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LA BIGOTIÈRE, sieur de PERCHAM-|lui que nous venons de citer comme le plus BAULT (RENÉ), — naquit à Angers, en 1637, important, on rencontre cette solidité, cette Son père, Gui La Bigotière, conseiller au pré- fermeté de vues, cette hardiesse, cette sûreté sidial de cette ville, était un des hommes de sa d'observation qui n'appartiennent qu'aux homprovince les plus distingués par leur savoir; il mes aussi bien nourris de l'étude des principes fut l'un des fondateurs de l'Académie d'Angers. que formés par l'expérience. Les abus de l'adAprès la mort de sa femme, il embrassa l'état ministration de la justice sont signalés sans ecclésiastique et mourut dans un âge avancé. ménagement, et l'auteur ne traite pas avec On sait que, d'après l'édit de création du Par- plus d'égards les formalités inutiles introduites lement de Bretagne, qui eut pour effet de natu- par la fiscalité du gouvernement, que celles imaraliser de nouvelles familles dans notre pro- ginées par l'avidité des praticiens. On trouve vince, la moitié des membres de la compagnie dans ses écrits de la précision, de la verve. devait être d'origine étrangère, et que les An- une liberté de penser souvent relevée par un gevins, dont la cité possédait une Université tour d'expression vif et original qui viennent florissante, profitèrent avec tant d'empresse- rompre, par une diversion heureuse, la monoment de cette disposition conseillée par la poli- tonie communément fastidieuse de ce genre que des ministres de Henri II, que les charges d'ouvrages. réservées aux extrà-provinciaires étaient appe- Ces rares et précieux avantages ne pouvaient lées les charges angevines. René La Bigotière être méconnus, même après que Duparc-Poulen ayant acheté une, fut admis, le 4 septem-lain eut achevé de publier, en 1766, son Combre 1665, comme conseiller au Parlement de mentaire sur la Coutume de Bretagne, en trois Bretagne, dont il devint président aux enquêtes le 21 août 1681.

volumes in-4°. Aussi, avec cette délicatesse de sentiments, si digne d'un auteur qui se préocLa Bigotière se distingua par tous les genres cupait plus de l'intérêt public que du sort de de mérite qui peuvent recommander le magis- ses propres ouvrages, Duparc-Poullain n'eut trat. Versé dans la jurisprudence et initié par pas plutôt fait paraître son livre, qu'il se mit ses études, ainsi que par une longue et judi- à l'œuvre pour que l'autorité de celui de son cieuse pratique des affaires, au droit coutumier émule ne reçût aucune atteinte de cette conde la Bretagne, il entreprit de l'éclaircir par di- currence. La science de La Bigotière ne l'avers écrits qui lui assignent un des premiers vait pas mis à l'abri de quelques inexactiturangs parmi les interprètes de notre législation des, puis aussi la jurisprudence avait marché municipale. Ces ouvrages sont: I. Observations depuis l'impression de son livre, qui datait sommaires sur la Coutume de Bretagne, impri- alors d'environ soixante ans. C'est pour corrimées à Laval en 1689, in-4°, sous le pseudo- ger ces imperfections et remplir ces lacunes nyme de Pierre Abel, avocat. II. Institution que Duparc-Poullain fit imprimer la même anau droit français par rapport à la Coutume de née (Rennes, Vatar, 1766, in-12) un petit voBretagne, avec une dissertation sur le devoir lume intitulé: Observations sur les ouvrages de des juges. Rennes, Vatar, 1693, in-4°. III. Com-feu M. de Perchambault. mentaire sur la Coutume de Bretagne. Rennes, veuve Garnier, 1702, in-4°. IV. Coutume de Bretagne, avec des observations sommaires. Rennes, 1694, in-12; 1699, in-12, et 1743, 2 vol. in-12.

