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avec violence contre les flancs du vaisseau. dont fonctions de chef militaire à Villefranche, Maisils menaçaient de défoncer les sabords; le troi- tral fut nommé par le prince Eugène commansième s'abattit sur le pont, où, dans sa chute, dant des forces navales du royaume d'Italie il écrasa les embarcations, dernière ressource depuis l'embouchure du Pô jusqu'à celle de la en cas de sinistre. Le vaisseau faisait tant d'eau Piave, et chef militaire des mouvements à Veque toutes les pompes pouvaient à peine suffire nise, jusqu'au 30 mai 1807. qu'il revint en à la rejeter; le feu enfin prit à bord. Les An- France. Depuis cette époque. il servit peu à la glais, pour s'étourdir sur l'horrible danger qui mer. Compris dans l'organisation du 1er janvier les menaçait, avaient défoncé la cambuse, et 1846, il fut mis en retraite le 1er janvier 4819. étaient tous ivres - morts. La reprise du vais- Il est mort à Brest le 17 août 1842. Le comseau eût donc été facile, s'il eût été en état de mandant Maistral était officier de la Légiontenir la mer; mais le premier de tous les be-d'Honneur. soins, celui de leur conservation, était le seul qui se fit sentir à ceux des Français que la vue de leur cruelle situation n'avait pas réduits au plus accablant désespoir.

P. L...t.

MALHERBE (JOSEPH-FRANÇOIS-MARIE),ancien bénédictin, né à Rennes, le 31 octobre 1733, fut reçu docteur à Angers, et alla plus Maistral, malgré sa blessure, ne négligea tard (4774), enseigner la philosophie à l'abbaye rien pour réveiller le courage de l'équipage de Saint-Germain-des-Prés, de Paris. Ses sufrançais, que son morne abattement menaçait périeurs le chargèrent ensuite de revoir la derd'une mort certaine et prochaine. Se multi-nière édition, donnée par les Bénédictins, des pliant sur tous les points du vaisseau, il com- OEuvres de saint Ambroise; et, en 1784, ils lui muniqua aux autres son ardeur. Ses compa- confièrent le soin de mettre la dernière main au gnons, suivant son exemple, se mirent à pom- 6° volume de l'Histoire générale du Languedoc, per et éteignirent le feu; ils cintrèrent les bat- que Dom Bourotte avait préparé, mais qu'il teries, dont les canons, ébranlés par le plus n'avait pas eu le temps de publier, étant mort violent roulis, rompaient boucles et bordages, le 12 janvier 1784. La Révolution ne le fit pas et, en se démarrant, pouvaient occasionner les interrompre ses travaux; il leur donna seuleplus grands malheurs; ils firent, enfin, tout ce ment une autre direction. Répondant à l'appel qu'on pouvait attendre d'hommes habitués à fait par le Gouvernement à tous les écrivains, braver tous les dangers, et qui n'avaient cédé à l'occasion de la convocation des Etats-Généqu'un moment à une terreur bien excusable. raux, il publia, en communauté avec M. VerMaistral recueillit le prix de ses efferts le nes, l'ouvrage intitulé: Testament du publiciste Hoche fut sauvé. Tant de dévouement méritait patriote, ou Précis des Observations de M. l'abun autre sort que celui auquel il était réservé. bé de Mably sur l'Histoire de France. La Haye Après un an de séjour en Angleterre, comme et Paris, Bleuet fils aîné, 1789, in-8°. L'étude prisonnier de guerre, il revint à Brest, où il fut que Malherbe avait faite de la chimie, pour se d'abord employé au service du port. Promu ca- distraire dans ses moments de loisir, le rendit pitaine de vaisseau le 23 frimaire an VIII, il fut apte à concourir quand le bureau de consultanommé, le 25 ventôse suivant, au commande- tion des arts proposa un prix pour la fabricament du vaisseau le Mont-Blanc, d'où il passa, tion de la soude par la décomposition du sel le 5 floréal de la même année, sur le vaisseau marin; un procédé qu'il avait découvert en 1777 le Terrible. Il commanda ensuite la frégate l'U-lui fit adjuger le prix. Il contribua aussi, en ranie, sur laquelle il fit, de l'an X à l'an XIII, 1792 et 1793, à améliorer la confection du satrois campagnes, les deux premières à la Mar- von à Paris, où il ne s'en fabriquait que de trèstinique et à la Guadeloupe. Les principaux ob- mauvaise qualité. Adjoint, en 1794, à la comjets de sa mission étaient de faire connaître aux mission chargée de recueillir les livres dans les Antilles l'arrivée des forces de terre et de mer dépôts littéraires, il devint, en 1799, bibliothéexpédiées à Saint-Domingue, la révolte des caire de la Cour de cassation, puis ensuite du noirs et la mise de cette colonie en état de siége. Tribunat jusqu'à la suppression de ce corps. A son retour de ces deux campagnes, l'Ura- Nommé censeur des livres, en 1812, et, nie fut destinée à faire partie de l'escadre sortie tard, censeur honoraire, il mourut à Paris, le de Toulon, le 18 janvier 1805, sous les ordres! 17 février 1827, laissant les manuscrits des oude l'amiral Villeneuve; mais elle ne put accom- vrages suivants : I. Remarques historiques sur plir sa mission que pendant peu de jours. Le les localités et les antiquités du Languedoc; vent, très-fort au moment de la sortie de l'es- elles sont ou étaient renfermées dans plus de cadre, redoubla de violence pendant la nuit. trente cartons. II. Observations sur l'Histoire Plusieurs des bâtiments firent des avaries; de de France, relativement aux assemblées natioce nombre fut l'Uranie, à bord de laquelle il se nales; elles pouvaient former un vol. in-42. III. déclara une voie d'eau qui exigea la visite de Une traduction du latin de la Physique souses fonds lors de sa rentrée à Toulon, le 24, et terraine de Bécher, ouvrage où la géologie se son remplacement par la frégate l'Hermione. trouve alliée à la chimie, et qui a fait époque Après avoir exercé, pendant huit mois, les dans la science. La publication de cette traduc

