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qui ne se doutait même pas qu'il l'avait mérité par des travaux vraiment hors ligne.

social, préoccupé surtout du sort des classes
laborieuses, il répartissait aux pauvres plus du
tiers de son modeste revenu. Son esprit était
encore dans toute la force de l'intelligence.
quand, atteint d'une souffrance à laquelle il
allait succomber, il voulut se lever pour écrire
à son curé, avec lequel il bataillait parfois sur
la théologie. Une heure après, il mourait, lais-
sant dans sa ville peu de renommée, mais un
nom honoré à l'Institut et autour de lui la répu-
tation de l'homme de bien par excellence.
A. M.

ROCHE (GEOFFROY DE LA ). Voici ce qu'en dit le poème de la Bataille des Trente (voy. BEAUMANOIR):

jet depuis long-temps conçu. Son long séjour en Corse lui avait inspiré un vif attachement pour ce pays, et il avait résolu de l'éclairer sur Quoique d'une incroyable faiblesse de conses véritables intérêts, par une statistique con- stitution, Robiquet, grâce à une vie sobre et sciencieuse. Ce bel ouvrage, qui coûta à Ro- réglée, supportait encore, à l'age de 67 ans. biquet plusieurs années de travail et trois voya-dix et douze heures de travail par jour. Partages pénibles, obtint un succès bien flatteur geant son temps entre les mathématiques et pour lui. L'Institut lui décerna, en 1831, le la recherche des grands principes de l'ordre prix de statistique, fondé par M. de Monthyon Cette haute approbation ne sembla à Robiquet qu'un encouragement à persévérer dans son entreprise, et, après un nouveau voyage en Corse, il se décida à faire imprimer son immense travail, non par espoir de bénéfices, car de tels ouvrages sont très-dispendieux et se vendent peu, mais parce qu'il était convaincu qu'il rendait service à ce beau pays, retenu loin de la civilisation par la funeste passion de la vendetta. Montrer aux Corses combien de malheurs elle accumulait sur eux, et quel brillant avenir les attendait s'ils savaient s'affranchir d'une telle domination, là se bornait tout son espoir. Cette belle statistique parut, et attira à son auteur plus d'attaques haineuses que de reconnaissance. Un de ces petits journaux, qui fondent leur popularité par les plus belles flatteries à l'adresse des plus mauvaises passions, jeta à l'auteur des attaques que celui-ci, bien que cruellement éprouvé par une telle injustice, repoussa avec les armes de la persuasion. Si Robiquet vivait, il aurait la consolation de voir aujourd'hui toutes ses idées adoptées, entre autres celle qui lui faisait dire que les Corses persévéreraient dans la funeste habitude de vider par les armes et l'assassinat toutes leurs prétentions, fondées ou non, tant que le port d'armes ne viendrait pas réduire à quelques exceptions le nombre alors universel de ceux qui ne marchaient que le poignard et le fusil au poing. En effet, Robiquet prouvait aux Corses, en comparant leurs vendettes à nos duels, que si le nombre des morts en France, par suite de duel, était en proportion avec les morts de Corse, par suite de vendetta, le chiffre en serait de plus de 15,000, c'est-àdire égalerait la perte qu'une armée éprouve dans une grande bataille rangée!

121 Et Guiffrai de (la) Roche sera fait cevalier,

De Brice, son bon père, qui alla guerroier
Jusqu'en Constantinoble, pour grant honneur gaingner.

324 Mais Guiffroy de la Roche requiert chevalerie,

Un escuier moult noble de grant anchesourie, Et Beaumanoir lui donne, en nom Sainte-Marie, Et lui dit : Beau doulx fils, or', ne t'espargne mie; Membre-toy de celui qui, par cevalerie, Fut à Constantinoble, à belle compaignie, Et je jure (le) dieu qui tout en a baillie, Qu'Anglais la comperront ains l'heure de complie. Ce dernier passage suffirait pour prouver ce qu'il y avait de sentiment poétique dans ce vieil auteur inconnu, qui s'amusa à rimer le roumant de la bataille des Trente; ce qu'il y avait aussi de noblesse dans ce jeune écuyer de grant anchesourie, qui, pour hausser son courage, au moment où le chapple était horrible et dure l'estourmie, où les Bretons ont du pis, demande à son chef de le faire chevalier; quelle grandeur, enfin, dans ces paroles où Beaumanoir rappelle à Geoffroy de la Roche le souvenir des exploits de son père en Constantinoble!

