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COMTES DE LÉON.

tons. L'empire de Charlemagne n'était reconnu MORVAN, comte de Léon et roi des Bre- que dans une partie de la Bretagne, lorsque la

de Guichen dans la Manche, il fut attaché aux construc- d'agriculture de cette ville, il concourut, de 1822 à 1829, tions navales du port de Brest. En peu de temps, il fut à ses travaux, par deux mémoires, le premier sur l'Emassez au courant de ce service spécial pour être en me- | ploi des engrais maritimes, le second sur le Commerce et sure de faire des rapports sur les matières le concernant; l'exportation des beurres de la localité. L'usage des vabien qu'il ne fût qu'enseigne, le marquis de La Galisson-rechs ou goêmons, comme élément de fertilisation, était nière, qui en avait la direction, le chargea de l'intérim connu depuis long-temps dans les communes riveraines pendant une absence. de la mer, auxquelles ceux provenant de la coupe annuelle sont exclusivement réservés. Mais le commerce de ces débris de plantes jetées par le flot commençait à s'étendre; on commençait aussi à draguer les sables calcaires et débris de coraux connus sous le nom local de très et de merl, dont l'agriculture fait aujourd'hui une si grande consommation.

Lieutenant de vaisseau en 1786, il reprit la mer, et l'année suivante, par un précieux et honorable témoignage d'estime, il fut, sur la désignation de son ancien chef, nommé major de l'escadre aux ordres du comte de Soulanges, qui devait suivre, le long des côtes de Hollande, l'expédition des troupes prussiennes dans ce pays; mais le départ de cette escadre fut contremandé. En 1789, il devint, par son agrégation, comme associé, à l'Académie royale de la marine, le collègue des hommes les plus éminents dont s'honorât notre armée navale. En 1790, il quittait Saint-Domingue, porteur de dépêches qui annonçaient l'état alarmant de cette colonie. Ce n'était que le contrecoup d'une révolution qui allait briser sa carrière.

Un travail qui résumait et traduisait en règles pratiques les faits nombreux de l'expérience individuelle sur ces matières, pour indiquer d'une manière sûre les effets que l'on en pouvait obtenir sur chaque nature de terrain, devait être regardé comme un document de première importance pour la science agronomique du pays. Il fixa l'attention du ministre de la marine et plus encore celle du conseil général du Finistère, qui désira se charger de sa publication pour en répandre des exemplaires. Trente années d'un emploi de ces engrais, qu'il a contribué à rendre plus general, n'ont fait que confirmer les judicieuses déductions contenues dans ce mémoire. dont l'autorité est aujourd'hui plus grande que lorsqu'il

Retardé par une maladie dans ses dispositions pour suivre hors de France la plus grande partie de ses anciens compagnons d'armes, parmi lesquels se trouvait son frère, qui servait aussi dans la marine, il fut bientôt amené à Paris par des ordres de Louis XVI, transmis par le chevalier de Lezardière, lieutenant de vaisseau. Le malhureux roi désirait que les officiers restés fidèles à la cause dua paru. trône se linssent à portée des chances de salut qui pourraient s'offrir.

La fatale journée du 10 août vint détruire ces vaines espérances, et l'issue de la campagne des princes montrer de quelles illusions on s'était berce de l'autre côté du Rhin. M. de Blois prit alors le parti de se retirer près de Tours, dans la maison de campagne habitée par les parents de sa femme, M" Péan de Livaudière, et d'attendre un temps plus favorable pour s'établir en Bretagne.

pales, les généalogies, avaient été pour lui les sujets d'une exploration sérieuse, alors que ces études vegé taient dans l'ombre et le dédain où les avaient reléguées l'esprit philosophique, et, plus tard, le génie révolutionnaire.

