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qu'une personne, tout à la fois généreuse et inconnue, adressa à l'évêque de St-Brieuc une somme de 24,000 fr. qui lui arriva très à-propos pour rendre ses aumônes plus abondantes.

gauche emportée par un boulet. Porté à Paris | année évêque de St-Brieuc, fut sacré à Paris, sur un brancard, il y subit avec le plus grand le 8 avril 1770. Son esprit de charité dont on a courage une amputation douloureuse. Après la conservé le souvenir dans ce diocèse, se révéla déchéance de Napoléon, il fut nommé, le 4er tout particulièrement lors d'un désastre qui eut juin, inspecteur-général de la cavalerie des 13° lieu près de St-Brieuc, au mois de septembre et 22e divisions militaires, chevalier de Saint-1773. Une crue subite du Trieu, petite rivière Louis le 49 juillet, et grand-officier de la Lé- qui passe à Quintin et à Châtelaudren l'avait gion-d'Honneur le 27 décembre 1844. Appelé, transformée en un véritable torrent qui renverle 30 du même mois, au commandement de l'é- sait tout sur son passage. Le prélat, à la precole de cavalerie de Saumur, il l'exerçait en-mière nouvelle de ce malheur, se transporta sur core lors du retour de Napoléon, qui l'accueil- le théâtre des événements, et, concourant de lit d'abord fort mal, et cela, dit-on, parce qu'il sa personne à combattre les effets de l'inondavenait d'épouser une royaliste, Mlle Foulon de tion, il se jeta à l'eau jusqu'à la ceinture pour Doué, petite-fille de l'intendant Foulon, l'une secourir des malheureux en danger de pérír, et des premières victimes de la Révolution. Mais, parvint à sauver un enfant de cinq à six ans, promptement revenu de ce premier mouvement engagé sous de grosses pierres. Louis XV ayant de vivacité, Napoléon conserva Laferrière dans appris ce trait honorable, dit, en faisant allu son commandement, et lui conféra le titre de sion au courage héréditaire dans la famille de pair, dont il fut privé à la seconde Restauration. l'évêque « Les La Ferronays vont à l'eau Mis en non activité le 5 février 1848, il fut nom-comme au feu. » Ce fut en cette circonstance mé commandéur de Saint-Louis le 18 mars suivant, jour où il obtint sa pension de retraite. L'année suivante, il fut autorisé à accepter une épée d'honneur que la ville de Saumur lui avait offerte en témoignage de reconnaissance de la Transféré à Bayonne en 4775, La Ferronays fermeté qu'il avait déployée pendant les Cent- continua d'y donner des preuves de sa vertu et Jours, et qui avait eu pour résultat de contenir de sa charité, en venant au secours des cultiles populations royalistes. Décoré des grands- vateurs qu'une épizootie avait privés de leurs cordons de la Légion d'Honneur et de Saint- bestiaux. M. de Condorcet, évêque de Lisieux, Louis le 1er mai 1821 et le 20 août 1823, il fut étant mort en 1783, La Ferronays, appelé à le rappelé après 1830 à la Chambre des pairs, nom- remplacer, prit possession de son nouveau mé commandant de la garde nationale à cheval siège le 31 mars 1784. Le prélat, qui s'était fait de Paris, et admis enfin dans le cadre de réser-précéder dans ce diocèse d'une lettre pastorale ve de l'état-major-général de l'armée, le 7 fé- exprimant les sentiments les plus bienveillants vrier 1831. Il mourut à Paris le 22 novembre pour le clergé et le peuple qu'il était appelé à 1834, et, le 25 du même mois, ses dépouilles gouverner, refusa, avant de venir à Lisieux, mortelles, transportées à sa belle terre de Val- la réception brillante et coûteuse qu'on lui prélery (Yonne), furent déposées dans le caveau parait. Il écrivit au maire pour le prier de conpréparé pour lui et sa famille dans le cimetière sacrer à un monument utile et durable les fonds de cette commune. L'abbé Béraud, curé de destinés à des honneurs frivoles; la ville gagna Diant, prononça son oraison funèbre, dans la-à cet acte de modestie une belle fontaine, et quelle il rappela l'indomptable courage du défunt, ainsi que les regrets que causait sa perte aux pauvres dont il était le bienfaiteur, et à sa veuve dont il n'avait point eu d'enfants.

