bien entendut que il estoit simplement venus et a poi de gent; car il n'avoit avoec lui amené que trente chevaliers : « Si le prenderont, çou dient, quant il dormira en >> son lit, et ensement s'en vengeront ensi qu'il » ont enpensé.

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87. Trois jours remest ensi li empereres entre iaus; et nouveles vinrent à Thebes que li empereres estoit pris à Négrepont. Dont veissiés ches chevaliers esbahis et courouchiés estrangement et desconsillés. Si en espandi la nouvele par tout le païs.

88. Ensi fu li empereres trois jours à Négrepont, que onques ne trouva qui li feist ne deist chose qui li despleust. Tant fist Ravans que il sot toute la traïson comment elle estoit pourparlée.

donc en route sur une galère, ayant avec lui Ravans, pour aller à Négrepont. Mais du moment où il y est entré, je suis sûr qu'il aura eu toute peur de n'en pouvoir sortir; car la trahison étoit toute pourparlée et réglée.

86. L'empereur Henri entra à Négrepont à grande joie, et les Grecs de la ville et de toute la contrée le recurent moult joyeusement; car ils vinrent à sa rencontre avec grand bruit de tambours', de trompettes et autres instruments, et le menèrent à une église de Notre-Dame pour prier. Quand il eut prié tant comme il lui plut, il partit et sortit de l'église. Le comte de Blandras avoit déjà réglé comment l'empereur devoit être occis, et avoit bien su qu'il étoit venu simplement et avec peu de gens; l'empereur n'avoit emmené avec lui que trente chevaliers. «Ils le prendront, dirent » ceux-ci, quand il dormira dans son lit, et se ven>> geront ainsi qu'ils ont en pensée. »

87. L'empereur resta trois jours à Négrepont; la nouvelle vint à Thèbes que l'empereur étoit pris à Négrepont. Vous eussiez vu les chevaliers ébahis et courroucés étrangement et ne sachant que faire; cette nouvelle se répandit par tout le pays.

88. L'empereur resta donc trois jours à Négrepont sans qu'on lui fit ou dit chose qui lui déplût: vans fit tant, qu'il sut comment la trahison étoit

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Dont s'en vint au conte, et puis li dist: « Quens » de Blans-dras, Quens de Blans-dras, que chou » est que tu voels faire? Comment, pour Dieu, se poroit tes coers assentir à si très-grande des»loiauté faire come de ochire l'empereur? >> Tu n'en peus départir que tu n'en soies à la fin viergondés et hounis de ton cors. Et d'autre › part, tu sés pour voir qu'il est en Négrepont » venu sur ma fianche, et je sui ses home liges. >> Comment quides-tu que jou peusce consentir » que on li feist nul mal ne nul destourbier ? Quens de Blan-dras! Quens de Blan-dras! Si >> m'ait Diex, que vous n'en ferés riens; car » jou ne le poroie souffrir ne endurer, ne jà »> ne le consentirai,»

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89. Que vaut chou? Se Ravans ne fust, jà li empereres ne fust issus hors de Négrepont sans grant anui et sans damage à rechevoir de son cors. Dont dist li empereres qu'il voloit à Thebes retourner pour veoir ses homes qui de li estoient en effroi, si come on li avoit conté. Si s'en mut de Négrepont pour venir à Thebes, et si home li vinrent à l'encontre; et se il li fisent grant joie, chou ne fait mie à demander; car il li fisent tele comme à lor signour. Mais atant se taist ores li contes de ceste matiére, si retourne à Burille, qui se aparillioit mout durement d'entrer à tout mout très grant gent en la terre l'empereur Henri.

ourdie; il s'en vint trouver le comite, et puis lui dit: « Comte de Blandras! comte de Blandras! » qu'est-ce que tu veux faire? Comment, pour » Dieu, ton cœur pourroit-il consentir à faire si » très-grande déloyauté que d'occir l'empereur? >> Tu n'en peux venir à tes fins que tu ne sois dé>> honoré et puni de ton corps. Tu sais d'ailleurs » qu'il est venu à Négrepont sur ma foi et que je » suis son homme-lige. Comment penses-tu que »je pusse consentir qu'on lui fit nul mal ou nul >> embarras? Comte de Blandras! comte de Blan>> dras! si Dieu m'aide, vous n'en ferez rien; car >> je ne le pourrois souffrir ni endurer, et jamais » je n'y consentirai. »

89. Que vous dirois-je? Si Ravans n'eût été là, l'empereur ne seroit pas sorti de Négrepont sans grand tourment et sans dommage recevoir de son corps. L'empereur lui dit qu'il vouloit retourner à Thèbes pour voir les hommes qui étoient en inquiétude sur lui, comme on lui avoit conté. Ainsi, il sortit de Négrepont pour venir à Thèbes, et ses hommes vinrent à sa rencontre; et s'ils lui firent grande fête, ce n'est pas à demander; car ils la lui firent telle qu'à leur seigneur. Mais c'est assez parler de cette m tière; retournons à Burille, qui se disposoit fort à entrer avec très-grand monde sur les terres de l'empereur Henri. 90. Quand l'empereur ouït cette nouvelle, il en