Mais c'est vers l'étude des antiquités, des antiquités de la Bretagne surtout, que M. de Blois se sentait porté, soit par une impulsion reçue de son oncle, l'abbé de Boisbilly, fort versé dans ces recherches, soit par un esprit naturellement investigateur, que secondait la plus heureuse mémoire. Il n'est aucune des branches multipliées de cette science complexe qu'il ne possédât d'une manière distinguée. A la connaissance de plusieurs langues, il joignait celle des divers dialectes bretons, même De retour à son habitation près de Morlaix, il fut, en des dialectes propres au pays de Galles. Les origines 1800, nommé adjoint de sa commune, et, en 1806, ap- bretonnes, l'hagiographie, l'histoire du pays au moyenpelé au conseil général du Finistère qui, presque immé-âge, celle de ses institutions politiques, civiles, municidiatement, l'envoya en députation à Paris pour appuyer diverses réclamations présentées par le département. I s'agissait d'obtenir la liberté d'exporter les céréales dont le cours était tombé au dessous du prix rémunérateur, et de faire reduire le contingent des levées départementales. C'était justice en effet que l'on tînt compte du grand nom- Ces connaissances, recueillies par une intelligence cabre d'hommes que le littoral fournit à l'inscription mari-pable de les mettre en œuvre, auraient du fournir la matime. M. de Blois eut la satisfaction de contribuer effica- tière de plusieurs ouvrages. Mais M. de Blois, comme il cement au succès de ces réclamations. Après avoir rempli le disait lui-même, n'aimait à travailler que pour son provisoirement les fonctions de conseiller de préfecture, instruction. L'idée d'y associer le public aurait troublé le et, en cette qualité, présidé au recrutement en remplace- charme de ses études et répugnait à une simplicité qui cement du préfet, il retourna à Paris pour solliciter de écartait jusqu'aux plus légitimes satisfactions de l'amournouvelles mesures tendant à rendre la conscription moins propre. désastreuse pour les familles et demander que la ville de Morlaix fut exonérée du traitement d'un commissaire gé. néral de police. Il réussit encore par les bons offices d'un ancien camarade, M. de Champagny, duc de Cadore, qui siégeait alors dans les conseils de l'Empire.

Nommé capitaine de vaisseau et chevalier de SaintLouis, en 1814, puis appelé au service actif en 1816, il fut attaché au port de Brest jusqu'à la mesure générale par suite de laquelle les officiers de l'ancienne marine furent admis à la retraite. Il reçut, en 1825, la décoration de la Légion-d'Honneur.

Les babitudes d'une vie laborieuse et réglée laissaient à M. de Blois, après qu'il avait consacré une partie de son temps à sa famille et à la sociéte, des loisirs disponibles pour le soin des administrations ou associations dont il etait membre, et pour ses études de goût. Il était assidu aux réunions du conseil de l'hospice et du bureau sanitaire, et, en 1832, alors septuagénaire, il présida par lui-même à la distribution des secours dans le quartier le plus attaqué, pendant le choléra qui sévissait si cruellement à Morlaix. L'un des fondateurs de la Société

Du reste, loin de vouloir cacher ses travaux sous le voile du mystere, il était toujours prêt à en faire part aux écrivains honorables qui désiraient les consulter. Ainsi ses notes ont été à la disposition de MM. de Courson et de la Villemarqué; il a même été jusqu'à écrire des mémoires pour des savants, sur des points relatifs à l'histoire de Bretagne. Ses entretiens, ses souvenirs d'usages abolis par la Révolution, étaient peut-être recueillis avec plus de fruit encore. Ce furent aussi ses conseils qui donnèrent à MM. de Courson et de la Villemarqué l'idée première d'interroger les monuments du pays de Galles, jusque là à peu près inconnus ou négligés par les historiens bretons.

Un mémoire intitulé: Remarques sur l'accent breton armoricain, communiqué en 1810 à l'Académie celtique. dont il était membre; une Notice historique sur le château du Taureau, communiquée au Congrès breton tenu en 1850 à Morlaix; les notes originales dont il avait chargé son exemplaire du Dictionnaire d'Ogée, notes dont il lui fut demandé copie pour la nouvelle édition de cet ouvrage, sont à peu près les seuls de ses travaux archéologiques