P. L...t.

l'évêque la satisfaction d'avoir fait une bonne action. Il n'eut pas le temps de réaliser tout le bien qu'il avait projeté dans l'intérêt de son diocèse et qu'il avait fait entrevoir, en 1787, lorsque le roi l'avait nommé président de l'assemblée provinciale de la Mayenne (Normandie), LA FERRONAYS (JULES-BASILE FERRON convoquée à Lisieux. Deux ans plus tard, le DE), né au château de Saint-Mars-les- rigoureux hiver de 1789 lui fournit bien des ocAncenis, le 2 janvier 1735, d'une des plus il-casions d'exercer son inépuisable bienfaisance; lustres familles de Bretagne, fut, comme le non content d'employer en aumônes ses recinquième de ses frères, destiné à l'état ecclé venus personnels, il stimula la charité de tous siastique. A peine ordonné prêtre, il fut choisi ceux qu'il savait pouvoir soulager les misères pour vicaire-général par l'évêque de Conserans publiques. Ame droite et sans défiance, il ac(Marnay de Vercel), allié de sa famille, et plus cueillit avec satisfaction les commencements tard, il accompagna à Rome le cardinal de d'une révolution annoncée comme destinée à Bernis dont il fut le conclaviste au conclave réformer les abus; mais, quand la constitution de 1769, où Clément XIV fut élu pape. Ce civile du clergé fut décrétée, sa conscience cardinal, qui avait habilement servi les projets s'émut, et il crut, non seulement qu'il ne poude la cour de France, reçut le titre de protec-vait y prêter le serment d'obéissance, mais enteur des églises de France, et l'abbé de La core qu'il était de son devoir de la combattre. Ferronnays, nommé le 24 décembre de la même Le 22 mars 1791, il publia une lettre pastorale

dans laquelle il signalait les vices de cette con- | Vienne et Vérone (1822), où il représenta la stitution, et le 3 mai suivant, il rendit une or- France avec MM. de Caraman, de Blacas et de donnance sur la suppression de son siége et le Montmorency, il sut se fortifier, dans l'intépartage de son diocèse, ainsi que pour la publi-rêt de son pays, de l'ascendant qu'il exerçait cation du bref que le Souverain Pontife avait sur l'empereur de Russie. Il remplissait encore adressé au clergé et au peuple de France. Le les fonctions d'ambassadeur auprès de ce motribunal devant lequel il fut traduit pour ces narque, lorsqu'au mois de janvier 1828 il fut publications lui enjoignit de quitter le pays sans appelé à faire partie du ministère Martignac, délai. Après avoir passé quelque temps dans un ou le porte-feuille des affaires étrangères lui fut château de son diocèse d'où il veilfait encore confié. Il tint ce porte-feuille avec un grand avansur son troupeau, il se vit contraint de quitter tage pour les relations extérieures du pays. L'éla France. Il se retira successivement à Solême, tat déplorable de sa santé l'ayant forcé de résià Erlang en Franconie, à Bruxelles, à Dussel- gner ses fonctions, en 1829, il fut nommé midorf. A peine croyait-il avoir trouvé un asile nistre d'Etat et membre du conseil privé. Peu paisible que l'arrivée des armées françaises l'o- de jours après son arrivée à Rome, où il était bligeait à en chercher un autre. Son dénûment allé pour se rétablir, l'Académie Tiburina l'indevint tel qu'il aurait été exposé aux plus ri-scrivit au nombre de ses membres honoraires, goureuses privations, si quelques prêtres de en mémoire des services qu'il avait rendus à la son diocèse, réfugiés en Angleterre, n'eussent ouvert entre eux une souscription dont ils lui firent parvenir le montant. De Munster, où il s'était réfugié, il vint à Brunswick, et y fit réimprimer, sous la direction de l'abbé Duvoisin, depuis évêque de Nantes, la Religion vengée, poème du cardinal de Bernis, et il consacra le bénéfice de cette réimpression au soulagement de ses compagnons d'infortune. Le L'AFFICHARD (THOMAS), duc de Brunswick ayant alors été obligé d'é- nombreux écrivains dramatiques dont les œuloigner de ses états les émigrés français, La vres spirituelles ont amusé le XVIIIe siècle Ferronays partit pour Constance où il se réunit même après Favart, Panard et Collé. Les sailà quinze évêques français, parmi lesquels se lies dont abondent ses opéras-comiques, incontrouvait M. de Juigné, ancien archevêque de nus maintenant, transportaient d'aise un puParis. Les troupes de la République ayant pé-blic qui se connaissait en esprit. Tout le siècle nétré en Suisse, il fut de nouveau réduit à fuir. Plus accablé par les chagrins que par l'âge, ce respectable vieillard mourut à Munich le 15 mai 1799. On a publié sur lui, en 1819, une excellente notice in-8°, sans nom d'auteur.

