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les achevaient. Ils vendirent pour la plupart les femmes et les jeunes filles, ou les donnèrent à tout venant et les offrirent en cadeau. En un mot, ils mirent au jour toute la malice qui était cachée dans leur cœur.

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Et nous, avec ce même prophète, disons : « Tressaillez, habitants d'Arbėle! La coupe approche aussi de vous. Vous serez affligés et agités [?] et il n'y aura personne pour vous délivrer. Car le Seigneur se souviendra de ce qui a été fait à son peuple et comment son héritage a été pillė 2. Le Seigneur est bon pour quiconque espère en lui et pour celui qui le cherche 3. Il vous rendra l'angoisse du cœur. Ses coups vous poursuivront; dans sa colère il vous perdra et vous fera disparaître de sous les cieux, parce que vous avez détruit ses églises et que vous avez mis en pièces les brebis de son bercail. Et tous ceux qui passeront sur la route battront des mains sur vous, siffleront, branleront la tête et diront : « Voilà cette Arbèle que le Seigneur a maudite !! »

CHAPITRE XIX

MORT DE MAR JABALAHA.

Le Catholique ainsi que les évêques qui le suivaient, et des Mongols envoyés par l'émir Gaïdjak pour l'accompagner, se rendirent au village de Beth Çayadė. Cependant ils étaient toujours remplis de crainte, de terreur, de douleur profonde et d'angoisse. Ils restérent là le temps nécessaire pour réunir l'or qu'ils remirent à l'envoyé de l'émir Tchoban, aux cent hommes de l'émir Gaïdjak et aux Kurdes venus avec eux. Ils partirent ensuite, le 8 de Tamouz de cette année (juillet 1310), pour se rendre au camp.

Le Catholique fit visite à la princesse, femme de l'émir

1. Cfr. Thren., IV, 21.

2. Cfr. Thren., V, 1.

3. Cfr. Thren., III, 25.

4. Cfr. Thren., III, 65-66.

5. Cfr. Thren., II, 15.

Gaïdjak. Elle le traita avec honneur et envoya un de ses hommes avec lui jusqu'au camp 2.

Dès son arrivée, il se rendit près du grand émir Tchoban qui le reçut avec les honneurs dus à sa dignitė; puis il vint se fixer à la ville. Tous les émirs savaient à quoi s'en tenir à son sujet. Il alla trouver le roi victorieux, le bénit selon l'usage et lui présenta la coupe; le roi lui présenta également la coupe; mais ni l'un ni l'autre n'engagea la conversation. Il sortit de cette entrevue très affligė. Il s'était proposé, si le roi l'interrogeait, de lui faire connaître tout ce qui lui était arrivé, à lui-même et à ses ouailles. Aussi fut-il très contristé. Il resta là un mois entier, espérant en vain un changement, ou que quelqu'un l'interrogeât sur ce qui lui était advenu.

Quand certaines affaires urgentes de la résidence et des chrétiens furent arrangées, il revint au monastère qu'il avait bâti près de Maragha et prit la résolution de ne plus jamais retourner au camp. « Je suis las, disait-il, de servir les Mongols. >>

Le Catholique passa l'hiver de l'année 1622 des Grecs (13101311) dans le couvent. A l'été, il alla à la ville de Tauriz parce qu'il avait appris que l'émir Irindjin que Dieu lui conserve la vie! était venu en cet endroit. Il le rencontra dès son arrivée. L'émir traita le Catholique avec grand honneur; il lui fit des dons et des présents, ainsi que sa femme *, fille du roi Ahmeh, fils du feu roi Houlaghou. Elle était très considérée dans le royaume, parce que sa fille avait épousé le roi victorieux [Oldjaïtou] et était alors la première parmi les femmes de ce prince. Cet émir Irindjin et sa femme donnèrent au Catholique la somme de dix mille dinars, c'est-à

1. Cfr. ci-dessus, p. 169, n. 1.

2. Au mois de juillet, la cour était probablement à Soultaniyeh.

3. Le texte porte bien lamdinta, à la ville; il faut peut-être corriger Imaschrita, au camp.

4. Cette femme se nommait Kitchic ou Kikhschek. Elle suivit son mari dans la lutte qu'il soutint contre Abou-Saïd et prit une part active au dernier combat, dans lequel Irindjin fut fait prisonnier. Elle fut tuée dans la mêlée. Cfr. ci-dessus, p. 148, n. 2, et D'OнSSON, IV, 638, 611.

5. La fille d'Irindjin, Koutloukschah-Khatoun, avait, en effet, épousé Oldjaïtou le 23 mars 1305 et avait reçu de ce prince le yort ou apanage de Dokouz-Khatoun. Cf. D'OHSSON, IV, 481.

179 dire soixante mille zouz, et des chevaux de selle. L'émir donna encore un grand village à l'église de Mar Schalita le saint martyr, dans laquelle avait été déposé feu son père et où avaient été aussi ensevelies sa mère et ses femmes.

Le Catholique passa l'hiver de l'année 1623 des Grecs (13111312) dans le monastère, et aussi l'été.

Des conseillers exposèrent sa situation au roi qui lui attribua [une pension de] cinq mille dinars qui lui servaient pour vivre chaque année. Il lui donna aussi des villages dans la région de la ville de Bagdad.

Le nombre des vénérables pères métropolitains et évêques qu'il consacra par l'imposition des mains s'élève, jusqu'à cette année, à soixante-quinze.

C'est tout.

Il vécut dans le monastère qu'il avait bâti jusqu'à l'année 1629 des Grecs 3. Il y mourut la nuit du [samedi au] dimanche ma schbich maschknak, 15 de Teschri second (novembre 1317), et y fut inhumė ".

