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sons, ils se ruèrent sur la cathédrale, où s'était | campagne au printemps de 844. Nominoë s'a entassée la majeure partie de la population. vança jusqu'au Mans, et Lambert jusqu'à AnPendant que les assiégés consternés ne se dé-gers. Mais une nouvelle. descente des pirates fendent que par leurs prières, les Barbares en-normands sur les côtes de Bretagne arrêta foncent les portes, entrent par les fenêtres, Nominoë dans sa course triomphale. Rentré tombent, l'épée à la main, sur la foule qui en- à marches forcées dans ses Etats, il livra coup tend l'office divin. égorgent à l'autel l'évêque sur coup aux Barbares trois batailles malheuGahard, et ne font de quartier qu'à quelques reuses, et, désespérant de les vaincre, il acheta jeunes gens robustes dont ils voulaient probable-leur éloignement à force de présents. ment recruter leurs bandes. Chargés de butin. Plus heureux, Lambert remportait victoires ils se rembarquèrent le soir même, et réunis à sur victoires. Charles s'en émut; mais, imd'autres pirates de leur nation, ils allèrent dé-puissant à venger ses partisans, il se borna à vaster les territoires de Mauges, d'Herbauges déclarer à Nominoë que, s'il ne rentrait dans et de Tiffauges, puis, de là, piller et brûler les le devoir, il viendrait, l'année suivante, l'attamonastères de Saint-Ermeland, de Vertou et quer avec toutes les forces de l'empire. Nomide Déas, aujourd'hui Saint-Philbert-de-Grand-noë, se riant de cette menace, passa la Loire, Lieu. Enfin, après dix jours de massacres et entra dans le Poitou et promena partout le fer d'incendies, ils regagnèrent leur repaire de l'île et la flamme. n'épargnant que les églises et d'Her (Noirmoutiers), où, ne pouvant s'accor- les monastères. Dans un pèlerinage qu'il fit à der sur le partage du butin, ils s'entre égor- l'abbaye de Saint-Florent-de-Gonne, en grande gèrent. vénération dans le pays, il se montra plein Lambert, qui s'était bien gardé d'accom-d'égards pour les moines. Toutefois, comme pagner les Normands, reparut dès qu'ils se il les savait dévoués aux rois carolingiens. furent éloignés, et reprit sans obstacle possession de la ville consternée et dépourvue de tout moyen de défense. Toutefois, instruit par l'expérience, il s'appuya sur une forte garnison, et, pour s'assurer d'utiles adhérents, il distribua à trois de ses lieutenants les fiefs d'Herbauges, de Tiffauges et de Mauges.

qui les avaient enrichis, il les contraignit à placer, sur le faîte de leur abbaye, sa statue, le visage tourné vers la France. Informé de cette bravade, Charles y répondit en ordonnant de jeter bas la statue du prince breton et d'y substituer la sienne, qui regarderait la Bretagne. Les moines se disposaient à exécuter cet ordre, lorsque Nominoë revint sur ses pas. Irrité de la déférence des moines, il les en punit en pillant et brûlant leur abbaye. C'est ainsi qu'il se préparait à recevoir le roi, s'il osait venir.

Pendant ces événements, Nominoë poursuivait la réalisation de ses projets. Spectateur indifférent de tout ce qui se passait dans le comté nantais, il savait bien que, quoi qu'il arrivât, l'avantage définitif serait pour lui. La défaite de Lambert l'eût débarrassé d'un rival Charles vint en effet l'année suivante. Entré gênant dans l'avenir; sa restauration amassait en Bretagne, au mois de novembre 845, à la contre lui un redoublement de haine sous le-tête d'une armée de Franks et de Saxons, il quel il devait succomber tôt ou tard. Nominoë rencontra Nominoë qui l'attendait de pied était donc resté neutre entre les Nantais et Lambert; et, travaillant pour son propre compte, il avait fait la conquête de la plus grande partie du comté de Rennes, conquête d'autant plus facile que Charles-le-Chauve, occupé au loin à combattre son neveu Pépin, ne pouvait songer à arrêter les Bretons. Mais, après le traité de Verdun, qui partagea l'empire entre lui et son compétiteur. Charles rassembla une armée et la conduisit jusqu'à Rennes. Comme on était au mois de novembre, le mauvais temps l'obligea à rétrograder après quelques

ravages.

ferme. La bataille se livra dans une plaine marécageuse. près du monastère de Ballon. Elle dura deux jours. La tactique des Bretons l'emporta sur celle de l'armée royale, qui fut presque anéantie; ce qu'il en restait tomba au pouvoir des vainqueurs, qui, s'emparant du camp ennemi, lâchement abandonné par Charles, y recueillirent un butin considérable et un matériel de guerre important.

