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mais très-peu du duc de Bretagne, qui, l'an- et un jour que d'Albret n'attendait plus que les née précédente, avait saisi ses biens, pour le dispenses sollicitées à Rome au moyen d'une punir de servir les intérêts de la France au pré-fausse procuration de la princesse, fabriquée judice de la Bretagne. Personne ne le pleura, par le vice-chancelier La Rivière, il vit appadit la Chronique scandaleuse de Louis XI. et raître Montauban, qui venait, en personne, sinous concevons qu'il n'en pouvait être autre- gnifier à ce vieil aventurier l'opposition forment, si l'histoire manuscrite d'Amelgard (liv. I, melle à son mariage avec une princesse de onze chap. 6) a été juste dans le jugement qu'elle a ans. Il avait à peine commencé sa lecture que porté de lui en ces termes: Joannes, dominus d'Albret et de Rieux, présents à l'entrevue de Monte Albano, natione Brito, erat vir inex- s'écrièrent que « s'il continuait, ils lui feraient plicabilis avaritia, sine fide, pietate et justi- la tête sanglante!» Malgré les regards flamtia, pecunias congerendi et congregandi incre- boyants du maréchal, qui, la main sur la garde dibili flagrans ardore. de son épée, jurait que ce ne serait qu'avec III. ARTHUR, -frère puîné du précédent, eti» le fer qu'il répondrait à de telles écritures, » bailli du Cotentin, suivit d'abord la carrière des armes. Favori du duc François Ier, il usa de son ascendant sur ce prince pour accroitre son ressentiment contre son infortuné frère, Gilles de Bretagne, qu'il soumit à de longues tortures. A la mort de ce prince, voulant éviter la peine due à son crime, il se fit Célestin dans l'abbaye de Marcoussis. Louis XI, son protecteur, l'en retira pour le faire archevêque de Bordeaux, où il fit son entrée le 18 novembre 1467 Il mourut à Paris en 1478, et fut inhumé, sur la fin du mois de mars de cette année, dans l'église des Célestins. Son portrait et ses armoiries se voyaient autrefois sur la cheminée de la salle du chauffoir des Célestins de Marcoussis.

IV. PHILIPPE, vicomte du Bois de la Roche (la branche du Bois de la Roche avait pour tige Robert, troisième fils d'Olivier V, mort vers 1386), était capitaine de Rennes quand il fut appelé, en 1485, à remplir les fonctions de chancelier de Bretagne, vacantes par la mort de La Villéon. Il ne renonça pas pour cela au parti des armes; car, deux ans après, le duc François II, lors de l'entrée en Bretagne des troupes de Charles VIII, s'étant retiré, d'abord à Rennes, et de là à Malestroit, laissa dans la première ville les membres de son conseil, dont il confia la présidence à Montauban, en même temps qu'il le nomma son lieutenant-général, à la demande des habitants. Peu après, sur la nouvelle que le roi allait assiéger Nantes, il se joignit à La Moussaye, qui voulait se jeter dans cette ville avec un corps de cavaliers, et dont le projet ne put s'accomplir qu'après un rude combat, à Joué, contre les Français. Le duc, en mourant, le nomma membre du conseil de régence qui devait gouverner pendant la minorité de la duchesse Anne, sa fille. Les cinq seigneurs dont se composait ce conseil furent bientôt divisés au sujet du mariage de la princesse. Le maréchal de Rieux favorisait d'Albret. Montauban, qui exerçait un grand empire sur l'esprit de la jeune duchesse, la dissuada de ce mariage, en alléguant la disproportion d'âge et la pauvreté de d'Albret, que le roi avait dépouillé de ses domaines. Par ses conseils, Anne fit, devant deux notaires apostoliques, une protestation contre ce mariage,

Montauban ne tint aucun compte de ces menaces et n'en acheva pas moins sa mission.

