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Chalotais au rédacteur de l'Eloile, procès dont il est amplement parlé plus haut. F. S-In-r.

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ses compositions en prose et en vers, dont aucune n'avait encore paru au moment où écrivait ce biographe (1584), à l'exception de quelques poésies insérées dans le recueil de vers grecs, latins, français, italiens et espagnols, intitulé La Puce de Me Desroches. Paris, 1582, in-4°. Il ne s'agit de rien moins que de soixante sonnets amoureux ou autres, de deux églogues, un épithalame, le poème de l'Amour déplumé, etc. etc, et de diverses traductions des oraisons ou des lettres de Cicéron, du panégyrique de Trajan, d'un Dialogue de Platon, de trois traités d'Aristote, des Demandes ou questions naturelles et amoureuses de Nicolas Leonicenus, etc. Nous ne savons sur quelle autorité s'est appuyé M. de Kerdanet (Notices chronologiques, p. 97), pour lui attribuer les Questions problématiques du pourquoi d'amour, traduites de Thomæus. Paris. Alain Lotrian, 1543, in-8°. La Croix du Maine, nous l'avons vu, dit formellement qu'il n'avait publié, jusqu'en 1584, que les poésies insérées dans le recueil de la Puce. Nous ne serions pas surpris que la traduction des Questions problématiques fùt de son père, comme lui sénéchal de Hennebon et alloué de Vannes, lequel avait travaillé, ainsi que son fils, à une Généalogie de la maison de Rohan, mentionnée par le P. Albert Legrand, dans sa Vie de saint Maurice. (Vie des SS. de Bretagne). Quant aux Traités de métaphysique desmontrée selon la méthode des géomètres, 1693, in-12, dont M. de Kerdanet dit que Lacoudraie fils est auteur, nous ne les avons trouvés mentionnés nulle part.

LA CHAPPRONAYE (JEAN CHENEL, sieur de), gentilhomme breton, descendant de Jean de Beaumanoir, le héros des Trente, dont il se glorifiait de porter les armes et d'avoir le courage, n'est connu que par un ouvrage fort original, intitulé: Les Révélations de l'ermite sur l'état de la France, Paris, 1617, in-8° (fig.), rare. « Cette histoire d'où sont extraits les détails qui suivent est vérita» ble, dit La Chappronaye, encore qu'elle >> soit extraordinaire; il n'y a de changé que >> les lieux, le temps et les personnes à qui ces >> choses sont arrivées; et la forme comme ça » été est un peu déguisée pour ne pas faire » connaître celui qui a eu ces révélations. » L'auteur, naturellement enclin à la mélancolie, et ne pouvant réprimer, ni le profond chagrin, ni les accès d'humeur que lui causaient les désordres de son temps, se mit à visiter une partie de l'Europe et se rendit à Malte avec l'espoir d'y trouver à faire la course contre les Turcs. Déçu de cette espérance, il recommença ses pérégrinations, dans l'une desquelles il rencontra, assure-t-il, un ermite qui lui prédit que la France périrait si le duel n'était pas aboli. Il imagina alors, pour empêcher cette prédiction de s'accomplir, de créer un ordre de chevalerie dont tous les membres, gentilshommes braves et adroits, feraient vœu de ne jamais accepter de cartel et de poursuivre les duellistes connus. Revenu en France, il fit imprimer à Nantes, en 1614, les Statuts de cet ordre, qu'on trouve aussi à la suite des Révélations. Louis XIII, qu'il alla supplier de LACROZE (MATHURIN VEYSSIÈRE de), se déclarer le chef de l'ordre, lui conféra ver- naquit le 4 décembre 1664, à Nantes. Son balement, avec le titre de chevalier de la Ma-père, dont le vrai nom était Veyssière, et qui y deleine, l'autorisation de porter une croix é-joignait celui de Lacroze, d'une de ses promaillée de rouge, représentant d'un côté l'ef-priétés, était négociant et riche. Sa mère se figie de Saint-Louis, et de l'autre celle de nommait Jeanne de l'Attoué. A cette époque, Sainte Madeleine. C'était la marque distinctive de l'ordre dont La Chappronaye a vraisemblablement été le seul membre, bien que, dans son ardeur de prosélytisme, il eût fait au roi cette déclaration fort étrange dans la bouche d'un adversaire si opiniâtre du duel : « J'offre >> le combat contre celui qui voudra tenir le » parti du duel (seul à seul, les armes à la » main, en la place qu'il vous plaira nous or>> donner), afin de maintenir que le duel est >> une action indigne d'un homme de bien et » d'honneur, d'un fidèle Français et d'un >> homme de courage. » P. L...t.