Cette victoire, par l'étendue et la stabilité qu'elle assura à l'autorité de Nominoë, a conduit à croire qu'il se fit dès lors appeler roi. Quoiqu'il soit plus vraisemblable qu'il ne prit Un motif plus sérieux que cette insignifiante ce titre que trois ans plus tard, il en avait réelexpédition détermina Nominoë et Lambert à lement la puissance; et, assez fort désormais faire cause commune. L'un et l'autre étaient pour se passer de Lambert, il tenait peu à son mécontents du choix que Charles-le-Chauve alliance; aussi Actard n'eut-il pas grande peine avait fait d'Actard pour successeur de l'évêque à le décider à rompre avec le comte de Nantes. Gahard. D'origine franke, croit-on, le nouveau Les habitants de cette ville étaient irrités conprélat était un homme habile et dévoué au roi tre Lambert, auquel ils étaient fondés à reprode France. A ce double titre, le prince breton cher de graves atteintes à leurs droits et franet le comte de Nantes redoutaient sa vigilance.chises. Actard, qui avait à articuler des griefs Afin d'en prévenir les effets, ils entrèrent en semblables, alla trouver Charles-le-Chauve, et,

se faisant l'interprète du mécontentement gé-| néral, il lui exposa que le comte des Marches tirait sa principale force de son alliance avec le prince breton, et que, si on les détachait l'un de l'autre, on aurait facilement raison du premier. Le roi suivit sans peine des conseils qui entraient si bien dans ses vues, et comme il fallait, avant tout, rendre Lambert suspect à son protecteur, Charles ne crut pouvoir mieux choisir pour cette négociation délicate que celui-là même qui en avait eu l'idée. En conséquence, Actard se rendit auprès de Nominoë, et, appuyé par les seigneurs bretons, il lui représenta Lambert comme un perfide qui le trahissait pour regagner les bonnes grâces de Charles-le-Chauve. Furieux, Nominoë manda à Lambert que, s'il ne laissait en paix la ville et l'église de Nantes, il marcherait contre lui avec toutes les forces de la Bretagne. Hors d'état de résister à un tel adversaire, qu'il savait bien ne pas menacer en vain, Lambert se hâta d'évacuer Nantes, et, après s'être d'abord retiré et fortifié à Craon, il se rendit maître de tout le pays, depuis cette ville jusqu'à la Loire.

douteux quand on réfléchit que, dans le premier synode, comme devant le Pape, les évêques avaient fait les aveux qu'ils renouvelèrent à Coët-Louh.

