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tins près du pont de Lannion. Il commandait | comte DE), fils de Jean Hingant, conseiller au l'avant-garde de l'armée de Duguesclin, à la Parlement de Rennes, et de dame Françoise de bataille de Cocherel. Il était un des six capi- Becdelièvre, naquit le 12 octobre 1641, au châtaines qui, à la fin de 1370, obtinrent du con-teau de Kerduel, dans la paroisse de Pleumeurnétable de poursuivre douze cents hommes que Bodou, diocèse de Tréguier. Privé de tous ses Robert de Neuville menait en Angleterre ; ils parents, pendant sa première enfance, il reçut les surprirent à leur embarquement; aucun néanmoins une éducation complète et soignée. n'échappa. En 1374, il était un des trois libéra- Ce qui fait croire que, dès sa plus tendre jeuteurs de Geoffroi de Budes, que ses blessures nesse, il menait une vie pieuse, c'est le choix allaient livrer à la garnison d'Usson, en Auver- que M. de Trémaria, ancien conseiller au Pargne. Il était au siége de Chisey, quand les An- lement de Bretagne, et alors zélé missionnaire, glais, couverts de tuniques en toile et portant fit de lui, en 1665, pour mari de sa fille unique, une croix rouge sur leurs armes, accoururent, Corentine de Saludem, dame de Kérosan et de jurant d'exterminer tous les assiégeants, ex-Trémaria. La conformité de sentiments des deux cepté le connétable, Maurice du Parc et Geof-époux et leur grande fortune leur permirent de froi de Kerimel; ils envoyèrent défier les Bre- satisfaire le besoin de leur cœur en soulageant tons. Nos braves ne se firent pas attendre, ils toutes les misères. Le charitable propriétaire de volèrent au combat. Geoffroi commanda l'aile Kerduel, non content d'avoir établi dans son droite de l'armée, qui écrasa tellement l'ennemi, manoir un hôpital pour recevoir les pauvres et surpris dans l'ivresse, qu'il n'y eut que quel- loger les étrangers, contribua à la fondation de ques seigneurs d'épargnés, pour payer chère-l'hôpital de Lannion, en triomphant, en 1673, ment leur vie. Les vainqueurs se couvrirent des de l'opposition que l'évêque diocésain mettait tuniques des morts et se présentèrent devant à son etablissement sur un terrain dépendant Niort. On les prit pour les alliés. Les portes s'ou- du territoire de l'évêché de Dol. Mm de Kérisac vrirent; la ville fut prise et la garnison immo- ayant été frappée de mort subite en 1676, le lée, excepté ceux qui voulurent se racheter. En jeune et riche seigneur, dont naguère encore le 4372, le roi de France, admirant la valeur de monde enviait le bonheur, se détacha de la terGeoffroi, l'attacha à son service. En 1375, il re et entra au séminaire de Tréguier. Pourvu était au siége de Brest, et sa montre offrait promptement des saints ordres, il était, dès l'anquatre chevaliers et vingt-six écuyers. Il prit née suivante, le principal auxiliaire du P. Maupart aux expéditions du connétable dans les au- noir. L'abbé de Kérisac se fit entendre pour la tres parties de la France et dans la Péninsule. première fois dans la chaire de Brest, ou il imLe 26 avril 1379, il fut un des quatre maré-pressionna vivement par la facilité, l'énergie et chaux de Bretagne nommés pour défendre l'in- en même temps l'onction de sa parole. A la fin dépendance du pays. Ils armèrent tout le duché, chassèrent l'ennemi, envahirent l'Anjou, et y prirent deux places fortes. Le duc de Bretagne revint d'Angleterre, et, dans la traversée, il écrivit à Geoffroi de Kerimel comme à l'un de ses plus fidèles serviteurs, pour lui annoncer son arrivée. Kerimel était aussi habile négociateur que bon général. Il figura avec distinction au grand conseil que le duc tint à Dinan, et le fortifia dans ses résolutions généreuses. Il eut une correspondance avec le duc d'Anjou, pour ménager une trève. Le duc de Bretagne, qui voulait épargner le sang de ses sujets, proposa des arbitres, et Geoffroi fut un des garants de sa parole; il fut aussi un des cinq envoyés de son prince auprès du comte de Buckingham, pour préparer l'éloignement des Anglais. Au mois de mai 1382, Geoffroi de Kerimel était un des six ambassadeurs qui, escortés de douze écuyers et de six jurisconsultes, allèrent demander au roi d'Angleterre le retour de la duchesse de Bretagne, la main-levée du comté de Richemont et la restitution de Brest. Il mourut peu de temps après. P. L...t.