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c'est-à-dire dans la première partie du règne de
Louis XIV, et long-temps encore après, on sou-
tenait en public des thèses latines chez les
Oratoriens, chez les Jésuites, et le public était
admis à prendre part à la discussion. Léger
Veyssière, père de notre héros, quittait sou-
vent le comptoir pour se mesurer dans ces
joûtes scientifiques, ou, comme on disait alors,
dans ces expositions. Son fils hérita de ses
gouts et en fit l'unique objet de sa vie. Elevé
dans la maison paternelle par un précepteur
nommé Joly, de l'espèce de ceux qu'Horace
flétrit par ce vers resté dans les mémoires :
Plagosus.... Orbilius,
il apprit le latin et le grec avec une rapidité
surprenante. Mais la rudesse de son précep-
teur le découragea, et, à quatorze ans, il passa
aux Antilles, ou son père faisait un commerce
étendu, comme tous les commerçants de Nan-
tes à cette époque. Lacroze y resta deux ans

et en revint en 1677. Son biographe Jordan, à la fois naïf et enthousiaste, nous apprend que les Colloques d'Erasme et le Gradus ad Parnassum étaient les livres qu'ils avaient emportés pour se distraire dans la traversée, et Lacroze avait quatorze ans ! De nos jours, le plus sévère des érudits n'aurait guère une pareille idée.

l'auteur de l'Histoire critique de la Bible contre les Bénédictins, qu'il aurait voulu faire passer pour faussaires.

Ce point semble éclairci, mais un autre qui l'est moins, c'est la part que Veyssière a prise à l'histoire de Lobineau. Il se vante, dans la lettre citée plus haut, «d'en avoir écrit et composé de sa main trois siècles. » Lobineau n'en Pendant son séjour à la Guadeloupe, La- dit rien, tandis qu'il reconnaît que D. Le Galcroze commença à déployer cette étonnante lois avait rédigé l'histoire des premiers temps faculté de linguistique qui rappelle Mithridate jusque vers le vne siècle. Faut-il encore voir et Mezzofante. Il y apprit, par la seule conver-là un silence calculé, ou bien supposer dans sation, l'anglais, l'espagnol et le portugais. Lacroze un mensonge ou une exageration? La Reste à savoir, ce que ne disent pas ses historiens, s'il les possédait en littérateur, ou s'il les écorchait en marin. Quoi qu'il en soit, Lacroze trouva à son retour la maison de son père fort ébranlée par des banqueroutes, et il quitta le commerce, dans lequel il eût peu réussi, j'imagine, pour la médecine, qui ne lui convenait pas davantage. Cet homme était fait pour la science. La congrégation de SaintMaur, où fleurissaient alors les Mabillon, les Montfaucon, et tous ces héros de l'érudition, lui tendait les bras; il entra dès 1677 chez les Bénédictins, fit son noviciat à Saint-Florent de Saumur, et passa de là à Marmoutiers puis à Saint-Vincent du Mans, où il fit son cours de théologie. En 1682, il fit profession. En 1687, il fut appelé en Bretagne, c'est lui qui nous l'apprend, dans une lettre que donne Chauffepié, par le prieur de l'abbaye de Saint-Sauveur de Redon, Dom Maur Audren, pour lui aider à travailler à l'histoire de la province. (Biog. bret., art. Audren, t. I, p. 56.)

