de ses cris. Bacchus paroît, et dans les bras du dieu qui la console, le héros est oublié. La couronne d'Ariane, de son front par le dieu détachée, est lancée vers le ciel; et tandis que d'un vol rapide elle fend les airs légers, les saphirs dont elle brille sont changés en étoiles : elle conserve sa forme, et se place entre Hercule à genoux et Ophinée, qu'on reconnoît au serpent qu'il tient dans ses mains. (15) Cependant Dédale, que lasse un long exil, ne peut résister au desir si doux de revoir sa patrie. Mais la mer qui l'emprisonne est un obstacle à ses desirs: « Si de la terre et de la mer Minos, << dit-il, me ferme le passage, la route de l'air est << libre, et c'est par là que j'irai. Que Minos étende « son empire sur la terre et sur les flots, le ciel du moins n'est pas sous ses lois ». Il dit : et d'un art inconnu occupant sa pensée, il veut vaincre la nature par un prodige nouveau. Il prend des plumes qu'il assortit avec choix : il les dispose par degrés suivant leur longueur; il en forme des ailes. Telle jadis la flûte champêtre se forma, sous les doigts de Pan, en tubes inégaux. Avec le lin, Dédale attache les plumes du milieu; avec la cire, celles qui sont aux extrémités. Il leur donne une courbure légere; elles imitent/ Amplexus et opem Liber tulit; utque perenni Immisit cœlo. Tenues volat illa per auras: Dumque volat, gemmæ subitos vertuntur in ignes:\ des renting Dedalus interea Creten longumque perosus Clausus erat pelago: Terras licet, inquit, et undas ainsi les ailes de l'oiseau. Icare (16) est auprès de lui; ignorant qu'il prépare son malheur, tantôt en folâtrant il court après le duvet qu'emporte le Zéphyr, tantôt il amollit la cire sous ses doigts, et par ses jeux innocents, il retarde l'admirable travail de son pere. Dès qu'il est achevé, Dédale balance son corps sur ses ailes; il s'essaie, et s'éleve suspendu dans les airs. En même temps, il enseigne à son fils cet art qu'il vient d'inventer: « Icare, lui dit-il, je t'ex<< horte à prendre le milieu des airs. Si tu des«< cends trop bas, la vapeur de l'onde appesantira « tes ailes ; si tu voles trop haut, le soleil fondra « la cire qui les retient. Évite dans ta course ces « deux dangers. Garde-toi de trop approcher de <«< Bootès, et du char de l'Ourse, et de l'étoile « d'Orion (17). Imite-moi, et suis la route que je <«< vais parcourir ». Il lui donne encore d'autres conseils. Il attache à ses épaules les ailes qu'il a faites pour lui; et dans ce moment les joues du vieillard sont mouillées de larmes; il sent trembler ses mains paternelles ; il embrasse son fils, hélas ! pour la derniere fois : et bientôt s'élevant dans les airs, inquiet et frémissant, il vole devant lui. Telle une tendre mere instruit l'oiseau novice encore, le fait sortir de son nid, essaie et dirige son premier essor (18). Dédale exhorte Icare à le |