Ainsi délivré de ceux qui lui faisaient obstacle, Nominoë leur nomma lui-même des successeurs. Il fit plus s'appuyant, d'une part. sur ce que le métropolitain de Tours n'avait point participé à la nomination des premiers évêques bretons, et d'un autre côté, sur ce que plusieurs d'entre eux avaient été institués par saint Samson, soit comme archevêque de Dol, soit comme délégué par Judwal, il rétablit le siège épiscopal de Tréguier, fonda celui de Saint-Brieuc, et fit de celui de Dol une métropole, dont le titulaire lui témoigna sa reconnaissance en le sacrant. Actard ayant refusé d'assister à cette cérémonie, le nouveau roi entra dans le comté nantais, et plaça Gislard sur le siège du prélat opposant. Čette nouvelle infraction aux lois canoniques détermina le clergé gallo-franck à se réunir en concile, à Tours, où leur audacieux violateur fut menacé des foudres de l'Eglise. Prétextant que ce conC'est alors (848) que Nominoë, à l'exemple cile avait agi sous l'influence de Charles-ledes fondateurs de dynasties de tous les temps. Chauve, Nominoë envahit l'Anjou, ravagea cette songea à faire sanctionner, par une consécra- province, s'empara de sa capitale, et, se portion religieuse, les droits qu'il s'était acquis, en tant sur Rennes et Nantes, il reprit ces deux affranchissant son pays, à ceindre la couronne villes tombées au pouvoir de Charles, qui s'éroyale. L'entreprise était hardie et difficile. Il tait éloigné, y laissant de fortes garnisons. fallait s'attendre à l'opposition des évêques de Lambert, avec qui il avait renoué, et qui l'ala province. Les uns, devant leurs siéges aux vait aidé à reprendre les deux dernières villes, rois carolingiens, ne voudraient pas s'exposer l'accompagna ensuite à la conquête du Mans. au courroux de Charles; les autres avaient reçu De tels succès alarmèrent Charles. Résolu à l'investiture de leur métropolitain, l'archevêque opposer une barrière efficace aux envahissede Tours, qui ne seconderait jamais les préten-ments du prince breton, il confia à Robert-letions de Nominoë. Le prince breton brisa tous ces obstacles. Feignant de partager le zèle que déployait Conwoyon pour le rétablissement de la discipline, il traduisit devant un synode, sous l'accusation du fait de simonie, plusieurs des prélats récalcitrants qui s'en étaient rendus coupables. Nous avons déjà fait connaitre (Biographie bretonne, t. I, p. 444) les divers incidents de cette procédure, et la part qu'y prit Conwoyon en allant, avec les évêques de Vannes et de Quimper, soutenir devant le Pape l'accusation intentée aux prélats simoniaques. Le Souverain Pontife se borna, on le sait, à engager Nominoë à traduire les accusés devant le métropolitain de Tours, assisté du nombre voulu d'évêques pour que les coupables, s'ils étaient reconnus tels, fussent déposes. S'inquiétant peu s'il empiétait sur les attributions du pouvoir spirituel, et s'il ne s'exposait pas à faire naître un schisme funeste, Nominoë convoqua à son château de Coët - Louh les évêques, abbés et seigneurs dévoués à sa cause, et là, les accusés déposèrent eux-mêmes les insignes de leur dignité. Des témoins gagnés à prix d'argent les auraient faussement accusés, si l'on devait en croire la Chronique de Nantes. Le fait semble

Fort le gouvernement des provinces situées entre la Seine et la Loire. Désespérant de rompre cette barrière, Nominoë ne songea plus qu'à jouir en paix du fruit de ses travaux. D'autres pensées que celles des conquêtes l'assiégeaient d'ailleurs. Tourmenté par le souvenir de la destruction de Saint-Florent, peut-être aussi par celui de ses récentes infractions aux lois constitutives de l'Eglise, il cherchait à expier ses fautes par des dons à l'abbaye incendiée et par la fondation du monastère de Lehon. Toutefois, son ardeur guerrière n'était pas tellement éteinte que la moindre étincelle ne suffit pour la ranimer. Lambert le savait; aussi n'eut-il pas grand'peine à lui faire reprendre les armes lorsqu'il voulut délivrer son frère Garnier, prisonnier de Charles-le-Chauve. Il lui représenta qu'il terminait mal une vie glorieuse; qu'on dirait qu'il craignait les Franks; qu'un seul homme aurait arrêté les Bretons; qu'enfin ses peuples s'amollissaient dans l'oisiveté, et qu'inhabiles à faire de nouvelles conquêtes, ils pourraient même ne plus savoir conserver les anciennes. Entraîné par son astucieux allié. No-minoë se joignit à lui. Ils traversèrent l'Anjou et s'avancèrent jusqu'à Vendôme. Ils allaient

Si les moyens que Nominoë employa pour affranchir son pays ne peuvent tous être avoués par une conscience droite; si son ambition, brisant tous les obstacles, ne s'arrêta pas devant des barrières qui devaient rester en dehors de ses atteintes, on ne peut néanmoins se défendre d'admiration pour l'homme dont la valeur, unie à un génie fécond, patient et persévérant, constitua sur des bases solides la nationalité bretonne en faisant de la péninsule armoricaine un Etat compacte et homogène, dont il recula les frontières jusqu'à l'Anjou, au Maine et à la Normandie (1). P. L....t.

