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corps. Elle avait un jugement sûr, une rare an II, de fusiller indistinctement et sans jugeportée d'esprit, et quand l'intérêt de la religion ment tous les détenus que renfermaient les prilui semblait l'exiger, elle faisait tout ce qui lui sons du Bouffay et des Saintes-Claires, parce était possible pour le faire prévaloir. Aussi in- que les exécutions des traîtres à la patrie se faidustrieuse de ses mains qu'éclairée par l'esprit, saient avec une lenteur préjudiciable à la sûelle avait fait tourner ses talents en dessin et reté publique, il allégua pour excuse qu'il n'aen broderie à l'avantage de sa maison, pour la- vait agi que d'après les ordres de Carrier. Il fit quelle elle avait elle-même exécuté les plus valoir les mêmes raisons pour se justifier d'avoir beaux ornements. Le temps qui n'était pas em- participé à la noyade de cent vingt-neuf autres. ployé aux soins de la communauté, elle le con- prisonniers qui eut lieu le 24 frimaire, et dont il sacrait aux plus rudes pratiques mystiques ou avait aussi signé l'ordre. Il prétendit, d'un autre ascétiques. Malgré les infirmités dont elle fut côté, avoir soustrait au naufrage plus de cinq accablée pendant les dernières années de sa vie, cents prisonniers qu'il aurait confiés, à l'insu du elle ne cessa de se revêtir du cilice, et de se comité, aux soins bienfaisants des habitants qui charger de chaînes avec une telle rigueur qu'il les réclamaient. S'il y avait exagération dans le fallut un jour employer le ministère d'un chi- chiffre des personnes qu'il disait avoir sauvées, rurgien pour extraire le fer qui avait pénétré il est juste néanmoins de reconnaître qu'il dut dans sa chair. A un asthme aigu dont elle était en délivrer un certain nombre; car M. Lamarie, atteinte depuis long-temps se joignit une hy-statuaire, déposa que Mainguet lui en avait redropisie qui la tint plusieurs mois alitée à l'in- mis plusieurs à lui seul. D'autres témoins refirmerie; on lui scarifia les jambes, et on lui fit commandables attestèrent qu'il savait à peine subir les ponctions nécessaires. Toutes les opé- lire, et que son défaut d'intelligence l'avait rendu rations qu'il lui fallut subir, elle les supporta l'instrument passif de Chaux, Goullin et Grandsans se plaindre, avec une patience et une ré-maison, qui lui extorquaient des signatures et signation admirables. Quand le médecin lui an- le faisaient assister où participer à des actes nonça qu'elle n'avait plus que trois heures à illégaux dont il ne soupçonnait pas l'imporvivre, elle reçut cette nouvelle avec joie, et sem-tance. Ces divers témoignages exercèrent vraibla sourire à un meilleur avenir. Ayant décla- semblablement une grande influence sur l'esré qu'elle voulait ménager ses derniers moments, et ranimer sa ferveur pour se préparer au terrible passage de la vie à l'éternité, elle reçut tous ses sacrements avec une foi vive, demanda pardon à ses compagnes gémissantes et expira, le 13 août 1661, dans la maison dont elle avait été la fondatrice. Elle était âgée de soixante-onze ans, dont quarante-trois avaient été passés en religion.

prit de ses juges, qui l'acquittèrent «< comme n'ayant pas agi méchamment et avec des intentions criminelles et contre-révolutionnaires, >>

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bien qu'ils l'eussent déclaré - «< convaincu de s'être rendu l'auteur ou le complice de manoeuvres et intelligences criminelles, en signant l'ordre du 15 frimaire, en coopérant à la noyade du 24, en signant et donnant des ordres arbitraires, en imprimant la terreur, en levant des taxes vexatoires, en échangeant des assignats pour de l'argenterie enlevée chez les citoyens arrêtés comme suspects. >> P. L...t.