L'année suivante (1489), de Rieux, dans la vue de soustraire la duchesse à l'influence de Montauban, fit tous ses efforts auprès du roi d'Angleterre, dont il avait gagné les généraux, pour que ce prince déterminat Anne, son alliée, à venir se placer sous la protection de son armée; mais le chancelier, qui veillait avec une égale sollicitude aux intérêts de sa souveraine et à ceux de son pays, éclaira la duchesse sur les conséquences de cette détermination, et réussit à l'empêcher de se mettre entre les mains des Anglais. Furieux de voir ses projets avortés, de Rieux crut avoir trouvé une occasion favorable de se venger de son rival en l'assiégeant dans Guérande, où il était allé remplir les devoirs de sa charge. Le maréchal fit investir la place par la garnison du Croisic; mais la duchesse, avertie du danger de son fidèle chancelier, envoya à son secours Dunois. qui força de Rieux à lever le siége. En 1490, Charles VIII ayant, au mépris des traités, levé, en Bretagne, des troupes qui la mettaient au pillage, la duchesse envoya Montauban en Angleterre, sous le prétexte apparent de régler les frais des secours qu'elle en avait reçus, mais, en réalité, pour s'en ménager de nouveaux dans le cas du renouvellement prochain des hostilités. Toutefois, le chancelier avait trop de perspicacité pour s'abuser sur les conséquences d'une alliance avec les Anglais. Aussi, tant pour les prévenir que pour mettre un terme aux dissensions qui désolaient son pays, s'empressa-t-il de prêter l'oreille aux propositions des envoyés de Charles VIII, lorsque ce prince se mit au nombre des prétendants à la main de la duchesse. Nul ne contribua plus que lui à la conclusion de ce mariage. Lorsque, dans l'année qui suivit ce grand acte politique, le roi d'Angleterre voulut tenter des descentes en divers endroits de la Bretagne, Montauban, à qui était confiée l'administration du duché, le repoussa sur tous les points. Il fut un des premiers à ressentir les effets de l'union de la Bretagne à la France. Pour le gagner, Charles VIII lui avait promis la dignité de chancelier de France. Toutefois, des lettres-patentes de 1494

Je vous prie, beaulx seigneurs, faites com gens
membrez

Tenez-vous l'un à l'aultre estroictement serrés
Cil qui viendra sur vous soit mort et affolés.

ayant aboli la chancellerie de Bretagne, tout ce | par Geoffroy du Bouës. Cette perte épouvante qu'on se borna à faire pour Montauban, qu'on d'abord les Anglais, mais Crucart, un alemant ne voulait pas d'abord mécontenter, ce fut de devès (endiable), les rassure et fait serrer les le nommer gouverneur et garde-scel de la chan- rangs : cellerie de Bretagne, et chef d'une chambre de justice, formée de quatre conseillers appelés maîtres des requêtes. Il conserva pourtant, durant sa vie, le titre de chancelier; mais, comme on voulait se défaire de lui peu à peu, on lui Le combat recommence avec une nouvelle donna pour vice-chancelier Guillaume Gué-fureur. Beaumanoir ne peut entamer les Anguen, depuis évêque de Nantes. Sa mort pré-glais, qui sont trelous en un moncel. Il s'incéda de peu de jours celle du maréchal de Rieux, quiète; il est blessé et dévoré d'une soif ararrivée le 8 janvier 1548. La charge de chan-dente; deux ou trois de ses compagnons sont celier de Bretagne et les 4,000 livres de gages morts; plusieurs blessés, et, malgré le retour y affectés furent alors définitivement annexés à la chancellerie de France, dont Duprat était titulaire, P. L...t.