KERIOLET (voyez QUÉRIOLET).

KERISAC (JEAN-BAPTISTE HINGANT,

de la même année, il accompagna le P. Maunoir dans ses missions de Tregnier et de SaintBrieuc, et en 1678, dans celles de La Chèze, Moncontour, Lamballe, Lominé et Lesneven. Une mission à Pontrieux, dont il avait voulu supporter seul la dépense, fut le terme de sa carrière apostolique. Une fièvre, survenue à la suite de son premier sermon, enleva, après quinze jours de maladie, ce fervent missionnaire, ce digne émule de Vincent de Paul. Sa dépouille mortelle, inhumée dans l'église des Ursulines de Lannion, y resta déposée jusqu'à la Révolution. Son cœur, renfermé dans une boite de plomb recouverte d'argent, était placé dans un petit monument élevé à la mémoire du saint prêtre. Après l'expulsion des Ursulines, en 1792, leur église ayant été profanée, Mme la comtesse de Loz, née Hingant, propriétaire du château de Kerduel, et dernière héritière du nom de Kerisac, enleva elle-même du monument le cœur de son vertueux oncle. Au mois de janvier 1807, elle obtint l'autorisation d'exhumer son corps, qu'elle fit transporter dans la chapelle du château de Kerduel, avec ceux de plusieurs autres membres de la même famille, qui avaient aussi leur sépulture dans l'église des Ursulines de Lannion. M. Tresvaux (Vies des Saints de Bretagne, t. IV, p. 459-464), a

consacré à l'abbé de Kerisac une notice tirée de sa vie manuscrite, par Mile Marie de la Fruglaye, sa petite-nièce, et de celle du P. Maunoir, par le P. Boschet.