Mais quel était ce père? Quel était Geoffroy Après la statistique de la Corse, Robiquet en de la Roche lui-même ? Ces questions ne sont entreprit une beaucoup plus modeste ce fut pas sans difficulté. Le poème dit : de BRICE, son celle de la paroisse Saint-Hélier, de Rennes, bon père. Or, ce nom de Brice ne se trouve dans laquelle il s'était retiré. Cette œuvre, nulle part en Bretagne, parmi les gens de grant adressée à l'Institut, y fut regardée comme un anchesourie, et ceci porterait à croire que ce véritable type du genre. Bien que sur une pe- serait ici l'une des fautes de copiste quí fourtite échelle, elle abordait les questions sociales millent dans le manuscrit. D'un autre côté, du plus haut intérêt, et surtout recherchait les l'historien d'Argentré, dans son récit de la baconditions dans lesquelles se meut la classe ou- taille des Trente, s'exprime ainsi : « Sur ce vrière et celle des cultivateurs. Aussi, quelques » Geoffroy de la Roche le pria (Beaumanoir mois après avoir reçu la Statistique de Saint-» de le faire chevalier; ce qu'il luy accorda aiHélier, l'Académie des sciences morales et » sément, l'admonestant de se porter en homme politiques élut, à l'unanimité, Robiquet comme » de valeur, et ne forligner de ses ancêtres, lui l'un de ses membres correspondants. Cet hon- » proposant les vaillances et prouesses de Mesneur vint surprendre dans sa retraite un homme » sire Budes de la Roche, son prédécesseur, qui,