MONTAUBAN (GUILLAUME DE), -l'un des Trente. « Il y a grande apparence, dit le P. Du >> Paz, que les seigneurs de Montauban sont > issus de la maison des seigneurs vicomtes de » Rohan, puisqu'ils en portent les armes, et, » pour briseure ou différence, un lambeau d'ar» gent de quatre pièces pendant du chef..... » Alain de Montauban, 'chevalier, est le pre» mier seigneur que j'ay trouvé de ceste mai» son, et vivoit il y a environ 450 ans (vers le > milieu du XIIe siècle); les noms de ses prédé> cesseurs estant incognus parce que les tiltres >> d'icelle maison ont esté perdus par l'injure » du temps, bruslez et dissipez par les guerres >> anciennes et civiles.... et par les François » faisant la guerre en Bretagne.... lesquels > François prindrent le chasteau de Montauban, » l'an 1487, et entre autres dégasts et ruines > qu'ils firent, ils mirent les tiltres et lettres > au feu comme j'ay leu en une enqueste, es» tant au chasteau du Bois de la Roche. » Guillaume de Montauban était le troisième fils de Renaud de Montauban, septième descendant d'Alain, et d'Amicie du Breil, dame du Bois de la Roche. Tous les Montauban prirent parti pour Jeanne la Boîteuse, femme de Charles de Blois, dans la guerre de la succession de Bretagne. Guillaume, tout jeune encore, en 1351, ne portait que le titre d'écuyer, mais soit qu'il eût déjà fait quelque action d'éclat, soit que Beaumanoir (voy. ce nom) eût égard à son illustre naissance, il fut choisi pour le combat de Mi-Voie, le premier de tous entre les écuyers:

au combat de Charruel, de Tinténiac et de Rousselot, délivrés par la mort de Bamborough, il craint d'être vaincu. Ce fut alors que le jeune Montauban conçut un projet qu'il exécuta aussitôt. Je cite le poème, parce qu'il explique parfaitement l'action, et que nous ferons suivre ce passage de quelques réflexions, qui seront d'autant mieux appréciées qu'on aura le texte sous les yeux :

Grande fut la bataille, jamais telle n'orrez: Forment se contenoient les Englois aliez Home nentre sur eulx ne soit mort ou blechiez Tous sont en un moncel com si fussent liez, De Montauban Guill'e, le preux et laloses, De lestour est yssu et les a regardez; Grant courage lui print, le cœur lui es enflez, Et jure Jhucrist, qui en croit fut penés, Sil fust sur un cheval bien monte a son gres, Tretous les departist a honte et a vieultez. Bons esperons trenchans lors chaussa en ses piez, Monta sur un cheval qui fu de grant fiertez, Et lors print une lance dont le fer fut carrez, Semblant fist de fuir ly escuier membrez. Beaumanoir le regarde, puis la araisonnez, Et dyt Amy Guill'e, quest ce que vous pensez Come faulx et mauvais, comment vous en allez : A vous et à vos hoires vous sera repreuchiez. Quant Guill'e lentent, un ris en a gestez, A haulle vois parla que bien fu escoutez: Besoingniez, Beaumanoir, franc chlr membrez, Car bien besoingneray, ce sont tous mes pensez. Lors broche le cheval par flans et par costes Que le sanc tout vermeil en chay sur les pres; Par les Englois se boute, sept en a trebuchiez ; Au retoir en a trois soulez lui agraventes, A ce coup les Englois furent espapillies, Tous perdirent les cœurs, cest fines veritez. Qui veult y a choisy, prins et serementez; Montauban hault parla quant les a regardez, Montjoie sescria; barons, or y ferez, Essoies vous tretoux, frans chirs menbrez. Tintinial le bon, le preux et laloses, Et Gui de Rochefort, Charuel lamornez, Tretoux nous copaignons, que Dieu croisse bontez, Vengiez vous des Englois tous à vos volontez. Cette action de Montauban a été diversement jugée. Après avoir assez bien prouvé que les Le rôle de Guillaume, pendant le combat, ne combattants étaient tous à pied, d'Argentré a, fut pas plus remarquable que celui de tous les le premier, émis une insinuation de blâme de autres Bretons, mais ce fut lui qui décida l'a-ce que Montauban s'était permis de monter à vantage qu'ils remportèrent sur les Anglais. cheval : « Ce que je vois, dit-il, d'inégal en ce Bamborough, atteint et renversé par la lance combat, accordé est qu'il feust loysible à Guild'Alain de Ker-an-rais, venait d'être achevé» laume de Montauban de combattre à cheval

Après convient choisir moult très noble escuier:
De Mont-Auban Guillaume prendray tout le premier.
(Vers 113 et 114' du Poème de la Bataille des
Trente).