90. Quant li empereres of ches nouveles, si li anoiérent mout durement; et non-pour-quan dist il bien que il li iroit au-devant. Lors a fait venir chevaliers, siergeans et arbalestriers, et a fait tout son pooir semonre et amonester. Et li traistres mauvais qui quens estoit de Blans-dras, manda à l'empereour que il estoit tout aparilliés de jurer sor les sains que jamais ne seroit contraires à lui. Que vous diroie - jou? Tant a fait que li empereres a rechut son sairement. Et ensi fist li quens de Blans-dras sa pais; si remest à l'empereour comme baillius.

91. Or est li quens de Blans-dras acordés à l'empereour, ensi com vous avés oï. Mout se ahatist que il Blas et Comains li aidera à desconfire; mais la félounie de son coer pensoit tout autre chose. Non pourquant de lui ne vous diroie - jou ore plus chi endroit. Ains vous dirai de Michalis, le signour de Chorynte, ki prist un parlement à l'empereour Henri pour faire pais à li et bone concorde.

92. Michalis prist un parlement à l'empereour pour pais faire. Si fu li jours de chelui parlement noumés par-desous Salenique. Li empereres y vint; si se loja par-desous les oliviers; puis apiela Cuenon de Biétune et Pieron de Douay, et lor dist : « Signour, on m'a fait entendant que Michalis, encontre qui nous som» mes chi venut à parlement, est trop mervillousement traistres et faus, et agus de parler

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>> mout trenchaument. Jou ne doi mie ses dons convoitier, ne nul jou n'en convoite; car nul >> preudome ne doit mie dons convoitier qui li puissent tourner à honte ne à deshounour. Or >> si vous dirai que vous ferés: Vous vous en » irés à lui et vous dirés de la moie partie que, >> se il mes home voelt iestre, en tele maniére » que il toute sa terre voelle tenir de moi, et >> tous ses tenemens, jou li ferai autre tant de >> hounour come je feroie à mon frere giermain proprement; et se il chou ne voelt faire, sache >> bien tout chertainement pour vérité que jou » m'en irai sor lui à tout mon pooir efforchie» ment. Or alés à lui, et se li dites chou que je » vous ai dit; car ausi vous a-t-il tous deus man» dés. »

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93. Dont sont monté li message; si ont tant erré que il ont trouvé Michalis où il estoit herbergiés à une abeie. Dont sont descendu; si saluérent Michalis de par l'empereour; puis li baillent unes lettres, si come il lor estoit commandé. Et disoient les lettres que li doi message fuscent créu de quanques il diroient de par l'empereour.

94. Michalis fist lire les lettres; et quant elles. furent leues, si dist as messages qu'il deiscent lor volenté. Et Cuenes de Biétune et Pieres de Douay se prisent au parler et à dire uns biaus mos polis, et à mettre avant la parole de lor signour par si grant mesure, et à deffendre lor

conçut très-grand déplaisir, et néanmoins dit bien qu'il iroit au-devant. Lors fait venir chevaliers, sergents et arbalètriers, et les fait admonester de tout son pouvoir. Et le mauvais traître, comte de Blandras, manda à l'empereur qu'il étoit tout disposé à jurer sur les saints que jamais il ne lui seroit contraire. Que vous dirai-je? Tant fit-il que l'empereur reçut son serment; et ainsi le comte de Blandras fit sa paix et resta vis-à-vis de l'empereur comme à bail avec lui.

91. Maintenant le comte de Blandras est accordé avec l'empereur ainsi que vous l'avez ouï. Il se vanta fort qu'il l'aideroit à déconfire les Blaques et les Comans; mais la félonie de son cœur pensoit toute autre chose. Néanmoins je ne vous dirai plus rien de lui; mais je vous parlerai de Michel, seigneur de Corinthe, qui eut une entrevue avec l'empereur pour faire avec lui paix et bon accord.