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core, le malheur devait le pousuivre. Au mois d'août 1815, lors de l'invasion de la France, des troupes prussiennes s'avancèrent jusque dans le département de la Loire-Inférieure, et de Kerivalant, dont la famille avait toujours été KERIVALANT (NICOLAS LE DEIST DE), attachée aux Bourbons, recevant ces soldats naquit à Nantes, sur la paroisse de Saint- étrangers comme des libérateurs, voulut en loNicolas, le 25 février 1750. Le nom qui figure ger un grand nombre chez lui. Mais ces homsur son acte de baptême est de Kerivalan. Nous mes s'y montrèrent bientôt exigeants, demanne savons à quelle époque il l'a modifié; mais, dèrent du vin d'une qualité supérieure à celle ce dont nous nous sommes assurés, c'est qu'il qu'on leur distribuait, et finirent par se livrer a signé tous ses ouvrages de Kervalant, et que aux plus grands excès: ils brisèrent les meule nom est écrit de cette dernière façon sur son bles à coups de sabre, maltraitèrent les doacte de décès. Son père, Thomas Olivier le mestiques, et insultèrent les demoiselles, qui Deist de Kerivalan, avocat à la Cour, descen- ne parvinrent qu'avec beaucoup de peine à se dait d'une famille honorable de l'évêché de réfugier chez le maire. Pendant tout ce désorSaint-Brieuc, et sa mère, Renée Mercier, ori- dre, le malheureux vieillard resta caché dans ginaire de Nantes, était fille d'escuyer Nicolas un grenier, sous des fagots, jusqu'à ce que des Mercier, conseiller-secrétaire de la maison et secours arrivassent enfin du quartier-général, couronne de France. De Kerivalant, après avoir pour le délivrer de sa garnison prussienne. Cereçu une excellente éducation sous la surveil- pendant il ne se remit jamais de l'émotion que lance de sa mère, fit son cours de droit et fut lui avait fait éprouver ce désordre, et il sucreçu avocat au Parlement. Quelques années comba, dans sa maison de campagne, le 15 ocaprès, ayant acquis une charge de maître des tobre 1815. comptes à la Chambre de Bretagne, il fit preuve d'une grande énergie comme auteur de plusieurs remontrances que cette Chambre adressa au roi dans des circonstances délicates. Mais la Révolution l'ayant privé de sa place, sans attaquer sa fortune, il se livra tout entier à l'étude, se perfectionna dans le latin par la lecture des meilleurs auteurs, et apprit assez d'italien et d'anglais pour se rendre familiers les chefs-d'œuvre ecrits dans ces deux langues. Ce ne fut qu'à l'àge de cinquante ans qu'il s'essaya dans l'art des vers, et qu'il publia, dans le Mercure, l'Almanach des Muses, la Muse bretonne et plusieurs autres recueils périodiques, un grand nombre de productions fugitives, parmi les- De Kerivalant, avant de mourir, avait ordonquelles on distingue surtout des imitations né que ses manuscrits fussent envoyés à Castelagréables de la Prière universelle, de Pope; de naudary, à son ami, M. de la Bouisse, pour l'Elégie, de Gay, sur un cimetière, d'un Hymne les publier. Ce sont des imitations en vers des d'Addison; enfin diverses traductions d'Ho-plus belles pièces d'Ausone, des traductions race, de Tibulle et de Catulle.

En 1804, de Kerivalant devint membre de la Société des sciences et des arts de la LoireInférieure; il en fut nommé secrétaire, pour les années 1809 et 1810, et président en 1812. Le discours qu'il prononça comme tel, dans la séance publique du 1er juillet 1843, fut un Eloge de Napoléon. Il lut encore un grand nombre de travaux, au sein de cette Société; nous n'en citerons ici qu'un seul, resté manuscrit et intitulé: Essai sur l'origine, les progrès et le génie de la langue française. L'analyse de ce mémoire, imprimé dans le procès-verbal de la séance du 5 mai 1808, remplit les pages 94 à 108.

des épigrammes choisies de Martial et d'Owen, Le caractère aimable de Kerivalant, la dou- ainsi que plusieurs élégies de Tibulle. Outre une ceur de ses mœurs, les grâces de son esprit et foule de vers dispersés dans les recueils du de sa conversation, auraient dù contribuer à temps, et dont nous avons déjà fait mention, rendre sa vie privée constamment heureuse; on a encore de lui: I. La Vendée, poème élécependant des chagrins bien vifs vinrent em- giaque. Nantes, 1814, in-8°. II. Epigrammes poisonner et abréger son existence. Resté long-choisies d'Owen, traduites en vers français. temps veuf, il s'était remarié avec Agathe Mon- Lyon, 1819, in-8°. L'éditeur, M. de la Bouisse, gin, femme charmante, avec laquelle il habi- annonçait, en 1822, que les imitations d'Ausone tait une maison de campagne près de Fontenay- étaient près de paraître, et qu'il travaillait au le-Comte (Vendée). Mais il eut bientôt la dou- commentaire dont il se proposait d'accompaleur de perdre sa jeune épouse, et un fils qu'il gner la traduction des épigrammes de Martial. avait eu de son premier mariage se tua sur le De nombreuses lectures faites par l'auteur, tant corps de sa belle-mère, pour laquelle il avait à Nantes qu'à Paris, faisaient vivement désiéprouvé la passion la plus violente. De Kerivalant ne voulant plus voir le théâtre de cette double infortune, vendit sa propriété et acheta la terre de la Verdière, située dans la commune de Mauves, à quelques lieues de Nantes. Mais, là en

rer la publication de ces ouvrages. Mais les deux filles de Kerivalant, qui, depuis la mort de leur père, ont embrassé la vie monastique, en empêchèrent l'impression.

