Imatges de pàgina
PDF
EPUB

tables; par celle d'ivoire sortent les vaines illusions et les songes trompeurs. Les Lacédémoniens, fondés sur l'autorité d'Homere, joignoient toujours dans leurs temples l'image du Sommeil à celle de la Mort.

Stace fait, dans le X livre de sa Thébaïde, une belle description du palais du Sommeil : « L'Oubli pares«seux, le Repos assoupissant, en gardent l'entrée, etc. »

Limen opaca quies, et pigra oblivia, servant, etc.

La description de l'alcove du prélat, dans le I chant du Lutrin, et celle du séjour de la Mollesse, dans le second chant, sont les seuls vers français qu'on puisse opposer à la belle et riche description d'Ovide.

(67) CIMMÉRIENS, peuple qui habitoit les environs du Palus-Méotide et du Bosphore Cimmérien. Vers l'époque d'Homere, ce peuple avoit fait des courses jusque dans l'Ionie. Le Bosphore Cimmérien étoit ce que nous appelons le détroit de Caffa, au nord de la mer Noire. Il y a eu un autre peuple du même nom sur les côtes occidentales de l'Italie, dans les environs de la Campanie, près de Baïes et de Pouzzoles. C'est de ce dernier peuple que parlent les poëtes, lorsqu'ils disent que les Cimmériens sont toujours environnés de nuages et d'épaisses ténebres. De là vient le proverbe Cimmeriæ tenebræ. Homere, Virgile, et Ovide, placent dans cette contrée de l'Italie, le Styx, le Phlégéton, l'Averne, et les autres fleuves des Enfers. Servius observe que près de Baïes est un lieu bas et sombre, environné de tous côtés de hautes montagnes qui empêchent de voir le lever et le coucher du soleil. Les Cimmériens

d'Italie prirent leur nom d'une ville située près du lac Averne, et nommée Cimmérie. (Pline, l. III, c. 6.)

(68) Allusion au cri des oies qui réveilla les Romains et sauva le Capitole attaqué par les Gaulois, pendant que les chiens se taisoient ou dormoient.

(69) SONGES. Les payens les honoroient comme faisant partie des divinités infernales. Hésiode dit que la Nuit les enfanta sans le secours d'aucune autre divinité. Il y en a, dit Stace, sous toutes les formes, de toutes les couleurs; les uns tristes, les autres gais et trompeurs; les uns attachés à la voûte du palais du Sommeil, les autres couchés par terre; quelques uns adossés contre les piliers.

Sunt etiam innumero rerum vaga Somnia vultu,

Vera simul falsis, permixtaque tristia blandis.

Noctis opaca cohors, trabibusque aut postibus hærent,
Aut tellure jacent. (Theb. l. X.)

Les Songes avoient une statue à Sicyone, dans le temple d'Hercule, à côté de celle du Sommeil. Les païens de la premiere antiquité étoient persuadés que les dieux manifestoient leur volonté aux hommes par des songes durant leur sommeil. (Voyez Lucien sur la forme et les diverses especes de songes.)

(70) Voltaire a imité dans le VII' chant de la Henriade, ce passage d'Ovide:

L'un (le Sommeil), quand l'homme accablé sent de son foible corps

Les organes vaincus, sans force et sans ressorts,
Vient par un calme heureux secourir la nature,
Et lui porter l'oubli des peines qu'elle endure.

Virgile dit dans le IV livre de l'Enéide:

. . Somno positæ sub nocte silenti Lenibant curas, et corda oblita laborum.

(71) MORPHÉE n'est pas le dieu du sommeil, comme on le dit communément, mais son ministre. Ce nom signifie, dans son origine, forme ou figure. On représente ce songe sous la figure d'un enfant assoupi, fort gras, ayant des ailes, tenant d'une main un vase, et de l'autre des pavots.

[blocks in formation]

Strata calent, supraque torum niger adflat anhelo
Ore vapor.
(STAT. Theb. 1. X.)

(73) Ce n'est pas ainsi que parle la douleur. Elle peut trouver des pensées fortes, des expressions énergiques, mais elle n'emploie ni jeux de mots, ni tournures recherchées. Ovide se laisse trop souvent égarer par son imagination et par son esprit. Ausone dit

aussi :

Vado; sed sine me, quia te sine. (Epigr. CIII.)

Le sentiment a un langage plus simple et plus naturel.

(74) Voyez ce que disent sur les Alcyons Aristote,

dans son Histoire des animaux, liv. V; Pline, liv. X, chap. 32; Ælien, liv. I. Les anciens ne s'accordent pas sur la durée de l'incubation des Alcyons; elle est de onze jours suivant Simonide, de neuf suivant Philochore, et de sept suivant Demagoras. Ovide adopte cette derniere opinion. Les Alcyons sont le symbole de l'amour conjugal.

On remarque qu'Apollodore ne donne pas une idée bien favorable de la piété de Ceyx et d'Alcyone. Selon cet auteur, ils périrent par leur orgueil. Jupiter, outré de ce que Ceyx portoit son nom, et Alcyone celui de Junon, les changea l'un en plongeon, et l'autre en alcyon. Mais on aimera mieux la fable d'Ovide. Il n'y en a point dans son poëme qui soit écrite avec plus d'art et d'une maniere plus touchante.

(75) Hécube donna à Priam dix-sept enfants. Ce prince en eut un assez grand nombre d'autres avec des concubines.

(76) ÆSAQUE. On trouve dans Apollodore (l. III, c. 23) une autre version sur l'histoire et sur la triste aventure de ce héros. Il avoit appris de Mérops, son grand-pere maternel, l'art de prédire l'avenir et d'interpréter les songes. Lorsqu'Hécube étoit enceinte de Pâris, elle songea qu'elle étoit accouchée d'une torche ardente. Æsaque, consulté sur ce songe, dit que l'enfant qu'elle mettroit au monde causeroit un jour la ruine de sa patrie; et ce fut d'après cette interprétation que Pâris fut exposé sur le mont Ida. Il paroît qu'Æsaque laissa les principes de son art dans sa famille, puisque

Cassandre et Hélénus se mêlerent aussi de prédire l'avenir. Æsaque épousa Stérope, et l'aima si tendrement, qu'ayant eu le malheur de la perdre quelque temps après son mariage, il se précipita de désespoir dans la mer. Les dieux, touchés de son sort, le changerent en plongeon.

(77) CÉBRENE, fleuve de l'Asie - Mineure, dans la Troade, qui donnoit son nom à une contrée appelée Cébrénie. OEnone, premiere femme de Pâris, étoit fille du Cébrene.

FIN DES NOTES DU LIVRE X ET DU TOME III.

« AnteriorContinua »