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12. Un choix des œuvres de Le Pays a été pu-
blié à La Haye en 1680, en 2 vol in-12.
F. S-l-n-r.

en sept pages, de tous les chapitres tenus dans la même province, depuis 1384 jusques et y compris 1644. II. Le Sacre Fleuron du Mont-Carmel. III. Le Sacré Bocage de Notre-Dame de Berven, LE PENNEC ou PENNEC (Le R. F. chapelle située entre Lesneven et Saint-PolCyrille), - né dans le diocèse de Léon, fit de-Léon. IV. Gymnasium Carmelitarum, sive profession au couvent des carmes de Saint-Pol. Elogia clarorum virorum et scriptorum penè le 15 mai 1641. La réforme opérée dans son omnium sacri ordinis fratrum gloriosissima ordre l'obligea depuis à renouveler ses voeux. Deiparæ Virginis Maria de Monte Carmelo, de Le R. F. Philippe Thibault, provincial de cent soixante-douze pages. Ces quatre manuTouraine, faisant sa première visite au couvent scrits n'ont pas été imprimés; toutefois, le perd'Hennebon, en 1618, y trouva le P. Cyrille; mis pour le Sacré Fleuron se trouve dans le priil fut si satisfait de sa piété et de son savoir, vilége pour le Pélerinage, et à l'égard du Boqu'il le nomma prieur de cette communauté. cage de Berven et du Gymnasium, le P. Albert Notre bon religieux gouverna cette maison avec Massar, général des carmes, avait, par lettres tant de sagesse, qu'il y fit bientôt renaître les datées de Rome, du 15 septembre 1634, perbeaux jours de la vie monastique. C'est le té-mis à l'auteur de les faire imprimer. Le P. Le moignage que lui a rendu le P. de Villiers, dans Pennec mourut à Saint-Pol-de-Léon le 1er mai sa Bibliothèque latine des carmes. Le P. Gy-1649. P. L...t. rille revint, vers 1630, au couvent de Léon,