P. L...t.

LA FERRONAYS (AUGUSTE-PIERRE-MARIE FERRON, comte DE), neveu du précédent, fils de messire Emmanuel-Henri-Eugène, comte de la Ferronnays, mestre de camp de cavalerie, et de dame Marie-Anne-Adélaïde Fournier de Bellevue, né à Saint-Malo, le 4 décembre 1777, était fort jeune, lorsqu'il émigra avec sa famille, en 1791. Attaché à la personne du duc de Berri, qui l'avait fait premier gentilhomme de sa chambre, il ne rentra en France qu'en 1814 avec ce prince. Louis XVIII le nomma maréchal-decamp, le 4 juin de la même année, et pair de France le 17 août 1815. Chargé d'une mission à Copenhague, le 25 août 1817, avec le titre d'envoyé extraordinaire et de ministre plénipotentiaire, il passa en cette double qualité à la cour de Russie, deux ans plus tard. Par la droiture et l'élévation de son caractère, il se concilia la bienveillance d'Alexandre, qui tint un de ses enfants sur les fonts de baptême. Il suivit ce prince au congrès de Troppau, en 1820. Dans ce congrès comme à ceux de Laybach (1821),

cause des Grecs dans le cours de sa carrière diplomatique. L'Académie archéologique suivit cet exemple. Le comte de la Ferronnays mourut à Rome, le 17 janvier 1842, emportant l'estime et la considération de tous les partis. Il était chevalier des ordres du Roi, et décoré de presque tous les ordres étrangers. P. L...t.

est un de ces

n'avait-il pas lu Voltaire, n'avait-il pas repu son intelligence de ces livres frivoles où il n'y avait que de l'esprit? Aussi L'Affichard a-t-il eu presque de la gloire.... sous Louis XV. Sa vie. par malheur, fut obscure, et c'est à peine si, dans les livres du temps. nous trouvons quelques détails sur lui. Il est né à Pont-Floch, diocèse de Saint-Pol-de-Léon, le 22 juillet 1698 et a dû arriver à Paris vers 1725. Il fut d'abord souffleur, puis receveur de la comédie italienne. Sa position un peu précaire et l'insuffisance de ses émoluments l'obligèrent à travailler pour les théâtres; il ne dédaigna même pas les marionnettes. Ses collaborateurs furent Panard, Romagnési, Valois d'Orville, Gallet et Parmentier. Il céda aussi à la mode et composa des romans couleur de rose qui nous feraient bâiller et qui couraient alors sur les tables de tous les boudoirs. Comme nous l'avons dit, on ne connaît rien de sa vie privée; il faut donc supposer qu'elle fut calme et peu accidentée. Une fluxion de poitrine l'enleva, dans la force de l'âge, le 20 août 1753. Ses écrits ne lui ont guère survécu, quoique nombreux. Ils doivent cet oubli aux négligences de style qui s'y trouvent et au peu de soin que L'Affichard prit de sa renommée. Pour lui, comme pour tant d'autres, se réalisa cette axiôme littéraire : C'est le style qui fait

Vais, etc. et de Jeanne-Michelle Picot. Son parrain fut André-François Levesque de la Souctière, et sa marraine demoiselle Marie-Charlotte Desilles de Philber.