» estant allé au service de l'empereur de Con- (fils de Budes de la Roche, qu'il est vraiment >>stantinople, qui faisoit lors la guerre aux Sar- inconcevable que Le Laboureur, après avoir >> razins, fist de tels exploits d'armes, qu'il en adopté ce qu'en a dit d'Argentré, ait gardé un > estoit encore mémoire et renommée, non seu- tel silence. On n'explique pas davantage com>lement par tout l'Orient, mais aussi par toute ment, dans la même généalogie, il ne cherche » la France. » Dom Lobineau reproduit ce com-pas à connaître ce Budes de la Roche, si famentaire de d'Argentre, dont il rajeunit le texte; meux par ses exploits en Orient. Si Geoffroy Dom Morice copie Lobineau. L'un et l'autre Budes est le même personnage que Geoffroy de n'hésitent pas à nommer Budes de la Roche et la Roche, il en résulte nécessairement que à le donner pour père à Geoffroy; d'où l'on peut Guillaume Budes, père de Geoffroy Budes, est induire que le copiste du poème a écrit Brice le même que Budes de la Roche, père de Géofau lieu de Budes. Pour vérifier cette filiation, froy de la Roche. Or, à l'article de Guillaume, il était naturel que nous dussions recourir à qui forme le tronc de toutes les branches Bul'histoire du maréchal de Guébriant et à la gé-des, on le donne pour « le premier dont il est néalogie de la maison de Budes, qui la suit, es-» fait mention dans les titres de la maison et pérant que, dans ce livre, où le savant Le La-» dans les Mémoires de tous les curieux de boureur a rassemblé tant de renseignements sur la province de Bretagne. » On se borne à les familles nobles de la Bretagne, nous eus-dire que « sa famille était, plusieurs siècles sions trouvé tout ce qui pouvait nous éclairer.» avant lui, des plus illustres de son pays. » Notre espoir à été trompe. Dans le chap. II de De son père, de sa mère, de ses aïeux, pas un la généalogie, intitulé: De l'Origine et de l'An- mot. On nomme seulement Jacques Budes et tiquité du nom et de la maison de Budes, nous Marguerite Budes, ses frère et sœur, avec lesne trouvons que de vagues allégations d'ancien-quels il partagea noblement. Le Laboureur ne neté, pas un nom, pas une date, une pitoyable paraît pas avoir recherché autre chose que les étymologie du nom de Budes, que l'auteur fait titres de famille du maréchal de Guébriant, et venir de Budic, enfin, une fautive citation du il faut avouer que, de son temps, les recherpassage de d'Argentré : « Le surnom de Budes, ches de ce genre n'étaient pas aussi faciles » dit-il, est dérivé d'un nom propre. Bertran qu'elles le sont aujourd'hui; mais, malgré cette » d'Argentré nous en donne un exemple au facilité, que nous offre surtout la collection des » 5e livre de son Histoire de Bretagne, sous chartes bretonnes faite par les Bénédictins, nous » l'année 1350. Il dit que l'un des trente Bre- ne pouvons encore suppléer au silence de Le >> tons qui furent choisis pour combattre contre Laboureur. A peine trouvons-nous, dans ces » les trente Anglais, ayant demandé à Jean de chartes, quelques mentions des Budes. Ainsi, » Beaumanoir, leur chef, d'estre fait chevalier en 1280, c'est Gaufridus Budes, témoin d'un » de sa main, avant le combat (c'estoit le jeune acte de vente passé entre Geoffroy de Rohan et » Geoffroy de Rochefort, escuyer), il lui ac- Pierre de Tronchasteau, tiré des archives de > corda aisément, dit-il, l'admonestant de se Blain; en 1300, c'est encore probablement le >> porter en homme de valeur et de ne forligner même Geoffroy Budes, témoin d'un acte de » de ses ancestres, lui proposant les vaillances vente passé par Eudon de Kervasic à Josselin >> et prouesses de messire Budes de la Roche, de Rohan, tiré des mêmes archives; en 1314, » son prédécesseur, qui, estant allé, etc. » In-c'est Pierre Budes, qui, au nom de Perrone, dépendamment de cette inexactitude, avant le femme de Geoffroy Cadin, appose son sceau à combat, tandis que c'est, au contraire, au plus un acte d'arrentement fait par Olivier, vicomte fort du combat que Geoffroy demande à être fait de Rohan (mêmes archives). Mais comment chevalier; indépendamment de cette faute gros-rattacher à ces deux noms le Guillaume Budes sière, changeant le nom de la Roche en celui dont nous avons parlé? de Rochefort, on est tout surpris de ne trouver Une dernière difficulté relative à notre Geofà la suite de cette citation aucun commentaire froy de la Roche, ce sont les armoiries qu'on explicatif, et, bien plus encore, lorsque, dans lui a données dans l'édition du poème des l'article généalogique consacré à Geoffroy Bu- Trente, par M. Crapelet, et que n'a pas contredes, on ne fait mention ni du surnom de la dites M. Hersart dans son édition in-folio. Elles Roche, ni du combat des Trente. Le Geoffroy sont de gueules à 3 fers de lance émoussés d'or Budes de la généalogie est qualifié chevalier, 2 et 1. D'où viennent-elles? Aurait-on essayé seigneur du Plessis-Budes; il est le second fils de rattacher à Geoffroy de la Roche la famille de Guillaume Budes, seigneur d'Uzel, et de de la Roche Saint-André, qui porte aliàs, Jeanne du Guesclin, qui vivaient en 1300. Il est d'azur à 3 fers de javelot d'argent? Mais alors, cousin-germain du connétable, avec lequel il pourquoi changer le champ et le métal? Puis, fit la campagne d'Espagne en 4366. Enfin, il est dans ce cas, il faut adopter une famille de la frère puiné du fameux Silvestre Budes. Tout Roche, en démontrer l'attache et renoncer cela s'accorde si parfaitement avec l'époque du complètement à ce que d'Argentré dit de Budes combat des Trente, avec l'ensemble des opi- de la Roche et de sa parenté avec Geoffroy. Si, nions qui donnent Geoffroy de la Roche comme au contraire, on adopte, comme je le fais, cette

dernière opinion, il faut, de toute nécessité, substituer à l'écusson admis par M. Crapelet celui des Budes d'argent au pin de sinople, cotoyé au pied de deux fleurs-de-lis de gueules. Biz....

com

pions. Lorsque Beaumanoir blessé, accablé de
fatigue, s'inquiète de la résistance obstinée des
Anglais réunis trestous en un moncel par l'intré-
pide Croquart, et craint pour l'issue du com-
bat, Geoffroy du Bouays

Noblement le conforte, comme gentil damoisel,
Et dit: Gentil baron, voyez ci Charruel,
Tinténiac le bon et Robin Raguenel,
Guillaume de la Marche et Olivier Arel,
Et GUY DE ROCHEFORT: voyez son pennoncel!
N'y a celui qui n'ait lance, espée et coutel;
Tout prêts sont d'eulx combattre, comme gentil jou.
vencel,

Encore feront eulx aux Englais doul nouvel. ›
C'est encore Rochefort, Tinténiac, Charruel
que le hardi Montauban excite à redoubler d'ef-
forts, quand il a ouvert les rangs de la phalange
anglaise :

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Trestous nos compaignons, que Dieu croisse en bontez!
Vengez-vous des Englois tout à vos volontez!

