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éblouit mon œil incertain! De quels feux brillans il étincelle ce luisant bouclier! Comme avec grâce ce panache pourpre et blanc s'élève sur ta tête et fait frémir les airs! Qu'ils sont beaux ces cheveux d'ébène qui, s'échappant du casque, voltigent avec la plume au gré des zéphirs!

Quoi! le dur acier ose presser cette taille si souple; ce sein d'albâtre et de rose, hélas ! je ne le vois plus palpiter...sous l'envieuse armure.

Heureux encore, je vois ce genou mollement arrondi, je le vois ce pied mignon qu'une robe traînante dérobait à mes regards.

L'ange qui jadis veillait aux portes du paradis, voilà ton image, jeune Éricie, sous ce vêtement belliqueux.

L'ange menaçait le coupable et souriait à l'innocence. Ton bel œil ne menace que les tyráns et sourit à mon hommage.

Ah! que la flèche acérée des ennemis siffle vainement autour de ta tête! Que ce cœur ne soit jamais atteint que des plus douces flèches du dieu d'amour!

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Anecdote sur le Masque de fer.

M. de La Borde, ancien valet de chambre du Roi, a trouvé dans les papiers de M. le maréchal de Richelieu une lettre originale de la duchesse de Modène, fille du Régent, au Maréchal qui était alors son amant. Cette lettre commence par ces mots qui sont en chiffres:

"Voici enfin la fameuse histoire. J'ai arraché le secret. Il m'a horriblement coûté......"

Vient à la suite l'histoire du Masque de fer, d'après la déclaration faite par son gouverneur au lit de la mort, telle qu'elle suit:

"Pendant la grossesse de la Reine, deux pâtres se présentèrent et demandèrent à parler au Roi, et lui dirent qu'ils avaient eu une révélation par laquelle ils avaient appris que la Reine était grosse de deux Dauphins, dont la naissance occasionnerait une guerre civile qui bouleverserait tout le royaume. Le Roi écrivit sur-le-champ au cardinal de Richelieu, qui lui répondit de ne point s'alarmer et de lui envoyer les deux hommes, qu'il s'assurerait de leurs personnes et les enverrait à Saint-Lazare.

La Reine accoucha à l'issue du dîner du Roi d'un fils (Louis XIV) en présence de toutes les personnes qui, par état, sont présentes aux couches de la Reine, et l'on dressa le procès-verbal d'usage.

Quatre heures après, Madame Perronet, sagefemme de la Reine, vint dire au Roi, qui goûtait, que la Reine sentait de nouvelles douleurs pour accoucher. Il envoya chercher le Chancelier et se rendit avec lui chez la Reine, qui accoucha d'un second fils plus beau et plus gaillard que le premier. La naissance fut constatée par un procèsverbal qui fut signé par le Roi, le Chancelier, Madame Perronet, le médecin et un seigneur de la Cour, qui devint par la suite le gouverneur du Masque de fer, et fut enfermé en même temps que lui, comme on le verra incessamment.

Le Roi dressa lui-même, à trois fois différentes

avec le Chancelier, la formule du serment qu'il fit prêter à tous ceux qui avaient été présens à ce second accouchement de ne révéler ce secret important que dans le cas où le Dauphin viendrait à mourir, et il leur fit jurer de n'en jamais parler méme entre eux. On remit l'enfant à Madame Perronet, qui eut ordre de dire que c'était un enfant qui lui avait été confié par une dame de la Cour.

Lorsque l'enfant parvint à l'âge de passer anx hommes, on le confia à ce même homme qui avait été present à sa naissance, et il se rendit avec son élève à Dijon, et de là entretenait une correspondance suivie avec la Reine mère, le cardinal Mazarin et le Roi. Il ne cessa pas d'être courtisan dans sa retraite; il eut pour le jeune Prince le respect qu'un homme de Cour conserve pour celui qui peut devenir son maître. Ces égards, que le Prince ne pouvait expliquer dans un homme qu'il regardait comme son père, donnaient lieu à de fréquentes questions sur sa naissance, sur son état. Les réponses n'étaient point satisfaisantes. Un jour le jeuue Prince demanda à son gouverneur le portrait du Roi (Louis XIV); le gouverneur déconcerté répondit par des lieux communs; il usa des mêmes ressources toutes les fois que son élève cherchait à découvrir un mystère auquel il paraissait mettre chaque jour plus d'importance. Le jeune homme n'était point étranger à l'amour ; ses premiers vœux s'étaient adressés à une femme de chambre de la maison; il la conjura de lui procurer un

portrait du Roi; elle s'y refusa d'abord en alléguant l'ordre qu'avaient reçu tous les gens de la maison de ne lui rien donner hors de la présence de leur maître. Il insista, et elle promit de lui en procurer un. A la vue du portrait il fut frappé de sa ressemblance avec le Roi, et se rendit auprès de son gouverneur, lui réitéra ses questions ordinaires, mais d'une manière plus pressante et plus assurée ; il lui demanda de nouveau le portrait du Roi. Le gouverneur voulut encore éluder : vous me trompez, lui dit-il, voilà le portrait du Roi et une lettre qui vous est adressée me dévoile un mystère que vous voudriez en vain me cacher plus long-temps. Je suis frère du Roi, et je veux partir à l'instant, aller me faire reconnaître à la Cour, et jouir de mon état. (Le gouverneur dit dans sa déclaration de mort qu'il n'a jamais pu s'assurer par quel moyen le jeune Prince s'était procuré la lettre qu'il lui montra; il dit seulement qu'il ignore s'il avait ouvert une cassette dans laquelle il mettait toutes les lettres du Roi, de la Reine et du cardinal Mazarin, ou s'il avait intercepté la lettre qu'il lui montra.) Il renferma le Prince et envoya sur-lechamp un courrier à Saint-Jean-de-Luz, où était la Cour pour traiter de la paix des Pyrénées et le mariage du Roi. La réponse fut un ordre du Roi pour enlever le Prince et le gouverneur, qui furent conduits aux îles Sainte-Marguerite et ensuite transférés à la Bastille, où le gouverneur des îles Sainte-Marguerite les suivit."

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M. de La Borde, qui a été long-temps dans la familiarité de Louis XV, a rapproché ce récit des conversations qu'il avait eues avec le Roi sur ce Masque de fer, et elles s'y rapportent assez.

Sur la curiosité qu'il a souvent montrée à Louis XV sur cette histoire vraiment extraordinaire, le Roi lui répondait toujours: "Je le plains, mais sa détention n'a fait de tort qu'à lui et a prévenu de grands malheurs; tu ne peux pas la savoir." Et à ce sujet, il lui rappelait qu'il avait témoigné dans son enfance la plus grande curiosité d'apprendre l'histoire du Masque de fer, et qu'on lui avait toujours répondu qu'il ne pouvait la savoir qu'à sa majorité; que le jour de sa majorité il l'avait demandée, que les courtisans qui assiégeaient la porte de sa chambre se pressèrent autour de lui en l'interrogeant, et qu'il leur avait répondu : " Vous ne

pouvez pas la savoir."

M. de La Borde a compulsé les registres du SaintLazare, mais ils ne remontent point à l'époque de la naissance de Louis XIV.

La première représentation d'Ericie, tragédie de M. de Fontanelle, en trois actes, qui n'a pas eu de succès, a été suivie d'une scène assez remarquable. Au moment où l'on a levé la toile pour commencer la petite pièce il s'est élevé plusieurs voix du parterre qui ont demandé Charles IX ou la Saint-Barthélemy. Le cri étant devenu assez tumultueux pour obliger les acteurs qui étaient sur la scène de se re

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