plus

tion aurait pu être utile, si surtout, comme rage, Malherbe réussit, à force d'énergie, à fennous le pensons, il n'a paru aucune traduction dre la foule, et parvenu jusqu'à la victime, il l'embrasse étroitement : « Vous n'aurez sa vie » qu'avec la mienne, s'écrie-t-il d'une voix re» tentissante, et, s'il vous faut du sang, vous » mêlerez au sien celui de votre magistrat ! » Profitant ensuite avec habileté du calme momentané qui succéda à cette énergique apostrophe, il fit monter le malheureux gentilhomme dans une voiture, le conduisit lui-même jusqu'aux barrières, et ne l'abandonna que quand il fut hors de tout danger.

française de l'ouvrage de Bécher. P. L...t. MALHERBE (JOSEPH-ANNE-ROBERT), né à Rennes le 20 octobre 1758, appartenait à une famille honorable de la haute bourgeoisie. Son aïeul était avocat au Parlement; son père, aussi avocat, avait en outre rempli les fonctions de commissaire des Etats de la province. Reçu lui-même avocat au Parlement de Bretagne. le 4 août 1777, à l'âge de 19 ans, il ne tarda pas à conquérir une des premières positions de ce Après le 31 mai, l'administration d'Ille-etbarreau, si riche cependant alors en juriscon-Vilaine étant devenue, dans l'Ouest, le premier sultes habiles, en éloquents orateurs. Lorsque la Révolution de 1789 éclata, il en adopta tous les grands principes auxquels il resta fidèle jusqu'à sa mort. Résolu à seconder, même aux dépens de ses intérêts personnels, l'œuvre de rénovation qui s'opérait alors, il n'hésita pas à abandonner la position lucrative et paisible que son talent et sa droiture lui avaient acquise au barreau, pour accepter les fonctions de substitut du procureur de la commune de Rennes, auxquelles l'appelèrent les suffrages de ses concitoyens, et qui furent bientôt échangées contre celles de procureur de la même commune.