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qu'il appelait son berceau, et y composa les LEPERDIT (JEAN), né le 5 mai 1752, à ouvrages suivants : I. Le Dévot Pélerinage du Kergrisel, près Pontivy, était fils posthume Folgoël, avec le sommaire des pardons et in-d'Olivier Leperdit, cultivateur, et de Marie Ledulgences concédées à cette saincte chapelle. pliant. Ses parents, paysans aisés, voulaient en Morlaix, 1634, in-48. Un précis de cet opus- faire un prêtre; l'enfant refusa: « Il me faucule a été publié à Rennes, en 1825, in-8°, sous drait, dit-il, renoncer, selon l'usage, à ma ce titre Le Dévot Pélerinage à Notre-Dame famille; moi, j'aime ma mère, et je ne veux du Folgoët, par le R. P. Cyrille Pennec, reli- » pas la quitter. » Il resta fidèle à cette résolugieux carme, avec la liste des autres chapelles tion, et conserva constamment près de lui sa dédiées à la Vierge, dans l'évêché de Léon. Ce vieille mère, qu'il n'oublia jamais. précis a été fait sur un sermon du P. le Pennec, Il fallut choisir un état; il adopta celui de et sur des titres du Folgoët, par M. Miorcec de tailleur. Il avait quatorze ans. A dix-huit, il Kerdanet, qui a rédigé le tout dans le style de partit pour faire son tour de France. Après 4634, pour le mettre à la portée des villageois avoir promené de ville en ville la longue canne bas-bretons, qui entendent mieux le vieux fran- du compagnon, sa bonne humeur et son amour çais de cette époque que celui du siècle où nous opiniâtre du travail, il vint demeurer à Rennes, vivons. Le Dévot Pélerinage a été reproduit en y prit un établi et s'y maria, un peu tardiveentier dans la nouvelle édition des Vies des Saints ment pour sa profession et son temps (1782). de la Bretagne armorique, par Albert le Grand. Pendant plusieurs années, il vécut dans une Brest, 1837, in-4°. II. De la Salutation angé-patiente et laborieuse activité. Arriva la révolique, adjoustée des saincts noms de Jésus et de lution: il la salua de toutes ses espérances; Marie, et autres œuvres de la Vierge. Morlaix, mais, confiné dans sa modestie, même exa4634, in-48. III. Calendrier des festes de la gérée, il laissa passer les ambitieux et les zéVierge. Morlaix, chez Nicolas du Brayet, et les, ne sollicita rien et n'obtint rien. << Tout Roberte Drillet, sa compagne, 1647, in-32 de» aux plus capables, disait-il »; et il ne se croyait 224 p.; suivi de la Liste des églises et chapelles de Notre-Dame, basties sur l'évêché de Léon. Cette liste est la même que celle qui a été publiée à la suite du précis de 1825. Le P. le Pennec a laissé en outre les manuscrits des quatre Bientôt survinrent les troubles de l'Ouest, ouvrages ci-après : I. Viridarium Carmeli, sive la terreur dans les villes, la guerre civile et la Index chronologicus gravissimorum patrum ge- sédition déchaînée dans les campagnes. Les Gineralium sacri ordinis Carmelitarum et non-rondins soulevaient les autorités de quelques nullorum clarorum ac illustrium virorum præ-départements, et la Convention, inflexible, endicti ordinis, manuscrit communiqué au P. de voyait à l'échafaud tout ce qui lui résistait, Villiers, à Orléans, en 1746, et qui fut ensuite royalistes ou républicains. Les fonctions muremis dans les archives de la province de Tou-nicipales étaient désertées; on offrit le poste de raine, à Rennes, en 752. Cet opuscule, en trente- maire à Leperdit. Il accepta, comme la preneuf pages fort minutées, commençait à saint mière fois, et l'on va voir comment il entenBertholde, élu premier général des carmes, en dait ses devoirs. 4103, et finissait à Théodore Strati, trente-hui- Carrier venait d'arriver à Nantes avec de tième général. A la suite, on trouve une notice pleins pouvoirs pour comprimer le fédéralisme

pas de ce nombre; mais les événements se pressèrent, le danger grandit: on lui offrit la place de municipal. Il y avait des services à rendre, des périls à courir, il accepta.

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et la Vendée. C'était un petit légiste du Cantal, Après le départ de Carrier, son rôle de saucolère, têtu, borné, possédé de la manie de veur continua. En butte à des soupçons de movouloir paraître terrible. Peu brave dans un dérantisme, il était souvent obligé de voiler sa temps où tant de monde l'était, il suppléait à générosité sous des apparences de brusquerie. l'énergie par des éclats de fureur qui fasci- Ainsi, les religieuses de l'Hôtel-Dieu soupçonnaient les plus intrépides; et, chose bizarre, le nées, non sans vraisemblance, de connivence parti modéré, à Nantes, le soutenait par frayeur avec les chouans, avaient été jetées à la Tourcontre les républicains extrêmes qui le dénon-le-Bat. Leur affaire était fort mauvaise. Leperçaient sans cesse (1). dit se rend à la prison et les apostrophe rudeDe Nantes, ce redoutable voisin était venu à ment : « Pourquoi avez-vous déserté votre posRennes, décidé à sans-culottiser la ville par te ? » Les religieuses cherchant une justificason procédé ordinaire. Il fallait trouver quel- tion: « Vous n'avez pas d'excuse, interrompt qu'un qui lui résistât et qui sauvât de cette le maire, votre place est à l'hôpital, retournezhonte sanglante la cité qui avait donné le si-y, et ne vous avisez pas d'en sortir, sous peine gnal de la Révolution française. Personne n'o- de la vie. Les religieuses s'empressèrent d'osait. béir en bénissant cette feinte généreuse qu'elles comprirent aisément.