mort violente des princes Méliau et Méloir, ainsi que les dissensions civiles auxquelles se rattachait ce double meurtre, fournirent à son lieutenant un prétexte et une occasion pour attaquer la liberté d'un peuple non encore soumis. En présence de ce péril imminent, Morvan du Léon fut élu chef de la nation (818), et il justifia ce choix par le courage avec lequel il en défendit l'indépendance. La lutte se prolongeait sans résultat pour l'héritier du grand empereur. Après avoir aussi inutilement tenté les négociations, il prit le parti de marcher luimême contre les Bretons. Morvan n'eut garde d'engager ses forces vis-à-vis d'une armée aussi formidable que celle des Francs: mais, retiré dans des lieux d'un accès difficile, il suivait l'ennemi, harcelait sa marche, et profitait, pour le tenir en échec, des occasions que pouvaient offrir ses divers mouvements. Il trouva, enfin, la mort dans un de ces combats (1).

D'Argentré, organe des traditions, écrit que Morvan « était issu des comtes de Léon, et de » la race, comme on disait, de Conan. » Ainsi l'opinion qui avait cours, qu'elle fût fondée sur la vérité des faits ou sur le désir d'étendre jusqu'aux dernières limites connues l'antiquité des comtes de Léon, cette opinion, disons-nous, rattachait cette famille à Withur, et Withur au sang des rois bretons.

WIOMARCH OU GUYOMARCH [er,-comte de Léon et roi des Bretons, comme l'avait été Morvan, dont on le croit fils, essaya de réparer les désastres qu'avait amenés la perte du héros breton et de secouer le joug des Francs. Informés de ses desseins, ils fondirent inopinément sur ses états, afin de s'emparer d'un chef si audacieux (822). Guyomarch leur échappa par la fuite, mais il ne put épargner à ses vassaux les ravages d'un ennemi furieux. Bientôt il reprit l'offensive et remporta divers avantages sur Morvan a été placé par nos historiens au nom-les oppresseurs de sa nation. Louis-le-Débonbre des rois bretons. On peut se faire une idée naire crut alors devoir se mêler une seconde du caractère de ce grand guerrier et des mœurs fois à cette lutte, et, pour frapper un coup de ce temps dans les vers d'Ermold Le Noir, terrible, il s'avança dans le pays, accompagné poète contemporain, qui a célébré les événements mémorables de la vie de Louis-le-Débonnaire (2).

sa vieillesse.

qui aient vu le jour. Cependant parmi les notes qu'il avait amassées, il en est auxquelles la justesse de sa critique n'a pu manquer de donner de la valeur. Nous pourrions citer, comme exemple, cette étude monographique sur les comtes de Léon, et ses annotations sur le Dictionnaire breton de dom Le Pelletier, qui sont peut-être aussi étendues que le texte de l'auteur; c'était l'œuvre favorite de Les longues années de M. de Blois s'écoulaient au milieu de ces paisibles études. Exempt de toute infirmité, il sentit pourtant, vers l'âge de quatre-vingt-dix ans, le besoin de se livrer au repos. Une légère indisposition vint troubler sa santé, le 3 septembre 1852, comme pour lui rappeler le terme d'une carrière qu'un secret pressentiment lui faisait envisager comme prochain. Elle reparut promptement avec des symptômes alarmants; après quelques heures de souffrance, il s'endormit, le 7 septembre, à l'âge de quatre-vingt-onze ans et dix mois, dans le calme qui accompagne le dernier jour d'une vie toute consacrée á l'accomplissement du devoir, laissant après lui s x des onze enfants auxquels il avait donné le jour, et la digne compagne d'une heureuse union dont il avait, cinq ans auparavant, célébré le soixantième anniversaire. Justement vénéré de tous ceux qui le connaissaient, il rappelait, par l'aménité de ses mœurs, la parfaite droiture de son caractère et sa science modeste, ce bon et laborieux Du Cange dont la vie patriarcale ne fut pas sans rapports

avec la sienne.