centre de cette lutte qu'essayèrent les départements contre les crimes des Jacobins et de la commune de Paris, Malherbe, que ses opinions rapprochaient des Girondins, et qui était lié d'une amitié étroite avec Lanjuinais, Malherbe prit une part considérable à la résistance de l'administration dont il était le membre le plus actif et le plus influent. Après avoir publiquement revendiqué la solidarité des actes de son député Lanjuinais, et présenté à la Convention une éloquente et énergique protestation contre l'incarcération des représentants, le département d'Ille-et-Vilaine provoqua les autres déUne nouvelle magistrature élective lui fut partements à la résistance et dirigea immédiaconférée le 10 février 1791. Appelé, comme pro- tement sur Caen un bataillon à la solde et à cureur-général syndic du département d'Ille-l'entretien duquel furent affectées les contribuet-Vilaine, à organiser l'administration nouvelle, tions publiques de l'Ille-et-Vilaine. il sut déployer une capacité vraiment supérieure Mais la Gironde succomba, et Carrier fut endans cette mission délicate et ardue. Tous les voyé à Rennes pour immoler ses défenseurs; services publics, modifiés ou créés en consé- Malherbe devait être une des premières victiquence des décrets de l'Assemblée constituante; mes dévouées à la colère du farouche proconl'assiette et la répartition de l'impôt; les tra- sul. Par un arrêté de trois pages, entièrement vaux publics; l'organisation des gardes natio- autographe, Carrier ordonna, le 23 septembre nales; l'exécution d'une législation à peine 1793, l'arrestation de Malherbe, de vingt-quaéclose; toutes choses qui froissaient des préju- tre autres citoyens des plus honorables, et de gés ou des intérêts anciens, tels furent, avec le tous les autres contre-révolutionnaires et fédéramaintien de la tranquillité publique et la créa-listes signalés par le comité de surveillance étation des moyens de subsistance, les objets sur bli à Rennes. L'exécution de cette mesure était lesquels se concentra sa vigilance active et prescrite aux autorités constituées sous leur reséclairée. ponsabilité collective ou individuelle et sur leur

Entouré d'une légitime popularité, il ne crai-tête; toute entrave ou simple retard ferait congnit pas, vers cette époque, de s'exposer à la sidérer comme traîtres à la patrie ceux qui en perdre dans deux circonstances. La première seraient les auteurs. Enfin, il invitait tous les fois, ce fut en s'élançant seul entre les cham-bons citoyens à leur courir sus et à les mettre pions choisis par deux régiments en garnison à à mort, puis il terminait en ordonnant qu'on Rennes pour vider une querelle entre les deux amenât devant lui à Nantes tous ceux dont il corps. A sa voix, le fer tomba des mains des commandait l'arrestation. vingt-cinq combattants que chaque parti avait chargés de le représenter dans cette lutte insensée. Un autre jour, informé que la populace s'est emparée d'un noble, signalé à sa fureur par cette qualité seule, Malherbe court au lieu du rassemblement. Déjà la malheureuse victime était placée sous la lanterne fatale. Le procureur-général syndic invoque les lois et l'humanité, mais des démonstrations homicides ne lui permettent pas de douter que l'infortuné va être immolé. N'écoutant alors que son cou

Une circonstance, à bien dire providentielle, empêcha Malherbe de tomber entre les mains de Carrier. Dès les premières manifestations des administrateurs d'Ille-et-Vilaine en faveur des Girondins, Billaud-Varennes avait obtenu de la Convention, le 9 juin 1793, un décret chargeant le comité de salut public d'instruire contre les administrateurs et le procureur-génénéral syndic. Ce décision, qui aurait pu être si fatale à Malherbe, devint la cause de son salut. Le décret de la Convention était antérieur à

l'arrêté de Carrier. Deux hommes, dont le nom | chercher et revint à Rennes, où il reprit l'exerdoit être cité avec estime et reconnaissance, cice de sa profession d'avocat et fut nommé Leperdit, maire de Rennes, et Desperiers, se- aux fonctions gratuites de membre du conseil crétaire du conventionnel Esnue-Lavallée, se de surveillance de la Faculté de droit. Lorsque prévalurent de cette espèce de conflit entre la le premier consul devint Empereur, il nomma Convention et son délégué pour empêcher Mal- Malherbe officier de la Légion-d'Honneur et herbe et ses coaccusés d'être envoyés à Nantes. chancelier de la 13° cohorte. Ces dernières foncLes prisonniers furent donc transférés à Paris, tions, qui lui conféraient la surveillance de proet Malherbe jété dans les prisons du Luxem-priétés considérables disséminées dans les débourg, dont les portes ne lui furent ouvertes partements de l'Ouest, et pouvant produire un qu'après le 9 thermidor. revenu de 250,000 fr., lui donnaient droit à une indemnité de gestion d'environ 5,000 fr. Ne pouvant gérer par lui-même, il crut de son devoir d'abandonner en entier cette rétribution considérable à un préposé ambulant qu'il chargea de parcourir sans cesse les propriétés de la légion, afin d'en assurer la conservation.