On voyait à Saint-Charles de Dinan, avant la révolution de 4789, les armes d'Hélène Maingart, qui étaient d'or à une fasce de gueules et un chêne arraché de sinople brochant sur le tout, fraitté de deux glands d'or. La maison de Saint- MAISTRAL (ESPRIT-TRANQUILLE), — né à Charles fut vendue en 1793; en 1846, une ar- Quimper, le 21 mai 1763, était fils d'un méderière- nièce de la fondatrice, Mlle Rose Main- cin de cette ville, lequel fut du nombre des gart, décédée le 24 mars de cette année, fit un médecins accourus de tous les points de la Franlegs pour rétablir la congrégation dans la mai- ce pour combattre l'épidémie qui enleva les son de la Victoire. M. Jean Maingart, arrière-deux tiers de la population de Brest, du mois neveu de notre pieuse ursuline, né à l'Ile-de- de novembre 1757 au mois d'avril 1758. Echappé France en 1759, a été colonel d'artillerie et a miraculeusement, sur l'île de Trébéron, où un eu plusieurs enfants, dont deux ont été conseillers coloniaux à Bourbon.

P. L...t.

hôpital avait été organisé par ses soins, aux ravages du fléau qui moissonna ses collègues, Maistral fut recommandé par M. de Courcelles à l'attention du Gouvernement, qui, quelques années plus tard, l'appela à Brest, et l'admit dans la marine, où il devint premier médecin, et où il s'est fait connaître par un Abrégé de matière médicale. Brest, R. Malassis, 1770, 2 vol. in-12.

MAINGUET (JEAN-BAPTISTE),-épinglier, né le 12 avril 1740, sur la paroisse de SaintDonatien de Nantes, où il est mort le 30 août 4809, participa, du 14 octobre 1793 au 13 juin 4794, aux atrocités commises par Carrier et le comité révolutionnaire de Nantes. Traduit devant le tribunal révolutionnaire de Paris, et Son fils, entré au service de la marine comme convaincu, d'après les débats ainsi que par ses mousse, le 1er mai 1775, embarqua successipropres aveux, de maints actes hideux, no-vement en cette qualité et en celle de matelot, tamment d'avoir signé l'ordre, du 15 frimaire sur l'Oiseau, le Roland et la Bretagne, jus

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qu'au 28 juin 1778. Lorsque la guerre éclata, cette année, entre la France et l'Angleterre, il embarqua comme volontaire sur le vaisseau le Vengeur, commandé d'abord par M. d'Amblimont, ensuite par M. de Retz, et, pendant les deux ans et demi qu'il servit sous leurs ordres, il prit part aux combats livrés à la hauteur d'Ouessant, devant la Grenade, au Fort-Royal, à la Dominique et à Sainte-Lucie. M. de Retz obtint pour lui le grade d'officier auxiliaire, équivalant à celui de lieutenant de frégate. C'est en cette qualité que Maistral fit une campagne et prit part à sept combats sur le Scipion.

de second capitaine, il sollicita du contre-amiral Cambis son embarquement sur le vaisseau l'Eole, que montait cet officier-général. Cette démarche, dictée à Maistral par le désir de se trouver sur un bâtiment de guerre dans un moment où les hostilités étaient imminentes (elles éclatèrent le 30 janvier 1793), fut bien accueillie de l'amiral Cambis. Il ne tarda pas à apprécier Maistral et à demander pour lui le grade de capitaine de vaisseau, qui lui fut conféré par Monge, à compter du 1er janvier 1793. Il commanda successivement, en cette qualité, le vaisseau l'Eole et la Normande, sur lesquels il fit deux campagnes à Saint-Domingue et à la Nouvelle Angleterre.

A son retour en France, le 25 juin 1794, il subit le sort des malheureuses victimes de la Terreur, et fut jeté dans les prisons, d'où il ne sortit que le 18 novembre suivant.

Le 17 octobre 1782, ce vaisseau, commandé par Grimouard, revenait d'escorter, avec la frégate la Sibylle, un convoi sorti du Cap, lorsqu'il rencontra, dans le canal de Porto-Rico, deux vaisseaux anglais, le London, de 98 canons, et le Torbay, de 74. Grimouard ayant réussi, par ses manœuvres, à tenir tête à des En l'an IV, le contre-amiral Nielly l'ayant forces si supérieures, se décida, après quatre spontanément demandé pour commandant du heures de combat, à porter sur la terre de Saint- vaisseau le Terrible, sur lequel il avait ordre Domingue, et, la reconnaissant au point du d'arborer son pavillon, l'amiral Villaret s'emjour, à quatre lieues de distance, il fit route pressa d'adhérer, dans les termes les plus flatpour mouiller dans l'anse du Port-à-l'Anglais, teurs, à cette demande. La réputation d'habile baie de Samana, où son dessein était de s'em- manoeuvrier que Maistral avait justement acbosser. Mais, au moment où le Scipion jetait quise détermina l'amiral Morard de Galle à son ancre, il toucha et se brisa sur une roche. lui confier le commandement du vaisseau le Il n'y eut aucun moyen de le sauver, et l'équi- Fougueux, faisant partie de l'armée navale dipage fut contraint de l'évacuer pendant la nuit. rigée, sous ses ordres, contre l'Irlande. Le FouMaistral, quoiqne blessé dans le combat, ren-gueux fut un des derniers vaisseaux à tenir la dit de grands services en cette circonstance, et Grimouard, qui l'avait chargé de diriger l'évacuation, se plut à proclamer que nul n'avait plus que lui contribué à atténuer les pertes causées par ce sinistre.

