Des mots ambitieux le pompeux étalage En impose toujours aux sots; Le sage seul en rit, mais où trouver ce sage? Un d'eux s'approche et l'examine. Naguère sur la terre il était détenu ; Vain jouet des autans, il croit qu'il les domine! Veut-il donc de son vol nous déguiser la source? Voyez le cordeau vil auquel il est lié, Voyez les mirmidons qui dirigent sa course. Un vent officieux l'éleva jusqu'à nous, D'un autre vent le caprice jaloux Va châtier son arrogance; Prenez soin de notre vengeance, Vrais souverains des airs, nous l'attendons de vous... L'effet suit de près la menace : Et du sein des éclairs froissé, meurtri, confus, Couplet impromptu à Madame de Lingrée, jouant au volant. Sur l'air: Du haut en bas. Comme un volant Qui tombe sur votre raquette, en Comme un volant, Mon cœur vers vous s'en va volant. Il brûle de flamme discrète. Ne le repoussez pas, Lisette, Réponse sur le méme air. Comme un volant Qui fuit d'un seul coup de raquette, Je rejette un cœur voltigeant. Comme un volant? Mars, 1790. L'Amante abandonnée, romance; par M. Carrière. Paissez, moutons, l'herbe nouvelle, Vos bêlemens sont superflus, L'ingrat que j'avais cru fidèle Il te fallut être discrète Au dernier comme au premier jour? Vous seuls m'êtes restés fidèles, Et si je n'eusse aimé que vous, J'aurais des nuits bien moins cruelles, Apologue du moment. Guillot conduisant sa charrette, Veut relever le char crotté, Mais loin de rendre un bon service, Le versent de l'autre côté. Avril, 1790. Motion en faveur de la gaieté Française, par M. Ne plus boire, ne plus chanter, Toujours gémir et s'attrister, Ma foi c'est un martyre. La politique et ses débats Le charme de la liberté, Est venu la proscrire. C'est trop imiter les Anglais; Soyons libres et bons Français ; Disons le mot pour rire. Rappelons les jeux et les ris; Que les plaisirs, mes chers amis, Reprennent leur empire! Que Momus, ce Dieu des Français, Nos ancêtres nous ont doté Je vais vous le transcrire: Ne démentons pas nos aïeux, Dialogue champêtre d'après T. Chatterton. Par M. de La Baume, l'auteur de la traduction de Mathilde ou le Souterrain. LEWIN, ALICE. LEWIN. Viens, chère Alice. Au nom de tes quinze ans Ne t'enfuis pas. Est-tu donc si pressée ? Qu'ils ne soient plus humides de rosée. ALICE. Non, séducteur, je veux m'enfuir, J'ai vu courir le fan timide; Pareille au fan, je vais courir Sans toucher la verdure humide. LEWIN. Asseyons-nous dans ce joli bosquet Sois douce à son exemple, unissons-nous comme eux, Mêlons nos ris, nos chants, tout, jusqu'à nos haleines ; Regarde au fond des eaux, dans les airs, dans les plaines Tous les enfans du ciel assemblés deux à deux. Des amoureuses tourterelles S'entre-baiser est tout l'emploi, Et les sauvages hirondelles Cessent bientôt d'être cruelles. |