P. L....

de trois corps d'armée. A la vue d'un déploiement de forces si nombreuses, plusieurs des chefs écoutèrent les conseils de la prudence et ne laissèrent plus à Guyomarch d'autre parti que celui de la soumission. Mandé avec les autres seigneurs de sa nation pour renouveler son allégeance devant les grands du royaume, à l'assemblée générale d'Aix-la-Chapelle, en 825, il y reçut un accueil distingué. Mais ces honneurs ne lui rendirent pas plus supportable la domination d'un prince étranger; il reprit les armes et attaqua encore les Francs. Lambert, comte des Marches, s'étant mis à sa poursuite, le surprit dans un de ses châteaux, et, persuadé qu'il n'y avait rien à obtenir d'une nature si indomptable, il le fit périr (826). Après cette insurrection, les chefs bretons furent appelés à l'assemblée générale d'Ingelheim pour reconnaître encore l'autorité de l'Empereur.

PLINIS, - suivant dom Morice, fils de Wiomarch, et vraisemblablement son successeur dans le comté de Léon, fit une donation à SaintSauveur de Redon. Cet acte, où il est dénommé Plinis, filius Wuiomarch, peut être placé aux environs de l'année 850. Ce nom semble le même que celui de Pirinis ou Pirenès, connu en (1) Morvan, ou Maurice, car c'est le même nom, est Bretagne, et qui se rencontre dans un titre du regardé comme le fondateur du château de la Roche-même monastére, postérieur de peu d'années. Maurice, près Landerneau. Ce château portait encore le nom de la Roche-Morvan au xin siècle. (Pr. de l'Histoire GUYOMARCH II - et Ewon ou EVEN, son fils de Bretagne, t. I", col. 989.) La poésie lui avait donné probablement, souscrivirent à la charte accorun autre nom qui dépeint sa situation sur un rocher dée vers 854 à Saint-Sauveur de Redon, pour abrupte et élevé, en l'appelant Roch-an-Tron ou la Roche-la libre élection de ses abbés. Son nom se renaux-Aigles. contre encore au bas de celle donnée par Salomon de Bretagne, en 860, en faveur du célèbre monastère de Prum, en Allemagne.

(2) On trouvera les vers d'Ermold Le Noir cités dans l'Histoire des Peuples bretons, où M. de Courson a mis en relief les événements de nos guerres carolingiennes. On peut aussi lire D. Lobineau, p. 29 et 30, et des fragments épiques sur Morvan, insérés dans la 3° édition des Chants bretons de M. de la Villemarqué.

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confirme le glorieux surnom, fut, dans son un autre sens se présente naturellement : c'est pays, la terreur des Normands, que la faiblesse que l'annotateur a voulu dire seulement que et la division des enfants de Louis-le-Débon- les nobles comparants avaient régné successinaire encourageaient dans leurs invasions. vement sur le comté de Léon. On laisse de côté Leurs ravages furent affreux en Bretagne. Ils d'autres explications qui ressortiraient des usase renouvelèrent, tantôt sur un point, tantôt ges anciens constatés par les diplomatistes (1). sur un autre, durant un siècle entier, avec une Quant au titre de vicomte, Guyomarch et Mortelle violence que les seigneurs furent obligés van ne sont pas les seuls seigneurs de Léon qui de quitter le pays, et les ecclésiastiques d'em- l'aient porté, même bien long-temps après cette porter avec eux les reliques et objets précieux date. La qualité de comte, qu'ils prenaient parconsacrés par la religion. fois dans leurs actes, et que les chroniqueurs ne leur ont donnée que par exception, leur était évidemment déniée; ils ne sont désignés que comme vicomtes, dans les chartes qu'ils souscrivent avec d'autres feudataires. C'est cette diversité d'appellation qui a été l'écueil de nos historiens. D'où provenait l'opposition qu'elle révèle? Nous l'ignorons. Nous constatons simplement l'identité des comté et vicomté de Léon jusqu'au temps de Guyomarch VII, sous lequel se place le démembrement que l'on a désigné par le titre de vicomté.

Ce fut de 875 à 878 qu'ils attaquèrent sur tout le pays de Léon, où Even leur tint tète. Ils essayèrent inutilement, dit Albert Le Grand, de s'emparer de Brest.

