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Méditations sur la Métaphysique, in-16, impri- | né en 1531, au manoir de La Noé-Briord, ou La mées en 4678 sous le nom de Guill. Wander, Noue-Briord, commune de Bourg-Neuf (Loirecelui de l'abbé de Lannion, frère du comte de Inférieure), était fils de François de La Noue et Lannion, lieutenant-général des armées du roi. de Bonaventure Lespervier. Il apparetenait à (Journal des Savants, juillet 1707, p. 49 de l'é- une ancienne et noble famille de Bretagne, aldition in-12.) Biz.... liée aux maisons de Matignon et de Châteaubriant. Guillaume, un de ses ancêtres, fut un des douze chevaliers bretons que la duchesse Constance chargea, en 1200, de soutenir contre un pareil nombre de chevaliers anglais l'honneur de la Bretagne; le noble champion survécut seul à ce combat. François, père de notre héros, se distingua à son tour dans les guerres d'Italie.

LANNION (ANNE-BRETAGNE, marquis DE), -fils aîné de Pierre II, mousquetaire en 1701 et lieutenant réformé au régiment du roi en 1702, leva, au mois de juillet de la même année, un régiment d'infanterie de son nom qu'il laissa à son frère Hyacinthe-François, lorsqu'il devint, au mois de janvier 1705, colonel du régiment de Saintonge. Brigadier des armées du roi le La Noue n'eut guère d'autre éducation que 29 mars 1710, et reçu chevalier de Saint-Louis celle des gentilshommes de son temps; il apprit avant 4745, il devint gouverneur des villes de à lire, à écrire, à manier les armes et les cheVannes et d'Auray le 26 mai 1747, maréchal-de-vaux. La rectitude de son jugement, la perspicamp le 1er février 1719, lieutenant-général le 1er août 1734, et mourut le 28 décembre de la même année, à Guastalla, d'une blessure qu'il avait reçue, le 19 septembre précédent, à la bataille livrée devant cette ville.

cacité de son esprit lui fournirent plus tard les moyens de suppléer à l'insuffisance de son instruction première. Parvenu à l'adolescence, il voyagea en Italie, tant pour s'instruire que pour se distraire, et il fit ses premières armes sous le maréchal de Brissac. A son retour en France, LANNION (HYACINTHE-CAJETAN, comte DE), il se présenta à la cour, et son premier soin fut -fils du précédent, né le 26 octobre 1719, d'a- d'obtenir d'Henri II qu'il restituât à sa mère la bord gouverneur de Vannes et d'Auray en fé- gestion de sa fortune, évaluée à plus de 40,000 vrier 1735, puis capitaine et conducteur du ban livres de rentes; gestion que lui avait retirée le et arrière-ban des évêché, port et hâvre de Van- roi pendant l'absence de son fils, dans la crainte nes au mois d'avril suivant, devint mousquetaire qu'elle ne la dissipât au jeu, auquel elle se lien juin 1736, et guidon de la compagnie des gen-vrait avec ardeur. Ce devoir accompli, La Noue darmes d'Orléans en avril 1738. Il fut nommé avait regagné le manoir paternel et y consacrait colonel du régiment d'infanterie de Médoc le 44 à l'étude les loisirs de lapaix, lorsqu'en 1557 une mars 1739, et reçu vers cette époque chevalier circonstance imprévue décida de son avenir. de Saint-Louis. Il n'avait que vingt-deux ans Dandelot, frère de Coligny, était venu à la Brelorsqu'il fut appelé, comme pair de Bretagne, à tesche avec sa femme, Claude de Rieux, et le présider, en 1744, l'assemblée extraordinaire ministre protestant Gaspard Cornuel. Ce derdes Etats de la province; des dispenses d'âge lui nier, par ses prédications à la Bretesche et dans furent accordées à cet effet par le roi. Brigadier les châteaux voisins, propagea si rapidement des armées du roi le 1er mai 1745, colonel du ré- les nouvelles doctrines, qu'en quatre ans engiment de Lyonnais au mois de décembre sui- viron dix ou douze églises calvinistes furent fonvant, et maréchal-de-camp le 10 mai 1748, il dées dans le pays. La Noue, convaincu par ses fut encore appelé, en juillet 1752, à présider les instructions, devint un de ses prosélytes. Son Etats de Bretagne, et reçut à cettè occasion abjuration fut consommée de sang-froid. Haune lettre du roi qui lui marquait sa satisfac- bitué à soumettre toutes ses actions au contrôle tion de la part qu'il avait prise à la délibération de la raison pure, il pensa que le protestantisme par laquelle les Etats avaient accordé à S. M. était seul propre à satisfaire la sienne. Peut-être, le don gratuit qu'elle leur avait fait demander. néanmoins, l'ambition des Guises influa-t-elle, Etant passé à l'île de Minorque, que le roi avait à son insu, sur sa détermination, et rendant la érigée en gouvernement de province, il fut pour-religion catholique responsable des passions invu des titres de gouverneur et de lieutenant-gé- téressées de ses défenseurs, ne sut-il pas disnéral pour le roi, par provisions datées de Com- tinguer l'œuvre de Dieu de celle des hommes. piègne le 23 juillet 1758. Nommé chevalier des ordres du roi le 1er janvier 1759, et lieutenantgénéral de ses armées le 17 décembre de la même année, il mourut à Mahon, le 2 octobre 1762, à l'âge de quarante - trois ans. Il n'avait eu que des filles de son mariage avec MarieCharlotte-Félicité de Clermont-Tonnerre, qu'il avait épousée le 4 juin 1738. P. L...t.