première supposition est la plus vraisemblable. Cependant D. Audren fut nommé en 1693 abbé de Saint-Vincent du Mans, et Lacroze, que rien ne rattachait plus à sa patrie, fut appelé à Saint-Germain-des-Prés, à la mort de D. Jacques Dufriche, pour continuer, dit-il, son édition commencée de Saint-Grégoire de Nazianze. L'emploi de bibliothécaire de l'abbaye vint à vaquer; il le demanda et l'obtint. Rien ne semblait donc manquer à ses désirs; il jouissait de tout ce qui peut faire le bonheur d'un savant, une admirable bibliothèque dont il était le chef, le calme et la solitude, tous les avantages du cloître et de la grande ville, et l'estime de ses confrères. A trente-cinq ans, avec ses gouts et l'épreuve qu'il devait avoir faite de la vie monastique, il semblait qu'il eût atteint le bonheur, et c'est alors, chose étrange! qu'il abandonna tous ces avantages pour jeter honteusement sa robe monastique et aller végéter misérablement dans une ville d'Allemagne. C'est là une défection inexplicable, et C'est sans doute Lacroze qui est désigné très- dont le juste châtiment a été pour Lacroze l'exil légèrement par Lobineau dans la préface de et l'oubli, au lieu de la gloire qu'il eût certaison histoire. Après avoir parlé des quatre moi-nement acquise auprès des Mabillon, des Ruines qui furent chargés par D. Audren du tra- nart et des d'Achery. vail de dépouillement et de classement des arQuelles furent les vraies causes de son aposchives de Bretagne, il ajoute (préf., p. 3), tasie et de sa fuite? En comparant les divers << qu'ils se réunirent ensuite avec un cinquième documents contradictoires que l'on trouve à cet pour visiter celles du chasteau de Nantes et de égard, on peut croire que Lacroze eut, dès son la Chambre des comptes. » Ce cinquième est séjour en Bretagne, des velléités de changeprobablement Lacroze, qui n'est pas autrement ment de religion, provenant de la lecture des lidésigné, sans doute à cause de son apostasie vres de controversistes protestants; que sa voet du peu d'honneur qu'il faisait alors (1707), à cation n'était point la vie monastique, et que l'ordre et à la religion. Quoi qu'il en soit, La- c'était plutôt par amour de l'étude que par concroze resta six ans en Bretagne (4687-1693), viction religieuse qu'il s'y était engagé; enfin, à Redon ou dans des voyages d'investigations. que s'étant mis en opposition avec ses supéC'est dans ces voyages qu'il visita le cartulaire rieurs, et notamment avec D. Loo, prieur de de Landevennec, et Richard Simon, homme Saint-Germain, qui avaient d'ailleurs des preuparadoxal et agressif, lui prête à ce sujet (Lettres, t. IV, p. 250) une violente sortie contre ce chartrier et contre les Bénédictins ses confrères. De douze cents chartes qui lui auraient passé par les mains à Landévennec, il en aurait trouvé huit cents de fausses. » Lacroze démentit plus tard ces propos, qu'il est inutile d'ailleurs de réfuter. Lacroze avait trop de (1) On avait trouvé dans ses papiers plusieurs écrits vraie science pour faire cette injure à la vérité, anti-catholiques, notamment la traduction d'un traité de et il ne faut voir là qu'une lourde malice destillingfleet contre la transubstantiation.

ves de son indépendance religieuse (1), on parla de le condamner à la prison du couvent comme moine apostat et scandaleux. Ce dernier fait n'est rapporté comme certain par personne, pas même par le bilieux R. Simon, qui demande seulement à son correspondant de vérifier la

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certitude de ce bruit vague. Peut-être y eut-il un peu de sévérité de la part des supérieurs, quoique rien ne soit moins prouvé; mais toujours est-il qu'un savant protestant, des amis de Lacroze, chez lequel il s'était d'abord retiré, chercha lui-même à le détourner de son malheureux projet. Tout fut inutile. Cet homme n'était plus, depuis long-temps, ni moine, ni catholique; il partit de Paris déguisé, le 14 mai 1696, traversa lentement la France, et arriva à Bâle à la fin du mois. Il était sans ressources et sans protecteurs. Là, il hésita encore avant de consommer l'acte déplorable et définitif qui devait le priver de patrie et de bonheur; mais l'accueil empressé des Bernouilli, des Buxtorf et de tous les docteurs protestants de Bâle, alors en renom, lui fit oublier son passé, et il fit profession de foi calviniste dans le courant de l'année, en plein consistoire. Cependant il craignait la France et la police de Louis XIV, si vigilante, surtout depuis la révocation de l'Edit de Nantes, et, pour se cacher, il se fit immatriculer à l'Université de Bâle, sous le nom de Lejeune.

mon, dans la lettre précitée, en parle comme s'il était déjà marié. Peut-être étaient-ce des nœuds illégitimes, et verrait-on là une cause, jusqu'à présent ignorée, de sa fuite.