92. Michel eut une entrevue avec l'empereur pour faire sa paix. Le lieu de cette entrevue fut au-dessous de Salonique. L'empereur y vint et se logea au-dessous des Oliviers; puis il appela le comte de Béthune et Pierre de Douai, et leur dit : « Sei>> gneurs, on m'a fait entendre que Michel, avec » qui nous sommes venus ici parlementer, est

>> trop merveilleusement traître et faux. Je ne >> dois point convoiter ses dons; car nul pru» d'homme ne doit convoiter des dons qui lui puis>> sent tourner à honte ou à déshonneur. Or, je >> vous dirai ce que vous avez à faire : vous vous >> en irez vers lui et vous lui direz de ma part » que s'il veut être mon homme, de telle manière » qu'il veuille tenir de moi toute sa terre et tout >> ce qui en dépend, je lui ferai autant d'hon>> neur que je ferois à mon frère germain pro>> pre; et s'il ne le veut faire, qu'il sache bien >> tout certainement, pour vérité, que je tomberai >> sur lui avec toutes mes forces. Allez mainte »> nant à lui, et dites-lui ce que je vous ai dit; >> car aussi vous a-t-il tous deux mandés. »>

93. Les députés sont montés à cheval, et ils ont tant marché qu'ils ont trouvé Michel où il étoit logé dans une abbaye. Etant descendus de cheval, ils saluèrent Michel de la part de l'empereur, puis lui donnèrent une lettre, comme il leur étoit commandé; la lettre portoit que les députés devoient être crus dans tout ce qu'ils diroient de la part de l'empereur.

94. Michel fit lire la lettre, et quand elle fut lue, il dit aux députés de dire leurs volontés; et Conon de Béthune et Pierre de Douai se mirent à par

partie en respondant si tempréement que mes-» que jou puis miex l'empereour servir par mer » et par terre que nus home ki soit en toute Rou» ménie.

tiers lor estoit, et que chil qui contre iaus estoient en furent abaubi; et non mie pour cou que de riens mespresiscent envers iaus; ains lor monstroient tantes beles paroles et tantes beles raisons traities de droit, que tout chil de la partie de Michalis, et Michalis meismes, estoient tout désirant de venir à lor amor. Que vaut cou ? Ils ont tant courtoisement dit le maut l'empereur et despondu, que auques ont fet Michalis le coer amolyer et qu'il lor dist ausi com en sourriant : « Signour, jou ai une moie fille, et li empereres a un sien frere qui a nom >> Wistasses; et se nous ches doi poiiemes en»samble joindre par mariage, dont primes se» roit nostre pais légiére à faire; et jou donroie Wistasse, avoec ma fille, la tierche partie de >> toute ma terre. Et bien voel que vous sachiés

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ler et à s'exprimer en beaux termes polis, et à mettre en avant la parole de leur seigneur avec si grande mesure, et à défendre leur cause en répondant si modérément, que ceux qui étoient contre eux en furent ébaubis; non que pour cela ils eussent du mépris pour eux; mais les députés dirent tant de belles paroles et tant de belles raisons tirées du droit, que tous ceux du parti de Michel, et Michel lui-même, étoient tous désireux d'en venir à la paix. Que vous dirai-je? Les députés parlèrent au nom de l'empereur et repondirent tant courtoisement, qu'ils amollirent le cœur de Michel, et qu'il leur dit aussi comme en souriant : « Seigneurs, j'ai une fille et l'em>> pereur a un sien frère qui a nom Vitace; si >> nous les pouvions unir ensemble par mariage, >> notre paix seroit tout d'abord facile à faire, et >> je donnerois à Vitace, avec ma fille, le tiers

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95. Quant Cuenes de Biétune entent ceste parole,si voit lors et pense que grans biens en poroit venir. Dont dist à Michalis que il fera savoir à l'empereur ceste chose, et li fera bien acorder, et puis li relaíra savoir le plus tost qu'il pora.

96. Atant se partent li message de Michalis; puis viennent à l'empereour. Se li dient tout cou qu'il avoient trouvet, et comment il avoit mis avant le mariage de Wistasse et de sa fille : Et donra, font-il, à Wistasse vostre frere, la tierche partie de toute sa terre avoec sa fille >> en fief, et de ore-en-avant il vaura de vous tenir » tout son tenement. >>

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» de toute ma terre, et bien veux que vous sa>> chiez que je puis mieux servir l'empereur par » mer et par terre que nul homme qui soit dans » la Romanie. >>

95. Quand Conon de Béthune eut entendu cette parole, il vit lors et pensa que grands biens en pourroient advenir. Il dit donc à Michel qu'il feroit savoir cela à l'empereur, et qu'il l'y feroit bien consentir, et puis qu'il lui rendroit réponse le plus tôt qu'il pourroit.

96. Les députés quittent alors Michel, puis viennent à l'empereur. Ils lui disent tout ce qu'ils ont trouvé, et comment il avoit mis en avant le mariage de Vitace et de sa fille, « et il donnera, >> disent-ils, à Vitace, votre frère, la tierce » partie de toute sa terre avec sa fille, en fief, et » dorénavant il voudra tenir de vous tous ses do>> maines. >>>

FIN DES MÉMOIRES DE HENRI DE VALENCIENNES.

MÉMOIRES

DU SIRE DE JOINVILLE.

HISTOIRE DE SAINT LOUIS.

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