Ce n'est qu'une hypothèse, il est vrai, et nous n'entendons pas donner d'autre valeur à notre observation; mais serait-il téméraire de penser que La Noue, malgré sa fermeté, sa loyauté, ait pu tellement s'isoler des hommes et des choses de son temps, qu'il ait échappé à leur action, même indirecte?

Il était à Paris en 1562, lorsque le massacre de Vassy devint le signal de la guerre civile. LA NOUE (FRANÇOIS DE), dit Bras-de-Fer,- Obéissant au devoir qu'il s'était imposé de ne

pas abandonner ses coreligionnaires, il suivit mandement du Poitou, de l'Aunis et de la Guyenà Meaux le prince de Condé et Coligny, puis il ne, déféré « à cette tête qui, dit Mézeray, valait seconda Dandelot à l'attaque d'Orléans, et après toute une armée. » La Rochelle était le point de avoir combattu à Dreux avec le prince de Con- mire des catholiques; en attendant qu'ils eusdé, il joignit Coligny dans la Basse-Normandie. sent des forces suffisantes pour en faire le siége La paix de 1563 suspendit les hostilités. Lors régulier, ils la bloquèrent. Marans, Marennes, de la reprise d'armes de 1567, il fut chargé de Brouage et d'autres îles étaient en leur pouvoir. s'emparer d'Orléans. « Incurieux, dit d'Aubi-La Noue, afin de les éloigner de La Rochelle. gné, de grossir sa troupe,» il pénétra dans la ville se mit en campagne, reprit Marans, s'empara avec quinze cavaliers seulement, qu'il fit entrer de Luçon, Langon, La Grève, Mareuil, les Satrois par trois, et, soutenu par trois cents fan-bles-d'Olonne, et couronna ces rapides exploits tassins qui l'attendaient cachés dans les mai- par la victoire complète et meurtrière qu'il remsons, il chassa le gouverneur catholique, après porta, au mois de juin 1570, sur Puy-Gaillard, une lutte meurtrière dans les rues. S'étant em- entre Sainte-Gemme et Luçon. La prise de Niort, paré de la citadelle, non encore terminée, il y Marennes, Soubise, Brouage et Saintes, suivit trouva trois canons et cinq couleuvrines qu'il de près. envoya à l'armée de Condé, complètement dé- La Noue assiégea ensuite Fontenay. Un jour pourvue d'artillerie. Il parcourut ensuite la Bre-qu'il était occupé, près de la porte Saint-Michel, tagne, l'Anjou, quelques autres provinces, et à choisir un endroit propre à l'établissement de rejoignit Condé devant Paris. Battus à Saint-ses batteries, un coup d'arquebuse tiré du châDenis, les protestants se replièrent sur la Lor-teau lui fracassa le bras gauche. Les premiers raine, et leur jonction avec le prince Casimir décida la cour à traiter.