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entrer dans le pays chartrain, lorsque Nomi- tion sur Corseult et les Curiosolites; noë tomba malade et mourut au bout de trois tice sur M. Toudic; Notice sur un menhir jours (851), laissant le commandement de l'ar-des environs de Saint-Brieuc, appelé la Rochemée à Lambert, qui fut obligé de se replier Longue; - Mémoire sur un monument celtique sur la Bretagne, et qui, abandonné par Eris- du département d'Ille-et-Vilaine, appelé la poé, fils et successeur de Nominoë, périt lui- Roche-aux-Fées; - Statistique de la Loiremême, le 1er mai de l'année suivante, dans Inférieure. Il publia ensuite son Voyage au une embuscade que lui avait tendue Gauzbert, Mont-Saint-Michel, au Mont-Dol et à la Rochecomte du Mans. aux-Fées. Paris, Alexandre Johanneau, 1844, in-12. Ce voyage, élégamment écrit sous forme de lettres, s'applique à la partie nord-est du département d'Ille-et-Vilaine. Les descriptions qu'il contient des lieux ou des monuments observés par l'auteur, sont accompagnées de détails historiques qui se font lire avec plaisir, mais qui parfois sont superficiels ou d'une exactitude contestable. Les mêmes reproches peuvent s'adresser aux articles que Denoüal inséra, sur des personnages bretons, dans les huit premiers volumes de la Biographie universelle. Ils laissaient tellement à désirer, que la Biographie elle-même, dans l'article qu'elle a consacré à son collaborateur, t. XXI, p. 409, NOUAL DE LA HOUSSAYE (ALEXANDRE), n'a pu se dispenser de le reconnaitre avec né à Rennes, le 11 novembre 1778, appar-toute la courtoisie possible. tenait à la famille Denoüal, dont le nom s'orthographiait ainsi dans des actes et des titres des xive et xve siècles, et qui, n'ayant pu produire les titres exigés par la réformation de 1668, avait été déboutée ou s'était désistée. Depuis deux ou trois générations, elle avait pris l'habitude de diviser son nom. Venu à Paris pour complèter ses études, que les malheurs du temps ne lui avaient pas permis de rendre aussi solides qu'il eût été à désirer, il atténua les effets de leur insuffisance par beaucoup de travail. Ses études terminées, il fit son droit, fut reçu avocat, et ne tarda pas à être nommé chef du bureau de la justice criminelle, au ministère de la justice. Quoique très-occupé par ces fonctions, il trouva moyen de se livrer à des études littéraires et historiques qui eurent principalement la Bretagne pour objet. Son début fut l'Eloge de Duclos, dont nous avons parlé précédemment (voy. Biog. bret.. t. Ier. p. 585). Admis à l'Académie celtique, lors de sa fondation, il concourut à ses travaux par plusieurs articles insérés dans les Mémoires de cette Société, sous les titres de Disserta

Ce qu'elle a dit de l'article d'Argentré, elle aurait pu l'étendre à ceux de Bigotière. Boisgelin, Bouchart, Brigant, et à d'autres que nous omettons. Tous accusent très-peu de science et d'esprit de critique. Denoüal avait consacré, dans le même recueil, quelques notices à des princes moldaves ou valaques, notices dont il avait puisé les éléments dans une Histoire de la Valachie et de la Moldavie, pour la composition de laquelle il avait réuni de nombreux matériaux dont le sort est ignoré. Peut-être leur détenteur ne leur a-t-il pas assigné une grande importance; c'est ce qu'on serait fondé à penser d'après quelques passages de la notice de M. Paganel sur Denoüal, insérée dans le t. II, p. 49-51 des Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France. On y voit que Denoüal, qui remaniait sans cesse ses ouvrages et subordonnait leur publication aux conseils de ses amis, avait confié le manuscrit de son Histoire de la Moldavie à M. Paganel, en le priant de l'examiner avec toute la sévérité dont il le croyait capable, et en lui faisant connaître qu'au besoin il était décidé à un entier sacrifice. Après un long examen, ajoute (1) Avant Nominoë, l'occupation, la domination bre-» M. Paganel, je lui rendis son manuscrit coutonne etait restreinte par une ligne allant de l'embou-» vert d'observations, de corrections et de raoriental, entre Vannes et la Vilaine, était un territoire » tures. J'avais bien jugé notre confrère, car il contesté, et dominé par les Franks plutôt que par les remit aussitôt son ouvrage sur le métier. » Bretons; Nominoë bretonisa définitivement ce canton et Denoüal n'avait pas dû avancer beaucoup son adjoignit à la domination bretonne les pays de Rennes, nouveau travail, car, peu de jours après qu'il de Nantes, de Retz, et la partie occidentale de l'Anjou. Mais la plus grande gloire de Nominoë est peut-être d'a- s'y était remis, les progrès d'une affection pulvoir fondé le premier, d'une manière solide, chez les monaire qui avait pris sa source dans sa faible Bretons d'Armorique, l'unité du commandement et de la complexion et s'était développée sous l'inroyauté, et par là. l'unité de la nation; d'avoir substi-fluence de son assiduité au travail et à ses detué une véritabe monarchie a la confédération des diverses petites principautés respectivement souveraines voirs publics. lui firent désirer de respirer l'air jusqu'à lui. A. L. B. natal. Parti de Paris, le 23 mai 1812, malgré