ROCHE DE KERANDRAON (FRANÇOISYVES DE LA),-né au château de Keroual, mune de Pleyber Christ, près Morlaix, le 28 novembre 1760, était issu de la famille des La Roche, seigneurs de Kervrach, qui, comme celle des La Roche- Laz, des La Roche-Trébry el des La Roche-Maroué, se dit descendre de Geoffroy de La Roche, l'un des Trente. (Voyez cidessus.) Placé en 1773 dans les pages du comte d'Artois, il en sortit, le 31 mai 1776, pour entrer dans la marine comme garde. Nommé enseigne de vaisseau en 1778, il prit part, sur la Belle- Poule, au beau combat de cette frégate contre l'Arethuse, et y eut le bras droit fracassé. Guy de Rochefort était fils de Thébaud de Après s'être fait poser un premier appareil, il re- Rochefort et de Marie de Montmorency. Sa faprit son poste, et attendit la fin du combat pour mille, qui tirait son nom du château de Rochese faire faire l'amputation du bras. Son intré-fort, au diocèse de Vannes, était des plus anpidité lui fit obtenir, quoiqu'il n'eût pas encore ciennes et des plus illustres de la province de dix-huit ans, la croix de Saint-Louis et une pen-Bretagne. Elle se fondit, le 13 février 1374, sion. De leur côté, les Etats de Bretagne, par dans celle de Rieux, par le mariage de Jeanne une délibération spéciale du 14 décembre 4778, de Rochefort, fille et héritière de Guillaume et lui accordèrent de siéger, avant l'âge, dans leurs de Jeanne, baronne d'Ancenis, avec Jean II assemblées, avec voix délibérative. Il continua de Rieux. On s'étonne de ne pas trouver impride servir avec distinction pendant la guerre d'A-mée une généalogie de la maison de Rochefort; mérique, et prit part, sur le vaisseau le Jason, commandé par M. de la Clocheterie, aux combats livrés par MM. de Ternay et des Touches aux Bermudes et à la Chesapeack, ainsi qu'aux trois combats de Saint-Christophe. Lieutenant de vaisseau depuis 4786, il était employé comme Nous n'avons pas de renseignements sur la major de la station des Iles-du-Vent, lorsqu'en carrière militaire de Guy de Rochefort, depuis 1789 il parvint à sauver, et à mettre en sûreté le combat des Trente jusqu'en 1372. On doit à bord du vaisseau l'Illustre, plusieurs habi- croire qu'à la suite de la bataille d'Auray, il s'étants de la Martinique dont les factieux vou-tait rallié à Jean de Montfort, puisqu'en cette laient s'emparer. Ayant émigré, à son retour, même année, celui-ci l'envoie en France comil rejoignit le corps de la marine dans les Pays-me ambassadeur. Depuis lors jusqu'à sa mort, Bas, et fit avec lui, en 1792, la campagne des il ne cessa de faire partie du conseil du duc, et princes. Nommé ensuite capitaine au régiment prit part à tous les actes importants de ce rèdes Dresnay, à la solde de l'Angleterre, et destiné pour Quibéron, il remplit alors plusieurs missions périlleuses en France et en Angleterre. Rentré en France à la réforme de son régiment, il rejoignit les bandes de Cadoudal, et combattit avec elles jusqu'au moment où, par suite de la pacification de la Vendée, il fut déporté, comme émigré, à la Nouvelle-Angleterre. Rappelé à l'activité, en qualité de capitaine de vais seau, le 31 décembre 1814, il fut admis à la retraite en 1847, et décoré, l'année suivante, du cordon rouge. Il est mort à Morlaix en 1822.