des Anglais, victimes d'un odieux guet-apens.
Voilà ce que j'ai entendu de la bouche de ces ex-
cellents Français; voilà ce qu'on retrouverait
dans bon nombre de leurs journauxde l'époque.
Aujourd'hui que le temps et les événements ont
un peu calmé l'effervescence des esprits, exa-
minons sous son véritable jour cette action tant
reprochée à Montauban. Nous avons vu que,
pour rassurer les Anglais, effrayés de la mort
de leur chef Bamborough, le brave Crucart leur
crie:

Tenez-vous l'un à l'autre estroictement serrés :
Cil qui viendra sur vous soit mort et affolés!
Aussitôt ils se mettent, comme dit naïvement

le poème, trestous en un moncel; c'est-à-dire
qu'ils forment le bataillon carré, au nombre de
vingt-six ou vingt-sept qu'ils sont encore, ar-
més de leurs longues et fortes lances, et pré-
sentant de tous côtés un front redoutable:

Home nentre sur eulx ne soit mort ou bleschiez.

» parmy les aultres de pied, et combien que cela j décidément un lâche et un traitre, et si monu» se peust et deust reffuser, pour estre le party ment il y avait à élever, c'était en l'honneur >> faict entre nation et nation et non entre hom>> mes et hommes, toutes fois ils ne s'arrestè>> rent pas là, etc. » Ce blame n'a été reproduit par aucun des historiens qui ont suivi d'Argentré, jusqu'à la publication du Dictionnaire d'Ogée, vers 1779, où l'on trouve, à l'article de la Croix-Helléan, une dissertation de M. de Pommereul, alors capitaine au corps royal d'artillerie, dans laquelle l'auteur s'efforce de jeter des doutes sur la réalité du combat des Trente, et surtout sur la vérité des détails de cette affaire, tels qu'ils avaient été donnés jusqu'alors. Nous avons dit, à l'article Beaumanoir, que M. de Pommereul ne connaissait point le poème du xive siècle; mais, l'eût-il connu, il n'en aurait pas moins fait usage, dans cette question, de ce scepticisme qui était dans sa nature, et qu'il a porté à l'excès dans des matières plus graves que de simples questions historiques. Après avoir élevé des doutes sur la manière dont les Trente étaient armés, sur celle dont on combattit à pied ou à cheval, sur C'est alors que, voyant ses compagnons dans le nombre de chevaliers et d'écuyers parmi les l'impuissance d'enfoncer cette pelite et couraBretons et parmi les Anglais, sur la parité ou geuse phalange, qui fait éprouver aux Bretons imparité de ce nombre et les conséquences à en des pertes d'autant plus sensibles qu'ils sont tirer, en cas que l'imparité existat, et que les en moindre nombre, Montauban prend la résochevaliers et les écuyers ne combattissent pas lution de monter à cheval et de se précipiter à tous à pied et à armes égales, l'auteur ajoute travers les Anglais. Nous sommes au vif de la << Mais que dire enfin de l'écuyer Montauban, question, et je demanderai à tout homme de » qui quitte le combat, monte un cheval, vient bonne foi s'il prendrait pour un lâche un ca» à toute bride se jeter au milieu des Anglais, valier qui, seul, se précipiterait sur un carré de > en renverse huit, et décide ainsi la victoire en vingt-six grenadiers croisant la baïonnette? » faveur des Bretons? Montauban était à pied, Je demanderai si ce cavalier ne court pas au >> puisqu'il quitte le combat pour prendre un devant d'une mort certaine, car, s'il cause du » cheval (observation qui prouve seule que tous désordre dans les rangs, il y a cent à parier >> les combattants, de part et d'autre, n'étaient contre un qu'il n'en sortira pas. C'est à quoi » pas à cheval). Dans la supposition la plus vrai- devait s'attendre Montauban, et son action est » semblable et la plus favorable aux deux par- le sacrifice de sa vie au salut de ses compa» tis, dans celle où les chevaliers, en nombre gnons d'armes. S'il en sortit sain et sauf, après >> égal des deux côtés, combattent à cheval, et avoir renversé sept hommes en allant et trois » les écuyers à pied, dans cette supposition, en revenant, cela tient à des causes que nous » dis-je, Montauban, simple écuyer, faisait-il ignorons; mais il n'en enfonça pas moins un » une belle action en se jetant à cheval sur les carré identiquement défendu comme nos carrés » fantassins anglais? car, puisqu'il en renversa à la baïonnette, et pour en venir à bout, il ne > huit, c'étaient des gens de pied: on ne dé- fallait rien moins que se précipiter, homme et >> monte pas, on ne culbute pas ainsi des cava-cheval, sur la pointe de vingt-six lances tenues »liers. Cependant, c'est à cette manoeuvre, que » je laisse à mes lecteurs le soin de qualifier, que » les Bretons durent la victoire. » Voilà donc l'action de Montauban condamnée sous tous les rapports c'est une lâcheté, c'est une trahison! Cette critique de Pommereul, à laquelle M. de Toustain de Richebourg avait assez faiblement répondu, dormait depuis trente ans dans l'articlé d'Ogée, lorsqu'elle fut reproduite avec bruit et presque violence, en 1819, par le parti révolutionnaire, à l'occasion de l'érection de l'obélisque de Mi-Voie, importuné qu'était ce parti d'un monument qui rappelait l'un des faits glorieux du passé monarchique. Montauban était