L'indépendance bretonne avait été reconquise par Nominoë et maintenue par Erispoë, son successeur. Mais la mort de ce dernier, assassiné par ordre de Salomon III, qui s'était emparé du pouvoir, et qui périt bientôt lui-même, devint une semence de discordes anarchiques. La lutte de Gurvand, comte de Rennes, et de Pasquiten, comte de Vannes, pour la puissance souveraine, s'était terminée avec leur vie, sans que l'ordre fût encore rétabli. Les comtes de Léon et de Goëllo prirent alors en mains l'autorité, débattue jusqu'à ce que les droits d'Alain, fils de Pasquiten, fussent reconnus.

Guyomarch III assista à la confirmation des droits de l'abbaye de Redon, en 1021. On croit que c'est lui qui, joint à Alain III, duc de Bretagne, faisait la guerre à Alain Canhiart, en 1031 (2).

MORVAN II eut aussi des démêlés avec Even est regardé comme le fondateur de Les- Alain Canhiart, et il assistait, en 1065, Coneven. Celte position centrale pour le comté, et nan II, duc de Bretagne, au siége du château éloignée de la côte, dut être jugée avantageuse, de Combourg. On a cru pouvoir conjecturer surtout dans un temps où l'on devait être tou- qu'il épousa l'aînée des filles de Rivelin de Ceojours en garde contre les incursions des Nor-zou, dont les domaines seraient entrés dans sa mands. Il fut l'un des bienfaiteurs de l'abbaye famille par cette alliance. Il est fait mention, de Landévenec. Dans une charte de donation à dans une donation de 1070 par Alain Fergent, ce monastère, il est appelé Felix et nobilis co-à l'abbaye de Quimperlé, d'un fils de Morvan, mes Ewenus. appelé Ehuarn ou Hervé; c'est le père d'Alain qui suit.

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HERVÉ Ier, dit Ehuarn, nom qui est parmi les Bretons une des variantes de celui d'Hervé, ALAIN était en effet petit-fils de son prén'est connu que par sa souscription à une charte | décesseur, comme on l'apprend d'un acte de de Budic, comte de Cornouaille, en faveur de l'abbaye de Saint-Georges de Rennes, où son l'abbaye de Landévenec. Les Bénédictins le nom suit celui de Juhel, archevêque de Dol. désignent comme fils d'Even. «Ehuarn, son C'est une donation des droits de la duchesse > fils » marque D. Morice (t. Ier, Pr., p. XI Berthe, veuve d'Alain III, sur la paroisse de >> et xii de la préface), en parlant d'Even-«lais- Plougasnou, que la charte place mal à propos >> sa deux enfants, Guyomarch et Morvan, qui dans le pays de Léon, car elle est en Tréguier, » ne prenaient que la qualité de vicomtes de où les sires de Léon étaient à la vérité fort puis» Léon. L'aîné continua la postérité, et le cadet sants, ce qui rendait leur adhésion intéressante >> fit, selon les apparences, la tige des seigneurs pour le donataire. Un autre titre relatif aux » du Fou. » Nous n'avons pas suivi cette opinion, comme on le verra plus loin.

(1) On peut notamment consulter le Dictionnaire de D. de Vaines, v souscription. La souscription n'atteste pas toujours la présence à la solennité de l'acte. On a même des exemples de souscripteurs qui n'étaient pas nés au temps des actes où figure leur nom.

GUYOMARCH III souscrivit avec son frère un acte d'Alain Canhiart, en faveur de l'abbaye de Quimperlé, de l'année 1029 environ. La souscription est conçue en ces termes : Guihomarch et Morvan, vice comites. De là est venue l'idée de les faire dominer simultanément, l'un sur le pays de Léon, l'autre sur la seigneurie du Faou. Mais, si l'on réfléchit que ce texte a été pris dans un cartulaire écrit environ un siè-l'un à l'autre, nous ne nous sommes pas préoccupé du collective de Guyomarch et Morvan semble les rattacher cle après l'époque où vivaient ces deux témoins, personnage qui se placerait entre eux.