vivre les ouvrages. On doit à cet auteur: I. Les la France littéraire de J. M. Quérard, t. I, Acteurs déplacés, comédie en un acte, avec pro- p. 13. F. S-ln-r. logue et divertissements. Paris, Jacques Clousier, 4746, in-8°. «Les Acteurs déplacés eurent LA FONCHAIS (ANGÉLIQUE-FRANÇOISE DEbeaucoup de succès. Ce qui fit le comique de SILLES, dame de ), - sœur d'André Desilles la pièce, c'est le déplacement même des ac-(voy. ce nom), naquit à Saint-Malo le 16 mai teurs qui y jouèrent, Ils étaient tous de carac-1769. Elle était fille d'écuyer Marc-Pierre-Frantère, d'âge, de figure ou de sens opposé à leurs çois Desilles, seigneur de Cambernon, Quatrerôles ceux de père ou de mère étaient joués par deux enfants de huit ans...» (Anecdotes dramatiques (par Clément et Delaporte, t. I, p. 15.) II L'Amour imprévu, opéra-comique en vaudevilles. Paris, Clousier, 4746, in-8°. III. Les L'éducation de la jeune fille fut confiée à Amusements spirituels des Frivoles, ou Pantin deux de ses tantes, sœurs de son père. Ces daet Pantine, conte spirituel. Amsterdam, Mi-mes, d'un mérite reconnu, étaient religieuses chel, 1745, 4754, in-8°. IV. Arlequin, apprenti au couvent de Sainte-Anne, sous les noms de philosophe, comédie en trois actes. Paris, mère Saint-Malo et de mère Félicité. Dans cet Clousier, 1746, in-8°. L'abbé Delaporte attri- asile, consacré à la piété, Angélique Desilles, bue cette pièce à Davesne; comment alors se ayant sous les yeux l'exemple les vertus chrétrouve-t-elle dans le théâtre de L'Affichard, tiennes, reçut une éducation aussi solide que édité par Clousier en 1746? V. Caprices ro- distinguée. A l'âge de dix-sept ans, elle remanesques. Amsterdam, 1745, in-12. VI. Les tourna dans sa famille, dont elle faisait l'orneEffets du hasard, opéra-comique en un acte (en ment. Angélique, la plus jeune des quatre envers et vaudevilles), Paris, Clousier, 1746, in-fants Desilles, était blonde et d'une taille au8°. VII. La Famille, comédie en un acte. Paris, dessus de la moyenne; ses grands yeux bleuClousier, 1746 in-8°. VIII. Le Fleuve Scaman- clair, ornés de grands cils et de sourcils châdre, opéra-comique en un acte (en vers et vau- tains, lançaient un regard limpide et pénétrant. devilles). Paris, Clousier, 1746, in-8°. IX. La Des traits réguliers, une figure calme, un teint Nymphe des Thuileries, comédie en un acte de lys et de roses en faisaient une ravissante (en vers et vaudevilles). Paris, Clousier, 1746, beauté. in-8°. Ce fut à l'occasion de cette pièce que l'on fit courir cette épigramme :

Quand l'afficheur afficha L'Affichard,
L'afficheur afficha le poète sans art.

X. Le philosophe amoureux, ou les Aventures du chevalier de R***. La Haye (Paris), 1746, 2 vol. in-12. Cet ouvrage reparut sous le titre de l'Amour des philosophes. XI. Le Pouvoir de la beauté, 1755, in-12. Cet ouvrage est seulement attribué à L'Affichard. XII. La Salamandre, nouvelle allégorico- comique. Venise (Paris), 1744, in-12. XIII. Le Songe de Clydamis, suivi d'un Voyage à Cythère. Paris, 1732, in-12. XIV. La Surprise des amants, ou la Rencontre imprévue, comédie en trois actes, 1735. XV. Voyage de M. de Cléville. Londres (Paris), 1750, in-12. XVI. Le Voyage interrompu. Paris, Ribou, 1737, 2 parties en un vol. in-12.

En 1746, le libraire Clousier réunit les six pièces qu'il avait éditées et leur donna un titre commun. Une seconde édition du théâtre de L'Affichard, différente de la première, parut en 1768 deux pièces y sont changées. Les Acteurs déplacés et l'Amour imprévu, font place à La Béquille et à la Surprise des Amants.

Nous avons consulté pour cette notice la Biographie universelle, t. I, p. 269, article signé A. B.....t (A. Beuchot); les Notices chronologiques de M. de Kerdanet, p. 288; les Anecdotes dramatiques de Clément et Delaporte, et

Depuis plusieurs années, M. Desilles père habitait, durant l'été, sa jolie campagne de la Fosse-Hingant, située près le bord de la mer, à une lieue de Cancale. Ce fut là que, le 30 octobre 1787, Angélique épousa Jean-Rolland Desclos, chevalier de la Fonchais, lieutenant des vaisseaux du roi de la huitième escadre attachée au port de Rochefort.