en arrêt par des bras vigoureux. Certes, ce n'est point là l'action d'un làche, et je doute que, parmi ses détracteurs, il s'en trouvât un capable de ce sublime dévoùment. Ce n'est point non plus une trahison, car un carré de vingtsix hommes, armé de lances ou de baïonnettes, ne craindra jamais d'être entamé par un seul cavalier, et dans celui-ci, on ne doit voir autre chose qu'une incroyable témérité, qui devient chez Montauban un courageux et admirable dévoùment. Aussi Froissart, qui généralement était plus anglais que français, n'hésite-t-il pas à qualifier le combat des Trente de «< moult » hault faict d'armes qu'on ne doicbt mie ou

» blier, mais le doibt-on mettre en avant pour dérés de son temps. Il suffira de nommer Ga» tous bacheliers encourager et exemplier. »briel Budan, Jacques Cassard, Charles GauEt cependant Froissart attribue la défaite des vain, sieur de la Behinière, juge-consul et Anglais à « l'un des François, qui demeuré estoit échevin, Pierre Grilleau, sieur de Chezine, à cheval, les debrisait et defouloit trop mes-juge-consul, sous-maire et directeur de la Com>> aisement, si que Brandebourg y fust tué et pagnie des Indes-Orientales. Il fut inhumé dans > huit de leurs compagnons, etc. » Il y a ici l'église de Saint-Nicolas le 15 avril 1691, et une confusion manifeste provenant de ce qu'on laissa une nombreuse postérité. avait rapporté à Froissart que cinq Français RENÉ, deuxième du nom, fils du précéétaient demeurés à cheval, et qu'il prend, pour dent et d'Isabelle Bureau, baptisé à Saint-Nil'un de ces cinq, l'écuyer Montauban, qui com- colas le 2 décembre 1673, homme aussi géné battait évidemment à pied. Les détails du poè-reux qu'habile, fit des armements considérame le prouvent parfaitement, et ce poème, vé-bles pour l'Afrique, l'Amérique et la pêche de ritable et naïve chronique de l'époque, ne parle la morue. En même temps qu'il enrichit son aucunement de la demeure à cheval de quel-pays, il acquit lui-même, par les moyens les ques-uns des Français, et doit, à mon sens, plus honorables, une grande fortune, qui peravoir sur ce fait, d'ailleurs improbable, plus mit à sa famille de continuer le mouvement que d'autorité que le récit de Froissart donné sous son père et lui avaient imprimé au commerce une forme dubitative Aucuns disent, etc. nantais. Le Régent, qui se connaissait en homL'idée d'un combat à cheval de la part de Mon-mes, faisait un grand cas de lui. Après avoir été tauban ne vint pas à Beaumanoir. Il crut, au juge en chef des marchands et échevins, il acheta contraire, qu'il quittait le combat et s'en re- une charge de secrétaire du roi près le Parletournait monté comme il était venu. De là son ment de Bretagne; charge qui conférait la noreproche énergique, et une dernière preuve que blesse. Des lettres confirmatives furent expétous les combattants étaient à pied." diées, en 1773, à Anne Montaudouin, veuve de Nicolas Montaudouin, son fils, et à son petitfils. René Montaudouin, seigneur de la Clartière et de la Rabatelière. Deux de ses filles, Marie et Elisabeth, épousèrent, la première, un fils de M. de Montbourcher, président au Parlement de Bretagne; la seconde, en premières noces, M. Charles-Marie-René du Plessis de Grenédan, et, en secondes noces, M. de Guichardy, aussi fils l'un et l'autre de présidents au Parlement. Deux des frères de René connus sous les noms de Montaudouin de la Robertière et Montaudouin de Launay, occu