Deux ans après, à la fin de 1703, ou au commencement de 4704, il fut enfin nommé bibliothécaire de l'Electeur, devenu roi de Prusse, mais avec des appointements très-faibles. Il ne cessa pas pour cela de faire des éducations particulières, car il fut chargé, vers cette époque, de celle du margrave de Schwedt, qui ne fut terminée qu'en 1744. Pendant ce temps, il publiait volumes sur volumes, entretenait une vaste correspondance, et écrivait, discutait, répondait sans relâche à tous les savants de son temps. Fabricius, qu'il alla voir à Hambourg, en 1773, le P. Hardouin, qu'il tourmentait sans cesse de ses attaques, Basnage qu'il ne ménageait pas plus, quoique son co-religionnaire; jésuites, luthériens, catholiques et professeurs d'universités allemandes, tous furent, à tort ou à raison, pris à partie, loués, blâmés ou injuriés par Lacroze.

Les disputes ne l'enrichissaient toujours pas. Lacroze, jusqu'alors honoré, aimé de tous En 1714, le margrave de Schwedt le quitta et ceux qui le connaissaient, ne fit plus guère que il retomba dans la misère. Il eut recours à végéter et souffrir, et la correspondance de Leibnitz qui obtint pour lui du premier ministre Leibnitz, de Bayle, de Spanheim, de Lenfant, de Hanovre une chaire supplémentaire à l'Acade Wolf, soulagea peu sa misère et son exil démie de Helmstadt, et l'engagea à l'accepvolontaire. En septembre 1696, il quitta Bâle ter. Mais il fallait pour cela signer une proet se rendit à Berlin, où il donna, pour vivre, fession de foi luthérienne, et Lacroze était caldes leçons de français et d'italien. Mais à peine viniste; il refusa. Les instances de Leibnitz et gagnait-il du pain. Sa détresse était profonde, d'Eccard ne purent vaincre sa résistance. HeuLorsque le célèbre Spanheim lui fit promettre la reusement pour lui qu'en 1745 il gagna une place de bibliothécaire de l'électeur de Brande- somme à la loterie de Hollande. En 1747, il bourg, et accorder, en attendant, une petite eut enfin une position plus brillante il fut pension de deux cents rixdales. Les promes- nommé précepteur de la princesse royale de ses furent long-temps vaines, et sa pension Prusse, Frédérique Sophie', depuis margravine l'empêchait à peine de mourir de faim. Lacroze de Bareuth, et sœur de Frédéric II. On augpassa ainsi six ans dans la plus grande pau- menta son traitement de bibliothécaire, jusvreté; ce sont ses termes. Au surplus, des té- qu'alors plus que chétif, et, en 1724, par la moignages non suspects prouvent que les pro- protection de la reine, il fut en outre nommé testants éclairés et honnêtes avaient peu d'es-professeur de philosophie au collége protestant time pour le moine défroqué, malgré toute sa de Berlin. science, car le pauvre Veyssière savait énormément; et une lettre bien humble, qu'il écrivait en 1698 à Basnage, montre que l'hébreu, le grec, le latin, l'anglais, l'espagnol, l'italien et l'allemand, qu'il savait, ne faisaient pas sa fortune, pas plus que les ouvrages qu'il commençait, dès cette année, à publier (1).

Vers 1699, Lacroze fit la connaissance de Leibnitz et la continua, tant que vécut l'illustre philosophe, dans une correspondance étendue

que nous avons encore.

En 1702, d'après Jordan, il n'eut pas honte d'imiter Luther et d'épouser, malgré ses voeux, une protestante réfugiée. Néanmoins, R. Si

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Lacroze avait alors soixante-trois ans. Plus tranquille sur l'avenir, moins aigri par le malheur, parvenu, sans doute, à oublier ses premières années, on pourrait croire qu'il atteignit enfin une sorte de bonheur. Mais l'ancien moine, oublieux de ses serments, ne devait point en jouir loin de ses devoirs; la vieillesse et les souffrances l'assiégèrent. Il rédigea, contre ses goûts, pour répondre aux nécessités de sa place, un Cours de philosophie qui n'a jamais paru et qui est sans valeur. La perte de sa femme, en 1734, sa solitude dans ses dernières années en pays étranger, sans famille et sans amis, tout contribua à assombrir encore ses derniers jours. Il refusa tout retour à sa première foi, éconduisit le docte et pieux Bernard Pez, qui tenta, en 4734, un effort pour le faire rentrer dans le sein de l'Église, en

lui offrant la place de bibliothécaire de la riche abbaye de Gottwick, et mourut à Berlin après de longues souffrances, d'un ulcère à la jambe, le 21 mai 1739, âgé de soixante-dixsept ans et demi.