Revenu à Rennes, après sa délivrance, Malherbe trouva son modeste patrimoine saisi, ses meubles sous le séquestre, ses affaires domestiques dérangées d'ailleurs par cinq années de fonctions publiques presque entièrement gratuites, et par une captivité de plusieurs mois. Forcé de demander au travail le pain de sa jeune famille, il accepta d'abord le modeste emploi de commis dans l'administration des vivres de l'armée; mais la nouvelle organisation de l'ordre judiciaire, décrétée par la Constitution de l'an III, lui rouvrit bientôt la carrière du barreau. Le tribunal unique du département d'Ille-et-Vilaine s'empressa de lui donner une marque flatteuse d'estime en lui confiant la défense d'office et nécessairement gratuite des militaires et marins absents. A ces fonctions, Malherbe joignit bientôt celles de membre du jury préposé à la surveillance de l'école centrale de Rennes.

En 1809, époque où les Cours d'appel jouissaient encore du privilége d'élire leurs présidents de chambres, Malherbe fut nommé conseiller à celle de Rennes, puis, en même temps, président de l'une des chambres. C'est avec ce titre, et comme doyen des présidents, qu'il se trouva compris dans la réorganisation de l'année suivante. Quand l'âge et les infirmités placèrent le baron Desbois, chef de la Cour, dans l'impossibilité à peu près absolue de remplir ses fonctions, Malherbe, appelé presque constamment à le remplacer, se trouva premier président de fait, sans en avoir le titre. La voix publique et l'opinion unanime de la Cour le déDéputé en l'an VII par le département d'Ille- de M. Desbois, dont la retraite était prochaine, signaient unanimement comme le successeur et-Vilaine au Conseil des Cinq-Cents, Malherbe lorsque la violente commotion de 1815 fit évay siégea jusqu'à la révolution du 18 brumaire, nouir ces légitimes espérances. Non seulement et se trouva alors appelé à faire partie du Tri-il ne fut pas élevé à cette dignité, mais il fut bunat, dont il fut membre depuis l'an VIII jusqu'à l'an XII, c'est-à-dire pendant la période la plus brillante et la plus féconde du Consulat. Membre constant de la majorité qui appuya et fit prévaloir toutes les mesures d'ordre et de réorganisation proposées à cette époque, Malherbe fut appelé, à deux reprises, dans les sessions de l'an X et de l'an XI, aux fonctions de secrétaire du Tribunat. Comme membre de la section de législation, il concourut à la rédaction du Code civil, et les hommes éminents qu'il aida dans ce travail ont bien souvent proclamé tout ce qu'ils trouvèrent de secours dans sa collaboration éclairée, consciencieuse et infatigable. Comme organe du Tribunat, il présenta le titre du Domicile. Son discours, d'une simplicité austère, retrace avec une concision rapide, mais complète, les principes de la matière, et montre Malherbe ce qu'il était en effet, jurisconsulte érudit en même temps que pratique, penseur grave, écrivain correct et pré

éliminé lors de la réorganisation de la Cour. Quelle que fût l'ardeur des passions réactionnaires de l'époque, Malherbe eût néanmoins été rendu promptement à ses fonctions, sans une circonstance dans laquelle le nouveau pouvoir puisa un prétexte de prolonger son exclusion. Il avait adhéré à la célèbre consultation du barreau de Rennes en faveur du Censeur Européen, consultation qui n'était que l'expression de sa propre opinion. Vers le même temps l'ordre des avocats de Rennes le choisit pour son bâtonnier. Sa disgrâce dura quatre ans, et ne cessa, incomplètement toutefois, qu'en 1819, sous le ministère de M. de Serres. Rétabli comme simple conseiller, il ne recouvra sa dignité de président qu'après la Révolution de Juillet. Lorsque son grand âge et ses infirmités lui firent craindre de ne plus remplir ses fonctions, il s'en démit. Il est mort à Rennes le 2 mai 1841. L'éloge de Malherbe se trouve dans le Discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée du 3 novembre 1841, par M. Chegaray, A l'expiration de son mandat, Malherbe, à procureur-général du roi. Rennes, imp. d'Amb. qui il eût été si facile d'atteindre aux plus hau-Jausions, 1844, in-8° de 28 p. La notice qui tes positions de la magistrature ou de l'admi- précède est fidèlement résumée de ce discours nistration, n'eut même pas la pensée de les re- remarquable. P. L...t.

cis.

