La teste le fist trè-haut voler demeintenant, Ceo vit frer Richard, li hardi e alosé, Un Sarazin félon vint sor chival corrant, Dunqe fust le gentil corps fèrement demembré. Qant avoit la main perdu, dunqes ce treist arer; La tête il lui fit voler très-haut à l'instant même. Le corps tombe à son pied, le soudan (le) voyant. Ruffini emporta son ame en enfer (en) chantant. Cela vit frère Richard, le hardi et fameux, quel coup le comte donna à l'émir insensé; tantôt il se mit en avant dans la même chevauchée, et cinq Sarrasins félons il a livré à mort. Un Sarrasin félon vint sur cheval courant, une épée en sa main, raide fut (et) tranchante; au vaillant comte il donna un coup trèspesant, la main droite il lui coupa dont il tint l'épée en avant. Donc fut le noble corps fièrement démembré. Le pied gauche lui fut enlevé, et la main droite coupée. Quand il avait la main perdue, alors il se retira en arrière; à Jésus-Christ tout-puissant il fit une telle prière, que, si ce fût à son plaisir, pour l'amour de sa mère, vengeance il lui donnât de ces gens amers. Le hardi corps e vaillaunt sur l'un peé saut avaunt; E le vis ou le mentoun li mist avalaunt. Un altre coup li dona tut en qermisaunt ; La main sinestre dount tint l'espé li fist voler avant. Dunges chet à terre le vaillaunt Long-Espeé, De lour espées trenchaunz li ount tut mangiė. Frère Richard de Ascalon, li hardi combataunt, Pur tote la terre de Fraunce n'éust alé avant. Sire Richard de Guise porta soun baner, Le hardi corps et vaillant sur un pied saute (en) avant; à un Turc félon qui eut à nom Espiraunt, en la main gauche il prit l'épée tranchant, et le visage avec le menton il lui mit en bas. Un autre coup il lui donna en escarmouchant; la main gauche dont il tint l'épée il lui fit voler en avant. Alors tombe à terre le vaillant Longue-Épée, qui ne put plus se tenir sur un pied. Les Sarrasins crièrent fort joyeux et gais, de leurs épées tranchantes ils l'ont tout mutilé. Frère Richard d'Ascalon, le hardi combattant, sur le comte chut blessé et sangiant; pour toute la terre de France il ne fat allé avant. Quand il vit mort le comte, mort il se rend alors. Sire Richard de Guise porta sa bannière; le bon bachelier vit son maitre mourir; le plus tôt qu'il put, sans plus tarder, il tombe sur son seigneur et se laisse couper en morceaux. Le comte et le porte-ban Li count e li baneour e ses bachelers, E sire Rauf de Henfeld hardi e fiers, E sire Robert Widele, qe li ama mult chiers, Toutz cinge ensemble furent ensi occis : nière et ses bacheliers, et sire Ralph de Henfeld hardi et fier, et sire Robert de Widele, qui l'aima très-fort, tous cinq sont tués, les bons chevaliers. Tous cinq ensemble furent ainsi tués: Jésus les ames a en paradis. FIN. II. I Des Mémoires de Joinville et de leur mérite littéraire. XLIII LXII LXXV IX. Actes et documents concernant les sires de Joinville. mois de mai 1331, relativement aux droits afférents XI. XII. CX CXX CXXV CL CLXVIII HISTOIRE DE SAINT LOUIS.... 1 APPENDICES. Enseignement de saint Louis à sa fille Isabelle............. * from 249 |