jours, sa blessure ne donna aucune inquiétude; mais la gangrène s'étant manifestée, il fut La Noue revint alors se remettre à ses livres transporté à La Rochelle, où les instances de et à ses champs; mais ce fut pour peu de mois. ses amis, celles surtout de la courageuse Jeanne Le prince de Condé et Coligny, pour échapper d'Albret, qui lui tint elle-même le bras pendant aux pièges de Catherine de Médicis, s'étaient l'opération, le déterminèrent à se résigner à réfugiés à La Rochelle. A cette nouvelle, La l'amputation, qu'il repoussait par la seule Noue monte à cheval, rejoint Dandelot, et tous crainte de ne pouvoir plus combattre. Un hadeux, ayant rassemblé à la hâte quelques trou- bile ouvrier dissipa ses appréhensions, en lui pes, passent la Loire, et réussissent, malgré fabriquant un bras de fer, « dont il se servait l'échec que leur fait subir Martigues (voy. ce» fort bien, dit son biographe Amirault, à tenir nom), à atteindre l'armée royale à Jarnac. La» et à gouverner la bride de son cheval, telleNoue, quoiqu'en proie à une fièvre violente, dis- » ment qu'il ne laissa pas de faire comme auputa la victoire au duc d'Anjou; mais, accablé » paravant toutes sortes de fonctions et d'actions par le nombre, il fut pris, et allait être pendu « militaires. » C'est de là que lui fut donné le par l'ordre du duc de Montpensier, lorsqu'ar- surnom de Bras-de-Fer. raché au supplice par les instances de Marti- Survint l'accommodement de Saint-Germain gues, il put être échangé contre Sessac, lieute-(8 août 1570), dont les protestants chargèrent nant de cinquante hommes d'armes du duc de La Noue d'aller presser l'exécution. On sait Guise. A peine rendu à la liberté, il rejoignit Co- quels moyens furent employés pour l'éluder. ligny, qui lui confia le gouvernement du Poitou. L'un d'eux fut l'approbation apparente donnée Bien que désapprouvant le siége de Poitiers, il au projet que caressait Coligny de porter la y servit sous les ordres de l'amiral, qu'il voulut guerre dans les Pays-Bas espagnols. La Noue aussi empêcher de livrer la bataille de Montcon-et Louis de Nassau, frère du prince d'Orange, tour. Coligny, grièvement blessé dès le commen-y furent envoyés; mais, bientôt assiégés par cement de l'action, lui céda le commandement. le duc d'Albe dans la ville de Mons, ils furent Les protestants faiblissant, La Noue, pour les obligés de se rendre (21 septembre 1572). La ramener, s'élança au plus fort de la mèlée, où saint Barthélemy, récemment consommée, leur il fut enveloppé. La victoire se déclara enfin enlevant tout espoir d'être secourus, ils s'estipour l'armée royale; il se fit alors une affreuse mèrent heureux d'avoir pu obtenir une capituboucherie des calvinistes, et La Noue aurait im-lation honorable. Le camp du duc d'Albe et la manquablement subi le sort des autres prison-ville d'Amiens servirent successivement d'asile niers, sans l'intervention du duc d'Anjou. Coli- à La Noue, jusqu'au moment où il trouva un gny, consterné de la capture de son lieutenant, refuge chez son ancien ami, le duc de Longueproposa de l'échanger contre Strozzi, parent ville. Cédant aux instances pressantes de Charde Catherine de Médicis; sa demande, appuyée par la reine, fut accueillie malgré le cardinal de Lorraine, qui motiva ainsi son opposition << Il y a en France plusieurs Strozzi, tandis qu'il n'y a qu'un La Noue. »

Libre une seconde fois, La Noue prit le com

les IX, il consentit à avoir avec lui, chez Albert de Gondi, une entrevue secrète, dont le but était d'obtenir qu'il acceptât le rôle de médiateur entre le Roi et les Rochellois, qui venaient de se proclamer indépendants. Là Noue n'aborda qu'avec une répulsion mal contenue

