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Paris,* a soutenu qu'elle avait à peine augmenté d'un tiers, en faisant le calcul que la population prussienne ayant été en 1740 de 2,240,000, et n'ayant été en 1785 que de 5 millions et demi, il fallait en déduire pour les nouveaux Etats deux millions et demi; qu'alors la population des anciens Etats ne restait que de trois millions; mais M. Bandeau commet deux erreurs en ne donnant en 1785 à tous les Etats Prussiens qu'une population de cinq millions et demi, pendant qu'elle est de six millions, y compris le militaire, et en décomptant deux millions et demi pour les nouveaux Etats, qui ne donnent que deux millions, En posant en fait, comme on peut le faire avec fondement et selon le dénombrement, que la population totale des Etats Prussiens n'était en 1740 que de 2,240,000, qu'elle était en 1789 de six millions, qu'on ne peut en déduire pour les nouveaux Etats que deux millions, alors la population des anciens Etats a effectivement augmenté, depuis 1740 jusqu'en 1785, de 1,600,000

* Les plus grands ministres comme les plus grands rois ne sont pas à l'abri de l'erreur; il faut donc bien relever, pour l'instruction des siècles à venir, celle qui est échappée ici à M. le comte de Hertzberg. L'abbé Bandeau est bien l'auteur d'une lettre imprimée dans le Journal de Paris contre M. Mallet, mais il n'est dans ce moment le rédacteur d'aucun journal; il a rédigé autrefois les Ephémérides du citoyen. M. Mallet est le rédacteur de la partie politique du Mercure de France, et n'a pas plus de part à la rédaction du Journal de Paris que l'abbé Bandeau. Les der niers articles insérés dans cette feuille contre M. Mallet sont de M. de Saint-Lambert et de M. Suard.

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têtes, et par conséquent on peut dire avec raison qu'elle a presque doublé.

Pour donner une idée des détails intéressans qu'offre la précision de ce mémoire historique, nous nous contenterons de citer la manière dont l'auteur raconte la seule et véritable origine du partage de la Pologne.

L'Impératrice Reine, ayant fait occuper en 1772, à l'occasion des troubles de Pologne, l'importante starostie de Zips, contiguë à la Hongrie, qu'un ancien roi de Hongrie avait hypothéquée à la Pologne pour quatre cent mille ducats, le roi et l'impératrice de Russie conçurent en même temps et durant le séjour que S. A. R. le prince Henri fit à Pétersbourg, l'idée que si la Cour de Vienne voulait profiter de ces troubles, les Cours de Berlin et de Pétersbourg pourraient et devaient, selon l'intérêt d'Etat, faire également valoir les prétentions qu'elles pouvaient avoir à la charge de la Pologne. Elles firent en conséquence un traité de partage, auquel on admit aussi ensuite la Cour de Vienne, et en vertu duquel le roi réclama et s'appropria toute la Prusse polonaise, à l'exception des villes de Dantzig et de Thorn. Il voulut d'abord faire valoir les droits de la Silésie sur les Palatinats de Posen et de Kalisch; mais je fis sentir qu'il était plus essentiel de réclamer la Pomérelie avec la ville de Dantzig, et si on ne pouvait pas obtenir celle-ci, toute la Prusse polonaise, parce que c'était le moyen de combiner

la Prusse et la Poméranie, et par conséquent de consolider une fois le corps principal de la monarchie prussienne, et de se rendre maître du grand fleuve de la Vistule et du principal commerce de la Pologne, etc."

Le mémoire de M. le Comte de Hertzberg est suivi de l'avant-propos de l'Histoire de Frédéric II. écrite par lui-même. Si quelque chose pouvait encore ajouter à l'extrême empressement que l'on avait de connaître un monument si précieux, ce serait sans doute cet avant-propos. En voici un passage fait, ce semble, pour garantir la sincérité, la franchise avec laquelle l'auguste historien a résolu de se dévoiler lui-même aux yeux de la postérité.