M. de la Fonchais émigra. Appartenant à la marine royale, il crut ne pouvoir se dispenser de suivre les officiers de son corps en Angleterre, où était le rendez-vous général. Il s'éloigna ainsi de sa jeune épouse, laissant à la Providence le soin de veiller sur elle et sur leurs enfants, Adolphe et Alphonse, qui devinrent officiers dans l'armée de terre. Sous la Restauration, l'aîné, Adolphe, fit, comme capitaine, en 1823, la guerre d'Espagne avec son frère, qui était lieutenant. Aussitôt après le départ de son époux, Mme de la Fonchais vint s'établir chez son père, espérant trouver près de lui un refuge assuré dans les circonstances graves qui s'annonçaient. Voilà comment cette femme intéressante se trouva liée aux événements de la Fosse-Hingant qui amenèrent sa perte.

La Convention venait, en ouvrant sa session, de proclamer la République, et la retraite des armées prussiennes vaincues par Dumouriez faisait évanouir de nouveau les espérances des royalistes de la Bretagne. Le marquis de la Rouërie convoque, à la Fosse-Hingant, chez M. Desilles, les principaux membres de l'asso

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LAF ciation dont il est le chef, et tous sont d'avis | mière entrevue. Cheftel, maître de ce secret de se disperser jusqu'au retour du marquis, qui important, se rend chez M. Desilles père, à la devait se rendre auprès des princes pour s'en-Fosse-Hingant, et là, sous le prétexte d'un vif tendre avec eux sur les mesures nouvelles intérêt, il s'informe des circonstances qui ont qu'exigeaient impérativement les changements accompagné la mort du chef qu'il témoigne resurvenus dans l'état du pays et du gouverne- gretter bien vivement. Profitant adroitement de ment; mais Thérèse de Moëlien, qui était at-l'ascendant qu'il parvient à prendre sur son hôte, tachée à la Rouërie par la plus intime affection il l'engage à réclamer, dans l'intérêt de l'assoet les liens du sang; Thérèse, qu'on avait tou-ciation, le dépôt des papiers de La Rouërie. Lajours vue, en habit d'amazone, partager ses guyomarais s'empresse de les apporter à la dangers, s'opposa avec véhémence à ce projet, Fosse-Hingant; on les renferme dans un grand qu'elle qualifia de pusillanime, et son opinion bocal, puis on les enterre dans le jardin, à six prévalut. La Rouërie resta en Bretagne et ex-pieds de profondeur. pédia à Londres Latouche-Cheftel, médecin de Bâzouges, et Fontevieux, son aide-de-camp, pour s'aboucher avec les princes.

Laligant, qui a suivi Cheftel, se concerte avec lui, et tous deux conviennent que le moment est venu d'agir. Mais, se voyant sans A son arrivée dans la capitale de l'Angleterre, troupes, l'agent officiel des ministres Lebrun Cheftel, le traître Cheftel, dirigé par les instruc-et Danton exhibe ses pouvoirs et demande aux tions secrètes de Danton, pénétra dans les pro- communes de Saint-Malo et Saint-Servan queljets des princes, et, le 24 janvier 1793, il put ques volontaires, auxquels se joignent le juge revenir à Paris avec les secrets qu'on lui avait de paix de cette dernière ville et le lieutenant de confiés et qu'il s'empressa de communiquer au gendarmerie du district. Laligant, à leur tête, gouvernement révolutionnaire. Sur ces données se rend au château de Laguyomarais, qu'il positives, Lebrun demanda l'arrestation im-investit, fouille le bois et exhume le cadavre du médiate du chef de l'association et la saisie de généralissime, dont il fait publier partout la ses papiers. Il confia cette mission à l'un de mort, afin de déconcerter les ligueurs. La faces êtres vils dont les partis se servent dans les mille Laguyomarais, les domestiques et le jarrévolutions pour faire le mal. Le nommé Lali- dinier sont arrêtés. gant-Morillon, chassé de la gendarmerie, et qui, depuis, s'était fait aventurier et espion, fut revêtu de pouvoirs illimités afin d'arrêter les personnes à l'égard desquelles on avait des preuves acquises.