MALLET ANTOINE), dominicain, né à pagnie de saint Brendan, en vue de trouver une Rennes, en 1593, prit ses degrés dans la Faculté solitude qui, en l'éloignant du monde, lui eût de théologie de Paris, devint prieur de Saint-Jac- permis de vivre dans un commerce paisible et ques, et fut successivement vicaire-général de la continuel avec Dieu. Au surplus, ce voyage, congrégation de France et provincial de cette s'il avait eu lieu, ne se serait vraisemblablecongrégation, lorsqu'on l'érigea en province. Il ment effectué qu'après l'élévation de Malo à suivit à Blois Gaston de France, duc d'Orléans, l'épiscopat. Les devoirs que lui imposaient ces et il y mourut en 1663, âgé d'environ soixante- fonctions ne pouvant se concilier avec son dix ans. On lui doit: I. Histoire des saints invincible penchant pour la retraite; il se dépapes, cardinaux, patriarches, archevêques, cida, après de longs combats avec lui-même, évêques, docteurs de toutes les Facultés de l'Uni-à déposer sa mitre, et, suivi de quelques reliversité de Paris, et autres hommes illustres gieux que saint Brendan lui permit d'emmener, qui furent supérieurs ou.religieux du couvent il aborda heureusement à une île voisine de de Saint-Jacques de l'ordre des Frères précheurs. l'ancienne ville d'Aleth, île où est aujourd'hui Paris, 1634, in-8°. On reproche à cet ouvrage la ville de Saint-Malo. Cette ile n'était alors beaucoup de négligences. II. Discours sur le qu'un écueil où vivait dans une complète solirosaire perpétuel. Paris, 1664, in-24 (Echard, tude le saint ermite Aaron; elle n'était séparée Script. ord. præd., et le P. Texte, dans une que par un bras de mer, asséchant à marée lettre insérée dans les Mémoires de Trévoux, basse, de la ville d'Aleth, actuellement Saintfévrier 1744, p. 217). M. de Kerdanet, dans ses Servan. Aaron le reçut avec empressement et Notices chronologiques sur les écrivains de la l'admit à partager son séjour, où il ne resta que Bretagne, attribue à Mallet une Histoire de quelques mois. A la sollicitation d'Aaron, à qui Séjan, dont la bibliothèque de l'ordre des Frères son âge avancé interdisait le ministère de la préprêcheurs ne fait pas mention. P. L...t. dication, il se détermina à porter les lumières, de l'Evangile dans la ville d'Aleth, dont les habitants n'avaient que le nom de chrétiens. A la voix du fervent missionnaire, ils accoururent en grand nombre et abjurèrent leurs erreurs. Les nombreux miracles que lui attribue la légende, et dont quelques-uns trouveraient aujourd'hui leur explication dans ses connaissances médicales, fort étendues pour le temps, ces miracles, disons-nous, firent une profonde impression sur les populations, qui l'acclamèrent leur évêque. On ne saurait préciser si son élévation à l'épiscopat fut le fait exclusif du choix du peuple, ou sí les évêques voisins y concoururent. Ce qui semble plus positif, d'après les actes que possédait l'abbaye de Marmoutier, c'est que Judwal, chef domnonéen (Biog. bret., t. I, p. 552), mort vers 1580, époque présumée de l'arrivée du saint apôtre en Armorique, lui aurait conféré la dignité épiscopale ou aurait confirmé son élection.