chure du Coěsnon à la ville de Vannes; le Vannetais

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les instances de son médecin et de ses amis. Iniste, et que ses opinions. plus que sa conil arriva à Rennes le 25, à sept heures du soir; duite, l'avaient desservi auprès de Mgr de La trois heures après, il avait cessé de vivre. Si le Barre; mais, si l'on se reporte à ses ouvrages. talent n'était pas chez lui au niveau de la con- dont un surtout est écrit contre Jansénius et science, peut-être la cause en doit-elle être les Arnaldistes, on ne peut se ranger à cet attribuée au perpétuel état de langueur auquel avis (1). Quoi qu'il en soit, Noulleau, interdit il était condamné; - par compensation, il ne en 1654, en appela à l'autorité supérieure et ne laissait rien à désirer sous le rapport des qua- fut pas écouté; il écrivit alors sur des sujets lités du cœur et du caractère. Franc, loyal, gé- ascétiques, et redoubla de ferveur et d'austénéreux, affable, modeste, il s'est peint lui- rité, au point qu'il se faisait donner la discimême dans son testament renfermant diverses pline par son domestique. Sur la fin de sa vie, dispositions en faveur des pauvres, des hôpi-il se retira sur un rocher escarpé, et tous les taux et des familles de marins détenus en An-jours, pendant trois ans, il fit sept lieues pour gleterre, ainsi que dans son épitaphe composée dire la messe à Saint-Quay, dans le diocèse de par lui-même en ces termes : Ci git de Noual Dol, aujourd'hui de Saint-Brieuc. Il mourut en de la Houssaye. Ses amis étaient de sa fa-1672. Parmi ses nombreux ouvrages, aujourmille; il aima sa famille et ses amis. » d'hui oubliés, nous distinguerons: I. Politique chrétienne dans les exercices de piété de Mgr le Dauphin. Paris, Alliot et Gaillard, 1665. II. NOULLEAU (JEAN-BAPTISTE), naquit à Pratique de l'oraison. Saint-Brieuc, Doublet, Saint-Brieuc, le 24 juin 1604, d'une bonne fa-1645, in-4°. III. Conjuration contre les blasmille de robe de cette ville; il y commença son phémateurs, etc. Paris, Jean Gaillard et Geréducation et la continua d'une manière bril-vais Alliot, 1645, in-4°. Dans ce livre, l'auteur lante à Rennes, à Nantes et au college de Na-demande une répression des blasphêmes, et varre. Après ces fortes études, il se décida à em-adresse des supplications aux évêques et au brasser l'état ecclésiastique, et entra, le 5 jan- coadjuteur de Paris. Paul de Gondi, si connu vier 1624, dans la congrégation de l'Oratoire, sous le nom de cardinal de Retz. L'une des alors célèbre, et dont les derniers membres approbations exigées par les réglements ecclé (Fouché, etc.), ont eu des destinées si diverses. siastiques, est signée de saint Vincent-deNoulleau se fit remarquer par son élocution fa- Paule (2). IV. Augustinus Nolleavii de gratia cile, son débit entraînant et sa verve un peu fou- Dei et Christi. Parisiis, 1665, in-4o. V. Velitagueuse; ces qualités lui valurent d'être distingué tiones contrà Amadeum Guemenæum, cloacam. par son évêque, Mgr de Villazel, qui le nomma sterquilinium, latrinam casuistarum, 4666, archidiacre de Saint-Brieuc en 1639, et théo-in-4 (3). Ce dernier ouvrage est une diatribe logal en 1640. Ces fonctions ne l'éloignèrent dirigée contre les Arnaldistes et les casuistes. pas du ministère de la chaire, qui lui procura VI. Politique chrétienne et ecclésiastique pour de grands succès à Saint-Malo, à Saint-Brieuc chacun de messieurs de l'assemblée du clergé. et à Paris. Par malheur, sa verve l'emporta Paris, Alliot. 1666, in-12. F.S-In-r. trop loin, assez loin pour que, dans sa ville natale, il choquàt un haut personnage, M. Boucherat (depuis chancelier), qui le signala à Mgr de La Barre, successeur de Mgr de Villazel. L'évêque excusa son archidiacre près de M. Boucherat; mais il le prit en particulier et le réprimanda sévèrement. Noulleau cut le tort de ne pas tenir compte des avis de son supérieur et de ne changer en rien sa manière, qui ne convenait pas au ton de la chaire catholique. Le prélat agit alors de rigueur, et interdit d'abord la chaire au virulent oratorien; puis, voyant que celui-ci allait prêcher dans les rues et les carrefours, il étendit son interdiction à toutes les fonctions du ministère. Nous ne croyons pas que cette disgrâce puisse être attribuée à des manoeuvres étrangères. Quelques ouvrages latins; il les comprend évidemment dans les écrivains ont pensé que Noulleau était jansé-Pièces latines publiées en 1665 et en 1666.