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Carrier demande une liste de proscription. On s'empresse de la dresser, et on la met sous Nous avons dit que la situation de Rennes les yeux de Leperdit. « Je ne signerai pas, dit- était fort dure. Les vivres manquaient; les cam» il», et il la déchire. « Vous voulez donc pagnes royalistes cachaient leurs grains, et l'on » mourir?>-« Ce sera du moins dans l'ac-assassinait les magistrats républicains presque >complissement de mon devoir. Il se rend en vue de la ville. Leperdit, en permanence à chez Carrier; celui-ci demande la liste: « Je la mairie, se multipliait pour ses concitoyens ; » l'ai déchirée. »- « Qui donc est maître ici, mais il ne pouvait faire indéfiniment des mira» de toi ou de moi?» — Ni l'un ni l'autre, c'estcles, et le moment vint où le pain manqua. La la loi qui gouverne. Tous mes administrés sont populace s'entasse sur la place de la commune, mes enfants; s'il y en a d'égarés, ils n'en sont la menace et l'injure à la bouche. Leperdit veut pas moins nos frères.»-« Tu me refuses leurs descendre pour haranguer la foule. On l'avertit « Oui, nous ne sommes pas ici inutilement du danger qu'il court; un officier » des assassins. » - « Tu veux donc que je veut l'accompagner avec ses soldats! Leperdit > t'envoie à la guillotine? » — « Envoie. Cette remercie l'officier, mais refuse son concours. impassibilité sans phrases déconcerta Carrier. «Je ne veux d'autre arme que mon écharpe, Il se contenta de consigner Leperdit à la mai- répond il. J'ai été nommé maire pour mourir rie. pour mes concitoyens, et non pour les égor

> noms? »

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Quelques jours après, il arriva qu'on lui li-ger. » vra des prêtres insoumis détenus dans les prisons. Mais ils sont hors la loi », hurlà le représentant. «Ils ne sont pas hors l'humanité! Ce mot, devenu célèbre, appartient au tailleur, maire de Rennes.

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Comme on le prévoyait, il faillit être égorgé par une canaille stupide et furieuse. Pour tout argument, on lui lança des pierres. « Mes amis, disait-il avec un calme inaltérable, je ne suis pas assez puissant pour changer ces pierres en Une ville pareille était vraiment peu tenable pains, comme le Christ! » Un de ces projectiles pour le proconsul. Il partit en faisant à Leper-l'atteignit au visage; il essuya son front ensandit des adieux tragiques. « Je vais à Nantes, lui dit-il, mais je reviendrai ici, »Tu me retrouveras», répondit froidement le maire. » Il avait sauvé, par une résistance infatigable et courageuse, des centaines de citoyens (2).

(1) Les preuves de ces faits singuliers sont entre les mains de notre ingénieux collaborateur, M. Dugast-Matifeux, possesseur d'une immense quantité de documents nouveaux sur la Révolution, à Nantes et en Vendée.

(2) On a émis des doutes, que nous comprenons, sur cette active résistance de Leperdit au brutal proconsul de Nantes. Nous lisons dans l'Histoire de Rennes, par M. Marteville, t. III, p. 263: Il y a dans certains souvenirs de Leperdit on ne sait quoi de grand, de bon, d'antique vertu qui rafraichit le cœur au milieu de ces • saturnales de 1793 et 1794. Mais il nous semble qu'on a exagéré cette noble vie quand on a représenté Le > perdit comme résistant ouvertement à Carrier. On ne › résistait pas ainsi à ce proconsul furibond. Qui ne sait » qu'il osa même défendre par un arrêté d'obéir à son collègue Tréhouart, qui lui avait enlevé quelques victimes; et que ce fut, aux yeux de la Convention, le cri

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glanté: « Si mon sang pouvait vous nourrir, je vous le donnerais jusqu'à la dernière goutte.» Ce mot sublime désarma ces furieux; ils fondirent en larmes, et le portèrent en triomphe chez lui.