« Les Commentaires de M. de Perchambault sur la Coutume de Bretagne, imprimés en » 1702, écrit dans l'introduction le savant pro» fesseur, ont eu le sort de presque tous les » bons livres. Ils ont été critiqués, et en peu Dans son Institution au droit français, l'au-» de temps les critiques sont tombées dans l'outeur, au lieu de reproduire le texte de la Cou-» bli. L'ouvrage crítiqué est resté et passe à la tume, souvent obscur, souvent modifié par des » postérité, avec la juste estime qu'il a méritée, usages ou par des lois plus modernes, en pré- » malgré les négligences et même les fautes sente la substance dans des articles clairs et qu'on y a remarquées. méthodiquement déduits, dont le sens est dé- » Ce n'est pas par une critique modérée que veloppé dans les annotations qui suivent. Cette l'ouvrage a été attaqué. On a eu la témérité forme d'exposition est encore celle qu'il a sui- de traiter de séditieux et d'impie un magisvie dans son Commentaire, ouvrage à la fois » trat inviolablement attaché à ses devoirs, beaucoup plus volumineux et plus soigneuse-» bon citoyen, et aussi respectable par la pratiment élaboré. Mais ici l'analyse des principes» que des vertus chrétiennes que par l'intégrité admis par la jurisprudence bretonne ne sert que dont il ne s'est jamais écarté pendant plus de de préambule à la discussion des textes, de telle » soixante ans de magistrature. manière que les deux précédentes publications » Enfin l'auteur a eu le sort de ses ouvrages, se retrouvent fondues et complétées dans celle-» et le public, juste et reconnaissant, n'a ouci, dont la Coutume de Bretagne avec des ob-» blié que les critiques et les calomnies. >> servations sommaires ne contient que des résumés manuels.

Dans tous ces ouvrages, et surtout dans ce

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Quel était donc le sujet de ces récriminations violentes dont il est fait mention dans les lignes que nous venons de transcrire ? Si les écrits de

résulter de ces contrats en avaient introduit et fait autoriser la pratique.

L'autorité des lois était aussi bien engagée dans le débat que celle de l'Eglise. On ne voit pas que le clergé breton se soit vivement préoccupé des assertions mises en avant par le jurisconsulte, car, sur neuf évêques de Bretagne, un seul, nous ne savons lequel, crut devoir exprimer son opinion contre le prêt à intérêt des deniers pupillaires. La faculté de théologie de l'Université de Nantes condamna aussi les propositions de La Bigotière, qui donnèrent lieu à divers écrits.

La Bigotière portent l'empreinte du respect pour l'autorité que l'on doit attendre d'un fidèle magistrat; s'ils témoignent, non seulement de sa La Bigotière, dans son Institution au droit piété, mais même d'un zèle ardent pour la reli- français, ne se borna pas à défendre cet usage gion, il faut convenir aussi que l'on y rencontre à l'aide des considérations que l'on pouvait une indépendance d'allure qui rappelle beaucoup mettre en avant pour le soutenir; mais il attaplus le ton des jurisconsultes du xvr siècle, qua de front la doctrine contraire, et entreprit comme d'Argentré et Dumoulin, que celui des de prouver que, ni la loi naturelle, ni le droit auteurs contemporains du règne de Louis XIV. ecclésiastique, ni les lois civiles. n'interdiIl est à croire que, par compensation à l'accrois-saient les stipulations d'intérêt renfermées dans sement des impôts, à la suppression des liber- des conditions équitables. tés municipales attaquées par des édits bursaux, aux réformations si rigoureuses du domaine, à la création de nouveaux offices vénaux, et à toutes les charges créées pour soutenir le poids de trop longues guerres, on laissait parfois quelque liberté au peuple surtaxé, puisque la censure officielle ne fut pas offusquée des hardiesses du loyal écrivain. Mais, sí celle d'une partie du public se montra plus rigoureuse, c'est que ses doctrines, lorsqu'il fut appelé incidemment à traiter de quelque point de discipline ecclésiastique, semblèrent aheurter toutes les opinions. L'extension que l'autorité des papes a reçue depuis le x1° siècle ne lui plaît pas plus que celle que les rois se sont fait attribuer sur les nominations aux prélatures à une époque plus récente, et c'est tout au plus si la puissance épiscopale trouve grâce devant ses yeux, fixés avec complaisance sur la communauté de biens Un jurisconsulte bas-breton, M. Kerhuel, enet la participation à l'exercice de la juridiction treprit de répondre au P. Hernio, par un livre spirituelle qu'il croit voir régner dans le sacer-quí a pour titre : Traité des deniers pupillaidoce de la primitive Église. Il s'élève aussi contre la perception du casuel ecclésiastique, qu'il considère comme entaché de simonie.