avait été janseniste, il eut sans doute écrit dans ce sens, (1) Nous avons lieu de croire, de plus, que si Noulleau et nous eussions trouvé son nom mentionné dans la Bibliothèque janseniste du P. de Colonia, et dans la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques d'Ellis Dupin. Ces deux ouvrages ne citent même pas Noulleau.

de ce livre vraiment curieux, qui a appartenu au pre(2) La Bibliothèque de Rennes possède un exemplaire mier président du Parlement de Rennes, ainsi qu'il résulte de cette note autographe ecrite sur l'une des gardes du livre: L'autheur à Monsieur le premier présidant (sic)

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du Parlement de Rennes, le conjurant de le lire avec loisir et de faire exécuter les arrêts contre les blasphémateurs et de favoriser constamment de toute sa puissance ce dessein général de tous les gens de bien pour le retranchement de tous les désordres publics de toute la province. »

(3) Moréri (t. VII, p. 1085), ne mentionne pas ces deux

OBET (YVES-LOUIS),

naquit le 14 juillet | prendre le large et y transporta, pendant la 1738, à Bréhat, petite île des Côtes-du-Nord, nuit, les feux de ces navires. Ceux-ci ainsi dont la population de 2,000 âmes est presque masqués prolongèrent la côte, et, après leur exclusivement composée de marins. Il n'avait éloignement, les bateaux retournèrent s'amarque huit ans lorsque déjà il s'était mesuré, rer au rivage, d'où ils purent eux-mêmes pendant la guerre de 1746, avec les Anglais, braver l'ennemi. sous les yeux de son père, Arthur Obet, capi- Au mois de juillet 1780, un autre convoi, extaine de commerce. La paix ayant été conclue pédié de Saint-Malo à Brest, échappa encore, en 1748, il consacra les trois années qui la grâce à sa vigilance, aux Anglais qui gardaient suivirent à acquérir les connaissances théo- l'entrée de la rade de Brest. Le 15 mars 1781, riques qui lui manquaient en hydrographie, se trouvant attaqué par trois cutters, et hors et, de 1751 à 1757, il servit encore au com- d'état de résister seul à des forces si supérieumerce sous son père ou sous d'autres capi- res, il eut l'heureuse idée de leur donner la taines. L'intrépidité dont il fit preuve en 1761, chasse. Cette manoeuvre hardie réussit, et ses en offrant d'aller, dans une pirogue de sau-trois adversaires prirent la fuite. Le 19 mai suivages, porter à Belle-Ile, alors investie, des vant, il se dirigeait vers Saint-Malo, lorsqu'il dépêches urgentes, attira sur lui l'attention. rencontra, dans la baie de Saint-Brieuc, deux Tout était prêt pour cette expédition d'un nou-lougres ennemis qui avaient pris un bâtiment veau genre, lorsque la nouvelle de la capitu- de commerce. Il le reprit aussitôt, et les deux lation de Belle-Ile vint, au moment même de lougres eussent inévitablement partagé le même son embarquement, arrêter l'exécution d'un sort, si la supériorité de leur marche ne les avait projet devant lequel avaient reculé les marins les plus audacieux.

