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Un jour, au fond d'une forêt, il s'éleva une contestation sur le chant entre le rossignol et le coucou. Chacun prise son talent. Quel oiseau, disait le coucou, a le chant aussi facile, aussi simple, aussi naturel et aussi mesuré que moi? Quel oiscau disait le rossignol, l'a plus doux, plus varié, plus éclatant, plus léger, plus touchant que moi?

Le Coucou.-Je dis peu de choses, mais elles ont du poids, de l'ordre, et on les retient.

Le Rossignol.-J'aime à parler, mais je suis toujours nouveau et je ne fatigue jamais. J'enchante les forêts, le coucou les attriste. Il est tellement attaché à la leçon de sa mère, qu'il n'oserait hasarder un ton qu'il n'a point appris d'elle. Moi, je ne connais point de maître, je me joue des règles, c'est surtout lorsque je les enfreins qu'on m'admire. Quelle comparison de sa fastidieuse méthode avec mes heureux écarts!

Le coucou essaya plusieurs fois d'interrompre le rossignol, mais les rossignols chantent toujours et n'écoutent point, c'est un peu leur défaut. Le nôtre, entraîné par ses idées, les suivait avec rapidité, sans se soucier des réponses de son rival. Cependant, après quelques dits et contredits, ils convinrent de s'en rapporter au jugement d'un tiers animal. Mais où trouver ce tiers également instruit et impartial qui les jugera? Ce n'est pas sans peine qu'on trouve un bon juge. Ils vont en cherchant un partout.

Ils traversaient une prairie lorsqu'ils aperçurent

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un âne des plus graves et des plus solennels; depuis la création de l'espèce, aucun n'avait porté d'aussi longues oreilles. Ah! dit le coucou en le voyant, nous sommes trop heureux; notre querelle est une affaire d'oreilles, voilà notre juge; Dieu le fit pour nous tout exprès.

L'âne broutait. Il n'imaginait guère qu'un jour il jugerait de musique, mais la providence s'amuse à beaucoup d'autres choses. Nos deux oiseaux s'abattent devant lui, le complimentent sur sa gravité et sur son jugement, lui exposent le sujet de leur dispute, et le supplient très-humblement de les entendre et de décider; mais l'âne, détournant à peine sa lourde tête, et n'en perdant pas un coup de dent, leur fit signe de ses oreilles qu'il a faim, et qu'il ne tient pas aujourd'hui son lit de justice. Les oiseaux insistent, l'âne continue de brouter; en broutant son appétit s'appaise. Il y avait quelques arbres plantés sur la lisière du pré: Eh bien! leur dit-il, allez là, je m'y rendrai; vous chanterez, je digérerai, je vous écouterai, et puis je vous en dirai mon avis. Les oiseaux vont à tire-d'aile et se perchent. L'âne les suit de l'air et du pas d'un président à mortier qui traverse les salles du palais; il arrive, il s'étend à terre et dit: Commencez, la cour vous écoute..... C'est lui qui était toute la cour.

Le coucou dit: Monseigneur, il n'y a pas un mot à perdre de mes raisons. Saisissez bien le caractère de mon chant, et surtout, daignez en observer l'artifice et la méthode; puis, se rengorgeant et battant

chaque fois des ailes, il chanta: Coucou, coucoucou, coucou, coucoucoucou, coucoucou, coucou ; et après avoir combiné cela de toutes les manières possibles, il se tut.

Et le rossignol, sans préambule, déploie sa voix, s'élance dans les modulations les plus hardies, suit les chants les plus neufs et les plus recherchés; ce sont des cadences ou des tenues à perte d'haleine : tantôt on entendait les sons descendre et murmurer au fond de sa gorge, comme l'onde du ruisseau qui se perd sourdement entre des cailloux; tantôt on l'entendait se lever, se renfler peu à peu, remplir l'étendue des airs et y demeurer comme suspendus; il était successivement doux, léger, brillant, pathétique, et quelque caractère qu'il prît, il peignait; mais son chant n'était pas fait pour tout le monde..

Emporté par son enthousiasme, il chanterait encore; mais l'âne, qui avait déjà bâillé plusieurs fois, l'arrêta et lui dit: Je me doute que tout ce que vous avez chanté là est fort beau, mais je n'y entends rien; cela me paraît bizarre, brouillé, décousu; vous êtes peut-être plus savant que votre rival, mais il est plus méthodique que vous, et j'en suis, moi, pour la méthode.

Et l'abbé, s'adressant à M. Le Roy, et montrant Grimm du doigt, voilà, lui dit-il, le rossignol, vous êtes le coucou, et moi je suis l'âne qui vous donne gain dé cause. Bon soir.

Les contes de l'abbé sont bons, mais il les joue supérieurement; on n'y tient pas. Vous auriez

trop ri de lui voir tendre son cou en l'air et faire la petite voix pour le rossignol, se rengorger et prendre le ton rauque pour le coucou, redresser ses oreilles, et imiter la gravité bête et lourde de l'âne, et tout cela naturellement et sans y toucher ; c'est ce qui est pantomime depuis la tête jusqu'aux pieds.

M. Le Roy prit le parti de louer la fable et d'en rire.

Le Souterrain ou Matilde, par miss Sophie Lee, traduit de l'Anglais, sur la dernière édition. Quatre vols. in-12.

Ce roman est, dans la manière de l'abbé Prévôt, une imitation de Cleveland; c'est l'histoire d'une fille de Marie Stuart et du duc de Norfolk, un tissu d'incidens romanesques, tristes, invraisemblables, mais dont l'enchaînement a pourtant je ne sais quel charme qui peut attacher des lecteurs qui aiment ce genre d'ouvrages. Ce qui nous a paru le plus révoltant dans celui-ci, c'est que, pour intéresser à de vaines fictions, l'on s'est permis de compromettre, par les imputations les plus hasardées et les plus atroces, un nom aussi auguste, aussi respectable que celui d'Elizabeth. La mort de sa rivale, l'infortunée reine Marie, excite sans doute par elle-même assez de compassion et de regrets; pourquoi y ajouter encore des circonstances qui en aggravent l'horreur et le crime?

Mars, 1787...

Vers adressés aux Femmes sensibles, par M. Sylvain

Maréchal.

A vos bontés on recommande

Un berger qui bien aimera;

Pour son salaire il ne demande

Qu'un peu d'amour quand Mai viendra.

C'est une bonne créature;

Mais si personne ne daignait

Partager les maux qu'il endure,

Avant Avril il en mourrait.

Réponse d'une Femme sensible aux vers du berger
Sylvain.

Je savais bien depuis long-tems
Que les pinçons et les fauvettes,
Ivres d'amour quelques instans,
Au mois de Mai contaient fleurettes ;
Mais je croyais que les Sylvains,
Plus heureux dans leur destinée,
Bergers, ainsi que les humains,

Fesaient l'amour toute l'année.

Voyage philosophique d'Angleterre, fait en 1783 et en 1784, en forme de lettres. Deux vols. in-8°. Esquisses poétiques de l'aspect des campagnes ; notices détaillées des bâtimens les plus remarquables de Londres et des environs; vues philosophiques sur le gouvernement, les mœurs et les usages du pays, ses manufactures, son commerce et ses finances; observations critiques sur l'état actuel des lettres et des arts en Angleterre; tableaux piquans des nuances du caractère national dans les différens états et

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