mer dans cette malheureuse expédition, et il ne rentra à Brest que quand il ne lui restait plus que pour un jour de vivres. Aussitôt après, le ministre Pléville Le Pelley le nomma au commandement du vaisseau le Mont-Blanc, et MoMaistral n'avait pas encore vingt ans, et déjà rard de Galle, alors commandant d'armes au quatorze combats, soutenus dans l'espace de port de Brest, lui confia celui de trois vaisseaux quatre années, en avaient fait un habile ma- et de deux frégates chargés de protéger l'entrée nœuvrier. Louis XVI, informé des preuves mul- des convois destinés à l'arsenal de Brest. La tipliées qu'il avait données de son talent et de vigilance qu'il apporta dans ce service déjoua sa bravoure, lui accorda, le 22 juillet 1783, sur plus d'une fois les tentatives des Anglais sur ce la demande de Grimouard, le grade de lieute-port, et détermina, à plusieurs reprises, les nant de frégate et une gratification de 600 fr.

amiraux Delmotte, La Touche-Tréville et le préfet Caffarelli, à lui confier de semblables missions.

Après trois campagnes, faites de 1783 à 1786, aux îles du Vent et sous le Vent, et une campagne d'évolutions sur le brig le Malin, com- A son retour de l'expédition de la Méditermandé par d'Orvilliers, et faisant partie de l'es- ranée, où le Mont-Blanc avait suivi l'amiral cadre aux ordres d'Albert de Rions, il fut at- Brueix, Maistral fut nommé capitaine de paviltaché comme sous-lieutenant de vaisseau à lon du contre-amiral Dumanoir, embarqué sur l'état-major du Léopard, commandé par Ker-le Formidable; mais peu après, il reprit le comsaint et destiné à faire des épreuves de gréement et d'installation. Le roi lui accorda une nouvelle gratification en récompense du zèle et de l'intelligence qu'il avait continué de déployer dans ces diverses missions.

A la suite de deux nouvelles campagnes, faites de 1788 à 1794, la première à Terre-Neuve, la seconde à Saint-Domingue, Louis XVI lui conféra la décoration du Mérite Militaire. L'année suivante, se trouvant à Saint-Domingue et embarqué sur la flûte la Normande, en qualité

mandement du Mont-Blanc. Il avait demandé à le quitter, parce qu'il craignait que les réparations qu'exigeait ce navire ne pussent être terminées assez à temps pour qu'il fit partie de l'armée navale dont le départ était très-prochain. Brueix, en acquiesçant à sa demande, l'avait alors félicité de préférer une activité honorable et périlleuse à l'avantage de conserver un commandement. Le Mont-Blanc ayant été reversé sur le Patriote, Maistral prit le commandement de ce vaisseau, sur lequel il fit une cam

prétexte aux insinuations d'impéritie ou de timidité auxquelles il a été en butte. Ne tenant aucun compte des circonstances dans lesquelles il était placé, on l'a sacrifié à un rival dont la carrière est assez glorieuse pour qu'elle n'ait pas besoin de s'enrichir du malheur d'un de ses compagnons.