(2) Cette opinion ne serait pas conforme à l'assertion table généalogique des seigneurs de Léon, un vicomte des Bénédictins, qui mentionnent, dans le Catalogue ou Hamon, marchant à la suite du duc dans son expedition de 1029. Mais, comme les savants auteurs ne citent aucun document à l'appui de ce fait, et que la souscription

droits du prévôt de cette même abbaye, en Tréguier, fait connaître qu'il avait un frère du nom d'Alfred.

en 1149.

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qui prit possession des biens

Hervé, en 1163, faisait la guerre au vicomte du Faou. Ce seigneur trouva le moyen de le surprendre par ruse avec Guyomarchi son fils, et les tint enfermés à Châteaulin. A la nouvelle de cet événement, Hamon, évêque de Léon, frère puîné de Guyomarch, arma la noblesse et le peuple, et implora le secours de Conan IV, qui vint en personne combattre pour la délivrance des prisonniers. Châteaulin fut emporté d'assaut, et le vicomte du Faou fut, avec ses adhérents, enfermé au château de Daoulas, où ils périrent misérablement. Après avoir rapporté ce fait dans sa chronique, Guillaume le Breton ajoute que Hervé était un chevalier des plus valeureux; qu'en Angleterre et ailleurs il avait figuré à un grand nombre de batailles, et qu'il avait perdu un oeil à la guerre.

GUYOMARCH IV,- réputé fils du précédent, fut l'un des guerriers bretons qui accompagnèrent Guillaume, duc de Normandie, dans la conquête de l'Angleterre, en 1066. Il en reçut plusieurs terres qui durent être perdues pour sa maison dans le cours des démêlés de ces princes avec les rois de la maison Plantagenet. Il y a lieu de penser, d'après une autre charte de l'abbaye de Saint-Georges, que la femme de Guyomarch s'appelait Orwen ou Onwen, nom commun dans la maison de Cornouaille. Une mort violente termina la vie de ce seigneur, en 1403. Occisus est Guichomarius vice comes dolo, marque la chronique de Bretagne. Cet événement, ajoute Albert Le Grand, fut la suite Hervé continua de se montrer fidèle à la d'une sédition qui s'éleva parmi les sujets du cause du vicomte de Porhoët dans le cours des comte, tandis que son fils était à la Terre- hostilités qui se renouvelèrent entre lui et CoSainte. nan. Eudon, pour resserrer davantage ces liens. HERVÉ II, rechercha la petite-fille du sire de Léon, qui de son père en revenant de la première croi-devint sa seconde femme. Cet attachement aux sade, où il avait suivi, en 4096, le duc Alain intérêts d'Eudon devint pour lui un sujet d'inFergent, assista aux funérailles de ce prince fortunes: Guyomarch de Léon et Raoul de Fougères s'étant en effet réunis au comte de PorLe soin de ses possessions d'Angleterre ne hoët, pour faire des ravages sur les terres de rendait pas Hervé soucieux de faire sa cour à Conan IV, ce prince appela à son aide le roi d'AnHenri Ier, roi de ce pays. C'est de lui que Guil-gleterre. Henri II entra en Bretagne en 1166, laume de Malmesbury écrit: « Hervæus de battit les seigneurs confédérés, el conclut le Leions, qui esset tantæ nobilitatis, tanti su- mariage de son fils Geoffroi, encore enfant, percilii ut nunquam rege Henrico petente ani- avec la fille unique de son protégé, sous le nom mum induxerit in Angliam venire. » Il parut duquel il domina bientôt. Les partisans d'Eudans le pays, après la mort de Henri, mais don reprirent les armes, après le départ du roi ; comme ennemi de ses droits. Ayant épousé la mais Henri fit une descente au pays de Léon, fille d'Etienne de Blois et d'Adèle de Norman- détruisit les châteaux de Lesneven, Saint-Pol die, il combattit pour la cause de ce prince, et Trebez; mit tout à feu et à sang, et contraiqui disputait la couronne à l'impératrice Ma- gnit Hervé à lui faire hommage et à donner thilde. Chargé par son beau-père de la garde des ôtages pour garantie de sa soumission. du château de Devise, dans le Wiltshire, il fut Hervé survécut peu à ces infortunes; il mouassiégé par les troupes de Mathilde. La place rut en 1169, laissant de son mariage avec la fut prise, malgré ses efforts. Tombé ainsi au fille d'Etienne, comte d'Aumale, en France, et pouvoir de l'ennemi, il fut contraint de s'éloi-de Halderness. en Angleterre, qui était de la gner de l'Angleterre. Il est remarquable que ce maison de Champagne: 1° Guyomarch qui suit; fier seigneur n'ait pas songé à s'attribuer, même 2o Even, dont on ne sait pas l'histoire; 3° Hadans ses domaines, le titre qu'avait porté Even-mon, évêque de Léon, dont on a parlé. Il eut le-Grand, l'un de ses aïeux. Il est simplement aussi un fils naturel nommé Hervé, à qui l'on qualifié vicomte, dans l'acte de fondation du connaît trois enfants: Gradlon, Budic et Guéprieuré de Saint-Martin de Morlaix, en 1128, gou. prieuré auquel il donna notamment le faubourg de Bourret, dans la même ville.

