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duite sont enfin vérifiés; nous demandons que le glaive de la justice frappe sa tête, et que la punition qu'il a méritée étonne tous les tyrans. Si vous vous refusez à nos vœux, nos bras sont levés, et nous frapperons nous-mêmes les traîtres partout où nous les trouverons, même parmi vous (1). »

(2) Guadet ne manqua pas une si belle occasion de s'emporter contre les ministres : il représenta qu'ils ne cherchaient qu'à entraver la constitution; qu'il fallait les obliger de faire, chaque jour, le rapport de l'état de leurs départemens, les rendre solidaires, les uns pour les autres, des troubles qui

y

surviendraient, et responsables de tous les inconvéniens qui résulteraient du veto qu'apposerait le roi aux décrets de l'Assemblée. Torné, évêque

(1) On ne trouve aucune trace de cette pétition dans le Moniteur. La seule qui semble s'en rapprocher par le style ou par les idées, est celle de la section de Mauconseil, dans laquelle on demandait ouvertement la déchéance du roi, et qui fut sévèrement improuvée par l'Assemblée; mais cette dernière pétition est très-postérieure au récit de M. de Ferrières. Elle fut présentée seulement le 4 août, lendemain du jour où Pétion demanda la déchéance au nom de la municipalité. (Voyez ci-après page 174.)

La discussion qui, selon M. de Ferrières, suivit la pétition dont il offre l'extrait, n'est autre que la discussion du décret qui déclara que la patrie était en danger. C'est alors que Torné réclama la suspension de la constitution, et invoqua le principe que le salut du peuple est la supréme loi.

(2) Logographe.

(Note des édit.)

constitutionnel de Bourges, Brissot et Condorcet, déclarèrent que le moment était venu de suspendre la constitution, et de suivre, dans les mesures que nécessitaient les conjonctures, cette maxime : Le salut du peuple est la supréme loi.

La cour voyait avec inquiétude l'orage se grossir elle fit quelques tentatives pour le conjurer. On essaya de gagner les chefs des girondins et des orléanistes; mais à peine avait-on réussi à neutraliser les plus fougueux, qu'il s'en élevait d'autres qui, mus par les mêmes espérances, cherchaient, par les mêmes moyens, à se faire acheter: ceux-ci étaient bientôt suivis de nouveaux; nonseulement la liste civile ne pouvait suffire à ces dépenses, mais l'or de la France n'eût pas étanché la soif avide de ces hommes cupides. La plupart refusèrent de traiter avec la cour: ils savaient où tendaient les choses, et connaissaient sa faiblesse et l'impossibilité où elle était de parer les événemens : ils n'étaient pas gens à déserter un parti sûr du succès, pour un roi qui touchait à sa dernière heure. Le ministre Laporte, moins confiant que ses collègues, ne s'aveuglait point sur la situation critique de la cour; son attachement personnel à Louis XVI lui en faisait envisager sans crainte les suites. « Tu m'avais conseillé, disait-il à Dumouriez, de demander ma retraite : j'en avais eu l'intention, j'ai changé de dessein; mon maître est en danger, je partagerai son sort. >>

La cour tenta une autre voie qui ne lui réussit

pas mieux; ce fut d'alarmer le peuple sur la guerre qu'on allait avoir avec les puissances étrangères, Ses journalistes et ses écrivains ne parlèrent plus que de l'arrivée des troupes ennemies aux frontières; ils en exagéraient le nombre, vantaient les talens militaires de ceux qui les commandaient, leur opposaient l'inexpérience des généraux français, l'indiscipline et l'insubordination des gardes nationales; montraient l'impossibilité de résister, avec de si faibles moyens, aux forces combinées de tous les souverains de l'Europe. Les ministres, de leur côté, annonçaient à l'Assemblée, avec une sorte d'affectation, l'accession successive des princes d'Allemagne à la coalition. Ces nouvelles alarmantes, loin de produire le découragement qu'en attendait la cour, et de rallier le peuple au roi, ne faisaient qu'augmenter le mécontentement général contre Louis XVI, que l'on regardait comme le véritable auteur de cette guerre, et comme son instigateur secret.

(1) Kersaint (2), dédaignant tout subterfuge, et laissant là les ministres, attaqua directement le roi, et l'accusa d'agir de concert avec les ennemis de la France. L'Assemblée renvoya la dénonciation de Kersaint à une commission extraordinaire, qu'elle chargea d'examiner si Louis XVI n'était pas tombé dans le cas de déchéance, que le corps législatif a

(1) Vie de Dumouriez.

(2) Séance du 23 juillet.

le droit de prononcer, lorsque le roi constitutionnel n'a pas fait son devoir, et n'a pas employé les moyens que la constitution lui fournit de défendre la nation contre ses ennemis.

:

Une députation de fédérés, que l'on tenait prête pour le moment décisif (1), parut à la barre (2): « Délibérez, Messieurs, s'écria l'orateur, délibérez, séance tenante et sans désemparer, sur l'unique voie qui vous reste de sauver la patrie et de remédier à nos maux ; suspendez de ses fonctions le pouvoir exécutif. Nous savons que la constitution ne parle que de la déchéance; mais pour déclarer le roi déchu il faut le juger, et pour le juger il faut qu'il soit provisoirement suspendu de ses fonctions. Convoquez les assemblées primaires, afin de connaître, d'une manière sûre et immédiate, le vœu de la majorité du peuple, et d'appeler une Convention nationale. Législateurs! il n'y a pas un jour, une heure, une minute à perdre; le mal est à son comble; évitez à votre patrie une secousse universelle, usez du pouvoir qu'elle vous a confié, et sauvez-la vous-mêmes.: autrement il ne vous resterait plus qu'une seule ressource, celle de déployer toute notre force et d'écraser tous nos tyrans. >>

Les girondins ne voulaient qu'effrayer la cour. La déchéance n'entrait point alors dans leurs vues;

(1) Logographe.

(2) Séance du 23 juillet.

c'était une mesure extrême qui avait ses dangers : ils résolurent de hasarder encore une démarche, et de tenter le rétablissement des trois ministres dis graciés (1). Guadet lut un long projet d'adresse au roi (2); il lui reprochait sa conduite peu franche, l'avertissait que ses ministres actuels n'avaient point la confiance de la nation, l'exhortait à rappeler auprès de lui ceux qui, par des services éclatans, avaient si justement acquis cette confiance. Brissot fit sentir le danger de traiter une question aussi délicate que celle de la déchéance, avant d'avoir sondé l'opinion publique, qui seule faisait la force de l'Assemblée, et d'avoir mis dans le plus grand jour les motifs qui nécessitaient ce parti violent il s'éleva contre la convocation des assemblées primaires, en montra les inconvéniens et les fàcheuses conséquences (3). Les girondins firent des propositions plus directes au roi. Dubores (4) se chargea de lui remettre une lettre. Ils s'enga

(1) Logographe.

(2) Guadet ne prit point sur lui de proposer une adresse au roi. Il ne se présenta à l'Assemblée que sous le titre de rapporteur d'une commission extraordinaire. Cette proposition n'eut d'ailleurs aucune suite. (Séance du 26 juillet.) (Note des édit.)

(3) Papiers trouvés dans l'armoire de fer.

(4) Il paraît certain que ce nom est mal rapporté par l'auteur, et qu'il s'agit ici de la négociation que Gensonné, Guadet et Vergniaux furent accusés dans la suite d'avoir entamée avec le roi, par l'intermédiaire du peintre Boze, et

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