De Kerivalant était surtout remarquable par

son instruction littéraire, son esprit agréable poupe. On parvint à l'éteindre, et le combat et son talent comme auteur. Une notice bio- recommença avec une nouvelle ardeur, bien que graphique lui a été consacrée, par le docteur l'équipage eût perdu près de trois cents hommes. Fréteau, et est imprimée dans le Précis analy- Enfin, après sept heures d'une lutte acharnée, tique des travaux de la Société des lettres, scien-le Neptune étant ras comme un ponton, et ayant ces et arts de la Loire-Inférieure, pendant les sept pieds d'eau dans la cale, Kerlérec, qui était années 1814 et 1815. Une autre a été insérée grièvement blessé à la jambe, fut contraint de dans le Journal anecdotique de Castelnaudary se rendre. Promu capitaine de vaisseau, en rédu 48 septembre 4822. DE R. DE R. compense de sa bravoure, il devint, plus tard, brigadier des armées du roi et gouverneur de la Louisiane, où il ajouta, par la fermeté et la sagesse de son administration, à la réputation qu'il s'était acquise dans la marine. On dit qu'il avait fait sur la Louisiane des mémoires intéressants que l'on croit perdus. Il mourut à Paris, le 9 septembre 1770, à l'âge de 66 ans.

KERLEAU VINCENT de), né au château le l'Isle, dans la commune de Moustéru, ancienne trève de Pédernec, au pays de Goëllo, appartenant à la maison de l'Isle. Devenu abbé de Bégar en 4443, il fut chargé, par les ducs Pierre II et François II. de diverses négociations, et dont il s'acquitta à l'avantage du duché, auprès du pape, du roi d'Angleterre et du duc de Bourgogne. François II l'établit, en outre, président de la Chambre des comptes pendant la première disgrace de Guillaume Chauvin. A son retour de la seconde mission qu'il avait remplie en Angleterre, en 4 472, il fut nommé à l'évèché de Léon, dont le pape Sixte IV lui expédia les bulles le 4 juillet de la même année, mais en chargeant l'abbaye de Bégar d'une pension de 200 ducats d'or au profit de Pierre, cardinal du titre de Saint-Sixte. Ce fut apparemment pour cette raison que Kerléau conserva en commende son abbaye de Bégar et celle de Prières, dont il était pourvu depuis 1467. Il ne tint son siége que quatre ans, étant mort le 30 octobre 1476.