GUYOMARCH V, fils du précédent, fonda, vers 1450, le prieuré de Saint-Melaine, à Morlaix. On ne lui connaît que deux fils Hervé, qui suit, et Guyomarch, qui vivait en 1164.

HERVE III confirma, en 1454, la donation du prieuré de Saint-Melaine, faite par son père. Il est qualifié dans cet acte: Dei gratia Leonensis comes. Il prit parti, en 1454, pour Eudon, comte de Porhoët, dans les guerres que ce seigneur eut à soutenir contre le duc Conan IV, son gendre.

On a différentes chartes de ce prince, dont une en faveur du prieuré de Saint-Melaine, une autre relative à l'affranchissement des dépendances de l'abbaye de Saint-Mathieu, et une lettre du pape Adrien IV, adressée à Hervé et à d'autres hauts personnages du pays.

GUYOMARCH VI- signala son avènement par de sanglants démêlés avec l'évêque, son frère. La chronique de Bretagne indique par ses expressions que la famille en général prenait part à cette animosité. Elle pouvait avoir pour cause le refus de Hamon d'épouser et de soutenir de son influence les intérêts et les luttes politiques

de sa maison. Le prélat se réfugia d'abord près de Conan IV, en haine duquel il était vraisemblablement persécuté. Le duc entra dans le pays de Léon, attaqua Guyomarch, et le mit en fuite. Ainsi rétabli sur son siége, Hamon ne put y trouver le repos, ni même la sûreté que Conan avait espéré lui garantir; il fut assassiné un an après. Albert Le Grand dit que ce fut sur la grande place devant son église; mais Guillaume Le Breton désigne pour théâtre de ce meutre un lieu nommé Rengat.

LEO

que cette même réserve était divisible par portions égales entre ces puînés. L'esprit du temps allait même bien plus loin en faveur des aînés, car, à dix années de là, le comte Geoffroi, avec l'assentiment des barons du pays, promulguait son Assise par laquelle il fut établi qu'aucun démembrement des grands fiefs ne pourrait avoir lieu au profit des cohéritiers mâles. C'est la maxime reproduite dans les Etablissements de Saint-Louis, en ces termes si connus: Baronie ne se départ mie entre frères.

à

Aux cris d'indignation qui s'élevèrent de C'est à cette même époque que nous voyons. toutes parts se joignirent les menaces du duc côté d'un autre frère qui ne peut évidemment et en particulier celles du meurtrier de l'arche- obtenir de pareils avantages, Hervé (1) investi vêque de Cantorbéry, assassiné la même an- de plusieurs fiefs importants au cœur même du née. Henri II protestait qu'il allait tirer ven- comté et d'autres domaines considérables. Son geance de cet attentat, et il était prêt à se met- partage comprenait les terres de Landerneau tre en marche lorsque Guyomarh se soumit aux et la Roche-Morice, Coëtmeur-Daoudour, Penexpiations qui furent demandées. C'est en ré-sez et Penhoët, en Léon, de Plogastel-Daoulas paration de ce crime, annoncé à l'avance, marque notre hagiographe, par des prodiges avantcoureurs de la colère du ciel, qu'il fonda en 1173 l'abbaye de Daoulas.

et Crozon, en Cornouaille, et Bourgneuf, près de Carhaix, au pays de Poher. Ce sont du moins les possessions que nous retrouvons aux mains de ses prochains descendants.