P. L...t.

ROCHEFORT (GUY DE). — Il fut le second des chevaliers que choisit Beaumanoir pour le combat des Trente. (Voyez BEAUMANOIR.) Le poème le signale parmi les plus redoutables cham

mais ceci s'explique par la fusion que nous venons d'indiquer; puis enfin le temps des généalogies historiques, ce précieux auxiliaire des recherches savantes et sérieuses, n'était pas encore venu.

gne. Son nom se trouve pour la dernière fois dans le traité passé devant le roi Charles VI. le 26 janvier 1391 (1392), entre le duc Jean IV et le connétable de Clisson. Il s'agissait de parfaire le paiement de la somme de 400,000 fr.. si traîtreusement imposée au connétable, après le làche guet-à-pens du château de l'Hermine, et sur laquelle 801000 fr. restaient à payer. Clisson fut cautionné par les plus grands seigneurs de Bretagne, Guy de Laval, Charles de Chasteaubriant, Raoul de Montfort, Jean de Malestroit, Geffroy de Quintin, Guillaume de Montauban, Bertrand Goïon, Jean de Coëtquen. Jean de Maure, Guy de Molac, etc. Guy de Rochefort se fit porter pour 3,000 fr. La date de sa mort nous est indiquée dans l'une des trois années qui suivirent ce traité par le testament de Jean ler, vicomte de Rohan, rapporté le 24 fé

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vrier 1395 (1396), et contenant cette disposi- | du vaisseau l'Union, qui portait au Maroc M. de tion: «Item, je vueil et ordienne que mon ser-Breugnon, ambassadeur extraordinaire, et M. de »vice soit fait tel et en la manière comme fut Chénier, chargé d'affaires en ce pays. Secondé > fait celi de mons. Guyon de Rochefort, mon par M. de Trémergat, savant officier de ma» oncle. » BIZ... rine, il expérimenta, pendant la traversée, la méthode de calculer les distances de la lune au ROCHON (ALEXIS-MARIE de), -second fils soleil, proposée par Kepler et adoptée ensuite de messire Pierre Rochon de Fournoux et de par Halley et Lacaille. A ce mode de détermiMarie-Joséphine-Michelle de Rosonet, naquit, nation des longitudes, il joignit un certain nomle 24 février 1741, à Brest, où son père, chevalier bre d'observations de distances, qu'il fut forcé de Saint-Louis, était aide-major de la ville et de calculer d'après des méthodes directes, et en du château, sous les ordres du baron Alexis de cherchant le lieu de la lune par les tables de Coetmen, qu'il remplaça en 1744. Son frère aîné Mayer. La méthode de calcul dont il se servit embrassa l'état militaire, et il était général de est exposée dans son Mémoire sur le pilotage brigade lorsqu'il mourut commandant en Corse, et dans la Manière de se servir des tables, etc., au mois de ventôse an IV (1796). Quant à lui, insérés, comme les quatre mémoires précéil fut, selon l'usage, destiné à la carrière ecclé-dents, dans ses Opuscules mathématiques. (Pl.) siastique, et pourvu même, par la protection Brest, Romain Malassis, 1768, in-8°. Les de la duchesse d'Anville et du duc de la Roche-moyens qu'il avait employés pour déterminer foucauld, son fils. du prieuré de Saint-Martin- les longitudes consistaient à maintenir la plala-Garenne, près Mantes, ce qui lui fit donner, jusqu'à la Révolution, le titre d'abbé, bien qu'il n'eut jamais été que clerc tonsuré et n'eût contracté aucun engagement religieux.

nète de Jupiter, malgré l'agitation du vaisseau, dans le champ d'une lunette achromatique d'un pouvoir amplifiant considérable, en se servant d'un verre convexe de quatre pouces de Elevé dans un port de mer, en contact dès diamètre et d'un pied de foyer, qui dessinait son enfance avec des marins et des voyageurs. l'image de la planète sur un verre légèrement il puisa, dans ses relations avec eux, le goût des dépoli. Mais si le résultat obtenu était prompt, il excursions lointaines. L'étude des sciences phy- était loin d'être sûr, parce qu'il employait une siques et mathématiques, à laquelle il se con- chaise suspendue comme la lampe de Cardan. sacra ensuite tout entier, acheva de le détour-chaise qui, par son extrême mobilité, se prêtait ner de prendre les ordres, et l'empêcha ainsi à tous les mouvements de l'observateur, à qui de profiter des avantages dont il avait la brillante perspective, puisque son abbaye de SaintMartin-la-Garenne était, à elle seule, un bénéfice de quinze mille livres de rentes.