P. L...t.

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KERLIVIO (LOUIS EUDO DE), — issu d'une ancienne famille d'Hennebon, qui avait fourni des conseillers au Parlement de Bretagne, était le premier des quatre enfants de François Eudo et d'Olive Guillemoto. Il naquit, le 44 novembre 1624, à Hennebon, et fut baptisé le même jour dans l'église de Saint-Caradec. Après avoir terminé ses humanités à Rennes, il alla faire sa philosophie à Bordeaux, et revint ensuite à Hennebon. Un esprit vif et solide, une humeur enjouée, des talents de société en faisaient un cavalier accompli: aussi obtenait-il de grands succès dans le monde, lorsqu'un amour contrarié le détermina à suivre une autre vie. S'étant enfermé pendant six semaines au couvent des Carmes des Billettes, sous la conduite du KERLÉREC ( LOUIS BILLOUART, cheva- P. Donatien de Saint-Nicolas, il se voua, par ses ( lier de), d'une ancienne famille de la pa- conseils, à l'état ecclésiastique, et se présenta roisse de Penmarc'h, évêché de Cornouaille, à Saint-Vincent-de-Paul, au séminaire des était enseigne de vaisseau et embarqué, dans Bons-Enfants. Ses parents lui refusèrent d'al'escadre du marquis d'Antin, sur le vaisseau bord leur consentement; mais il persista si rél'Ardent, commandé par M. d'Epinay, lors du solument que bientôt Saint-Vincent-de-Paul combat du 18 janvier 4740. Blessé à la cuisse put le citer comme un modèle de ferveur, d'ausdans ce combat, il fut fait lieutenant, et capi-térité et d'abnégation. Ordonné prêtre à vingttaine de compagnie à la campagne suivante. Ce quatre ans, il prit ses degrés en Sorbonne, et fut en qualite de premier lieutenant du vaissaeu revenu après la mort de sa mère à Hennebon, le Neptune qu'il prit, aux combats des 45, 47 aout et 29 octobre 4746, une part honorable, qui lui valut la croix de Saint-Louis. Dans le mémorable combat livré, le 21 octobre 1747, par M. de L'Etanduère Biog. bret., t. Ier, p. 924925), le Neptune, dont Kerlérec était encore premier lieutenant, était l'un des vaisseaux de l'arrière-garde. Dès le commencement de l'action, le capitaine, M. de Fromentières, avait eu la cuisse emportée par un boulet, et, peu après, M. de Longueval d'Harancourt, commandant en second avait été tué. Le Neptune avait alors ses mâts presque hachés et ses canons en partie démontés. Kerlérec, investi du commandement, ranima le courage de l'équipage, et continua, avec la plus grande vigueur, la défense du Neptune contre trois vaisseaux ennemis. Dans l'intervalle, le feu prit à sa

il y exerça promptement une telle influence sur son père qu'il devint son directeur spirituel. M. de Kerlivio père, étendant le cercle de sa charité habituelle, fit de sa maison un véritable hospice; et, quand il mourut, il dit à son fils qu'il n'avait point fait de testament, assuré qu'il était que tout le bien qu'il lui laissait deviendrait celui des pauvres et de l'église. Jamais dernière volonté ne fut mieux exécutée. Multipliant ses bonnes œuvres sous toutes les formes, son fils distribua d'abondantes aumônes, donna une maison pour recevoir les pauvres orphelins, paya leur apprentissage, dota des religieuses, et acheva de bâtir l'hôpital d'Hennebon, qu'il dota aussi. Retiré dans cet hôpital, où il s'était réservé un petit appartement, il faisait des pauvres son unique société. passant tout son temps à les confesser, à les