La justification complète de Maistral nous est fournie par un témoin occulaire et désintéressé, M. Beaudran, à qui sa position d'aidede-camp de l'amiral Villeneuve avait donné les moyens d'observer exactement les manœuvres pendant tout le combat.

pagne à Saint-Domingue. Il passa ensuite sur le l'impossibilité de tirer sur la colonne de Nelson. Berwick, et transporta à la Martinique les trou-Jaloux néanmoins d'opposer quelque obstacle pes qui devaient reprendre possession de cette à la manoeuvre de l'ennemi, Maistral fit une colonie. Ce vaisseau, revenu à Toulon, y dé-arrivée, afin de pouvoir diriger son feu sur la sarma le 12 juin 1803, et, le lendemain, Mais- colonne de l'amiral Collingwood. C'est ce moutral prit le commandement du vaisseau l'Anni-vement honorable, le seul qu'il fût désormais bal, sur lequel il fit une campagne dans le Le- possible à Maistral d'exécuter, qui a servi de vant. Le 14 juin de l'année suivante, il reçut l'ordre d'embarquer, comme commandant, sur le vaisseau le Neptune, faisant partie de l'escadre de la Méditerranée, placée sous les ordres du vice-amiral La Touche-Tréville, et, par suite, sous ceux de l'amiral Villeneuve, commandant l'armée combinée de France et d'Espagne. Dans le combat que Villeneuve livra, le 22 juillet 1805, à la hauteur du cap Finistère, à l'amiral Calder, le vaisseau l'Atlas, l'un de ceux de l'armée franco-espagnole, ne dut son salut qu'à la manoeuvre que fit Maistral pour l'empêcher de tomber au pouvoir de l'ennemi. Au combat de Trafalgar, le vaisseau le Nep- << La réputation du commandant Maistral étant tune, qui devait occuper le poste de matelot d'ar- » attaquée, dit M. Beaudran dans un rapport rière du vaisseau amiral le Bucentaure, se trou-» qu'il fit de cette affaire, je dois, comme léva, par un fâcheux concours de circonstances,» moin oculaire, et pour obéir à ma conscience, éloigné de ce poste, et hors d'état de prendre à» faire connaître que la conduite de cet officier l'action générale la part que Villeneuve, juste » distingué, au combat de Trafalgar, n'a pu que appréciateur de Maistral, lui avait réservée. Si,» l'honorer, ainsi que tous les braves à qui il avait prévenu par l'héroïque détermination de Lu-» l'honneur de commander. Qu'on me permette, cas (1), Maistral se vit privé des moyens d'ac-" avant de passer à la journée du 29 (le combat croître sa renommée jusque là si belle, il serait» de Trafalgar), de dire en faveur de ce commaninjuste de dire, comme on l'a prétendu, d'après» dant, sous les ordres duquel j'ai eu l'honneur des renseignements incomplets ou inexacts,» de servir pendant près de trois ans, que, qu'elle ait pu, en aucune façon, être ternie dans » l'ayant vu manoeuvrer dans des circonstances cette circonstance, et qu'un officier dont le cou-» extrêmement difficiles, il m'a toujours paru rage n'avait jamais failli, ait subitement cédé à » supérieur à sa haute réputation, et que c'est la crainte, alors surtout que sa conduite, ob- » en partie à ses manœuvres, aussi savantes servée pour ainsi dire minute par minute. dé- » qu'elles furent hardies, que le vaisseau l'Atlas montre positivement le contraire. Maistral fut» a dù son salut dans le combat du 3 thermidor victime de la mauvaise exécution des ordres de» an XIII. Revenant à la journée du 29, je dirai Villeneuve. En effet, la ligne française et espa-» que le Neptune qui, dans le dernier ordre signole se forma très-mal. L'espace compris en- » gnalé, devait être le matelot d'arrière du vaistre le vaisseau espagnol le Neptune, occupant» seau-amiral le Bucentaure, n'a pu prendre la tête de la ligne, et le Bucentaure, n'était pas » exactement ce poste, plusieurs circonstances suffisant pour les dix vaisseaux qui devaient » de navigation s'y étant opposées. Néanmoins, s'y placer; d'autres se trouvaient sous le vent» peu éloigné sous le vent, mais toujours dans de leur poste, qui demeurait vide, sans qu'ils » la direction de son poste, ce vaisseau, qui pussent s'y ranger. De ce nombre était le Nep- manœuvrait pour le prendre, y serait parvenu tune. Demeuré, malgré tous ses efforts, sous le » avant que le combat se fût engagé dans cette vent de la ligne, et masqué par le Redoutable» partie de la ligne, sans le vaisseau le San(qui avait pris son poste), le Neptune fut dans Justo qui, étant venu se placer au vent à lui, >> lui interceptait l'effet du vent et de la houle, (1) L'auteur de cette notice a payé, à la mémoire de» et tombait dessus à vue d'œil. L'arrivée que Lucas, dans l'Armoricain des 10 et 12 février 1842, un » le Neptune a donnée alors, en l'éloignant beautribut qui doit écarter de lui tout soupçon de vouloir ici, » coup de son poste, a dû lui ôter tout espoir même indirectement, atténuer les éloges qu'a mérités à » d'y arriver; mais elle lui était impérieusement cet officier sa valeureuse conduite à Trafalgar. Sa gloire reste donc entière; la justice rendue à Maistral ne saurait commandée par les circonstances; plus tard, l'affaiblir. Mais, de ce que ce dernier ne put jouir du un abordage, que l'amiral a cru un instant bonheur de faire ressortir, dans cette fatale journée, un » inévitable, aurait eu lieu; il en serait résulté courage qui ne s'était jamais démenti, il ne saurait en » de très-grosses avaries, la mér étant extrêmerésulter que des circonstances tout-à-fait indépendantes de sa volonté doivent servir de prétexte à des accusa>>ment houleuse, et, ce qui était pis encore, tions imméritées, et dont l'impartialité comtnande con. >> l'ennemi étant très-près. Le combat était déjà séquemment la réfutation. » engagé à l'arrière-garde; la ligne venait d'y

