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conseil de madame de Warrens, que le perruquier achevait de ruiner, il vint à Paris présenter son ouvrage à l'Académie des Sciences ne doutant pas qu'il n'y eût là de quoi l'enrichir et le couvrir de gloire. Telle est la vie de Rousseau jusqu'à trente Il serait difficile de deviner, en la lisant, que c'est le commencement de l'histoire d'un philosophe moraliste...

ans.

Voyage en Pologne, Russie, Suède, Danemarck,

etc. par M. William Coxe, membre du Collége Royal de l'Université de Cambridge, etc. traduit de l'anglais, enrichi de notes et des éclaircissemens nécessaires, par M. P. H. Mallet, ci-devant pro-, fesseur royal à Copenhague, etc.; ouvrage orné de cartes géographiques et portraits. Quatre vols. in 8°, à Genève.

Le succès qu'avaient eu les Lettres sur la Suisse ne pouvait manquer de faire accueillir avec empressement ce nouvel ouvrage de M. Coxe; on y retrouve le même ton de simplicité, de candeur, des faits curieux, intéressans, des observations quí annoncent un esprit sage, beaucoup d'exactitude et d'impartialité. Quelques lecteurs lui ont reproché l'emphase un peu bourgeoise avec laquelle il s'est permis de parler de l'accueil dont les différens souverains à qui il a eu l'honneur d'être présenté ont daigné l'honorer; mais comment ce léger ridicule pourrait-il faire oublier tout ce que son livre offre, d'ailleurs, d'intérêt et d'instruction?

Ce n'est pas la partie descriptive qui est la plus étendue; des digressions historiques occupent au moins les deux tiers de ce nouveau Voyage. Nous ne pouvons dissimuler que M. Coxe s'est beaucoup plaint, pendant le voyage qu'il vient de faire ici, de l'extrême liberté avec laquelle son traducteur avait disposé de son ouvrage; il nous paraît cependant assez bien démontré qu'en général nous n'y avons rien perdu; M. Mallet a toujours l'attention d'avertir des changemens qu'il a cru devoir se permettre, et d'en expliquer le motif; il nous paraît difficile qu'on ne soit pas le plus souvent de son avis. Les additions les plus importantes que nous devons à M. Mallet regardent principalement le Danemarck; or, M. Coxe avoue lui-même, dans la préface de son ouvrage, que c'est l'article de son livre le moins complet, et c'est assurément celui que l'historien du Danemarck pouvait suppléer de la manière la plus intéressante. Son morceau sur la révolution de 1660 nous a paru fait de main de maître. Le Voyage en Norvège est un tableau absolument neuf; peut-être y remarque-t-on quelques réflexions un peu hasardées, mais il y règne aussi un ton plus facile et plus animé que ne l'est ordinairement celui de l'auteur; ce morceau, se ressent de l'âge où il a été fait, c'est en 1755; M. Mallet était fort jeune alors. Le long séjour qu'il a fait depuis en Danemarck, ses liaisons avec des personnes très-instruites, l'ont mis en état de rec

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tifier ses propres observations et de les étendre ; mais, quant à la forme épistolaire qu'il avait donnée d'abord à ce petit ouvrage, il a cru devoir la conserver, et nous pensons que ses lecteurs lui en sauront gré.

Le Pécher et le Peuplier, fable, par M. le
vicomte de Ségur.

Un jeune peuplier, tout fier de så verdure,
Portait jusques aux cieux l'orgueil de ses rameaux.
Un pêcher, qu'élevaient et l'art et la nature,
Produisait près de lui mille fruits les plus beaux,
Ah! que je plains ton esclavage!

Lui dit un jour le peuplier.

Toujours sous le ciseau d'un cruel jardinier,
A peine on te permet d'étendre ton feuillage,
Sans cesse on te contraint; la douce liberté

Pour toi n'est plus qu'un nom; moi, j'en connais l'usage:
Tantôt j'élève avec fierté

Mon feuillage ondoyant qui se perd dans la nue;

D'autres fois, pour montrer ma flexibilité,

Je m'agite en ployant mes rameaux à ta vue.........
A tout ce beau discours le pêcher, tout honteux,
Ne répondait que par ses plaintes ;
Pour la première fois il se crut malheureux;
De ces mauvais conseils il sentit les atteintes.
Tout-à-coup un orage obscurcit le soleil,
Le vent souffle et mugit, un éclair fend le ciel,
La foudre qui le suit gronde sur les montagnes ;
L'on voit le pâtre errant s'enfuir dans les campagnes ;
Le jardinier soigneux

Accourt de sa chaumière;

Et donne à son pêcher le secours nécessaire;
Il le couvre, il l'étaye avec de forts épieux,

Et sait le préserver du vent et de l'orage.

Le peuplier gémit en perdant son feuillage;

Ses rameaux en débris tombent à chaque instant,
Nul n'a pitié de lui dans ce danger pressant.'

Le destin du pêcher alors lui fait envie ;
Il paîrait de sa liberté

Des soins qui sauveraient sa vie ;

Le vent redouble sa furie,

L'abat, le déracine; il l'avait mérité.
Entière indépendance est folie et chimère;
A tout âge, dans tout pays,

Pour les grands et pour les petits,

L'avis est sage et salutaire,

Nous avons tous besoin de secours et d'amis.

Il est aisé d'imaginer qu'un évènement aussi intéressant que l'assemblée des notables, convoquée pour le 29 de ce mois, occupe tous les esprits. Les bons citoyens, ceux même qui avaient montré quelque prévention contre le caractère ou les vues du ministère actuel, osent en concevoir de grandes espérances; ils reconnaissent, dans l'intention qui en put faire adopter le projet, un des plus beaux mouvemens de l'âme bienfaisante et patriotique de notre jeune monarque. Les frondeurs, qui se sont imposé la triste loi de ne croire ni au bien ni à la vertu, sont forcés de convenir que le ministre qui en a conçu la première idée ne pouvait former un coup de partie plus heureux, si ce n'est pour affermir son crédit, du moins pour lui donner plus d'éclat, et s'assurer par-là même une retraite plus glorieuse. Il n'y a qu'une ignorance grossière, les préjugés de

l'esprit de parti ou la défiance plus ombrageuse encore de l'esprit de corps, qui aient pu voir avec quelque inquiétude la convocation d'une pareille assemblée. Quoi qu'il en soit, cn a jugé à propos de rassurer à cet égard toutes les opinions, en laissant répandre dans le public la note que voici; sans avoir l'authenticité d'un écrit émané du gouvernement même, on ne saurait douter qu'il n'en ait approuvé la publicité.

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"L'assemblée des notables du royaume, qui n'avait pas été convoquée depuis près de deux siècles, sera un évènement bien intéressant pour la France. Ce n'est pas pour obtenir des secours en argent que le roi la convoque, c'est, au contraire, un père bienfaisant qui veut consulter son peuple sur un plan vaste et sage qui doit faire le bonheur de la nation. Parmi les résultats de ce plan, on peut compter, 1° l'abolition de plus de 50 millions d'impôts sur la classe la plus pauvre du peuple; 2o plus d'égalité dans la contribution à la chose publique ; 3° une grande diminution dans les frais de la perception; 4o l'abolition des entraves et des droits à l'infini dont le royaume est hérissé, ainsi qu'une grande amélioration dans les gabelles.

"Il résultera aussi de cette assemblée une sanction nationale de la dette publique. Le tableau qui sera présenté offrira une égalité entre la recette et la dépense, quoique, dans cette dernière, soient portés les 60 millions de remboursement annuel qui, dans vingt ans, ne subsistera plus, ainsi que

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