La Rouërie avait été contraint de se cacher pour échapper aux poursuites des républicains. Fugitif et exposé aux intempéries d'une saison rigoureuse, il en ressentit l'influence; sa santé, quoique robuste, s'altéra, et, sous le nom de Gasselin, il chercha dans le château de Laguyomarais, près de Lamballe, un asile où il pût trouver le repos dont il avait besoin; mais là sa maladie prit un caractère alarmant. Le médecin Taburel, qu'on avait appelé, trouva le prétendu Gasselin atteint d'une fièvre putride, accompagnée d'accès de délire qui le rendaient furieux. En effet, La Rouërie. que le supplice de Louis XVI avait exaspéré, désolé des tergiversations des princes, qui éloignaient toujours l'instant d'agir, finit par céder à l'impétuosité de ses passions, jusque-là contenues par sa raison. Le médecin Tabourel annonça sa fin prochaine, et il expira le 30 janvier, neuf jours après son roi. Craignant les visites domiciliaires qui se renouvelaient fréquemment, le jardinier, le fidèle Loysel, et le domestique du marquis, enlevèrent mystérieusement le cadavre et allèrent le déposer dans une fosse faite au milieu d'un bois voisin; on couvrit le corps de chaux vive et l'on combla ensuite la fosse de terre.

A cette nouvelle, qui l'atterre, Thérèse de Moëlien, dépositaire de la liste des confédérés, fait trève à sa douleur, brûle cette liste, et les chefs de la ligue peuvent se dérober aux investigations des républicains. Desilles père caissier de l'association, informé à temps de ce qui avait eu lieu au château de Laguyomarais, et craignant pour sa vie, se soustrait au malheur qui allait l'atteindre. Le 9 mars, au soir, il s'embarqua à bord d'un bateau qu'il tenait toujours à flot dans le hâvre de Roteneuf, et il fit voile pour Jersey, accompagné de Bertin et de Prigent. Quelque regret qu'il en éprouvât, Desilles se trouvait force de laisser son épouse, devenue folle depuis la perte de son fils, ses trois filles, mesdames d'Allérac. de Virel et de La Fonchais, et son beau-frère Picot de Limoëlan, exposés tous cinq aux coups d'une trahison flagrante.

Cheftel, afin de guider plus sûrement les recherches des républicains, simulant une terreur qu'il était loin d'avoir, accourut à la Fosse Hingant pour s'y faire arrêter avec la famille Desilles; par une feinte complicité, il voulut la perdre en dirigeant lui-même ses agissements. Laligant-Morillon, arrivé quelque temps après le médecin, avec la force-armée qu'il avait requise à Saint-Malo, fit cerner la maison d'habitation pour la livrer au pillage, et arrêta la famille Desilles, avec son prétendu complice. le traître Cheftel. Le jardin est fouillé à l'endroit même où était enfermé le bocal renferLa mort de La Rouërie fut révélée au méde-mant le dossier apporté par Laguyomarais. Les cin de Bâzouges par Mlle de Moëlien, à leur pre- trois sœurs voient bien qu'elles sont trahies,

mais elles savent réprimer toute émotion apparente.

croyant voir en tout cela la volonté de Dieu qui la livrait à une inévitable destinée; puis, cette héroïque résignation prenait sa source dans une grande charité chrétienne envers sa belle-sœur, que la Providence s'était plu à épargner. Laligant, tout puissant encore, voulait sauver la belle captive; mais il y mettait une condition qui fut repoussée avec le dédain et le mépris d'une âme vertueuse, et cet être vil, ne pouvant comprendre tout ce qu'il y avait de vertu dans cette noble femme, quitta Paris pou une nouvelle mission en Bretagne, et l'abandonna au sort cruel qui allait l'atteindre.