catéchiser, et les assistant de ses revenus aussi | plupart des congrégations de N.-D. dans les bien que de ses conseils, tandis qu'il s'imposait villes et la confrérie du Saint Sacrement, avec à lui-même des austérités telles que ses supé- l'adoration perpétuelle dans toutes les paroisrieurs durent le modérer. Quoique ses aumônes ses, et qu'il consacra, soit à ces fondations fussent considérables, il trouva pourtant le pieuses, soit à l'entretien des ecclésiastiques, moyen d'acheter des Jésuites de Vannes un jar- des églises et de leurs ornements, des libéradin attenant à leur collége, pour que le P. Ri-lités qui s'élevèrent, dit-on, jusqu'à cinquante goleuc (voy. ce nom) put y établir un séminaire mille écus. où les jeunes gens qui se destinaient à l'état Quand monseigneur de Rosmadec fut appelé ecclésiastique seraient élevés dans la piété, en à l'archevêché de Bourges, en 1674, monseimême temps qu'ils étudieraient au collége. gneur de Vautorte, son successeur, prévenu Monseigneur Ch. de Rosmadec, évêque de contre Kerlivio, lui ôta la charge de grand-viVannes, l'arracha, mais non sans peine, à son caire, ainsi que la direction des maisons relihôpital pour en faire son grand-vicaire; et gieuses. Mais cette disgrâce, suscitée par l'enquand le prélat revint à Vannes, après deux vie, ne fut que momentanée. Le prélat, prompans de séjour à Paris, où l'avaient appelé les tement revenu de ses injustes préventions, reaffaires de son diocèse, il fut surpris du nom-tablit les maisons de retraite des femmes qu'il bre et de l'importance des améliorations que avait interdites, nomma Kerlivio supérieur de Kerlivio y avait introduites. Il redoubla d'esti- celle qu'il permit de bâtir et du monastère de me pour lui, et il le lui prouva en le choisis- la Visitation; puis, au mois de janvier 4677, sant pour son confesseur, ce qui ne l'empêcha il le pria de reprendre ses lettres de grand-vipas de causer à ce pieux ecclésiastique le plus caire. Kerlivio, qui regardait l'obéissance grand chagrin qu'il ressentit dans toute sa vie. comme le premier des devoirs religieux, se Le prélat avait d'abord agréé le projet du sé- soumit, et continua d'exercer ces fonctions minaire des écoliers; mais lorsqu'il fut ques- jusqu'à sa mort, qui eut lieu à Vannes, le 21 tion de l'employer à cette destination, entrai- mars 1685. Il fut inhumé dans l'église des Jéné par l'opposition unanime des prêtres de son suites, où son tombeau a long-temps été visité synode, il désapprouva ce qu'il avait approu- par les fidèles qui venaient y témoigner leur vé antérieurement. Kerlivio voulut alors re-vénération pour celui dont toute la vie s'était noncer aux fonctions de grand-vicaire et se passée dans la pratique de la piété et de la borner au gouvernement de la paroisse de Plu- charité. Sa vie est retracée avec de grands démergat, dont il avait récemment été nommé rec- veloppements dans les Vies des Saints de Breteur; mais revenu à d'autres sentiments, il fit tagne, etc., de D. Lobineau, pp. 550-563. Le du séminaire une maison de retraite pour les P. Champion en a publié une parmi celle des hommes, et l'évêque s'empressa de sanction- fondateurs de maisons de retraite; Nantes. ner ce changement. Kerlivio dressa, de concert petit in-12. On assure qu'il y a une autre vie avec le P. Huby, les statuts de la nouvelle de Kerlivio. Troyes, 1702, in-12. institution, et y fonda l'entretien de quatre religieux pour en être les directeurs. Les soins tout particuliers qu'il donna pendant vingt-six KERMAINGUY (PIERRE), célèbre docans à la maison de retraite ne lui firent pasteur en Sorbonne, né à Saint-Pol-de-Léon, el négliger un instant ses devoirs de grand-vicai- mort provincial des Carmes de Touraine en re. Continuant l'œuvre du P. Maunoir et celle 1474, est mentionné dans la Bibliothèque des du père Rigoleuc, il favorisa et propagea la Carmes comme auteur d'une Histoire ecclésiaspratique des missions. Il introduisit dans le dio- tique, écrite en latin; d'une Histoire de l'ordre cèse une discipline sévère, dont sa bienveil- des Carmes; d'une Critique des constitutions lance sut néanmoins tempérer la rigueur, cor-d'Aristote; enfin d'un ouvrage intitulé Super rigea une foule d'abus et établit l'unité dans Aristotelis elinchos commentaria. Le P. Possel'enseignement du dogme. Il cumuilat tous ces vin fait mention de ce religieux dans son Apsoins avec ceux du confessionnal, où sa dou- paratus sacer, et d'Argentré dans son Histoire ceur faisait de nombreuses conquêtes, et, ni de Bretagne, liv. Ier, chap. XI. P. L...t. l'âge, ni les infirmités ne purent jamais ralentir son zèle, pas plus que modifier ses habitudes de rigoureuse abstinence Monseigneur de Rosmadec l'ayant obligé à prendre la cure de Saint-Patern, la première du diocèse, il ne la garda qu'un an, parce qu'ayant un grand patrimoine, il se faisait scrupule d'y ajouter le bien de l'église dont d'autres pouvaient avoir besoin. Toute sa vie, depuis le moment de sa conversion, ne fut qu'un exercice perpétuel de zèle et de charité. C'est ainsi qu'il érigea la

