NASONIS METAMORPHOSEON LIBER VII. ARGUMENTUM. JASON, aureo vellere potitur. AEsoni Medea pristinam juventutem restituit. Pietate filiarum doloque Medea Pelias interficitur. Creusa Jasonis conjux, ejusque liberi à Medeâ perempti. AEgeo nupta, Theseum veneno conatur tollere. Contrà AEgeum Minos movet bellum. AEginam pestis populatur. Myrmidones è formicis orti. Canis et vulpes in Saxa mutati. Aurora Cephalum amat. Procris Zelotypia et mors. JAMQUE fretum Minya Pagasaa puppe secabant, Perpetuaque trahens inopem sub nocte senectam Phineus visus erat; juvenesque Aquilone creati Virgineas volucres miseri senis ore fugarant; dans une nuit éternelle; et, vainqueurs sous Jason (3) de grands et de nombreux travaux, ils voyoient enfin les eaux rapides du Phase, et touchoient aux rives de Colchos. (4) Ils demandoient au roi qu'on leur livrât la toison du belier (5) que Phryxus laissa dans ses états; et tandis qu'Aétès (6) leur fait connoître les dangers qu'ils auront à surmonter pour l'obtenir, Médée, sa fille, voit Jason, et s'enflamme. Elle combat, elle résiste : mais, voyant enfin que la raison ne peut triompher de son amour: « Médée, s'écrie-t-elle, c'est en vain que tu te dé<< fends. Je ne sais quel dieu s'oppose à tes efforts. « Le sentiment inconnu que j'éprouve est ou ce << qu'on appelle amour, ou ce qui lui ressemble; «< car enfin, pourquoi trouvé-je trop dure la loi « que mon pere impose à ces héros ! loi trop dure << en effet. Et d'où vient que je crains pour les jours d'un étranger que je n'ai vu qu'une fois! « d'où naît ce grand effroi dont je suis troublée! << Malheureuse! repousse, si tu le si tu le peux, peux, étouffe << cette flamme qui s'allume dans ton cœur. Ah! si « je le pouvois, je serois plus tranquille. Mais je «< ne sais à quelle force irrésistible j'obéis mal gré moi. Le devoir me retient, et l'amour m'en<< traîne. Je vois le parti le plus sage, je l'ap<< prouve, et je suis le plus mauvais (7). Eh! quoi, Multaque perpessi claro sub Jasone, tandem Dumque adeunt regem, Phryxeaque vellera poscunt, Lexque datur numeris magnorum horrenda laborum; Concipit interea validos Æëtias ignes: Et luctata diu, postquàm ratione furorem Vincere non poterat; frustra Medea repugnas; Nescio quis deus obstat, ait: mirumque, nisi hoc est, Si potes, infelix; si infelix; si possem, sanior essem: Sed trahit invitam nova vis, aliudque Cupido, 3. « «née du sang des rois, tu brûles pour un étranger! tu veux suivre un époux dans un monde qui t'est inconnu ! Mais les états de ton pere ne « peuvent-ils t'offrir un objet digne de ton amour? << Que Jason vive, ou qu'il meure, que t'importe ! <«< C'est aux dieux d'ordonner de son sort. Qu'il << vive toutefois! Sans aimer Jason, je puis former « ce vou. Car enfin, quel crime a-t-il commis? << Où donc est le barbare que ne pourroient émou<«< voir et sa jeunesse, et sa naissance, et sa vertu? << et n'eût-il pour lui que sa beauté, sa beauté << suffiroit pour intéresser et plaire; et, je l'avoue<«< rai, je n'ai pu me défendre contre sa beauté. << Mais si je ne viens à son secours, il sera étouffé << par les flammes que vomissent les taureaux; << ou il deviendra la proie du terrible dragon; ou << s'il le domte, il succombera sous les traits homi«< cides des guerriers que la terre enfantera. Et je << le souffrirois! Une tigresse m'auroit donc por<< tée dans ses flancs! j'aurois donc un cœur plus << dur que le bronze et les rochers! Il ne me res<< teroit qu'à souiller mes yeux du spectacle de « son trépas; faudroit-il encore que j'excitasse « contre lui ces taureaux indomtables, ces terri<< bles enfants de la terre, et ce dragon que jamais << n'atteignit le sommeil? Que les dieux réservent << à Jason un destin plus prospere! Mais ce n'est Mens aliud suadet. Video meliora, proboque: Hæc quoque terra potest, quod ames, dare. Vivat,an ille Vel sine amore licet. Quid enim commisit Jason? Et genus, et virtus? At, nisi opem tulero, taurorum afflabitur ore: |