choisie de Leclerc, t. XV, p. 166. Cette réponse, ainsi que l'ouvrage lui-même, n'a presque pas de valeur, quoi qu'en dise Jordan; et Basnage nous apprend (Histoire des Juifs, préf., p. XXXVII), qu'il n'eut aucun succès. Ce sont Il faut l'avouer, pendant ses quarante der- des minuties copiées sans discernement, et asnières années surtout, Lacroze avait fait des saisonnées d'injures contre les catholiques et travaux immenses, mais mal conçus et mal les Jésuites: on y sent le moine relaps. L'hondigérés. Ses travaux sur l'histoire ecclésiasti- nête Leclerc en rougit, et dit naïvement dans que, ses polémiques religieuses, ses écrits son journal à ce sujet : « Ce que je souhaite, d'érudition protestante sont tombés dans un c'est que l'on dispute honnêtement de part et juste oubli; mais ses innombrables connais- d'autre, sans quoi je n'insérerai plus rien sances en philologie et en linguistique mérite- dans cet ouvrage. (Bibl. choisie, XV, p. 183). raient d'être mieux appréciées. Lacroze est un III. Vindicia veterum scriptorum contra Hardes polyglottes les plus remarquables qui aient duinum. Rotterdam, 1708, in-8°. Cet ouvrage jamais paru, et il faut penser à Mithridate, à contre le P. Hardouin (Voy. ce nom, Biogr. Klaproth, et au cardinal Mezzofanti, pour lui bret., t. Ier, pp. 894-898) eut le malheur de en trouver de supérieurs. Sa mémoire était n'être pas lu. tandis que ceux de Hardouin l'éprodigieuse; sa facilité extraordinaire pour l'é- taient, même en Hollande; car, comme dit tude des idiomes anciens et modernes, des fort bien Leclerc : « L'auteur (Hardouin) s'est idiomes orientaux surtout (1). Ses panégyris- fait connaître autant par ses paradoxes que tes vantent son caractère, et il eut de nom- par son savoir; mais il y a bien des gens qui breux et d'illustres amis; mais son changement aimeront mieux lire des paradoxes que les de religion est une tache à sa vie, et il n'eut écrits de ceux qui ne font que copier les auni poésie, ni grandeur dans l'âme; ce fut un tres.» (Ibid., p. 186). IV. Entretiens sur érudit étonnant, ce ne fut ni un penseur ni un divers sujets d'histoire, de littérature, de reliécrivain. gion et de critique. Cologne (Amsterdam), 1711, in-12; ibid., 1733, in-12, deux parties. I. Actes et titres de la maison de Bouillon, Dans la première se trouvent quatre entretiens Cologne (Berlin), 1698, in-12. Lacroze n'en a avec un Juif, R. Aboab, où Lacroze est trop fait que la préface et la partie qui commence souvent injurieux e puéril. Basnage s'en moà la page 113. Ce sont des remarques, payées que dans sa préface de l'Histoire des Juifs La par M. de Gaignières, contre Mabillon, Rui- seconde partie est une dissertation sur l'anart et Baluze, sur l'authenticité, contestée théisme, qui contient quelques faits curieux. par Lacroze, des actes employés par Baluze. Ce quatrième ouvrage, qui a été traduit en andans son Histoire de la maison d'Auvergne.dents. V. Histoire du Christianisme des Indes. glais, en 1712, est plus sérieux que les précéII. Dissertations historiques sur divers sujets dents. V. Histoire du Christianisme des Indes. Rotterdam, 1707, in-8°., t. I, non continué. Ce Lahaye, 1724, in-8°; ibid. 1758, 2 vol. in-12, volume contient trois dissertations: la pre-recteur de l'Université de Halberstadt, 1727, trad. en allemand et en danois, par Bohnstedt, mière soutient que le socinianisme et le mahométisme ont les mêmes principes; la se-in-8°. Lacroze estimait beaucoup ce livre, qu'il conde est intitulée Examen du nouveau sys- regardait comme son meilleur ouvrage; ce tème du P. Hardouin ce titre suffit; la troi- n'est pourtant qu'un pamphlet violent contre sième contient des Recherches sur l'Histoire du l'église catholique et les efforts des missionChristianisme dans les Indes. Lacroze ayant été attaqué sur son ouvrage par un docteur de la Sorbonne, lui répondit dans la Bibliothèque

Bibliographie de Lacroze.