1. Cfr. ci-dessus, p. 52, n. 1.

2. A Maragha. Voir ci-dessus, p. 133.

3. Dans l'intervalle, le roi Oldjaïtou lui-même était mort, le 16 décembre 1316, à l'àge de trente-six ans. Il eut pour successeur, son fils Abou-Saïd, qui régna jusqu'en 1334.

-

Il était àgé de 72 ans.

4

4. Le dimanche 13, selon Amrou qui a raison. 5. L'écrivain nestorien Maris, cité sous le nom d'Amrou, par AssÉMANI (Bibl. or., t. III, p. 2, p. 129), termine sa notice sur Jabalaha par ces paroles : « Honorem, gloriam et auctoritatem consequutus est supra omnes decessores suos adeo ut Mogulensium imperatores et Kani eorumque filii caput illi aperirent et genua flecterent ejusque potestas amplissima Orientis regna omnia obtineret. Quocirca Christiani in diebus ejus ad magnam gloriam et existimationem provecti sunt. Unde in fine dierum ejus in teterrimum statum conciderunt, in quo ad praesens usque tempus jacent. In ea rerum felicitate aedificavit Jaballaha ingens monasterium prope urbem Maragam at mox alternante fortuna sub ejusdem episcopatu capta fuit nova ecclesia [in aedibus Duidari exstructa] et Cella [patriarchalis], innovata fuit adversus Christianos certae pecuniae pensio aliam a Saracenica religionem profiteri volentibus imperari solita. Imperium autem, ejus aetate, tenuere ex Mogulensium regum stirpe septem Kani: Abaka nimirum Kanus, et Achmed Soltanus, et Argon Kanus, et Caichatus Kanus, et Baidus Kanus, et Kazanus Kanus, et Charbanda Kanus rerumque potitus est Abusaïdus Kanus filius Charbandae. In hoc temporum rerumque varietate ad decrepitam senectutem provectus Pater iste, requievit die Sabbati, nocte abeunte in Dominicam tertiam Consecrationis Ecclesiae quae est dies tertius decimus Tesri posterioris [Novembis] anni Alexandri Graeci 1629, inciditque in septimam Romadani anni Arabum 717, sepultus que fuit in monasterio quod ipse sub titulo S. Joannis construxerat. Posquam vero a Mahumetanis loca illa expugnata atque in potestatem redacta fuere et monasterium occupatum est, translatus fuit ad coenobium S. Michaelis in provincia Arbelae. Sedit autem ad annos septem et triginta: vacavitque

Que sa mémoire soit en bénédiction!

Que les prières de Mar Jabalaha le Catholique et de Rabban Çauma nous protègent; qu'elles protègent le monde entier jusqu'à ses extrémités, la sainte Église et ses enfants !

Et qu'à Dieu soient gloire, honneur, louange, adoration dans les siècles des siècles.

Amen. Amen.

sedes octo dies et menses tres. » Jabalaha eut pour successeur sur le siège patriarcal le métropolitain d'Arbèle, Joseph, qui avait succédé à Abraham, et qui, après son élection au patriarcat, changea son nom en celui de Timothée, ainsi que nous l'apprend 'EBEDJÉSUS (Epitome can. synod. p. v, sub fine; apud ASSÉMANI, Bibl. or., t. III, p. 567): «... In Patriarcham et Catholicum electus fuit pater noster Mar Timotheus, metropolita Arbelensis, cui in metropolitica dignitate nomen fuerat Mar Joseph, quique antequam sedem Arbelensem tenuisset Mossulanam metropolim rexerat: defuncto autem et a temporaria hac vita ad vitae lucisque regionem translato patre nostro Mar Abrahamo Arbelensi metropolita, relicto Athurensi [seu Assyrio, i. e, Ninivitico et Mossulano throno ad ejus locum translatus fuit. »>

Le célèbre auteur nestorien que nous venons de citer, EBEDJESUS, métropolitain de Nisibe, était le contemporain de Jabalaha et avait dédié à ce patriarche son ouvrage intitulé « la Perle » [Marganitha], traité théologique en cinq livres achevé en 1298, dont ASSEMANI a donné une analyse développée (Bibl. or., t. III, part. 1, p. 352-360) et dont MAï a publié une version latine (Script. vet. nova coll., t. X).

TABLE CHRONOLOGIQUE

DES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS MENTIONNÉS DANS L'HISTOIRE DE MAR JABALAHA III ET DE RABBAN ÇAUMA.

N.-B.

Dans cette table ne figurent en général que les événements dont il est parlé dans le texte. Les dates sont celles de l'ère chrétienne. Celles qui ont été établies par conjecture sont marquées d'un point d'interrogation.

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Mort de Gengis-Khan.

Naissance de Marcos, plus tard Mar Jabalaha (page 16).
Avènement de Houlaghou, en Perse.

Avènement de Khoubilaï, en Chine.

Mort de Houlaghou. Avènement d'Abaka.

Départ de Marcos (Jabalaha) et de Rabban Çauma pour la Palestine (p. 17).

Marcos est sacré métropolitain de la Chine sous le
nom de Jabalaha, et Çauma est institué visiteur
général (p. 35).

Mort du patriarche Mar Denha (p. 38).
Jabalaha est sacré patriarche (p. 42).
Le roi Abaka se rend à Bagdad (p. 44).
Abaka meurt à Hamadan.

Avènement d'Ahmed. Jabalaha est emprisonné (p. 45).
Mort d'Ahmed. Avènement d'Argoun (p. 51).
Départ de Rabban Çauma pour l'Europe (p. 53).
Mort du pape Honorius IV (p. 61).

Rabban Çauma parvient à Byzance, près d'Andro-
nic II (p. 54).

Il arrive à Naples (p. 60),

et assiste à la bataille navale dans le golfe de Naples. Il séjourne à Rome (pp. 62-75),

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