dérobés à son attaque. Au mois de septembre 1782, faisant voile du Hâvre à Brest avec une Depuis cette époque, Obet fut plus particu- vingtaine de bâtiments chargés de bois de conlièrement chargé du service utile, mais peu struction pour le compte de l'Etat, il fut chassé, brillant, de l'escorte des convois, et, jusqu'en depuis Jersey jusqu'à Granville, par un vais1762, il eut constamment le bonheur de sous-seau et sept corvettes ou autres bâtiments lėtraire à la vigilance des escadres ennemies gers, qui l'obligèrent à relâcher dans ce derqui bloquaient alors les ports de France, un nier port. Etant sorti de cette position difficile. grand nombre de navires chargés de munitions il se croyait à l'abri de tout danger, quand il de guerre, notamment celui qui portait les fut rejoint par les ennemis à l'entrée de l'île de canons du Royal-Louis. principal objet des Batz, où. pendant un mois, il fut gardé à vue recherches des Anglais. Dès le commencement par un vaisseau de cinquante canons, deux fréde la guerre de 1778, il fut attaché à la marine gates et trois corvettes, aux ordres du commomilitaire avec le grade de capitaine de brûlot, dore Elliot. Malgré la surveillance la plus acet nommé successivement au commandement tive, il parvint à rallier environ soixante voiles des cutters le Folzton, l'Alligator, et des cor- à son convoi. Alors, quels que fussent les danvettes le Jeune-Henri et le Serin, navires sur gers auxquels l'exposait la présence de l'enlesquels il continua jusqu'à la paix le service nemi, toujours mouillé à l'entrée de l'île, l'im de convoyeur, pour lequel son aptitude spé-portance et l'urgence de sa mission le détermiciale était bien connue. C'est ainsi que, parti nèrent à les braver tous, et, le 11 octobre, à de Camaret, le 4 juillet 1779, avec un convoi la faveur d'un gros temps, il appareilla, frande cinquante voiles, chargé de munitions de chit heureusement les écueils dont ces parages guerre et de bouche destinées pour Saint-Malo. sont semés, et jeta l'ancre, le jour même, après il mit ce convoi à l'abri des attaques des deux les plus périlleuses manœuvres, sur la rade de frégates anglaises la Licorne et le Québec, et Brest, sans avoir perdu un seul bâtiment. réussit, par une adroite manœuvre, à entraîner le Québec sur une basse ou elle fut forcée d'échouer. Le 2 août suivant, faisant voile de

Pendant la guerre de 1778, Obet fut constamment à la mer, si ce n'est du mois d'août au mois d'octobre 1779, qu'il commanda les moudu port de Saint-Malo, où de transport, il fut chassé par neuf frégates, l'on se proposait, dans la vue d'une descente cutters ou lougres anglais qui se proposaient, en Angleterre, de rassembler plus de quatre en le brûlant, de lui faire éprouver le sort cents bâtiments, tant de guerre que de transqu'avaient subi la frégate la Danaé et plu- port. L'activité qu'il déploya dans cette mission sieurs navires qu'elle escortait. Un strata-ne contribua pas peu, lors de la conclusion de gème lui permit de se soustraire à ce danger. la paix, à lui faire obtenir la croix de SaintProfitant de la présence, dans la baie de Can-Louis et le grade de lieutenant de vaisseau, cale, d'un nombre de bateaux pêcheurs égal à dont il fut pourvu le 1er mai 1786. Après la celui des navires de son convoi, il leur fit guerre, le Gouvernement ayant résolu de dé

Granville à Saint-Malo, avec dix-sept bâtiments vements de la rade et commanda les mou.

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