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naires portugais dans les Indes. Au reste, tous les faits y sont empruntés d'un ouvrage de Geddes, sur l'Histoire ecclésiastique du Malabar, lequel n'avait fait lui-même que traduire des documents portugais. Depuis 1599, Lacroze raconte les événemeuts d'après luimême, mais comment raconte-t-il? Il y promet l'histoire générale du Christianisme en Orient;

(1) Il parlait avec facilité, dit Chauffepié (t. II, p. 178, note K), l'anglais, l'espagnol, le portugais et l'italien; il parlait moins l'allemand, qu'il entendait. Il possédait d'ailleurs les langues savantes, le grec ancien et le vulgaire, l'hébreu, l'arabe, le syriaque, le cophte, l'armé nien. Il avait appris en assez peu de temps le slavon, il n'en parut que VI. Histoire du Christial'anglo-saxon et le basque. Il s'était beaucoup appliqué nisme d'Ethiopie et d'Arménie. La Haye, 4739, au chinois, dont il avait quelque teinture. Leibnitz l'en-in-8°; faible livre entièrement oublié. VII. Abrégageait souvent à poursuivre cette étude, et se figurait par Forque la connaissance du cophte lui servirait pour celle du gé de l'Histoire universelle (continué chinois, idée maintenant reconnue entièrement fausse. mey). Gotha 1754, in-8°; —Amsterdam, 1761, Mais le chinois était encore alors lettre close en Europe, in-12. Nous le répétons, ce n'est dans aumalgré les PP. Gaubil, Verbiest, Intorcetta, etc, dont les cun de ces ouvrages, prétendus historiques, travaux étaient peu connus. De Guignes, Deshauterayes, Fourmont, sont postérieurs, mais il faut descendre jus- qu'il faut chercher le mérite de Lacroze; c'est qu'a Abel Rémusat et Klaproth pour trouver le chinois dans ses livres de philologie et de linguistique. Malheureusement, plusieurs sont encore en

reellement connu en occident.