P. L...t.

KEROUAZLE (LOUISE-RENÉE DE PEN-ANCOET DE),- duchesse de Portsmouth et d'Aubigny, comtesse de Farcham et de Kerouazle, baronne de Petersfield, dame de Mesnaolet et des terres, fiefs et seigneuries et juridictions du Châtel, naquit en 1649. Elle appartenait par son père, Guillaume de Pen-an-Coët, comte de Kerouazle, et commandant de l'arrière-ban du diocèse de Léon, à une ancienne famille de la paroisse de Guiler, dans ce diocèse, famille

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dont le nom originaire de Penhoet ou Penhoat écrivait-il à Mlle de Kerouazle. (OEuvres mêlées. avait été échangé contre celui de Pen-an-Coat Londres, Vaillant, 1708, 6 vol. in-12, t. III, ou Pen-an-Coët (en français Chef du Bois), p. 63-64.) « Elles ont plus de pudeur à s'oflorsque François de Penhoat, qui épousa le 10 » frir que n'en doit avoir une honnête fille à les mai 1330 Jeanne de Pen-an-Coët, dame de » écouter.... Laissez-vous donc aller à la douKerouazle, s'obligea, par une clause expresse» ceur des tentations, au lieu d'écouter votre de son contrat de mariage, à faire prendre à » fierté. Votre fierté vous ferait bientôt retourses enfants le nom et les armes de leur mère, » ner en France, et la France vous jetterait en que leurs descendants ont toujours conservés » quelque couvent... Au lieu de porter au coudepuis. Cette maison portait fascé de six piè-» vent le dégoût de l'amour, le couvent vous en ces d'argent et d'azur, ALIAS: à la bordure» fera naître l'envie. » Quand tout fut prêt chargée de six annelets en orle, avec cette de- pour la conclusion du marché, Louis, sous prévise A bep pen, lealdet (loyauté partout), et texte de visiter les côtes de France, emmena aussi en diavez (à découvert). Elle était une la reine, Mme Henriette, Mlle de Kerouazle et des quatre premières du diocèse, comme l'at- toute la cour à Dunkerque. Madame s'échappa teste cette antique devise, bien connue dans la avec sa compagne, franchit le détroit et vint à Basse-Bretagne Antiquité de Penhoet, vail-Douvres, où elle avait donné rendez-vous au lance de Chastel, richesse de Kerman, chevale- roi son frère. Là ils passèrent des jours partarie de Kergournadech. Par arrêt rendu en la gés entre des fêtes bruyantes et des conférenGrand Chambre de la réformation de Bretagne, ces auxquelles prirent part le roi, deux de ses le 8 juin 1669, au rapport de M. Le Jacobin, ministres, l'ambassadeur français. Madame et elle avait été déclarée noble d'ancienne extrac- Mlle de Kerouazle. Charles fut subjugué. Hention, et Guillaume, père de Louise-Renée, avait riette avait débarqué en Angleterre le 16 mai été maintenu dans sa qualité de chevalier. Un 1670; le 22 elle avait obtenu la signature du autre Guillaume de Pen-an-Coët, l'un des an- fameux traité secret, et le 26 elle l'apportait à cêtres du précédent, avait été salade de la com- Dunkerque, laissant pour garant de son exécupagnie de cinquante salades tenant garnison tion sa belle fille d'honneur, qui se prêta sans aux ville et château de Brest, sous René de difficulté à ce que Charles la conduisit à sa Rieux, seigneur de Sourdéac, dont Louise-Re-cour (4). Bientôt invitée par Arlington, ami du née était la petite-fille par sa mère, Marie de Plouc du Tymeur, fille de Sébastien, marquis de Plouc et du Tymeur, et de Marie de Rieux, fille de Sourdéac.