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» être coupée par la colonne ennemie de droite, » quatre heures, contre trois ou quatre vais» entre les vaisseaux le Santa-Anna et le Fou-» seaux ennemis, avait toutes ses manœuvres » gueux. Le Royal-Sovereign, vaisseau à trois » coupées, ses étais rompus, ses voiles déchi> ponts, chef de file de cette colonne, monté » rées, ses mâts traversés par les boulets, qui, > par le général Collingwood, suivi de plusieurs » enfin, était dans le plus triste état, fut secouru >> des siens, prolongeait notre ligne, sous le» à propos par le San-Justo et le Neptune fran» vent et d'assez près, aux mêmes amures. Mais » çais, dont la coopération éloigna les ennemis >> ne paraissant pas vouloir s'engager à passer » et lui permit de rejoindre quatre de nos vais» au vent du Neptune, duquel il était déjà très- | » seaux, très-maltraités, et les autres navires » près, il manœuvrait pour laisser arriver, afin » français qui n'avaient pas éprouvé un meil> d'envoyer ses volées de babord en enfilade à ce leur sort. >> » vaisseau, lorsque celui-ci, donnant son arri- Decrès, d'ordinaire si avare de louanges en» vée susdite, déchargea toute son artillerie de vers ses subordonnés, trouva pourtant que Mais>> tribord sur cet ennemi qu'il prenait en joue. tral, loin d'avoir encouru aucun blâme, méri» Le Neptune a continué de combattre ce vais- tait, au contraire, les plus grands éloges : « Di» seau dans la position la plus avantageuse, et » tes aux capitaines du Neptune et du Pluton, » l'a totalement dégréé. Le silence de l'amiral,» porte sa dépêche du 10 décembre 1805, qu'il >> aux côtés duquel j'étais encore alors (mon» ne m'est point échappé, dans le rapport des >>poste était sur le gaillard d'avant), me fit» frégates, qu'ils se sont couverts d'honneur, et » présumer qu'il approuvait la manoeuvre du » que j'ai vu qu'alors que la retraite se faisait, » Neptune, etc. » Dans un autre passage du» ils tenaient encore le vent et faisaient le simême rapport, M. Beaudran ajoute: «L'amiral » gnal d'imiter leur manœuvre pour retourner au >> se voyant coupé par les vaisseaux qui suivaient » combat, détermination honorable dont l'Em»le Victory, et combattu en tous sens à la fois » pereur appréciera tout le mérite. » » par plusieurs de ces vaisseaux, ordonna le >> signal qu'exprime l'article 5 des ordres géné>> raux à la voile, fait par un seul pavillon. Il >> était environ une heure un quart; il y avait » peu de temps que j'avais encore aperçu le Neptune, sous le vent, combattant ceux des >> vaisseaux ennemis qui y avaient déjà passé; > mais la fumée s'est tellement épaissie, que » tout objet a, pour ainsi dire, disparu à mes » yeux, jusqu'au moment de la reddition du » Bucentauré aux Anglais. Il était environ trois >> heures un quart: la fumée s'étant dissipée, > j'aperçus sous le vent un vaisseau dont la mà» ture et la voilure paraissaient avoir beaucoup » souffert du combat; il serrait le vent babord >> amures, et paraissait vouloir venir porter se- Quoi qu'il en soit, les attaques auxquelles » cours à des vaisseaux désemparés au vent. Il Maistral avait été si injustement en butte ne lui » avait avec le signal du ralliement celui d'imi- enlevèrent pas la confiance du Gouvernement, » ter sa manœuvre. Je fis remarquer ce vais-qui le nomma au commandement du 19o équi> seau à l'amiral qui, comme moi, le reconnut page de flottille, et l'appela ensuite, le 44 juin » pour le Neptune français. » M. Beaudran ter-1813, à remplir, au port de Brest, les fonctions mine son rapport en disant que l'amiral Gravina de chef militaire.