effet assisté à diverses réunions des royalistes bretons, croyant en assurer le succès. Ses paLaligant procède aussitôt à l'ouverture du rents, ses amis, la supplièrent d'éclairer le trivase précieux et à l'examen des papiers qu'il bunal sur la méprise qui pouvait la faire périr, renferme; dès lors, la conjuration fut maté- mais sa belle âme se refusait à une telle révériellement dévoilée par la découverte des piè-lation; Angélique préférait obéir à la fatalité ces authentiques qui lui servaient de base. Avant de clore son procès-verbal, l'agent officiel du pouvoir révolutionnaire interroge les trois sœurs, modèles de toutes les vertus! Épris des charmes de Me de La Fonchais, dominé par un sentiment irrésistible d'admiration pour ces femmes, il leur suggère l'idée de refuser l'apposition de leur signature au procèsverbal. Le perfide Cheftel, qui a su éloigner tout soupçon de participation aux mesures de Laligant, les engage, au contraire, à signer cette pièce, qui les compromettait si visiblement. Ces dames, qui ne voient pas le piége, le remercient du conseil qu'il leur donne, car elles ne Cependant, la procédure, quoique longue, peuvent soupçonner cet excès d'infamie dans touchait à sa fin. A cette époque encore, on Thommé qui semble leur témoigner tant de dé- voulait conserver une apparence de formes, et vouement, et, sans hésiter, elles mettent leurs les débats étaient publics. Le 18 juin, les vingtnoms au bas du rapport qui vient d'être dressé. sept accusés comparurent pour la dernière fois Le 10 mars, les détenus, avec leur escorte, à la barre du tribunal révolutionnaire ; douze arrivèrent à la nuit close à Saint-Malo et fu- d'entre eux furent condamnés à mort, et les rent jetés pêle-mêle dans une des tours du châ- quinze autres acquittés. Tandis que ceux-ci teau dont un an auparavant les habitants, mus s'évanouissaient, les condamnés, à la lecture par un esprit de vertige, avaient demandé la de la terrible sentence, ne démentaient point destruction. La Bastille malouine put recevoir leur courageuse fermeté, et, en attendant leur vingt-sept royalistes, au moyen des arrestations supplice, ils étaient réintégrés dans leurs caqui furent faites aux alentours. Le surlende- chots. main, dès l'aube matinale, les prisonniers partirent pour Rennes, où on les écroua de nouveau à la Tour-le-Bat, non loin du Palais de Justice. De là, après quelques jours de repos, ils partirent pour Paris; mais, durant le long trajet qu'ils avaient à faire, des dangers de toute nature menaçèrent leurs jours, et ce fut comme par miracle qu'ils purent y échapper. Sur les chemins, des paysans ameutés par des royalistes, à l'instigation du médecin de Bâzouges, voulaient attaquer l'escorte et délivrer les prisonniers. Dans les villes, Cheftel redoutant une procédure qui allait démasquer son infamie, excitait les républicains contre les aristocrates; il pensait qu'en allumant la fureur populaire, il parviendrait à anéantir les captifs avant leur arrivée dans la capitale. Laligant-Morillon, tantôt par ruse, tantôt en payant de sa personne, parvint à conjurer les périls qui environnaient les prisonniers et à les rendre tous sains << Séchez vos pleurs, mes bonnes amies; du et saufs à Paris, où il les livra au tribunal ré » moins répandez-les sans amertume; tous mes volutionnaire. >> maux vont finir. Je suis plus heureuse que Malheureusement, parmi les papiers conte-» vous: je vous supplie, mes amies, de reprênnus dans le bocal, il s'en trouva un sur lequel » dre de la tranquillité; c'est de vous que je figurait, pour avoir pris part à l'association» suis occupée, et c'est sur vous que se tourbretonne, le nom d'une autre dame de La Fon » nent mes regrets; mais, mes chères amies, chais, belle-sœur d'Angélique Desilles, et beau-» je ne veux pas m'occuper de vous, cette idée coup plus âgée qu'elle. Cette homonymie donna » m'affaiblirait, et je veux conserver toutes mes lieu à une fatale erreur, et Angélique fut con- » forces.

On pressa alors Mme de La Fonchais de déclarer qu'elle était enceinte, afin d'éloigner le fatal moment, lui laissant entrevoir un changement possible dans le gouvernement; mais elle refusa de faire un mensonge indigne d'elle. Toutefois, se sentant ébranlée au souvenir de ses deux enfants, elle courut à une table qui était près d'une fenêtre grillée, au fond de sa prison; là, elle écrivit deux lettres à la hâte, l'une à Me de La Fonchais, qui n'avait point d'enfants, pour lui recommander ses deux fils, et l'autre à ses sœurs, Mes de Virel et d'Allerac, qui venaient d'être acquittées. Moins malheureuses que la pauvre Angélique, elles n'avaient point de belles-sœurs portant leurs noms pour les compromettre. Nous transcrivons ici cette seconde lettre, comme un modèle de style et de sentiment.

Le 18 juin 1793.

stamment prise pour son alliée, qui avait en » Je viens d'écrire à ma belle-sœur pour lui

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