Un représentant, venu à Rennes en mission, l'invite à déjeûner. Leperdit arrive, et voit la

me qui fit tomber sa tête! Si Carrier proscrivait son égal, comment eût il supporté la résistance ouverte ⚫ d'un simple officier municipal? Comment eut-il permis ⚫ que Pocholle l'élevât à la dignité de maire ? »

Nous n'avons à opposer au témoignage très-compétent du consciencieux historien de Rennes qu'une tradition assez vivace, à défaut de témoignage direct. Nous ferons cependant remarquer que ce ne serait pas le seul cas où un représentant, surtout violent et mobile, comme Carrier, aurait cédé devant la froide et calme énergie d'un agent municipal appuyé (si peureusement que ce fut), du courant silencieux de l'opinion publique. Nous espérons que les archives de la commune de Rennes, minutieusement compulsées, aideront à découvrir la vérité sur ce point. G. L.

table couverte de pain blanc. Ce pain était dé-municipal. A la seconde Restauration, il refufendu, car la disette durait toujours. Le maire sa le serment. Le préfet de l'époque le manda indigné prend son chapeau et s'en va. « Je ne chez lui, et essaya la persuasion; n'ayant auferai pas un pareil repas, dit-il avec sévérité à cune prise sur cette âme romaine : « Prenez son amphytrion, quand le peuple meurt de garde, Monsieur; je vous apprendrai qu'on ne faim. S'il savait ce que vous mangez, il vous se joue pas impunément de Sa Majesté.-Vous jetterait par la fenêtre, et il aurait raison. » On êtes bien jeune, Monsieur, pour me donner des sent bien que ce n'était là qu'une boutade de leçons, répondit l'ouvrier. Vous prêterez le bourru bienfaisant. Si le peuple affamé avait serment. — Jamais. — Vous levez la tête bien tenté de traduire l'image en fait, Leperdit se haut!-Je n'ai rien dans ma vie qui puisse me fût fait tuer pour lui épargner un crime. la faire baisser. » Le préfet, il est superflu de le dire, en fut pour ses frais.

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Des visites domiciliaires avaient lieu : il les dirigeait parfois lui-même, le plus souvent pour Il ne fut pourtant pas inquiété dans sa famille, sauver les malheureux qu'on cherchait. Dans et vécut modestement les dix années qui suiviune visite de ce genre, il ouvrit une cachette rent. Un seul chagrin le troubla. Son gendre, où deux prêtres s'étaient renfermés. Leperdit M. Férail, impliqué dans la conspiration Berne dit mot, referme froidement l'armoire, se ton, fut condamné à mort, peine qui fut complace devant, et dirige de là les hommes char-muée en celle de la prison. La famille cacha gés de la perquisition. Il est inutile de dire qu'on ne trouva rien.

Le calme vint et la Révolution recula. Il donna sa démission. Il ne semblait rien comprendre à la vénération qui s'attachait à sa vie publique. « Je n'ai fait que mon devoir », disait-il à ceux qui lui en parlaient, sans songer que l'accomplissement de ce devoir avait été chez lui un héroïsme de toutes les heures. On lui proposa la croix de la Légion-d'Honneur, à la création même de l'ordre; il refusa encore. < Un pareil joyau, disait-il, n'irait point sur mon établi.» (1)

cette terrible nouvelle au vieillard; mais il l'apprit, et non moins courageux que les siens, il n'en parla jamais.

Sa mort fut digne de sa vie. Un violent incendie dévora un des bâtiments communaux : Leperdit, âgé de soixante-douze ans, courut au feu comme un jeune homme, et fut atteint par des débris enflammés qui le renversèrent. On le rapporta chez lui: son état fut bientôt désespéré. On lui apprit alors, avec ménagement, l'affaire de son gendre : « Je le savais, répondit simplement le mourant: que Dieu pardonne à ceux qui l'ont frappé ! » Et il mourut sur cette En 1808, l'Empereur vint à Nantes. Leper-parole d'oubli et de réconciliation (1825) (1). dit, resté membre du conseil municipal, fit partie de la députation rennaise envoyée vers le souverain. Sa figure frappa Napoléon, qui se tourna vers lui et lui demanda son nom.