elle faisait perdre l'équilibre, et par suite la vue de la planète, en raison des variations du vent et des manoeuvres qu'elles commandaient. Aussi Rochon, après des essais renouvelés à diverses Ses connaissances en physique se développè- reprises, semble-t-il avoir abandonné ce mode rent avec tant de promptitude et de sûreté que, d'observation, dont il ne parle que fugitivement dès le mois de février 1766 (il n'avait encore dans son Mémoire sur l'astronomie nautique, que vingt-cinq ans), il soumit à l'Académie des lu à l'Institut le 1er ventôse an VI. Aux expé Sciences un Mémoire sur les moyens de per-riences qu'il fit, soit pendant la traversée, soit fectionner les instruments d'optique, et, au pendant les relâches de l'Union à Cadix et à Mamois de novembre suivant, celui qui a pour titre: roc, s'ajouta une correspondance fort intéresMémoire sur un moyen d'observer facilement sante qu'il entretint avec le savant Don George en mer les satellites de Jupiter. A ces deux mé- de Ulloa, alors ambassadeur d'Espagne à Mamoires se joignirent bientôt deux autres, l'un roc. Sur les moyens de rendre l'héliomètre de M. Bouquer propre à mesurer des angles considérables, afin de faciliter les observations de distances d'étoiles à la lune; l'autre Sur la détermination des longitudes en mer par les observations astronomiques (1). L'approbation que l'Académie donna à ces quatre mémoires, et le choix qu'elle fit de leur auteur pour correspondant, furent sanctionnés par le ministre Berryer, qui nomma Rochon garde des instruments astronomiques et de la bibliothèque de l'Académie la marine. Ce fut comme astronome qu'il fit, en 1767, la campagne

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Presque aussitôt après le retour de l'Union en France, Rochon fit une nouvelle campagne sur la flûte la Normande, commandée par son parent et ami M. de Lanuguy Tromelin. Partie du Port-Louis le 19 mars 1768, la Normande relâcha à Cadix et à Ténériffe, détermina ou corrigea, chemin faisant, un grand nombre de relèvements, signala des dangers ou écueils omis sur les cartes, doubla le cap de BonneEspérance, et mouilla le 3 juillet au Port-Louis (Ile-de-France). La saison étant trop avancée pour que Rochon pùt accomplir cette année sa mission, consistant à reconnaître les îles et les de France et de Bourbon, il se borna à déterécueils qui séparent les côtes de l'Inde des iles miner, à deux reprises, la position de Madagascar, d'où, conformément aux désirs de Poivre,

intendant de l'Ile-de-France, il rapporta des vé

pourrait suivre pour aller de l'Ile-de-France gétaux d'une grande utilité pour cette colonie, dans l'Inde, l'une dans la mousson favorable, en même temps que des minéraux précieux, l'autre dans la mousson contraire, tout en faiparmi lesquels il ne faut pas oublier les cris-sant observer qu'elles ne pourraient être adoptaux, dont il fit déposer un très-beau morceau tées avec sécurité que quand on aurait déterde vingt livres au Jardin du Roi, cristaux dont l'emploi dans les instruments d'optique devait, plus tard, lui suggérer tant de travaux.

chon, à déclarer que ses observations étaient très-utiles, qu'elles lui méritaient la reconnaissance des marins, et qu'elles étaient dignes d'être rendues publiques.

