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ter vos vers...La finesse de l'esprit, l'enjouement, je ne sais quoi de hardi qui ne l'est point trop, des traits qui excitent la surprise et ne paraissent pas extraordinaires, le talent de saisir dans les circonstances et le moment ce qu'il y a de plus piquant et de plus agréable; voilà, Monsieur, le caractère de vos pièces fugitives; elles ne rappellent aucun des modèles, et les égalent sans leur ressembler, etc.”

pays

Le nouvel académicien a lu ensuite quelques observations sur les mœurs du dont il est gouverneur; la peinture qu'il en a faite est si douce et si intéressante, qu'il est difficile de ne pas soupçonner que l'imagination de l'observateur a fort embelli ses modèles ce peuple si noir, grâce à ses pinceaux, devient plus blanc que la neige. On est tenté d'oublier un moment que des hommes qui vendent leurs semblables ne valent pas mieux au moins que ceux qui les achètent, et des rives du Sénégal on se croit transporté au milieu des bergers de l'Arcadie ou sur les bords riants du Lignon! c'est une véritable églogue nègre.

M. le chevalier de Florian a terminé la séance par la lecture de quelques fables, qui ont été fort applaudies; elles ont un caractère de simplesse et de naïveté qui leur est propre, et que la manière de réciter de l'auteur rend plus piquant encore. On a distingué celle du Roi et des deux Bergers; le premier de ces bergers se tourmente infiniment, et ses moutons n'en sont pas mieux; l'autre semble se donner beaucoup moins de peine, et son troupeau

paraît dans l'état le plus florissent. Le monarque en témoigne sa surprise à ce dernier, qui lui répond: Tout mon secret consiste à choisir de bons chiens.

Qu'est-ce que le Tiers-Etat? brochure in-8?

C'est un des ouvrages les plus vigoureux qui aient encore paru sur les affaires du temps; il est de M. l'abbé Sièyes, grand-vicaire de Chartres. Le plan en est simple; voici les trois questions qu'on y discute: Qu'est-ce que le Tiers-Etat? Tout. Qu'at-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique? Rien. Que demande-t-il à y devenir? Quelque chose.

Couplets à M. l'abbé Barthelemy, faits à un souper par madame la baronne de Stael.

Sur l'air Avec les jeux dans le village.

Dans les champs heureux de la Grèce,

Vous qui savez nous transporter,
Aux vains essais de ma jeunesse
Votre esprit doit-il s'arrêter ?
Est-elle à vos yeux une excuse?
Est-ce à vous de compter les ans ?
Tributaires de votre Muse,

Tous les siècles vous sont présens.

Si vous avez de l'indulgence
Pour un sexe souvent flatté,
Craignez que Sapho ne s'offense
De ce mouvement de bonté.
Je ne sais si nous devons croire

Que son talent était parfait,

Mais j'aime à souscrire à sa gloire

(bis)

Quand on couronne son portrait,

(bis.)

A vous vanter chacun s'empresse

Dans des vers qu'on fait de son mieux :
Louer le peintre de la Grèce
Me semble trop audacieux.
De cette Athène qu'on révère
Vous seul avez su rapporter
La lyre d'or du vieil Homère;
Prêtez-moi-la pour vous chanter.

(bis.)

Il est quelquefois de notre métier de parler longuement d'une méchante petite brochure et d'annoncer en peu de lignes un grand et hon ouvrage. Quant aux Euvres posthumes du Roi de Prusse en quinze volumes in-8. nous croyons aujourd'hui devoir nous borner à dire avec notre liberté accoutumée la sensation qu'elles nous ont paru faire ici. L'Europe entière les avait déjà lues et relues lorsqu'en France l'on était encore fort incertain si elles échapperaient ou non aux liens de la chambre syndicale; enfin l'on s'est déterminé à les délivrer, et les cartons qu'on a exigés de l'éditeur de Strasbourg sont peu importans: il n'y a pas, je crois, sur les quinze volumes beaucoup plus de soixante lignes d'altérées. Toute la partie historique, l'Histoire de mon temps et celle de la guerre de sept ans a été regardée généralement comme un des plus précieux monumens du siècle; ce n'est pas que cette Histoire, dont l'auteur et le héros avoue si souvent ses propres fautes avec la plus noble franchise, ait toujours paru exempte d'erreur et de partialité, mais l'on ne pense pas que depuis les Commen

taires de César il existe un seul ouvrage qui puisse offrir aux militaires de plus hautes et de plus utiles leçons. Les plans du grand Frédéric et des illustres compagnons de ses victoires, leurs dispositions générales et les détails les plus importans de l'exécution, les difficultés et les ressources, tout y est développé avec autant de rapidité que de précision, et souvent avec une simplicité si lucide, que le lecteur le plus ignorant, pourvu qu'il y porte une attention soutenue, peut se flatter de comprendre même ce qu'il était le moins facile de mettre à sa portée. On trouve presque autant d'instruction et d'intérêt dans ce qui concerne les négociations du héros que dans ce qui n'a de rapport qu'à ses campagnes. Le style des ouvrages historiques, pour être quelquefois trop nu, trop négligé, n'en a pas moins le mérite suprême d'être toujours infiniment clair, facile, attachant et naturel. Il y a plus de négligence dans l'Histoire de la guerre de sept ans que dans la première; mais dans l'une et l'autre il en est bien peu, de celles du moins dont une oreille française est nécessairement blessée, qu'il n'eût été facile de faire disparaître, comme, par exemple, la phrase où l'on dit que les ministres de l'Empereur jouèrent le cardinal de Fleury sous la jambe, etc. C'est dans les morceaux détachés, recueillis dans le cinquième et le sixième volumes, qu'on trouve plus fréquemment des expressions et des images qui ne pouvaient manquer de blesser le goût de ce pays-ci, et l'on ne peut s'empêcher d'avouer que ces défauts

ne sont pas toujours rachetés par des idées bien neuves ou bien piquantes. On a passé légèrement sur les trois volumes de poésies, mais la correspondance a paru généralement d'un extrême intérêt, parce qu'on y retrouve sans cesse l'empreinte la plus vive et la plus originale du caractère, de l'âme et des pensées du grand homme et du grand Roi. O combien de fois sa philosophie l'élève encore plus que son trône et toute sa gloire au-dessus de ces grands philosophes si prodigues de louanges, si vains de quelques faibles lumières, si sensibles aux plus légères persécutions, et si disposés à devenir euxmêmes les plus ardens persécuteurs de quiconque n'était pas de leur parti.

On a donné chez madame la comtesse de Sabran une représentation du Bourgeois gentilhomme, pour M. le comte d'Oëls et pour madame la duchesse d'Orléans. Le fils de madame de Sabran y jouait le principal rôle. Voici l'épisode ajouté par le chevalier de Boufflers à la quatrième scène du second acte.

M. Jourdain. Au reste, j'ai quelque chose à vous confier; il m'est venu en pensée de faire un petit compliment, et pour cela il faudrait un compliment tout fait.

Le Philosophe. Un compliment! et pour qui? M. Jourdain. Faites-moi d'abord le compliment, et puis je vous dirai la personne à qui je le destine. Le Philosophe. Sont-ce des vers que vous lui voulez faire ?

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