G. L.

(1) Un empêchemeut imprévu n'ayant pas permis à notre dévoué et consciencieux collaborateur de terminer

détails suivants :

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< Leperdit, tailleur. » L'Empereur se fit ren-son travail sur Leperdit, nous le compléterons par les seigner plus amplement par d'autres membres de la députation, et revenant vers Leperdit: Que pense le peuple sur mon compte? Sire, il vous admire. Après? - Il vous admire. Vous voulez dire qu'il me blâme. Oui, Sire, il admire votre génie et blâme votre despotisme. >

Leperdit, à ses derniers moments, n'avait voulu être assisté d'aucun prêtre, et le clergé s'était abstenu de toute participation à ses funérailles. Nous ne parlerions pas de cette double abstention, si beaucoup de ceux que, trente ans auparavant, il avait arrachés aux serres de Carrier, oubliant qu'il n'avait pas interrogé leur conscience pour étendre sur eux sa magnanime protection, n'y avaient puisé un prétexte d'excuse à leur ingratitude ou à leur

aux amis de l'ancien maire le soin de consacrer sa mé

Peu accoutumé à ces appréciations jetées à haine politique. La municipalité, à son tour, abandonna brûle-pourpoint, Napoléon emmena le tailleur moire. C'est à leurs frais que fut érigée sur sa tombe une dans l'embrasure d'une croisée, et lui parla colonne de granit, image de son cœur inébranlable, et long-temps à voix basse. On saisissait, non leurs sur laquelle on lit cette inscription, si expressive par sa paroles, mais leur diverse expression. L'Em-simplicité: LEPERDIT, ANCIEN MAIRE DE RENNES, DOYEN DES ⚫ TAILLEURS. 1752-1825. M. Marin Jouaust, depuis prépereur était animé et pressant, Leperdit respec-sident du tribunal civil de Rennes, avait prononcé sur la tueux et inflexible. Celui-ci se retira enfin, et tombe du vénérable patriote un discours résumant ses tiNapoléon le suivit des yeux, en murmurant en-tres au respect et à l'admiration de quiconque ne se laisse tre ses dents: Tête de fer! » Leperdit, bien entendu, ne fut pas nommé maire de Rennes. Ce temps-là n'était pas le sien.

pas égarer par le fanatisme politique. Le bureau de taseule récompense décernée à ce digne citoyen dans la bac de la rue de Toulouse, à Rennes, fut plus tard la personne d'une de ses filles. Une étude de M. Emile SouEn 1844, il n'était rien. Aux Cent-Jours, ilvestre, insérée, en 1838, dans la Revue des Deux-Mondes, partit comme fédéré contre les Vendéens dans XV, p. 5-30, ayant rappelé l'attention publique sur Lela Loire - Inférieure, et fut nommé conseiller nicipalité de Rennes pour lui proposer de faire la statue perdit, David, d'Angers, écrivit l'année suivante à la mu

(1) La décoration avait été demandée, à l'unanimité, par le conseil municipal, dans une délibération que rapporte M. Marteville, dans son Histoire de Rennes, t. III, pag. 288-289. P. L...t.

de l'ancien maire en marbre ou en bronze, au choix de la ville, et gratuitement. Cette offre, acceptée avec empressement par la ville, sur le rapport de M. L. Hamon, n'avait pas encore reçu d'exécution, lorsqu'en 1848, l'un des premiers actes du persévérant rapporteur, devenu