MALO (SAINT), — dont le nom ne varie pas moins dans la langue latine, où il est appelé Maclovius, Macliavus, Macutus et Machutes, que dans la langue française, où il est désigné par ceux de Malo, Maclou, Macou et Macut, naquit. vers 547, selon le P. Le Large (voy. ce nom), à Raux ou Roc, lieu situé près d'Aleth, de parents qui avaient passé depuis peu de la Grande-Bretagne en Armorique. Ses parents, qui avaient conservé des relations avec leur ancienne patrie, le firent élever au monastère de Lan-Carvan, dans la Cambrie, où il fut disciple de saint Brendan. Malo fit de grands progrès sous ce maître, qui eut bientôt la satisfaction de voir que le jeune élève édifiait ses compagnons par la régularité de sa conduite, son affabilité, sa piété et son application à l'étude. Lorsqu'il fut assez avancé en âge pour pouvoir embrasser l'état religieux, il reçut l'habit des mains de saint Brendan, qui le chargea d'aller semer la Nous ne parlerons pas des miracles de saint parole de Dieu parmi les populations de la Gran-Malo, dont l'un des principaux a déjà été rapde-Bretagne non converties, ou chancelantes porté (t. Ier, p. 553). Nous nous bornerons à dans leur foi nouvelle. Le jeune missionnaire dire que toute sa vie fut employée à soigner les édifia tellement ses auditeurs par l'exemple de malades, à guérir les corps, à sanctifier les ses vertus et la solidité de ses enseignements, âmes, et, qu'étendant sa sollicitude à tous les que, dans l'effusion de leur reconnaissance, pays voisins, il les parcourut, catéchisant le ils le contraignirent d'accepter le titre d'évêque peuple, lui administrant les sacrements et fairégionnaire de Castel-Gwent, quelque résis-sant les ordinations qu'exigeaient les besoins tance qu'il leur opposât, quelques protesta- croissants du nouveau culte.

tions qu'il put faire. Avant son ordination, sui- Après la mort d'Haëloc, qui était devenu le vant quelques légendaires, il aurait accompa-protecteur de saint Malo par reconnaissance de gné saint Brendan dans le voyage de sept ans la cure miraculeuse dont il a déjà été parlé (Ibid., qu'il fit sur mer pour découvrir certaines îles p. 553), ce dernier fut en butte à des persécufortunées. Ce voyage fantastique pourrait bien tions suscitées par des personnes jalouses de se réduire, comme le fait judicieusement ob- le voir obtenir des chefs de leurs familles des server D. Lobineau, à la recherche de quelque secours qu'il employait au soulagement des île écartée que saint Malo aurait faite en com- pauvres ou aux besoins de son église. Les tra

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casseries, les mauvais traitements mêmes qu'eu- | évêque d'Aleth qui, lors des incursions des rent à subir ses clercs et ses serviteurs. le dé- Normands, les porta à Paris, où elles furent cidèrent à s'éloigner. Maudissant cette terre placées dans la Sainte-Chapelle, et, plus tard, inhospitalière, il s'embarqua avec quelques-uns elles furent partagées entre l'abbaye de Saintde ses religieux, et aborda, après quelques jours Victor et le séminaire de Saint-Magloire. On en de navigation, à un petit port voisin de Saintes voyait aussi des fragments à Saint-Malo, à en Saintonge. Léonce, évêque du pays. non Saintes, à Rouen, à Pontoise et à Saint-Macloucontent de lui faire un accueil cordial et em-de-Moiselles, près Versailles, où l'on en conpressé, lui procura un asile et des moyens serve encore un fragment, le seul peut-être qui d'existence. Il révéla bientôt son pouvoir de en reste.