Le P. Hernio, dominicain à Rennes, soutint, en 1692, la justesse de ces dernières décisions dans un Traité de l'usure, qu'il dédia au premier président de la Faluère; ce qui ferait supposer que le chef de la compagnie n'était pas tout-à-fait de l'avis de son collègue dans le Parlement.

res. Là Bigotière écrivit de son côté un Factum pour savoir si l'usage permet aux tuteurs de colloquer les deniers pupillaires à intérêt.

On conçoit très-bien que cet esprit de rigo- On pense bien que cette thèse favorite ne fut risme étroit et morose, renouvelé dans les con- pas oubliée dans le Commentaire sur la Coututroverses soutenues avec tant d'obstination par me, que notre auteur fit paraître en 1702, c'estles opposants à la bulle Unigenitus, ait ren-à-dire peu d'années après les débats que l'on contre des critiques peu indulgents, et que, dans les disputes qu'il provoquait, le caractère, la bonne foi et les sentiments de l'honnête magistrat n'aient pas toujours été respectés. Mais, l'après ce qui nous reste de la polémique soulevée par ses ouvrages, ce serait principalement son opinion sur le prêt à intérêt, dont il soutenait la légitimité contre le sentiment commun des théologiens de son temps, qui aurait amené ses adversaires dans la lice.

vient de relater. Il la soutient avec une nouvelle vigueur dans la septième partie de cet ouvrage, qui a pour titre : Du prêt gratuit et usuraire; et comme, apparemment, les dissidents n'étaient pas encore rangés à son avis, il fit paraître bientôt après son Traité de l'Usure et Intérét, dont il est fait mention dans les observations de Duparc - Poulain sur ses ouvrages, et dont M. de Kerdanet ajoute qu'il sert comme de suite au Commentaire de la Coutume, édition de 1702. Toujours est-il que nous ne le trouvons pas dans l'exemplaire de ce dernier ouvrage que nous avons sous les yeux.

L'art. 104 de l'ordonnance d'Orléans, alors en vigueur, défendait formellement le prêt à intérêt; mais, parmi les tolérances que l'usage avait pu faire admettre, il s'en était établi une La Bigotière était si préoccupé de la solidité en Bretagne pour les capitaux accumulés par des arguments qui recommandent l'admission l'économie des tuteurs. Les magistrats pen- du prêt à intérêt, que, dans un voyage qu'il fit saient qu'il était licite de les faire valoir, sans à Paris, il entreprit de les faire agréer par la Sorles engager et les aliéner à l'emprunteur par bonne, et il put reconnaître lui-même à cette ocdes arrentements à titre de constítut, et il pa-casion que leur force n'avait pas échappé à la raît que si tous les théologiens du pays n'ap- pénétration des graves docteurs. « J'ai trouvé prouvaient pas ce mode de placement, con- ces raisons si fortes, écrit-il dans son Comdamné par la rigueur des canons, la faveur des » mentaire sur la Coutume, que j'ai cru être minorités et le peu d'inconvénients qu'on voyait » obligé de consulter MM. de la Sorbonne. Or,

› dans la conférence que nous eûmes sur cela, | mination étaient responsables. La perspective > ils n'attaquèrent pas ces raisons, mais en d'un pareil danger, révélé par quelques exemreconnurent la force, et me dirent que depuis ples récents, effrayait les proches, et tous les peu M. Colbert les avait mandés pour leur moyens d'excuse étaient épuisés pour se garantir de la participation aux tutelles.