LEPOITEVIN (ALEXANDRE-FRANÇOIS-LAU- | Quimper et à Châteaulin. On se rappelle noRENT), fils d'un avocat au Parlement de Bre-tamment ceux qu'il obtint dans une affaire diftagne, naquit à Rennes, le 10 août 1745. En- ficile et importante où il eut pour adversaire voyé, encore enfant, au collège Montaigu, il l'avocat Royou, connu depuis par différents fut protégé par le vice-chancelier Maupeou et ouvrages historiques. Ami sage et éclairé de la son fils le chancelier. Ayant composé au col- liberté, il applaudit aux débuts de la révolution, lége une ode en vers latins sur un événement et devint procureur de la commune de Châteaumémorable du temps, il en fit hommage au lin, qu'il habitait. Elu ensuite juge au tribunal chancelier, qui se trouvait, lorsqu'il la lui ap-civil de cette ville, puis membre de l'adminisporta, dans son cabinet avec La Bletterie. Ce-tration du département du Finistère, il participa, lui-ci lui dit « Je suis certain que ce jeune en cette dernière qualité, à la délibération par » homme se fera jésuite. » Ce pronostic ne se laquelle cette administration organisa, à la fin réalisa pas. Il eût été singulier, en effet, que de 1792, une garde dite départementale; c'était le jeune homme, qui avait été élevé auprès de la seconde du Finistère. Sur l'appel des GironLa Chalotais, ami intime de son père, fût en- dins, elle fut dirigée contre Paris, dans le but tré plus tard dans un ordre qui était foudroyé d'y assurer l'ordre et l'exécution des décrets de par les réquisitoires éloquents de ce procureur- la Convention. Les Girondins ayant succombé général. Lorsqu'il eut terminé ses études, et dans leur lutte contre les Montagnards, un déqu'il dut s'arrêter au choix d'une carrière, Le-cret d'accusation fut porté, le 9 juillet 1793 poitevin balança entre les suivantes : bénédic- contre l'administration du Finistère, séant à tin, médecin ou avocat. Ce fut cette dernière Quimper, que la Montagne voulait punir d'arqu'il choisit. Inscrit sur le tableau, en 4767, il rêter ses envahissements et de chercher à mainfut promptement chargé par les Etats de Bre- tenir l'inviolabilité de la représentation natiotagne des nombreux procès qu'ils avaient à nale. Quelques-uns des administrateurs, présoutenir devant la Cour-des-aides contre les venus à temps, parvinrent à se soustraire à une prétentions des fermiers généraux. Privé de son arrestation. Leprédour fut de ce nombre, et, état par la Révolution, il resta dans l'obscurité plein de confiance dans les sentiments de génépendant la longue période de nos troubles po- rosité de ses concitoyens, ce fut à Châteaulin litiques. Lorsqu'après le 18 brumaire on orga- même qu'il se retira. Il y resta plusieurs mois, nisa les tribunaux d'appel, à l'instar des anciens et, telles étaient l'affection et l'estime qu'il s'éParlements, M. Abrial, ministre de la justice, tait conciliées, que pas une voix ne s'éleva pour offrit à son ancien confrère une place de juge révéler le lieu de sa retraite, bien qu'il apportât à la Cour d'appel de Paris. En 1828, Lepoite-peu de précautions à la cacher. S'il eût persévin, l'un des doyens de cette Cour, en devint l'un des présidents. A la révolution de Juillet, il fit partie du conseil de famille chargé de stipuler les intérêts des jeunes princes dans la donation qui leur fut faite par leur père, au moment où il allait recevoir la couronne. En 1832, il fut élevé à la pairie. Peu de mois seu-se constituer prisonnier au château de Brest. lement avant sa mort, qui eut lieu à Paris, le 10 juin 1840, l'affaiblissement de ses facultés, demeurées entières jusques-là, l'obligea à résigner ses fonctions. Il était grand-officier de la Légion-d'Honneur.