On doit conclure du silence du poème que, dans son audacieux fait d'armes, Montauban ne fut pas même blessé. Cependant son nom ne se retrouve plus par la suite, ni dans les généalogies, où on ne lui donne ni alliance, ni postérité, ni dans les chartes bretonnes.

Biz...

MONTAUDOUIN (4), famille de négociants de Nantes qui a puissamment contribué au développement du commerce de cette place. Elle fut anoblie et contracta des alliances avec plusieurs des familles parlementaires de la pro-pèrent des charges consulaires et municipales.

vince.

Le premier de ses membres connus fut Jean, qui ne naquit probablement pas à Nantes, mais qui s'y maria, le 28 janvier 1616, à demoiselle Fleurie Bontreux.

RENÉ, premier du nom, fils des précédents, baptisé à Saint-Nicolas le 4 février 4633, est celui qu'on peut considérer comme ayant jeté les bases de la grande fortune à laquelle parvinrent ses descendants. Isabelle Bureau, sa femme, appartenait à la famille de ce nom, qui a donné un échevin à Nantes et un directeur à la Compagnie des Indes-Orientales. René fut lié par ses relations d'affaires et d'amitié avec les négociants de Nantes les plus consi

Un troisième, Thomas, né sur la paroisse de Saint-Nicolas, le 21 décembre 1687, eut de son mariage avec Anne Bouel plusieurs enfants, parmi lesquels nous citerons les trois qui sui

vent:

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DANIEL-RENÉ, né à Nantes, le 24 janvier 1715, commença ses études à La Flèche, où. grâce à son esprit léger et dissipé, on n'en put rien faire. On l'envoya à Rouen : même résultat. Sa grand'mère, Isabelle Bureau, qui le gâtait, obtint pour lui un peu d'indulgence de sa famille, qui l'expédia en Angleterre, où il continua son premier genre de vie.

(1) Il nous aurait été impossible de parvenir à dislinguer les uns des autres les membres de cette famille, si Phonorable M. Biclet, juge de paix à Nantes, n'avait mis à notre disposition les immenses recherchés qu'il avait faites dans les registres des treize anciennes paroisses de Nantes, et qui lui ont permis d'établir exactement la généalogie des nombreux rameaux de cette famille. Les difficultés et l'aridité de ce travail ne peuvent qu'ajouter à notre reconnaissance pour l'infatigable et consciencieux lui donna des leçons de mathématiques et de explorateur. métaphysique, sciences dans lesquelles il fit

le P. Giraud, bibliothécaire de l'Oratoire, qui Cependant, le hasard le mit en rapport avec

il

de prompts et rapides progrès, à la grande sa- le monde commercial. Modeste et timide, tisfaction du P. Giraud, qui avait d'abord mon- avait peu imprimé, quoique ayant beaucoup tré quelque répugnance à se faire son précep- écrit. Il travaillait, dans les derniers temps de teur, et n'y avait consenti que par amitié, puis sa vie, à un grand ouvrage sur les assurances ensuite par sympathie pour une vocation si dé-maritimes et à un traité des avaries.

cidée.

