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mauvais style de MM. de Voltaire, Diderot, d'Alembert, Marmontel, etc.?

Il me semble que si j'étais docteur de Sorbonne, je ne pourrais voir tout ceci trop gaiement; je me croirais obligé en conscience de dénoncer à la censure publique cette nouvelle manière de défendre la religion. Je prendrais pour mon pour mon texte ces paroles de saint Paul à Timothée: Gunaiki de didaskein ouk epitrepó, et je dirais :

"Nous n'avons pu voir sans la plus vive douleur qu'un livre dont le titre annonce un ouvrage fait pour inspirer la véritable piété, cache en effet le poison subtil et dangereux d'une sagesse toute mondaine. Les dogmes de notre sainte religion y sont presque tous entièrement défigurés; par un respect purement humain, on passe les uns sous silence, on a la témérité d'altérer les autres pour s'accommoder avec une lâche complaisance à la faiblesse et au ton du siècle. Les plus sublimes mystères y sont à peine rappelés. On cite des hérétiques pour prouver l'existence de Dieu, et l'on ne dit pas un mot de la Trinité. On glisse le plus légèrement du monde sur l'incarnation, la rédemption, le sacrifice de la messe, et quoiqu'on traite avec plus de confiance l'éternité des peines, on ne prend aucun soin de montrer le rapport de ce dogme important avec la justice et la miséricorde divines; à peine est-il question du Purgatoire, dogme si précieux à l'Eglise.

"Au lieu de démontrer solidement tant de vérités, qui auraient assurément le plus grand besoin

de preuves nouvelles, l'auteur se presse d'attaquer les philosophes, et de les attaquer avec des armes qui jusqu'alors n'avaient été employées que par la vanité des sages de ce monde. Vouloir rendre ridicules quelques philosophes, est-ce donc venger la sainteté de notre doctrine? Que ne risque-t-on point d'ailleurs dans une pareille lutte? Quand on parviendrait à persuader l'univers, ce qui n'est pas fait encore, que Voltaire et Diderot sont de méchans écrivains, la religion chrétienne en serait-elle mieux défendue? Nos adversaires, avec moins d'esprit et de peine, ne prouveraient-ils pas plus clairement encore que nos théologiens, sans excepter l'abbé Gauchat, sont des écrivains ridicules? A cela que gagnera la religion? Loin de nous à jamais de si dangereux débats ! Qu'y a-t-il donc entre la sagesse du ciel et la sagesse du monde, entre d'éter nelles vérités et quelques vaines délicatesses de langage et de goût? Que fait à la piété le bon ou le mauvais style de quelques écrivains plus ou moins célèbres? Devons-nous oublier que c'est à travers cette distinction des apôtres et des évangélistes que ressort davantage la majesté des divines écritures? Devons nous oublier enfin que ce sont les balayures du monde, le rebut de la terre que Dieu a choisi pour faire éclater, au sein même de l'ignorance et de la faiblesse, tout le pouvoir de sa grâce et toute la gloire de son nom?

"Désavouons donc hautement un ouvrage où l'on prétend soutenir la religion par des armes trop

frivoles et trop peu dignes d'elle; ce sont des secours profanes qu'il faut rejeter avec une sainte indignation, etc. etc.

J'ajouterai tout bas à mes confrères: Au moment où les philosophes se taisent ou ne sont guère entendus lorsqu'ils parlent, conseillons à nos amis d'éviter tout ce qui pourrait renouveler la guerre ; ne réveillons pas le chat qui dort.

Correspondance familière et amicale de Frédéric II, roi de Prusse, avec U. F. de Suhm, conseiller intime de l'Electeur de Saxe, et son envoyé extraordinaire aux Cours de Berlin et de Pétersbourg. 2 vols. in-12, à Berlin.

Quoique l'objet de ces lettres soit en général assez peu important, on y retrouve quelques traits de l'âme du grand Frédéric, avec quelques anecdotes de sa première jeunesse, et c'est assez sans doute pour en rendre la lecture intéressante. Il paraît que ce prince éprouva de bonne heure le besoin d'un sentiment qui manque trop souvent au bonheur des rois; il paraît qu'il sut inspirer de bonne heure à ceux qui l'approchèrent la passion la plus vive de le servir aux dépens même de leur repos et de leur sûreté. On voit dans plusieurs de ses lettres des preuves remarquables de son extrême application, de l'ardeur insatiable qu'il eut de s'instruire dès sa plus. tendre jeunesse; on y voit que les ouvrages de Wolf occupèrent long-temps ses loisirs et son admiration, ce n'est pas sans raison qu'un

de nos écrivains accuse ce philosophe d'avoir noyé le système de Leibnitz dans un fatras de livres et dans un déluge de paroles; ce n'est pas sans raison qu'un autre a dit que sa méthode ressemblait à la marche d'un homme qui ferait toujours deux pas en arrière pour mesurer avec plus d'attention celui qu'il avait tenté de faire en avant; mais on n'en serait pas moins injuste de vouloir lui disputer le mérite d'être le premier en Allemagne qui ait répandu sur plusieurs parties de la métaphysique des lumières dont elles ne paraissent guère susceptibles, et sa petite logique, le moins diffus de ses ouvrages, est un chef-d'œuvre d'ordre et de clarté.

Il est souvent question dans cette correspondance des emprunts que M. de Suhm était chargé de négocier pour le jeune prince, et ces emprunts sont toujours déguisés sous des emblêmes assez plaisans ; on les couvre tantôt du voile d'une souscription pour les compagnies du prince Eugène, tantôt d'un projet pour l'Académie de Pétersbourg. Tous ces détails ont quelque chose d'original et de plaisant.

Inscription pour le nouveau Marché établi dans l'emplacement du cimetière des Innocens; par M. Lemierre, de l'Académie française.

Le

Quas funestavit quondam mors hospita sedes,
Nunc flores hilarant dulceque ditat olus.

passage de Massillon que madame de Genlis a pris pour épigraphe de son dernier ouvrage n'a pas

paru d'un choix aussi heureux que celui qu'une femme de ses amies lui a conseillé d'y substituer; le voici :

Souvent enflé de quelques lumières qu'on croit avoir puisées dans les lectures les plus recherchées, on veut tout instruire sans connaissance, tout entreprendre sans talens, tout décider sans autorité; tout paraît au-dessous de ce qu'on croit être soi-même.

Ce passage est tiré d'un sermon de Massillon pour le jour de la Purification, sur les dispositions nécessaires pour se consacrer à Dieu par une vie nouvelle; volume des Mystères, p. 102.

Mémoire historique sur la dernière année de la vie de Frédéric II, roi de Prusse, avec l'avant-propos de son histoire écrite par lui-même, lu dans l'assemblée publique de l'Académie de Berlin, le 25 janvier, 1787, par M. le Comte de Hertzberg, curateur et membre de l'Académie. Brochure in 8.

On trouve dans ce mémoire, rempli de faits curieux et de vues intéressantes, la décision la plus claire de la contestation qui s'est élevée parmi quelques-uns de nos écrivains économistes sur la population des États Prussiens. M. Mallet du Pan, rédacteur du Journal de Paris, ayant avancé, dit M. de Hertzberg, d'après une de mes assertions, académiques, que la population des États Prussiens avait presque doublé sous le règne de Frédéric II, M. l'abbé Bandeau, rédacteur du Mercure de

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