Après la mort de Conan IV, Guyomarch, qui, suivant l'expression d'un chroniqueur, ne crai-vance les grandes jurisdictions de Brest, SaintLes comtes avaient pour siége de leur mougnait ni Dieu ni les hommes, provoqua par une Renan, et celle de Lesneven, qui avait un resnouvelle entreprise le successeur de ce prinee. sort très-étendu et dont relevaient les réguaires Geoffroi entra dans le pays de Léon, et se mit de l'évêché. Quant à la ville de Morlaix, à son en possession de ses Etats, ne lui laissant que territoire, et au ressort de Lanmeur, ils étaient deux paroisses jusqu'à son départ pour la Terre- restés aux mains du comte Geoffroi. Sainte, car le comte et Nobilis, sa femme, avaient fait vou d'entreprendre ce pélerinage, que la mort de Guyomarch, survenue dans la même année (1179), ne lui permit pas d'exé

cuter.

enceinte de l'héritier de la couronne, et la guerre La mort de ce prince, qui laissait sa veuve engagée entre Henri II et Philippe-Auguste, parurent à Guyomarch des conjonctures favorables Les enfants qu'il laissa, sont: 1° Guyo-Profitant d'une trève avec son ennemi, le terpour recouvrer Morlaix, qu'il surprit en 1186. march VII, qui suit; 2° Hervé, tige des vicom-rible Plantagenet fut bientôt en Basse-Bretates de Léon et des branches de Châteauneuf gne. Le château de Morlaix fut attaqué à l'aide en Thimerays, Noyon-sur-Andelle et Hacque-de machines de guerre et occupé après une déville; 3o Adam, mort au siége d'Acre, en Pales-fense dans laquelle les assiégés subirent toutes tine, en 1491; 4° Aliénor, seconde femme de les horreurs de la famine (1187). Heureusement Eudon de Porhoët; 5° Guen, mariée, suivant Du Paz, à André de Vitré.

GUYOMARCH VII- trouvait l'héritage de son père à la merci d'un prince auquel les événements contemporains ne rappelaient que les guerres qui avaient mis les comtes de Léon aux prises avec son beau-père Conan et avec Henri, son père. Il profita de ses avantages pour diminuer la puissance de ces grands vassaux, en instituant une seigneurie rivale au sein même de la famille, Il avait attaché à sa personne le second fils du dernier comte; c'est en sa faveur que fut réglé le mode de partage qui devait réaliser ces projets.

S'il n'existait pas en ces temps de coutume écrite pour nous faire connaître les termes de la législation qui réglait l'ordre des partages, nous avons les précédents suivis dans cette baronie et dans les autres pour constater que la portion réservée aux puînés était relativement modique. Et l'on ne peut pas douter davantage

pour le comte de Léon, Henri avait plus de que de se livrer au plaisir de la vengeance. Il souci de se défendre contre Philippe-Auguste se borna à exiger que Guyomarch vint avec ses hommes grossir les rangs de son armée, dont les entreprises, bientôt suivies de la mort du chef (1489), ne furent point heureuses.

eut à subir d'indignes traitements de la part de Constance, après avoir perdu son beau-père, Richard Coeur-de-Lion, qui lui succédait. Hervé prit alors les armes avec les autres barons du pays pour obtenir la liberté de la duchesse. Ri

(1) L'histoire contemporaine fait mention d'un autre gna, dit Albert Le Grand, son frère Hamon dans l'exil, et Hervé, de Leon. Fidèle aux liens du sang, il accompail était près du prélat lorsqu'il fut ramené et rétabli sur son siége. De la génération précédente, il avait du recueillir son partage, et s'il avait été la tige des vicomtes les heureuses destinées de cette branche, comme une de Léon, la tradition n'eût pas manqué de faire ressortir rémunération du ciel décernée à sa vertu.

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