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> faire voir une déclaration toute dressée qui al> lait permettre la stipulation pour marchands, Invité par les Etats à pourvoir à ces incon> et il souhaitait qu'ils fissent un décret sur vénients, Louis XV régla l'ordre des tutelles > cela. Ces messieurs lui répondirent que, si on de la province par son édit du 2 décembre 4732, >interrogeait chacun des docteurs en particu- dont une disposition rappelle le droit commun lier, on en trouverait un très-grand nombre de la France, même à l'égard des deniers pupil» dans l'opinion que je défends; mais que ja-laires, et interdit pour l'avenir l'usage qui s'é> mais on ne porterait la sacrée Faculté à l'au- tait établi d'en autoriser le placement à intérêt. > toriser par un décret, parce qu'ayant fait des > résolutions contraires en plusieurs rencontres, » il ne fallait pas attendre une rétractation pu» blique. »

Quant à la question théologique, on sait dans nos lois civiles, qui ont enfin réhabilité ces qu'elle a survécu aux changements introduits elle n'est pas résolue, elle a du moins fait un contrats si usités à l'époque où nous vivons. Si grand pas, alors que répondant à une consultation adressée par l'évêque de Rennes, le SaintSiége a exprimé l'avis qu'on ne devait pas troules bonnes raisons qui manquaient à la cause du bler la conscience des prêteurs. Ce ne sont pas prêt à intérêt; mais elle avait le malheur d'avoir contre elle les anathèmes de tous les SS. PP. et de tous les conciles, depuis la naissance du Christianisme. Or l'Église, qui vit par l'autorité et la tradition, ne pouvait pas secouer facileIl y avait quelque chose de mieux à faire que ment le poids de ces préjugés si considérables. d'argumenter: c'était de signaler, en étudiant les mœurs des premiers siècles, les différences qui séparent le prêt à intérêt moderne de l'umiers interprètes de l'Évangile; et en abordant sure justement flétrie et interdite par les precette tâche de patience et d'érudition, feu M. le cardinal de la Luzerne semble avoir plus fait que tous ceux qui, comme La Bigotière, se sont renfermés dans la voie du raisonnement.

Toutefois, heureux d'avoir pour lui l'opinion avouée du grand Colbert et l'approbation privée de MM. de la Sorbonne, le vieux magistrat ne désespérait pas de voir triompher son sentiment, et il le recommandait à la sollicitude des minis: tres parmi les mesures que l'intérêt du pays réclamait le plus instamment.« Nous avions, con»tinue La Bigotière dans le même ouvrage, > prié feu M. le chancelier (M. Boucherat, au› quel succéda en 1699 M. de Ponchartrain) de » vouloir bien entrer dans nos besoins, et de > nous aider près du roi pour avoir des lois fixes > qui puissent assurer le repos des familles et des consciences. Nous lui avions représenté » que toutes nos lois en Bretagne avaient be> soin de revue et d'appui, et que nos juridic>tions étaient en trop grand nombre, que cette > nuée d'officiers mangeait le peuple, que la > multiplication et la cherté des procédures rendaient la justice inaccessible aux pauvres, que » nos Etats ressemblaient à un fou furieux qui » ne se sert d'une ombre de liberté qui lui reste » que pour se faire du mal, et que rien n'était > plus pressant que de régler les matières d'uM. de Kerdanet cite, parmi les ouvrages de La > sure comme avaient fait nos empereurs, parce Bigotière, un excellent petit livre intitulé: Du » que l'Université de Nantes voulait condamner devoir des juges et de tous ceux qui sont dans les » l'intérêt des deniers pupillaires, et qu'un de fonctions publiques. Rennes, Nic. Audran, 1695, > nos évêques avait défendu d'absoudre de ce in-16. Si, comme nous n'en doutons pas, cet » crime si l'on ne voulait restituer ces intérêts. opuscule n'est autre chose que la dissertation > Espérons que M. de Pontchartrain, qui a tant sur le même sujet qui se lit en tête de l'Insti> de pénétration et qui connaît toutes nos né- tution du droit français, et qui est reproduite > cessités, voudra bien s'y rendre présent, et sous une autre forme dans le premier chapitre >> qu'il ne sera pas insensible à nos plaintes. >> du Commentaire sur la Coutume, nous nous La Bigotière ne vit pas juger la cause qu'il permettrons de n'être pas de l'avis du biogra avait embrassée avec tant d'ardeur, car sa dé-phe, et de dire que nous n'y trouvons pas la cision traîna encore long-temps; il aurait eu précision qui distingue ordinairement les prod'ailleurs le chagrin d'être déçu dans ses voeux ductions de notre auteur. et ses espérances.