Le duc d'Aiguillon le regretta. « La mort de A la paix de 1748, il retourna en Angleterre. Montaudouin, dit-il plusieurs fois, est une Il aimait ce pays, dont l'esprit froid, correct et grande perte pour Nantes. » Le Mercure (seppositif, s'harmonisait avec le sien. Son voyage tembre 1755) a donné son éloge dans un article fut fructueux. Il vit à Londres les savants et la non signé, mais assez bien fait, où on lit, à bonne société; à Oxford, l'Université; à Ports- propos de son ouvrage sur les assurances : « Il mouth, les chantiers de construction; à Liver-» s'était proposé de déterminer la valeur réelle pool et à Bristol, les manufactures et les illus-» des assurances sur le commerce maritime de trations commerciales. De Londres, où il avait » la ville de Nantes avec la Guinée et les coloeu des relations avec le duc de Richmond,» nies en temps de paix. Il embrassa dans sa Stanhope, Steward, Ray, Folkes, Mortimer,» recherche trente années. Le grand embarras Graham, Bradley, Watson, King, etc., puis» consistait à avoir exactement les états des avec D. Pedro, l'un des gouverneurs de l'Amé-» pertes partielles où avaries, parce que ces obrique espagnole, que ses soins personnels ne» jets ne sont insérés sur aucun registre public.»> purent arracher à la mort, il revint en France Il paraît qu'il avait additionné le nombre des par la Hollande. A Paris, il se lia avec Buffon, jours de route, les traversées, et était arrivé à Fontenelle, Réaumur, La Condamine, Jussieu, une moyenne de durée par chaque saison. Le et resserra les noeuds d'amitié qui l'unissaient problème pour lui était d'arriver à supputer les depuis long-temps à son compatriote Bouguer. probabilités de perte pour chaque jour excédant L'Académie des sciences, suivant l'exemple de la moyenne de l'année. la Société royale de Londres, le choisit pour correspondant.

De retour à Nantes, il voulut y faire construire un navire d'après les principes de son ami Bouguer. Tout le monde se moqua d'abord de lui; il n'en continua pas moins. On avait parié que le navire n'irait pas à l'eau : il alla si bien qu'il devint un des meilleurs marcheurs de la marine marchande, et fit plusieurs voyages à Saint-Domingue. Montaudouin n'avait trouvé pour associé dans cette affaire que son frère Jean-Gabriel.

Nous croyons que ces travaux de Montaudouin forment la plus grande partie du troisième volume d'un recueil manuscrit existant, en trois volumes, à la bibliothèque du ministère de la marine, sous les nos 431-66, et intitulé: Jurisprudence de la marine, ou Précis des anciens et nouveaux réglements sur la liberté et la sûreté de la navigation marchande, en temps de paix et en temps de guerre. Ce troisième volume, ad finem, renferme des observations inédites, en forme de traité, sur les avaries en général, plusieurs projets d'avaEn 1753, il fut élu consul. Dans cette charge, ries grosses et simples, des comptes de risil mit en pratique les idées qu'il avait vues fleu- torne et en participation, et des réglements rir dans ses voyages sur l'importance du com- de projets aventureux et de rançon; le tout merce, et lutta vigoureusement contre les pré-précédé de réflexions préliminaires sur les ti jugés locaux. Grâce à son initiative, les élec-tres de l'ordonnance de 1681 qui concernent tions consulaires se firent d'une façon plus in- le fret et nolis, les engagements et les loyers dépendante de la mairie; puis il fit réunir dans des matelots, les contrats à la grosse, les assuun même local la bourse et le tribunal de com-rances, les avaries, le jet et la contribution. Une annotation inscrite sur ce troisième voL'excès du travail amena chez lui une fièvre lume, disant « qu'il avait été composé par un maligne, qui l'emporta, à Nantes, le 14 octo-négociant de Nantes, qu'on croyait être M. de bre 1754 (1). Sa mòrt laissa un grand vide dans Montaudouin, dont l'ouvrage sur les assu

merce.

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