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prince, à venir passer quelques jours dans sa terre d'Eaton, elle y rencontra son royal amant et en revint avec les droits qu'elle avait acquis à être attachée comme fille d'honneur, suivant Mlle de Kerouazle était fille d'honneur de l'étiquette traditionnelle, à la femme du roi, et Mme Henriette d'Angleterre, sœur de Char-à être créée baronne de Petersfield, puis ensuite les II, lorsque Louis XIV prit la résolution comtesse de Farcham et duchesse de Portsd'affermir l'autorité intérieure du monarque mouth. anglais et de faire rétablir dans son royaume la prédominance de la religion catholique. Mais, (1) Bien différente en cela d'une autre demoiselle de comme on l'a justement observé, pour con- Keroualle, personnage épisodique d'une nouvelle histo sommer cette œuvre pieuse, n'était-ce pas as-Montfort, duchesse de Bretagne. Paris, Jacques Collombat, rique intitulée Les actions héroïques de la comtesse de sez d'envoyer à Charles cette sœur qu'il ai-1697, in-12. Cette demoiselle de Kerouazle, que l'auteur, mait tant, cette séduisante et infortunée Hen- Lesconvel, (V. ce nom), suppose fille d'un Philippe de Penriette d'Angleterre, devenue, par son mariage an-Coet de Kerouazle, amiral de Bretagne sous un duc avec Monsieur, l'ornement de la cour et la con- Flandre. L'auteur en fait une des héroïnes qui secondèrent Arthur, était attachée comme fille d'honneur à Jeanne de quête de l'Eglise de France? Louis, pour obte- la comtesse dans sa belle défense d'Hennebon. Amante nir la conversion de Charles, devait-il, comme aimée d'un brave chevalier, le sire de Penmarch, elle réle dit Hume, lui faire présent d'une maîtresse? sista aux séductions du roi Edouard, à la cour de qui Ce fut pourtant ce qui arriva. Le ministère an- joua le rôle d'Henriette, en favorisant autant qu'elle put elle avait accompagné la comtesse, laquelle, de son côté, glais, resté voué, sous le nom de cabale, au les desseins de son hôte. La vertueuse fille ne fut pas plus mépris ainsi qu'à l'exécration des contempo- accessible aux tentatives du comte de Glocester, qui, rains et de la postérité, appuyait Louis XIV, agissant, soit pour lui-même, soit pour le compte du roi, qui le soudoyait. Toutefois, l'apathique et vo- dire que Penmarch se trouva à point pour délivrer son l'enleva une belle nuit et par force de son lit. Inutile de luptueux Charles II résistait encore aux atta-amante, dont il reçut la main en récompense de sa fidé. ques de ses méprisables conseillers. Pour l'en-lité et de sa bravoure. Ces personnages sont imaginaires, traîner, on recourut à des intrigues décisives sur un prince qui ne demandait qu'à passer sa vie entre ses maîtresses et ses compagnons de plaisirs, intrigues que Saint-Evremond, alors son courtisan et son pensionnaire, seconda par ses détestables conseils. Ne rebutez pas trop > sévèrement les tentations en ce pays-ci, »

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sans doute, et introduits dans le seul but de motiver la n'est-ce pas chose plaisante que cette naïveté, involontairement satirique, du romancier s'évertuant à dérouler sous les yeux de la courtisane titrée les amours chastes tre dans des situations identiques qui, par cela même, et désintéressés de son aïeule, et les plaçant l'une et l'audonnent lieu à un parallèle fort peu honorable pour la

dédicace du livre à la duchesse de Portsmouth; mais,

maîtresse de Charles II?

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