P. L...t.

LEPRÉDOUR (LOUIS-JOSEPH-MARIE), naquit le 2 juillet 1758, à Pleyben, en Bretagne. Après avoir terminé ses études au collége de Quimper, il fit son cours de droit à la faculté de Rennes, et fut reçu avocat au Parlement, en 4779. 11 plaida avec de grands succès à

véré quelque temps encore, sa tête était sauvée; mais, fort de sa conscience, de la pureté de ses intentions, il résolut de mettre un terme à une inaction qui ne lui permettait plus de servir son pays, et, de son propre mouvement, que sa famille essaya vivement de combattre, il vint

La procédure dont il fut l'objet, ainsi que vingtcinq de ses collègues, fut dirigée avec la plus grande activité, par le tribunal révolutionnaire, établi en cette ville, à l'instar de celui de Paris (c'est ainsi qu'il se qualifiait lui-même dans ses jugements); et il les condamna, le 3 prairial an II (22 mai 1794), à la peine capitale, qu'ils subirent avec le calme et la sérénité qu'ils avaient montrés pendant leur détention et le cours des débats. Rien ne fut épargné pour donner au supplice des vingt-six administrateurs du Finistère le même éclat qu'aux exécutions de Paris. Quatre mille hommes étaient sous les armes, et des piquets placés sur divers points de la ville, pendant que les victimes furent promenées par tous les carrefours en attendant que le bourreau Ance, s'emparant de la proie qu'il avait hautement réclamée au moment où les accusés s'éLe nom de Leperdit a été donné à une rue de Rennes, taient assis sur la sellette, pût remplir de leur et M. Marin Rouault, le jeune réformateur de la géologie sang le vaste entonnoir qu'il avait disposé près paléontologique, l'a, par une attention pieuse et délicate, imposé à une des plus belles espèces par lui découvertes de la bascule de l'échafaud. Une circonstance, peut-être unique dans les annales judiciaires,

commissaire de la République, fut l'installation, le 9 avril, en présence des officiers de la garde nationale et de tous les corps de métiers porteurs de leurs bannières, du buste de Leperdit dans la salle des séances du conseil municipal, sur les délibérations duquel il semble planer comme un symbole de la fidélité au devoir.

dans les terrains d'Ille-et-Vilaine.

P. L...t.

LEP

c'est que la minute authentique du jugement après, la France était envahie par les hordes qui, d'après les formalités d'usage, désigne no- étrangères; Paris était assiégé. Če fut le temps minativement les vingt-six accusés, ne men- des grandes trahisons et des nobles dévouetionne pas Leprédour parmi eux; il n'en est ments. L'Ecole polytechnique, chargée de dépas moins compris au nombre des condamnés. fendre la barrière du Trône, fit des efforts héUn tribunal d'appel eût vu, sans doute, dans roïques pour arrêter le torrent dévastateur. Bocette disparate, un motif de cassation; mais, blaye comptait un frère parmi ces guerriers nodans ces temps horribles, à quelle autorité re- vices, mais pleins de bravoure. « Entraîné par courir! Le tribunal révolutionnaire jugeait en son patriotisme, dit M. Rozet, autant que par dernier ressort, et celui de Brest, pour par- » son attachement pour son frère, il courut se venir plus sûrement à condamner, sans la» placer à ses côtés et mérita, par sa belle conmoindre entrave, les administrateurs du dé- » duite, une part à la gloire que l'Ecole polypartement du Finistère, ne leur laissa pas mê-» technique s'est acquise dans cette mémorable me l'apparence de la défense, puisqu'un gen-» défense (4). »