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le monarque encore ruisselant du sang de ses ses avis ne furent pas écoutés; la ville se divicoreligionnaires; mais Charles lui témoigna sa en deux camps acharnés, dont aucun ne tant d'affection et de considération; il s'ingénia voulut suivre ses sages conseils. A la suite de tant de façons à expliquer la saint Barthé- d'une entrevue avec le duc d'Anjou, qui lui lemy et à en rejeter la responsabilité; enfin avait proposé des conditions acceptables, il les et ceci fut plus décisif sur l'esprit de son inter-communiqua au conseil de la commune, qui locuteur-il protesta tellement de son désir les rejeta violemment. Ce fut à la sortie de cette de sauver de leur imprudence les Rochellois, orageuse séance que le ministre La Place, auxquels il demandait, disait-il, de simples si- homme grossier et fanatique, le poursuivit dans gnes extérieurs d'obéissance, que La Noue se les rues, l'invective à la bouche, et lui donna rendit, mais non sans réserves. Il déclara qu'il un soufflet. La Noue, sans s'émouvoir, arrête était prêt à travailler à la paix, mais que, quelle les gentilshommes de sa suite qui voulaient que fût son obéissance au Roi, il n'oublierait tuer cet insensé, et se borne à le reconduire à jamais, dans ses rapports avec les Rochellois, sa femme : « Madame, lui dit-il, ayez soin de l'attachement et la reconnaissance qu'il leur » votre mari; ne le laissez pas sortir de quelque devait pour le dévouement qu'ils lui avaient » temps, car il a l'esprit dérangé. » Cette mamontré durant les dernières guerres civiles, gnanimité dissipa un moment les préventions. et qu'il ne seconderait jamais aucun projet qui Néanmoins, comme bientôt après, elles repatendrait à les tromper. Cette austère franchise rurent aussi vives que jamais, La Noue, cruelle rendit suspect; aussi le Roi lui donna-t-il lement déçu, mais soulagé de voir cesser son pour conseiller, c'est-à-dire pour surveillant, double rôle, se retira (mars 1573) dans le camp l'abbé Guadagni, de Florence. du duc d'Anjou, et, par l'influence qu'il sut exercer sur ce prince, il obtint d'être l'un des médiateurs de la pacification du mois de juillet suivant, qui accorda aux Rochellois des conditions fort avantageuses.

Le désir d'amener une pacification avait pu seul déterminer La Noue à surmonter sa répugnance. Les débuts de sa mission durent lui inspirer le regret de l'avoir acceptée. A son arrivée, le 5 novembre, au village de Tadon, les Quand, peu après, la politique tortueuse de commissaires de La Rochelle feignirent de ne la cour l'eut convaincu que les protestants n'ale pas reconnaître; et comme La Noue leur vaient d'autre ressource que la guerre, La Noue montrait son bras perdu au service de leur reprit les armes. Il revint à La Rochelle, prit cause, il nous souvient bien, lui répondirent- Brouage, les îles de Ré et d'Oléron, Lusignan, > ils, d'un La Noue, duquel le personnage étoit Melle, Fontenay, Pons, Rochefort, etc., et » bien différent de celui que vous jouez; c'étoit arma en course des navires qui s'emparèrent > notre grand ami, qui par sa vertu, expérience des gallions espagnols. Catherine de Médicis. > et constance, défendoit nos vies, se couron- alarmée de ses rapides succès, dépêcha vers lui >> noit d'honneur, et n'eût pas voulu nous tra- Maurevel, le tueur du roi, avec mission de >> hir par belles paroles, comme fait celui à qui l'arrêter ou de l'assassiner. Maurevel ayant >> nous parlons, semblable de visage et non de échoué, la reine et Henri III offrirent à La Noue, » volonté. » Ainsi en butte aux soupçons et aux à deux reprises, de grands avantages pécureproches de ses coreligionnaires, il n'en triom-niaires s'il consentait à se retirer en Angleterre. pha qu'à force de patience. Revenant enfin de En repoussant ces offres, il prouva que son déleurs injustes préventions, les Rochellois lui of- sintéressement égalait sa bravoure. frirent de le recevoir, ou comme gouverneur, Après la paix de Loches, il resta quelque ou comme simple particulier, à moins qu'il ne temps attaché au duc d'Anjou. La Ligue se préférât qu'un vaisseau fût équipé pour le trans- formait alors. Il ne fallait pas une grande perporter en Angleterre. Assez sûr de lui-même spicacité pour prévoir que le calme dont on pour assumer sur sa tête une responsabilité jouissait ne serait que momentané. Henri III dont il avait mesuré l'effrayante étendue, il ayant été contraint par les Etats de Blois de opta pour le gouvernement, en prit possession déclarer la guerre aux réformés, La Noue, le 27 novembre 1572, et pendant les quatre quittant en toute hâte Paris, où des assassins mois qu'il l'exerça, il donna tous ses soins à apostés avaient failli le tuer, alla, avec cent l'instruction des milices, approvisionna les ar- cavaliers, rejoindre le roi de Navarre, dont il senaux, et mit La Rochelle sur un tel pied de refusa les libéralités, ne voulant pas contribuer défense, qu'il en fit une des plus fortes places à l'appauvrir. Quand les protestants se furent de France. Son but, en préparant une vigou-résignés aux sacrifices que leur imposa le traité reuse résistance, était moins de faire la guerre du 17 septembre 1577, les catholiques, se méque de prendre une attitude assez imposante prenant sur la véritable cause de leur faiblesse, pour permettre d'obtenir un traité avantageux. Quelques succès obtenus sur les troupes royales l'affermirent dans cette idée, et le portèrent à conseiller aux habitants d'en profiter pour se faire accorder des conditions meilleures. Mais