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A son retour en France, Maistral, qui ne savait pas transiger avec l'honneur, provoqua ceux qui avaient égaré l'opinion publique à son sujet. Il ne fallut rien moins que l'intervention de ses amis pour le faire consentir à ajourner la réparation qu'il demandait. Déférant pourtant aux conseils qui lui furent donnés, il sollicita à plusieurs reprises que sa conduite fût soumise à un conseil de guerre. Decrès, tout en le berçant de l'espoir d'une satisfaction maintes fois promise, éluda constamment cette demande, qui eût contenté un intérêt individuel, mais qui en aurait froissé d'autres, et que repoussaient d'ailleurs de hautes considérations politiques.

lui déclara le lendemain que, « s'il n'avait pas Il les exerçait encore le 31 juillet 1814, jour >> subi le même sort que M. Villeneuve, if le où il fut mis en retraite avec le grade de chef >> devait au Neptune français, qui l'avait se-d'escadre, grade échangé, le 5 juin 1815, con» couru vigoureusement. » tre celui de contre-amiral. Il comptait alors près de quarante ans de service. Nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 6 février 1804, il avait été élevé à la dignité d'officier de l'ordre le 15 juin de la même année. Il est mort le 5 novembre 1815, près de Brest, dans la commune de Guipavas, où il s'était retiré. P. L...t.

Ces témoignages si concluants, si décisifs, sont corroborés par celui de D. Antonio de Escaño, major-général de l'escadre espagnole, dans le rapport qu'il adressa au prince de la Paix, le 22 octobre, et qui fut inséré dans la Gazette de Madrid du mardi 5 novembre 1805. Cet officier-général s'exprime ainsi (page 955) : « Ce que je puis affirmer à V. Exc., c'est que > tous les navires, tant français qu'espagnols, » qui se battaient à ma vue, ont complètement > rempli leur devoir, et qu'un des nôtres qui, » après un combat acharné, soutenu depuis

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MAISTRAL (DESIRE-MARIE),-né à Quimper, le 25 novembre 1764, n'avait pas encore douze ans quand, à l'exemple de son frère, dont il fut le digne émule, if embarqua, comme mousse, sur la frégate la Licorne, armée à

Brest pour les colonies. A son retour à Brest, il tenant-colonel du génie, et depuis intendant de passa, le 9 juillet 1777, sur l'Amphitrite, et as- la marine à Brest, sous la Restauration, aux sista à la prise de la Dominique par M. de Bouil-fortifications de la place et des environs. lé. Dans la campagne qu'il fit ensuite, comme Les Anglais s'étant portés sur ce point après timonnier, puis comme volontaire, sur le vais- la reprise de Toulon, les Français se défendiseau le Diademe, il prit part à l'expédition de Savanah, sous les ordres du général d'Estaing, et aux neuf combats livrés, le 6 juillet 4779, devant la Grenade; le 29 avril 1784, au FortRoyal; le 5 septembre 1781, dans la baie de la Chesapeack; les 20 et 26 janvier 1782, devant Saint-Christophe; les 12 et 19 avril 1782, de-cheuses circonstances, Maistral fut réduit, le vant la Dominique.

rent pendant quelques jours au moyen de ces fortifications; mais les Anglais, placés sur des points plus élevés, nous forcèrent à abandonner nos positions et à nous replier sur SaintFlorent, et lors de l'évacuation de cette place, ils nous poursuivirent sur Bastia. Dans ces fà

Nommé lieutenant de frégate pour la compagnie, le 20 septembre de la même année, il embarqua, dans ce grade, sur le Dragon, corvette de 16 canons. Cette corvette se trouvant, le 23 janvier 1783, sur la côte de Monte-Chris-rieur des équipages réunis des frégates la Forto, près Saint-Domingue, fut attaquée par une division de bâtiments anglais qui formaient une chaîne depuis la pointe de la Grange, sur cette côte, jusqu'à la pointe Isabellique. Après un combat acharné, le chevalier de l'Épine, commandant du Dragon, n'ayant ni les moyens ni l'espoir de le sauver, l'échoua sur la pointe Isabellique, fit descendre son équipage à terre et brûla la corvette, pour qu'elle ne devînt pas la proie de l'ennemi.