miné astronomiquement la position des écueils qui les sillonnent, ou que quand on les aurait plusieurs fois parcourues avec précaution. La A son retour de sa seconde exploration de Ma- seconde partie contient le détail des rectificadagascar, il s'embarqua, au mois de mai 1769, tions à faire aux cartes du Neptune Oriental sur la corvette l'Heure-du-Berger, commandée de D'Après de Mannevillette. Le nombre et par le chevalier Grenier, qui avait demandé, dès l'importance de ces rectifications conduisirent le mois d'octobre 1767, que Rochon fùt em- MM. de Trémergat et de Tromelin, commisbarqué sur son bâtiment, pour faire, conjointe- saires chargés par l'Académie royale de la mament avec lui, des observations et des découver-rine de lui faire un rapport sur le travail de Rotes, reconnaître les dangers existants dans les mers voisines de l'Ile-de-France, et rechercher, la route la plus directe, la plus courte par conséquent, de cette colonie à la côte de Coromandel. Forcé de partir, en 1767, sans attendre Par suite de ces conclusions, M. le duc de Rochon, M. Grenier ne put opérer avec lui qu'à Praslin, ministre de la marine, demanda (13 son retour de Madagascar. L'Heure-du-Berger mai 1770) communication du mémoire de Roayant appareillé de l'Ile-de-France, le 30 mai chon. Il lui avait été adressé, ainsi qu'à l'Aca1769, avec sa conserve le Vert-Galant, ces démie des sciences, lorsque M. Grenier lut, à deux navires explorèrent l'Archipel au nord de son tour, à l'Académie de la marine, le 16 août cette colonie, et Rochon détermina ou rectifia suivant, un mémoire détaillé de sa campagne, la majeure partie des positions assignées sur les dans lequel il traçait la route nouvelle et abrécartes de D'Après de Mannevillette aux îles et gée de Bourbon et de l'Ile-de-France à la côte écueils de cet archipel. La précision des travaux de Coromandel. Quoiqu'il différât, à certains géographiques et astronomiques accomplis dans égards, d'opinion avec Rochon, et qu'il eût cette campagne eut pour double résultat d'in-joint à son mémoire une lettre où il répondait diquer les moyens de considérablement abréger avec l'expression du mécontentement à celui et de rendre plus sûre la navigation de cet ar- que ce dernier avait communiqué aux admichipel, résultat proclamé par Suffren, qui n'hé-nistrateurs de l'Ile-de-France, le jugement sita pas à déclarer, plus tard, qu'il devait en de l'Académie aurait vraisemblablement prépartie le succès de sa glorieuse campagne de venu tous débats entre, eux si des incidents 1781 à ce qu'il avait pu suivre, à contre-inattendus n'étaient venus les provoquer et leur mousson, la route tracée par MM. Grenier et donner un fâcheux caractère d'acrimonie. Rochon. L'abbé Terray, successeur de M. de Praslin, Arrivé à l'Ile-de-France, le 6 octobre 1769, avait demandé à Rochon, le 27 février 1771, Rochon, qui ne partageait pas sur tous les points son avis sur les inconvénients qu'il y aurait à les opinions de M. Grenier, crut devoir soumet-ce qu'une escadre suivît la route indiquée par tre aux administrateurs de la colonie un mé- M. Grenier. Rochon répondit par une lettre, ou moire où il déduisait les causes de ses dissen-plutôt par un mémoire détaillé dans lequel, tout timents. Revenu en France, au mois d'avril en reconnaissant que cette route était la plus 1770, sur le Vilvant, qu'il avait préservé, le naturelle, puisqu'elle était la plus directe, il 19 mars, d'une perte presque inévitable, au moment où, à la suite d'une effroyable tempête, il allait donner sur les écueils connus sous le nom de Rose-la-Chapelle, il adressa presque simultanément à l'Académie des sciences et à celle de la marine une copie de ce mémoire, sous le titre de Mémoire des observations que j'ai fait (sic), soit à terre, soit à la mer, pendant le cours de la campagne que j'ai fait (sic) sur la corvette l'HEURE-DU-BERGER, commandée par M. le chevalier Grenier, enseigne du vaisseau du roi, manuscrit de 56 pages in-fo. reproduit par Rochon, pages 58-113 de ses Voyages à Madagascar et aux Indes-Orientales. Ce mémoire se divise en deux parties dans la première, Rochon indique deux routes que l'on

exprimait le doute qu'elle fût praticable, surtout pour une escadre, parce qu'il y avait, à ses yeux, une grande imprudence à la faire passer à travers des écueils aussi prolongés et aussi périlleux que les bancs de Nazareth, qu'elle devait nécessairement franchir, et que, pour le faire, elle serait obligée de louvoyer entre ces écueils par les vents variables qui règnent d'octobre en avril dans ces parages. A l'appui de cette opinion, il invoquait l'exemple de plusieurs navigateurs, des Portugais surtout, qui, après avoir primitivement suivi la route proposée par M. Grenier, lui avaient préféré depuis un chemin plus long, mais plus sûr.

Frappé de la gravité des objections de Rochon, et adhérant d'ailleurs à sa demande, le

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