renouvelèrent les hostilités; mais le Béarnais reconquit à Nérac une partie de ses avantages (1578), et La Noue accepta alors le titre, plus honorifique que lucratif, de surintendant de sa maison.

La Noue vivait paisible, au sein de sa famille, son serment ne l'empêchât de défendre sa pudans sa terre de Montreuil-Bonnin, lorsque les pille, menacée par le duc de Lorraine. Mais, Etats-Généraux des Pays-Bas, résolus à s'af- ce serment ne s'appliquant qu'aux guerres refranchir de la domination de Philippe II, et à se ligieuses, et la défense des droits d'hérédité de placer sous l'obéissance du duc d'Alençon, ap- la jeune duchesse étant un fait purement privé, pelèrent l'intrépide breton, comme « le premier il se crut libre de remplir les obligations que capitaine de son siècle et le plus expérimenté lui imposaient les lois de la chevalerie. Il publia au fait de la guerre. » Ils lui donnèrent le titre un mémoire justificatif de sa détermination, de maréchal-de-camp, et le firent, le 29 juin puis il alla se jeter dans Sedan, que les Lor4578, général en chef de leur armée, à la tête rains assiégeaient et qu'il sauva de leurs mains. de laquelle il se monti a le digne adversaire du L'année suivante (1589), Henri III et le roi duc de Parme, l'un des plus habiles généraux de Navarre ayant uni leurs forces contre la Lidu roi d'Espagne. Mais, tombé dans une em- gue, La Noue alla se placer sous les ordres du buscade aux environs de Lille, il fut enfermé jeune duc de Longueville, qui occupait Compendant cinq ans dans les forteresses de Lim-piègne avec huit cents chevaux et quinze cents bourg et de Charlemont, où l'on exerça contre arquebusiers. Montmorency-Thoré, qui venait lui d'indignes rigueurs, qu'il supporta avec une de prendre Senlis au nom du Roi, était menacé noble résignation. Il avait offert, en échange d'être délogé par le duc d'Aumale, accouru de de sa liberté, d'aller, pendant quatre ans, guer- Paris avec dix mille hommes. Quoique cette royer en Hongrie contre les Turcs. Cette pro-armée fût composée pour plus de moitié de miposition ayant été rejetée, par des raisons in-lices bourgeoises, le danger ne laissait pas que sultantes pour sa loyauté, on lui insinua que d'être sérieux pour Senlis, qui manquait de << pour donner suffisante caution de ne porter poudre, et dont les murailles, très-faibles par >> jamais les armes contre le roy catholique, il elles-mêmes, étaient en outre ouvertes par une » fallait qu'il se laissât crever les yeux. Son large brèche. Sur l'avis que Montmorency donbiographe, Moyse Amirault, affirme. (p. 180) na de sa détresse à Longueville, ce jeune prince avoir eu entre les mains sept ou huit lettres de se décida à lui porter secours. Alors s'engagea La Noue à sa femme, ne permettant pas de entre le général et son lieutenant un débat didouter que sa liberté fut mise à ce prix. Navré gne des temps antiques. La Noue, par respect d'être séparé de sa famille, il se fût peut-être pour la naissance et l'autorité de Longueville, résigné à subir ce raffinement de barbarie; mais ne voulait pas accepter le commandement que sa femme réussit à lui inspirer un courage qui ce dernier s'obstinaît à lui déférer, en donnant ne l'abandonna plus, même quand il apprit que pour raisons « qu'estant question d'une bataille son fils aîné avait été fait prisonnier. Le travail » qui importoit souverainement au service du et la prière furent alors les seuls moyens qu'il » Roy et au bien de l'estat, c'estoit à celuy qui appela à son aide pour alléger les angoisses de» estoit le plus expérimenté qu'il appartenoit de sa captivité. Se repliant ainsi sur lui-même, il » donner des ordres, et que, dans une tempescomposa à cette époque une partie des ouvrages te, ce n'est pas le mieux vestu et le plus nodont nous aurons occasion de parler. Enfin, au mois de juin 1585, il fut échangé avec le comte» d'Egmont, et ce qui prouve à quel point il était redouté des Espagnols, c'est que les portes de sa prison ne s'ouvrirent qu'après qu'il eut prêté serment de ne jamais porter les armes contre le roi d'Espagne ou ses alliés, de ne jamais reparaître dans les Pays-Bas, et qu'il eut donné son second fils, Théophile, en ôtage, indépendamment d'une caution de 100,000 écus d'or, fournie par le roi de Navarre.