12 mai 1794, à brûler sa frégate, aimant mieux lui faire subir ce sort que de la voir tomber, ce qui était inévitable, au pouvoir des Anglais, maîtres du golfe de Saint-Florent. Le mois suivant, il fut nommé au commandement supétunée, la Minerve, la Melpomène, la Mignonne, et de la corvette la Flèche. Ces équipages furent formés en bataillons par ordre du représentant La Combe-Saint-Michel, et firent le service des batteries de Bastia pendant le siége de cette place. Fait prisonnier sur parole, lors de la capitulation de Bastia, Maistral servit pendant un an au port du Hâvre, d'où il fut envoyé pendant une autre année soit à Lorient, soit à Belle-Ile, pour surveiller les mouvements de l'ennemi.

Après un séjour de trois mois au Cap Français, Maistral revint en France et fit, à Saint- Il était embarqué comme capitaine de fréDomingue et à la Guadeloupe, trois campagnes gate remplissant les fonctions de second, sur sur le Montaudouin et le Marquis de Bouillé, le Hoche, lors du combat que ce vaisseau, comnavires du commerce armés à Nantes, et sur mandé par le chef de division Bompard, soutint, lesquels il remplit les fonctions de lieutenant. le 21 vendémiaire an VII (12 octobre 1799), Rentré dans la marine militaire, en qualité contre la division anglaise aux ordres du comde sous-lieutenant de vaisseau, le 20 septembre modore Warren. L'attaque de cette division s'é4786, il fit sur le Patriote une campagne aux tant presque exclusivement concentrée sur le Iles-du-Vent et Sous-le-Vent, à la Nouvelle- Hoche, il dut succomber malgré le courage héAngleterre et à Terre-Neuve. En 4790, il fit, roïque des officiers et de l'équipage; mais il ne dans le même grade, une nouvelle campagne le fit qu'après une résistance de quatre heures. à Saint-Domingue, sur la frégate l'Engageante, Ses manoeuvres étaient hachées, ses mâts crisous les ordres de M. de Lajaille, qui lui con- blés, près de tomber, et vingt-cinq de ses pièfia le commandement des batteries du môle ces de canon démontées. Il avait en outre cinq Saint-Nicolas, destinées à empêcher la prise pieds d'eau dans la cale et une grande quantité de cette place par les Anglais. Dans une troi-de boulets à la flottaison. A ces pertes matésième campagne qu'il fit à Saint-Domingue, en rielles se joignait un carnage tel, que le faux4791, sur la frégate la Galathée, commandée pont n'offrait plus de place pour recevoir les par le major de vaisseau Cambis, il eut le com- blessés. Maistral, blessé lui-même à l'épaule, mandement de divers postes détachés contre les n'abandonna pas un instant son poste, où il ne nègres insurgés. cessa d'animer par son exemple ses compaLes preuves réitérées de courage que cet of-gnons, auxquels son expérience et sa présence ficier, à peine âgé de vingt-huit ans, avait don- d'esprit devaient être si utiles le lendemain. nées dans les nombreux combats auxquels il Lorsque les Anglais prirent possession du vaisavait déjà pris part, appelèrent sur lui l'atten-seau le Hoche, ils en retirèrent seulement une tion du Gouvernement, qui lui conféra, le 20 portion de l'équipage et des troupes passagejuillet 1792, le grade de lieutenant de vaisseau res; le reste y demeura entassé avec les bleset le commandement de la frégate la Fortunée, sés et quelques marins anglais chargés de madestinée pour la Méditerranée. Au commande-nœuvrer la prise. Après avoir été amariné de ment de cette frégate il joignit, pendant six mois, la sorte et remorqué par une frégate, le Hoche celui de la rade de Saint-Florent. Ces doubles essuya une tempête effroyable. Dans la nuit, la fonctions ne l'empêchèrent pas de travailler, remorque cassa, les bas-mâts rompirent; deux concurremment avec M. de Moydier, alors lieu- tombèrent à la mer, où les lames les lançaient

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