La Bigotière était retiré dans sa famille, au En Bretagne, le tuteur devait, aux termes château de la Baratière, voisin de Vitré, lors de la Coutume, donner caution préalable de sa qu'il succomba, le 29 septembre 1727, à l'âge gestion, ce qui était au moins difficile, surtout de 90 ans. Il n'y avait guère que deux ans lorsque la durée de la tutelle ou l'importance de la fortune des mineurs pouvaient porter la somme du compte à un chiffre considérable. En cas d'insolvabilité du tuteur, les parents et même les juges qui avaient concouru à sa no

qu'il avait cessé de prendre part aux travaux de sa compagnie; car, ainsi que le marque Duparc-Poulfain, il exerça ses fonctions pendant près de soixante ans. Il a laissé après lui des marques de sa piété dans diverses fondations

auxquelles son humilité lui a interdit d'atta-> Un an après arriva le combat entre la Surveil cher son nom. » lante et le Québec. Je n'en rappelle pas les cirLes Tables du Parlement de Bretagne font » constances; ce combat opiniâtre a été assez aussi mention d'un magistrat du même nom » célébré en Angleterre. J'y eus le bras droit emqui fut reçu conseiller en 1706. Cette famille,» porté, et je fus blessé à la main gauche et au aujourd'hui éteinte, a dû se fondre par alliance» côté. Je reçus pour récompense la croix de dans celle des Legonidec, qui a donné aussi » Saint-Louis, à l'âge de vingt-et-un ans, et une plusieurs magistrats à ce Parlement. A. D. B. » pension de 1,000 fr. (44 liv. sterl.) et le grade » de lieutenant de vaisseau. Un an après le LA BINTINAYE (le chevalier AGATHON- » combat, les trois ordres des Etats de BretaMarie-René de), né à Rennes, le 24 mars » gne (15, 16 novembre 1780) m'accordèrent, à 1758, était major de vaisseau, lorsqu'il quitta» vingt-deux ans, le droit de séance dans leur le service de la marine. Ayant émigré en An- » assemblée, que la loi n'accordait qu'à vingtgleterre, au commencement de la Révolution,» cinq ans. Aussitôt que la guérison de mes il se trouvait à Londres lorsque le Morning-» blessures me permit de reprendre mon serChronicle publia, sous le titre de The only pri- » vice. je fus nommé au commandement d'un vileges the nobility valued were distinction o» petit bâtiment. Je n'avais point encore servi frank and exemption from taxes, un article » sur des vaisseaux de ligne, et je voulais accalomnieux contre la noblesse française. La» quérir tous les genres d'instruction. Je refuBintinaye, indigné, le réfuta dans une brochure» sai le commandement, et je m'embarquai sur qui fut accueillie avec faveur et qui était inti- » le Triomphant: de là je passai à bord de l'Intulée Observations du chevalier de la Binti- vincible. Ensuite je refusai un congé qui me naye sur un article inséré dans le Morning-» fut offert par le ministre pour m'embarquer Chronicle (27 janvier 1792), ouvrage qui a pour » à bord du Magnifique, et puis surla Couronne, but de faire connaitre l'état des choses en France » pour passer aux Indes-Occidentales, où je avant la Révolution, et de dévoiler les causes et » restai jusqu'à la fin de la guerre. J'en revins les moyens qui l'ont produite. London, J. de» en juin 1783. - Des circonstances particuBrett, 1792, in-8° de 110 p., outre le titre. On» lières enchaînèrent mon activité jusqu'au trouve, aux pages 6, 7, 11 et suivantes, une» commencement de juin 1785. Je pris alors le auto-biographie de La Bintinaye, écrite avec la » commandement d'une flûte du roi que je conmodestie et la dignité dont il avait fait preuve » duisis dans la Baltique. Je fis, en 1786 et aux États de Bretagne, le 16 novembre 1780, » 1787, deux campagnes d'évolutions; M. le lorsque cette assemblée l'admit, avant l'âge, à» vicomte de Marigny me chargea des fonctions prendre part à ses travaux, en récompense du» de major de l'avant-garde qu'il commandait. courage qu'il avait montré dans le combat de» En septembre 1787, lors des préparatifs de la Surveillante, le 10 octobre 1779. ( Voir les » guerre occasionés par les troubles de Holregistres manuscrits des Etats de Bretagne.) » lande, je reçus ordre de me rendre à Toulon Voici les passages de la brochure du chevalier » pour y prendre le commandement de la fréde la Bintinaye, dans lesquels il raconte sa vie : » gate la Friponne, de 32 canons. A mon arriJe vais, dit-il, tâcher d'opposer quelques» vée dans ce port, les préparatifs de guerre » vérités à ces mensonges. Il (le journaliste) ose » ayant cessé, on substitua à la frégate qui » traiter ainsi un ordre qui s'est toujours fait un» m'était destinée la corvette la Sardine. Je » devoir de sacrifier ses biens et son sang à la conduisis cette corvette dans les Echelles du » défense de la patrie, et dont tout membre, pour» Levant, où elle faisait partie d'une division » ainsi dire, naissait soldat. Trop indigné pour » de huit bâtiments destinés à la mission délicate » m'arrêter à recueillir les exemples sans nom-» de faire respecter la neutralité de la France au »bre qui attestent le dévouement de la noblesse » milieu des hostilités des Russes et des Turcs. » française, je citerai le mien, je découvrirai ma» Je revins à Toulon, au mois de décembre » poitrine et je montrerai mes blessures. » 1788. Là finit mon activité. J'obtins, pour