guérir, en rendant la santé à la fille du comte La légende la plus ancienne de saint Malo a du pays, que la morsure d'une vipère menaçait été composée au vire siècle par Bili, diacre, d'une mort imminente. Les libéralités du père et selon quelques-uns, évêque d'Aleth. On croit de celte princesse se joignirent à celles de Léonce que c'est celle qui se trouvait dans le légenque Malo aida, de son côté, à porter le fardeau daire de Marmoutier, et que D. Morice a inséde l'épiscopat, en l'accompagnant dans ses tour-rée dans ses Preuves, t. I, col. 191-193. Dom nées pastorales et en partageant avec lui le mi- Mabillon, dans le 1er vol. des Actes des saints nistère de la prédication. Bénédictins, a publié une autre vie du saint, Cependant, depuis l'éloignement de Malo, écrite par un anonyme, et un fragment de celle le territoire d'Aleth était frappé de stérilité; ses que Jean du Bois, célestin, a extraite des mahabitants étaient atteints de maladies conta- nuscrits de l'abbaye de Floirac, et qu'on trouve, gieuses qui les moissonnaient. Attribuant ces t. Ier, p. 485, de la Bibliothèque de Fleury. fléaux à la malédiction de saint Malo, ils dé-Lyon, 4605. in-8°. Sigebert, religieux de Gemputèrent vers lui les plus considérables d'entre blours, en Brabant, au XIIe siècle, a aussi écrit eux pour le conjurer de revenir, l'assurant de une vie de saint Malo qui se trouve dans Suleur repentir et lui promettant pour l'avenir rius, au 15 novembre, p. 349-354, vie qui ne soumission et respect. Emu de leurs supplica- serait autre, d'après Gallet, que celle de Bili tions, Malo prit congé de Léonce, et il ne fut retouchée. L'histoire de saint Malo et de ses pas plutôt arrivé à Aleth qu'il rétracta publique- successeurs par le P. Le Large (voy. ce nom), ment son imprécation et donna sa bénédiction et les Proprès des divers diocèses de Bretagne, à tout son diocèse, d'où disparurent les fleaux sont, en outre. des sources auxquelles on peut qui le désolaient. Mais, quoi qu'on pût faire recourir pour avoir des détails complets sur ensuite, inébranlable dans sa résolution de re- saint Malo. P. L...t. venir en Saintonge, où Dieu, disait-il, l'appelait à mourir, Malo se déroba aux instances et aux MANGOURIT DU CHAMP-DAGUET (1) larmes de son ancien troupeau. Léonce, informé (MICHEL-ANGE-BERNARD de) était issu de pade son retour, alla au-devant de lui jusqu'au rents nobles: il naquità Rennes le 21 août 1752, bourg d'Archembray, ou plutôt de Brouage, dont et fit avec succès ses études au collège de cette il lui fit don à cette occasion, et où son hôte, ville. Dès son adolescence, il manifesta de granaprès avoir passé le reste de ses jours dans la des dispositions pour l'état militaire; en 1775, il vie contemplative, mourut dans la nuit du 15 |était déjà lieutenant au bataillon provincial de au 16 novembre 627. Le siége épiscopal qu'il Pontorson, lorsque son père l'obligea à prendre avait établi à Aleth y subsista jusqu'au XIe siè-la carrière de la magistrature, et lui acheta. cle; il fut alors transféré par Jean de la Grille en 1776, la charge de lieutenant criminel au (voy. ce nom) à l'ile d'Aaron, qui prit désormais Présidial de Rennes. Ces fonctions délicates et le nom de Saint-Malo, auquel on a souvent difficiles appelaient un homme probe et conajouté les mots de l'Ile, pour la distinguer des sciencieux: Mangourit ne fut pas au dessous de autres localités placées sous l'invocation de son sa tâche. Mais ses ennemis ne purent lui parpatron. donner ses tendances révolutionnaires; et lorsqu'il eut abandonné ses fonctions en 1787, ils

Le culte de saint Malo est très-répandu dans toute la Bretagne, le diocèse de Vannes excepté. Sa fête se célèbre le 15 novembre. Ses reliques, long-temps conservées dans l'église de Saintes, y furent dérobées du temps de Bili, évêque d'Aleth, par un gentilhomme breton qui, encouragé par ce prélat, profita de la confiance du trésorier de la cathédrale de Saintes pour commettre ce larcin, jugé alors une œuvre méritoire, et auquel il s'était préparé par la communion. Placées en grande pompe dans l'église d'Aleth, elles en furent enlevées au commencement du xe siècle par Salvator, autre faits.

(1) Nous avons dù consulter quelques notices pour rénous ont paru entachées de partialité. Pour ne pas encoudiger la nôtre, et les sources qu'on nous a indiquées rir nous-même ce reproche, nous avons présenté les preuves qui accusent et celles qui absolvent. Nous avons cru qu'un biographe consciencieux ne devait pas acceproute, et voir, comme M. Michaud jeune, au seul point ter sans examen les renseignements qu'il trouve sur sa de vue d'un parti les actes d'une vie qu'il s'est chargé de raconter. C'est surtout lorsqu'on s'avance sur le terrain de la politique qu'il faut savoir allier la justice à la movent pas pour cela un scelerat capable de tous les fordération un homme peut s'être égaré; mais il n'est sou

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