darme, placé près de chacun d'eux, le sabre Lorsque la paix eut permis au gouvernement nu, avait ordre de les assassiner au moindre des Bourbons de se rasseoir et de fonder de mot qu'ils eussent essayé de prononcer, et que nouvelles institutions, il fut décidé qu'on conle président Ragmey interrompait les avocats tinuerait la carte de France, commencée sous pour les interroger sur leurs opinions person- l'Empire par les ingénieurs géopraphes, pour nelles, en ajoutant que leur réponse dicterait remplacer celle de Cassini. Boblaye fut attaché les mesures qu'il aurait à prendre contre eux-à la partie géodésique de ce grand travail, et mêmes. Leprédeur était âgé d'environ trente- prit part, sous les ordres du colonel Bonne, à six ans lorsqu'il périt sur l'échafaud. Il laissait la mesure de la perpendiculaire de Paris à Strassix enfants en bas âge, dont trois fils. Le pre-bourg; opération très-importante qui servit à mier est médecin en chef retraité de la marine la détermination de la forme générale de la à Rochefort; le second, contrôleur en retraite, terre. Cette mission le ramena souvent en Brehabite la ville de Brest; le troisième, vice-ami-tagne, et lui fournit le moyen d'étudier la géoral, a long-temps commandé la station de la logie de cette partie de la France. L'industrie Plata et est auteur des ouvrages suivants, très- des forges de la Bretagne lui doit la découverte utiles aux navigateurs: I. Résumé des opéra-d'un minerai de fer. la chamoisite, qui a l'ations hydrographiques faites sur la côte occi-vantage de donner des fontes excellentes et des dentale d'Afrique, dans les années 1826 et 1827, fers très-ductiles. Il consigna ses observations à bord de la frégate la Flore et de la goëlette la les plus importantes dans un travail remarquaDorade. Paris 1828, in-8°. II. Instructions nau-ble, l'Essai sur la configuration géologique de la tiques sur la navigation de la mer de Chine, Bretagne, publié en 1827 dans le t. XV des traduites de l'anglais de James Horsburgh. Mémoires du Muséum d'histoire naturelle. Cet Paris, imp. royale, 1824, in-8°. Ce n'est qu'un ouvrage fait parfaitement connaître la configuextrait de l'ouvrage suivant, dont il forme, ration géologique de la Bretagne, qui, jusque sous la date de 1834, le 4o volume augmenté. là, n'avait été étudiée que très-superficielleIII. Instructions nautiques sur les mers de l'In-ment. La même année, Boblaye fut attaché aux de, tirées et traduites de l'anglais de Horsburgh. Paris, impr. royale, 1837-1839, 5 vol. in-8°.

P. L...t.

travaux topographiques dans le nord de la France, et se livra à l'étude du terrain jurassique de cette contrée. Une fièvre cérébrale très-violente le mit, à cette époque, aux portes du tombeau. A peine remis de cette terrible secousse, il reprit ses occupations et fit paraître, dans les Annales des sciences naturelles du mois de mai 1829, son Mémoire sur la formation jurassique dans le nord de la France, où il montra les rapports qui existent entre ce terrain et certains terrains de la Grande-Bretagne.

LE PUILLON DE BOBLAYE (EMILE), est plus connu dans la science sous le nom de Boblaye. Ce savant géologue naquit à Pontivy (Morbihan) le 16 novembre 1792, et eut le bonheur d'être élevé par une mère d'un esprit réfléchi, sans préjugés, et orné de nombreuses connaissances. Cette admirable femme lui inculqua dès l'enfance des sentiments d'honneur vrai qu'il conserva intacts jusqu'à sa mort. Boblaye ne quitta la maison paternelle que pour entrer au collège de Pontivy, et de là au collége de Rouen, où il obtint les plus brillants succès. En 1844, il concourut pour l'Ecole polytechni-Puillon de Boblaye, par M. Rozet. Paris, imp. de Bourgoque et y fut admis le neuvième, au mois de no-gne et Martinet, 1844, in-8° de 12 pages. vembre de la même année.

Boblaye sortit de l'École le 25 septembre 1813, avec le grade de sous-lieutenant au corps des ingénieurs géographes militaires. Peu de mois

En 1829, Boblaye reçut l'ordre de partir pour la Grèce, et dut, pour obéir aux ordres du ministre, abandonner son jeune frère malade, qui mourut quelques jours après (2). Boblaye ne

à

(1) Notice sur la vie et les travaux du commandant E. Le

(2) Charles-Eugène-Gonzalve Le Puillon de Boblaye, né Napoléonville le 7 juin 1798, mort à Paris le 17 janvier 1829, était attaché à l'administration centrale de l'enregistrement, en qualité de vérificateur. On lui doit la décou verte de trilobites aux environs de Bains (Ille-et-Vilaine), á

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