» Je suis entré dans le corps de la marine de » revenir au sein de ma famille, un congé qui » France à la fin de 1773, à l'âge de quinze ans. expirait à la fin de 1789. Avant son expira» Après avoir fait une première campagne dans » tion, je demandai ma retraite. Je n'ai pas be» la Manche, je me suis embarqué à la fin de » soin d'en détailler les motifs, je les ai publiés » 4775 sur une frégate du roi expédiée aux In- » dans une déclaration qu'à mon arrivée à Londes-Orientales. Je suis revenu en France au» dres j'ai trouvée traduite en Anglais. J'ai re» mois de janvier 1778. Au mois d'août de cette » noncé solennellement à ma pension et aux » année, j'armai sur la frégate la Surveillante,» appointements de retraite que je pouvais es> commandée par M. du Couédic. Le comman- » pérer. Ainsi, il ne me reste aucun prix de mes » dant en second de cette frégate ayant passé» services, que l'estime des honnêtes gens. » au mois d'octobre suivant sur un autre vais- » J'espère qu'il ne sera pas au pouvoir d'un vil » seau, M. du Couédic me fit l'honneur de me» calomniateur de me l'ôter. »

> confier les fonctions que cet officier quittait. Le chevalier de la Bintinaye mourut à Lon

dres à la fin du mois de décembre 1792, noyé | fut successivement nommé échevin, prieurdans la Tamise.

P. L...t.

consul, juge royal de police et l'un des prévôts et administrateurs des hôpitaux. De la vivaLA BINTINAYE ( l'abbé FRANÇOIS-MARIE- cité, une mémoire des plus heureuses, un goût Elisabeth de ), — frère aîné du précédent, né vif et précoce pour le travail permirent à La le 3 novembre 1751, à Rennes, où il est mort Bletterie de commencer, dès l'âge de six ans, le 23 novembre 1816, a coopéré aux Actes des ses études au collège de Rennes, où, chaque Apôtres de Peltier et à l'ouvrage intitulé: Co- année, il obtint les premiers prix dans toutes mus, masque de Milton, représenté au château les classes et dans toutes les facultés. Entré en de Ludlow, en 1634, devant John Egerton, 1742 dans la congrégation de l'Oratoire, il alla comte de Bridgewater, lord président du pays l'année suivante faire son cours de théologie à de Galles (publié par les soins et aux frais de Saumur. Choisi ensuite pour professer les huM. Francis-Henri Egerton), traduction lit- manités à Soissons, et la rhétorique à Nantes, térale ( en vers français, par M. de la Binti-il s'y fit connaître par diverses pièces de poénaye, et en vers italiens, par Gaetano Polidori sie dans lesquelles on remarqua, outre la véda Bientina). Paris, de l'imprimerie de P. Di- rité des pensées et la noblesse des sentiments, dot l'aîné, 1842, in-4°. Doublement excentri- un certain talent de versification. De ce nombre que comme Anglais et comme bibliomane, sir étaient une tragédie de Thémistocle, qu'il comFrancis Egerton, qui était d'ailleurs constam-posa pour ses élèves du collège de Nantes; une ment occupé de l'illustration de sa famille, crut réponse qu'il fit, à l'occasion d'une aventure la rehausser en publiant le poème de Comus, peu ridicule, aujourd'hui oubliée, et sous le titre de connu en France, mais qui, indépendamment de son mérite intrinsèque, en avait un autre à ses yeux, celui d'avoir été composé par Milton pour être récité par les membres des deux sexes de la famille Egerton. Par une conception bizarre, sir Francis exigea des deux traducteurs que chaque vers anglais fût reproduit littérale ment ligne pour vers, sans rime ni mesure c'est-à-dire comme on n'a jamais traduit. « J'ai > engagé, dit sir Francis, deux personnes dont » les talents littéraires sont connus, à faire ces > deux traductions. Je les ai revues avec soin, > afin qu'elles fussent littérales et exprimas> sent le véritable sens de l'auteur. Dans ce but, » je me suis permis de faire des mots composés. » J'en ai même créé de nouveaux. On trouvera » que le français et l'italien ne sont pas bien » purs. (Sir Francis y avait mis bon ordre). » L'on y découvrira aussi de nombreux défauts. » Je désirerais qu'on ne les imputât qu'à moi > seul. >> Ce souhait a dû être amplement exaucé. On peut juger, par l'échantillon suivant, de la bizarrerie du travail amphigourique pour l'exécution duquel sir Francis avait attaché ses deux traducteurs au lit de Procuste :