manuscrit; le seul imprimé est le principal. [décimes du clergé du même diocèse. La RévoVIII. Lexicon ægyptiaco-latinum ex veteribus lution, qui le surprit dans ces fonctions, le fit illius linguæ monumentis summo studio collec- successivement juge au tribunal du district de tum et elaboratum, edentibus Chr. Scholtz et Quimperlé, membre de l'administration cenC. G. Woide. Oxonii, 1775, in-4°; livre pré- trale du Finistère, juge au chef-lieu du déparcieux dont la préface avait été publiée par Vol- tement, juge suppléant au tribunal civil de pretenius, en 1722, dans les Ephémérides de Bre-mière instance de Rennes, et enfin conseiller de me. De la bibliothèque de Leyde, il passa à préfecture à Quimper, quand les préfectures Oxford, ou Woide le publia, revu par Scholtz, furent créées par le premier Consul. et avec trois tables rédigées par lui. Les mots Mais tout cela n'est, à bien dire, qu'une micophtes sont interprétés en grec et en latin. nime partie de l'existence de Laennec; et, pour IX. Dictionnaire slavon-français, Ms., fini en suivre et comprendre cet esprit si vif, si enjoué, 4709. X. Dictionnaire arménien, Ms., fini en si folâtre quelquefois, si mobile et si inconstant 1712, 2 vol. in-4°. XI. Dictionnaire syriaque, toujours, il faut l'aller chercher dans ses écrits, Ms. Ces trois grands ouvrages doivent se trou- un peu dans ses excentricités, toujours dans ver à Berlin. XII. Thesaurus epistolicus Lacro- l'élan d'un cœur ardent, droit et plein de zèle zianus. Lipsiæ, 1742-1746, 3 vol. petit in-4°, pour tout ce qui souffrait. Des relations d'amipublié par Uhle, et fort intéressant. Ce vaste lié avec les descendants de cet honorable cirecueil et la correspondance de Léibnitz com-toyen nous ont mis en possession, depuis la prennent les nombreuses lettres éparses de La- mort de son illustre fils, le d' R. T. H. Laennec, croze, dont Chauffepié donne une intermina- d'une grande partie des papiers qui constible liste. XIII. Enfin des pièces et des disser- tuaient en quelque sorte la vie intellectuelle de tations que l'on trouvera toutes indiquées dans son père, et nous sommes resté souvent étonné l'ouvrage précité, et dont nous citerons pour de la féconde activité qui dévorait cet esprit fafinir une description des livres chinois de la cile et léger, si long-temps aimé de tous les bibliothèque du roi, à Berlin, et des remarques Bretons pour ses chansons, ses petits poèmes, sur un Dictionnaire chinois-espagnol, dans le ses épithalames et ses sonnets. Son esprit pét. Ir des Mémoires de l'Académie de Berlin; tillant se prenait à tout; et, en même temps que une dissertation contre D. Le Nourry, sur l'on trouve dans les innombrables feuilles où il le livre de Lactance De morte persecutorum, déposa ses pensées, des mémoires et des traidans le Journal littéraire, t. VIII, p. 4; une tés complets sur le domaine congéable, sur les dissertation sur deux lettres, en arménien, at-lois maritimes et l'ordonnance de 1684, on voit tribuées à Saint-Paul, dans le même recueil, poindre dans l'inépuisable memorandum de sa t. VIII; la défense de Ludolf contre l'abbé longue carrière, ici tout un traité d'éducation Renaudot, encore dans le Journal littéraire, en faveur de ses deux fils, qui remportaient la t. IX, p. 217; une note sur des manuscrits même année, à Paris, le prix d'honneur de littrouvés près de la mer Caspienne et un al- térature française et les doubles prix de pathophabet tangutique dans les Acta eruditorum,logie et d'anatomie à l'École de médecine; là, Leipzig. de 1722; le discours prélimi- une curieuse et intime correspondance sur les naire du Voyage littéraire de Jordan; en-habitudes et le caractère de l'aimable société fin, en manuscrit, la traduction d'un poème qui jeta ses dernières fleurs sur les années anarménien de Nersès, avec remarques, et des notes sur Aristopham et Lycophron.

Jordan, ami de Lacroze, a publié une longue Histoire de sa vie et de ses ouvrages. Amsterdam, 1744, 2 vol. in-8°. L'article de Chauffepié, remarquable sous le rapport bibliographique, est préférable. (Dict., t. II, p. 473). E. C.

LAENNEC (THEOPHILE-MARIE), né le 16 juillet 4747, à la terre de Kerlouarnec, près Douarnenez, commune de Ploaré, appartenait, du côté de sa mère, à la famille parlementaire de Huchet d'Angeville, qui fut long-temps avocat du roi au présidial de Quimper. Par son père, avocat distingué au présidial de la même ville, Laennec se trouva naturellement entraîné vers l'étude du droit, et fut reçu avocat au Parlement de Bretagne, le 18 mars 1772. Bientôt nommé lieutenant de l'amirauté à Quimper, il devint sénéchal des regaires de l'évêché en 1781, et fut, peu de temps après, receveur des

térieures à la crise de 1789; plus loin des notes, des dissertations, toute une chronique, jour par jour, heure par heure, de ce qui se passa au sein des cites bretonnes, depuis les premiers jours de la Révolution jusqu'à la terreur. Léger, prompt à tout saisir, rieur et cependant moraliste, Laënnec, dans sa correspondance, comme dans ses annotations plus calmes sur les événements, se dessine partout, en parlant de ses mariages ou de ses enfants, de ses biens mis sous le séquestre ou de ses succès au club (car il s'y éleva jusqu'à des présidences), comme l'homme le plus insouciant et le plus hardi à la fois, courant au tribunal révolutionnaire défendre une jeune femme d'émigré dont il fait sa propre compagne, et rédigeant en vers et en prose des adhésions pour les clubs qu'il anime de sa pensée, riant ainsi jusque dans le danger, et se montrant néanmoins homme de cœur et du vieux monde.

Plusieurs des écrits de Laënnec, sa corres

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