ble d'extraction qui gouverne, mais celuy qui est le meilleur pilote et le plus capable » de sauver le vaisseau. » Obligé de céder, La Noue ne le fit qu'à la condition que la gloire du succès serait attribuée au chef nominal. Au moment de se mettre en marche, ceux qui avaient fourni la poudre nécessaire à la défense de Senlis se refusèrent à la laisser emporter, à moins d'un paiement immédiat. Les traitants auxquels s'adressa La Noue ne voulurent, de leur côté, ni faire des avances de fonds, ni cauA la fin de l'année suivante, les préparatifs tionner un paiement hypothéqué sur l'issue d'une nouvelle guerre de religion le décidèrent d'une bataille. Indigné, il adressa de sanglants à partir pour Genève. Les habitants de cette reproches aux récalcitrants, enrichis par mainville, menacée par le duc de Savoie, auraient tes opérations usuraires, aux dépens de l'armée voulu qu'il se mît à leur tête; mais, résolu à ne qu'ils suivaient partout, et il termina ainsi : pas enfreindre son serment, il ne consentit à « C'est aux gens d'honneur à servir généreuseleur donner que des conseils, et employa ses»ment leur patrie : c'est aux gentilshommes. loisirs à composer ses Discours politiques et entre autres, qui doivent avoir la générosité militaires. Vers le même temps (janvier 1588), » en partage, et qui font le plus beau fleuron le jeune duc de Bouillon, se sentant près de » de la couronne et le principal soutient de l'esmourir, lui confia la tutelle de sa sœur Char-» tat. Et ceux qui exposent leur vie tous les lotte, son unique héritière, tutelle embarras-» iours ne doivent pas en ces occasions estre sante pour La Noue, qui craignit d'abord que » chiches des biens de fortune. Pour moy, tan