Avant que cet espion babillard d'Orient,
L'aube délicate des hauteurs indiennes,
Commence à poindre par son soupirail,
Et découvre au soleil bavard
Nos solennités cachées, etc.

très-humbles Remontrances à M. de Montempuis, à un vaudeville malin attribué au P. Ducerceau, et une petite épître qu'il adressa au duc de Saint-Aignan, nommé ambassadeur à Rome, épître que M. Miorcec de Kerdanet nous a conservée dans ses Notices sur les écrivains de la Bretagne, p. 326.

La Bletterie enseignait la philosophie dans la maison de Montmorency, ou l'école de théologie de Saumur avait été transférée, lorsqu'il fùt chargé, en 1723, des conférences théologiques établies à Tours. Ces conférences, qui embrassaient l'Écriture-Sainte, la doctrine des pères et des conciles, le dogme, la morale et l'histoire ecclésiastique, se continuèrent pendant cinq ou six ans aux applaudissements d'un grand nombre d'auditeurs. Les succès de La Bletterie dans cet enseignement déterminèrent ses supérieurs à le choisir pour occuper une chaire semblable au séminaire de Saint-Magloire, à Paris. Afin de répondre dignement à la confiance dont il était l'objet, il crut devoir faire une étude encore plus spéciale qu'auparavant de l'Écriture-Sainte et de la langue hébraïque, et il s'y livra avec une telle ardeur qu'il faillit perdre la vue, laquelle resta grandement affaiblie pour le reste de ses jours.

C'est dans ce temps que parut le système de Masclef, qui proposait de dégager l'hébreu de cette multitude de signes et de points massoréLa famille de l'abbé de la Bintinaye et plu- thiques dont plusieurs servent de voyelles, et sieurs émigrés qui connaissaient sa liaison avec à se borner à mettre après la consonne la Ed. Burke, lui attribuent la traduction des Ré-voyelle qu'elle a dans l'ordre de l'alphabet. Ce Aerions sur la Révolution de France, etc., 1790, in-8°. La deuxième édition corrigée nous apprend que la première et les contrefaçons renferment beaucoup de fautes. P. L...t.

LA BLETTERIE (Jean-Philippe-René de), - naquit le 25 février 1696, à Rennes, où son père, qui exerçait la profession de pharmacien,

système était développé dans la Grammaire intitulée: Grammatica hebraïca à punctis aliisque inventis massorethicis libera. Parisiis, ColTombat, 1716, in-12. Il eut un grand nombre de défenseurs et de détracteurs. La Bletterie se rangea parmi les premiers, et publia, pour le soutenir, ses Vindicia methodi Masclefiance, qu'il inséra dans le t. II de la grammaire de

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