"Les princes sont les esclaves de leurs moyens ; l'intérêt de l'Etat leur sert de loi. Si le prince es dans l'obligation de sacrifier sa personne même au salut de ses sujets, à plus forte raison doit-il leur sacrifier des liaisons dont la continuation leur deviendrait préjudiciable. Les examples de pareils traités rompus se rencontrent communément. Notre intention n'est pas de les justifier tous; j'ose pourtant avancer qu'il en est de tels que la nécessité ou la sagesse, ou la prudence, ou le bien des peuples obligeait de transgresser, ne restant au souverain que ce moyen d'éviter leur ruine, etc."

Ce principe s'écarte un peu, je pense, de la morale que Mentor enseignait au bon roi de Salente; mais quelque sage que fût ce vénérable vieillard, l'on sait bien qu'il n'avait pas deviné tout le secret

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des rois.

Un sentiment auquel il eût applaudi avec transport, c'est celui qui termine cet excellent discours :

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"Les ambitieux devraient considérer surtout que les armes et la discipline militaire étant à-peu-près les mêmes en Europe, et les alliances mettant pour l'ordinaire l'égalité des forces entre les parties belligérantes, tout ce que les princes peuvent attendre de leurs plus grands avantages dans le temps où nous vivons, c'est d'acquérir par des succès accumulés, ou quelque petite ville sur les frontières, ou une banlieue qui ne rapporte pas les intérêts des dépenses de la guerre, et dont la population n'approche pas du nombre des citoyens péris dans les campagnes. Quiconque a des entrailles et envisage ces objets de sang froid doit être ému des maux que les hommes d'Etat causent au peuple, manque d'y réfléchir, ou bien entraînés par leurs passions....."

La séance publique de l'Académie française, qui eut lieu le 4 de ce mois pour la réception de M. de Rhulière, a été des plus nombreuses et des plus brillantes. La présence de plusieurs ministres, de M. l'archevêque de Toulouse, de M. le baron de Breteuil, de M. le comte de Montmorin, de M. de Malesherbes, de M. le duc de Nivernois; leur éloge, que l'orateur du jour a su amener avec adresse en parlant des espérances de bonheur que laissent concevoir à la nation les vues patriotiques manifestées avec tant d'éclat dans l'assemblée des Notables; tout

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s'est réuni pour réveiller des impressions touchantes et pour exciter les plus vifs applaudissemens.

- M. de Rhulière, après avoir tâché de justifier avec autant de modestie que de dignité le choix dont l'avait honoré l'Académie, n'a pas épargné l'encens que sa reconnaissance a cru devoir à ses nouveaux confrères; aucun, je crois, n'a été oublié, pas même aucun de ses ennemis personnels, sans en excepter M. de la Harpe. Il s'est appliqué ensuite à retracer le tableau de la révolution qui se fit dans l'empire des lettres françaises au moment où son prédécesseur, M. l'abbé de Boismont, parut dans le monde; il en a fixé l'époque à l'année 1749, époque marquée par les plus célèbres travaux de Voltaire, de Montesquieu, de Buffon, de l'Encyclopédie.

"Un mouvement général se fit alors, dit-il, dans l'esprit humain. Ces profondes études, sortant tout à la fois des retraites solitaires où elles s'étaient mûries, répandirent tout-à-coup de nouvelles idées, de nouvelles lumières, des espérances nouvelles,.. Il semble dans la destinée de l'esprit humain, et F'expérience de tous les siècles peut nous le faire croire, que la philosophie doive toujours succéder aux belles-lettres, les Aristote aux Euripide, les Sénèque aux Térence, les Galilée aux Tasse, les Locke aux Milton. Mais le temps où une nation est éclairée par cette brillante aurore des sciences, avant que les lettres soient penchées vers leur déclin, n'estil pas un de ses plus beaux âges? Est-il dans l'univers un spectacle plus digne d'admiration que cette

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