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> dis que i'auray une goutte de sang et un ar-être eût-on pu le sauver en le trépanant. Un >pent de terre, ie l'emploieray pour la défence chirurgien ignorant, en qui il avait confiance, > de l'estat auquel Dieu m'a fait naître. C'est ne le voulut pas, et dix-huit jours après, le > donc moy qui répons de ces munitions et qui 4 août 1594, il expira à Moncontour, où il avait > en fais ma dette propre. Garde son argent été transporté. Henri IV fut profondément af> quiconque l'estimera plus que son honneur.» fligé de sa mort. « C'estoit, dit-il, un grand Cela dit, il souscrivit une obligation de 60,000 » homme de guerre et encore un plus grand écus, garantie par ce qui lui restait de ses » homme de bien; on ne peut assez regretter biens, presque entièrement aliénés, à diverses » qu'un si petit château ait fait périr un capireprises, pour des causes semblables, et, comme » taine qui valait mieux que toute une provincette garantie était insuffisante, Marie de Juré, » ce. » Les contemporains de La Noue et la sa seconde femme, affecta sa terre du Plessis-postérité se sont associés à ce jugement. Aussi lès-Tournelles au paiement de cette obligation, judicieux écrivain qu'habile capitaine, il a conqui ne put être acquittée que long-temps après, quis les suffrages des catholiques et des propar Claude de La Noue, petit-fils de l'héroïque testants, unanimes, les uns comme les autres, débiteur. Les difficultés ainsi levées, La Noue à proclamer en outre la droiture de son cœur, marche sur Senlis, culbute d'Aumale, lui tue l'intégrité de son caractère et la modération ou prend cinq mille hommes, lui enlève ses dix dont il fut constamment animé au milieu des pièces de cañon, ses drapeaux, ses bagages, guerres religieuses de son temps. et l'oblige à regagner Paris à toute bride. Ren- On a de lui: I. Discours politiques et miliforcé de quatre cents chevaux et de cinq cents laires sur les affaires de France. Basle, 1587, arquebusiers, La Noue se porta sur Châtillon-in-4°; 1588, in-12; 1591, 1597, in-46, et 1599, sur-Seine, où il joignit l'armée suisse de Sancy, 1642 et 1638, in-4°. Ces Discours, au nombre et après avoir passé le pont de Montereau, mal- de vingt-six, dans l'un desquels La Noue a le gré les efforts de Mayenne, il opéra sa jonction premier donné l'idée de la création d'une école avec Henri III, qui lui remit le brevet de maré-militaire, ont été recueillis et publiés par Phichal de France, avec la promesse du premier lippe de Fresne de Canaye. Les quatre premiers baton qui viendrait à vaquer. Après l'assassinat et le vingt-sixième contiennent le tableau de la d'Henri III et la levée du siége de Paris, La France pendant les premières guerres civiles, Noue suivit Henri IV dans son mouvement de et ont conservé quelque intérêt. Les autres retraite, et toutes les ressources qu'un homme traitent de l'éducation de la noblesse, de sa de cœur peut trouver dans son courage et ses décadence, de la tactique française et espatalents, il les déploya à Arques et à Ivry. Char- gnole, de la politique des princes chrétiens, gé, au second siége de Paris, d'enlever le fau- des idées du temps sur la pierre philosophale, bourg Saint-Germain, il s'en rendit maître, etc. etc. Le style de La Noue, clair, net, précis après trois attaques furieuses, dans l'une des- et animé, rappelle les auteurs de l'antiquité, quelles il fut grièvement blessé. A peine guéri, et tout l'ouvrage exhale un parfum d'honnêteté. il fut envoyé en Bretagne, pour diriger, comme II. Observations sur plusieurs choses advenues lieutenant-général du prince de Dombes, les aux trois premiers troubles sous Charles IX, opérations militaires contre Mercœur. En par- depuis 1562 jusqu'en 1569, avec la vraie déclatant, il dit à ses amis « qu'il allait, comme un ration de la plupart d'icelles. Ces Observations, bon lièvre, mourir à son gîte ! » A son arrivée, imprimées avec les Discours politiques et miliil décida le prince à se rendre aux sollicitations taires (édit. de Basle, 1587) et reproduites sous de quelques seigneurs, qui demandaient qu'on le titre de Mémoires, dans les diverses collecfit le siège de Lamballe. Un jour que, monté tions de Mémoires sur l'histoire de France, ont sur une échelle appliquée à un vieux pan de le même mérite et le même cachet que les Dismur, il examinait une brèche, et que, pour cours; elles prennent rang à côté des Mémoires mieux voir, il avait levé la visière de son cas- de Joinville et de Comines. La Noue y fait que, une balle, partie du château, l'atteignit preuve d'une rare impartialité; pour lui il n'y au front. Resté un moment suspendu par un a ni amis ni ennemis : il rend justice à François pied à l'un des échelons, il se heurta la tête en de Guise aussi bien qu'au prince de Condé et à tombant; il fut porté dans sa tente, où il resta l'amiral; il blâme avec une égale franchise les plus d'une heure sans connaissance (1). Peut-excès commis par les deux partis, et ne cherche

(1) Amirault, dans sa Vie de La Noue (p. 364), affirme, sur l'autorité d'un petit-fils de ce dernier, qu'un mouve ment qu'il fit pour éviter les balles des ennemis entraina sa chute, et que les blessures qu'elle occasiona furent la seule cause de sa mort. A cette version nons avons préféré celle de Montmartin (voy. ce nom) qui était au pied de l'échelle et causait avec La Noue au moment où il tomba. Dans ses Mémoires (D. Morice, Hist., t. II, p. CCXC), cet événement et sur les derniers moments de La Noue.

Montmartin donne des détails très-circonstanciés sur

ni à pallier ni à déguiser les fautes de celui qu'il avait embrassé. III. Remarques sur l'histoire des guerres d'Italie, par Guichardin; elles ont été imprimées en marge de la traduction de Jérôme Chomedey, Genève, 1593, 2 vol. in-8°, et Paris, 1612, in-fo. Il avait aussi fait un abrégé annoté des Vies de Plutarque. Comme il avait dans le cœur et dans la tête, ainsi qu'on l'a justement fait observer, tout ce qu'il fallait

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